Cette page vous propose, en plus de la bibliographie des nouvelles de Theodore Sturgeon parues dans Fiction et Galaxie, de découvrir l'article de Damon Knight publié dans le n°98 de Fiction (Janvier 1962), traduit par les bons soins de Pierre Versins. Dans un second temps, cette page dédiée est l'occasion de découvrir un article antérieur de Gérard Klein, paru dans le
numéro 41 de Fiction :
Theodore Sturgeon, le splendide aliéné.
LA PLUME VIPORTELLE DE THEODORE STURGEON.
DAMON KNIGHT
(Note de présentation de la revue : "Après « Asimov et son empire » (n° 97), voici le second chapitre issu de « In search of wonder » de Damon Knight. Précisons que la « plume viportelle » est une allusion à « his vorpal sword », dans la ballade du « Jabberwocky » de Lewis Carroll : ce « mot-valise » est formé de « vipère » et de « mortelle ».")
Theodore Sturgeon est un phénomène issu de Philadelphie, chose aux yeux jaunes avec un bouc, une voix de croque-mort, et le sourire originel de Pan, Entre lui et le lycée, cela fit des éclairs, et il partit courir les mers, s'enticha de nudisme, conduisit un bulldozer, se maria et se démaria, écrivit de la musique, des notices de publicité et des ouvrages fantastiques, fuma dans un très long fume-cigarette, se remaria, tripatouilla des trucs et des machins. Sa notice biographique pour « Les plus qu'humains », aussi sauvage que tout ce qu'il a écrit, se termine par cette phrase :
« Il vit avec femme et enfant, guitare à douze cordes, et un camion dix tonnes, dans le Comté de Rockland où il travaille présentement à un opéra. »
Voilà Sturgeon tout craché. Diable d'homme !
« L'idiot vivait dans un monde gris noir, ponctué par les éclairs livides de la faim et par les brefs éclats de la peur. Ses habits étaient vieux et percés de hublots par lesquels on voyait, ici, un tibia aigu comme un ciseau à froid, et là, à travers la veste ravagée, des côtes ressemblant à des mains squelettiques. »
Cela, c'est le début des « Plus qu'humains », et ces lignes resteront comme un échantillon du meilleur Sturgeon à ce jour. Citons encore celles-ci, page 43 (1) , quand une petite fille nommée Janie vient juste de quitter sa mère.
« Wima sut avant de commencer que ça ne servirait à rien de regarder, mais quelque chose la poussa à s'élancer vers le placard du hall et jeter un coup d'œil sur la planche du haut, il n'y avait rien, sinon les ornements pour arbre de Noël, qui n'avaient pas été touchés depuis trois ans. »
…Eh bien, tout est ainsi, violons, velours, verroterie, et des aiguilles dans la gorge. Même après la première lecture, vous pouvez plonger n'importe où dans ce livre et il vous faudra vous en tirer par les cheveux. La novelette parue dans « Galaxy » primitivement : « Baby is three », forme le milieu du livre, et c'est tout ; et si vous pensiez lorsque vous l'avez lue qu'elle se suffisait à elle-même, vous aurez changé définitivement d'avis en terminant « Les plus qu'humains ». C'est une histoire unique qui va d'ici à là comme un arc caténaire, fait sonner un accord de jugement Dernier quand elle arrive à son terme et puis s'arrête. Il n'y a rien de plus à dire, si ce n'est qu'il s'agit là du meilleur et du seul livre de ce genre.
Sturgeon n'a pas toujours eu cette grande voix assurée qu'il a montrée dans « Les plus qu'humains » et « Le disque de solitude » (2) . Il s'est exercé, essayant ceci et cela ; et en même temps que les sons purs sont venus des tas de couacs regrettables (quand une voix vraiment bonne déraille un peu, c'est dur à encaisser).
Mais les échecs de Sturgeon, quelques-uns d'entre eux au moins, sont aussi triomphants que ses réussites ; ils ont concouru aux réussites. Sturgeon est le technicien le plus accompli que notre domaine ait produit, sans exception, même en incluant Bradbury ; et cela est en partie dû au fait qu'il ne cesse jamais de travailler. Une fois, il a tenté de définir chacun des personnages d'une histoire par un mètre différent – iambes pour l'un, trochées pour un autre – une astuce qui n'était pas viable, mais qui lui a appris pas mal de choses sur le rythme en prose. Il a de sang-froid étudié ce qui rend les gens craintifs, ou coléreux, ou charitables, ou timides, ou dignes de respect, et a cimenté cela dans ses histoires.
Et ces dernières années, il s'est mis à démonter sérieusement l'amour pour voir comment ça marche. Non ce que le mot veut dire selon la presse du cœur, mais l'amour, chaque forme différente qu'il a ou pourrait avoir, travaillant en profondeur. « Il est de bon ton de mépriser le fait qu'un amoureux de vieux souliers aime aimer des vieux souliers. » (3) . Quelques-unes des histoires qui en découlèrent ont été aussi peu convaincantes, aussi plates, que les autres étaient merveilleusement vivantes ; mais Sturgeon apprend, il en a plus appris sur le thème le plus puissant de la littérature et de la vie que quiconque, de ce côté-ci de Joyce Cary.
C'est sur les êtres qu'il écrit, d'abord, et ensuite seulement à propos d'autres merveilles. De plus en plus, les sujets de ses histoires sont de simples cadres ayant pour fonction première de permettre aux personnages de les déborder. « It wasn't syzygy », « The sex opposite » et « Away of thinking » sont des nouvelles de cet ordre : les personnages se détachent sur la toile de fond comme des visages de Rubens qui auraient émigré sur un canevas, de Mondrian ; évidence graphique que Sturgeon, comme Bradbury, est allé depuis longtemps aussi loin dans les limites du genre qu'il le pouvait sans les briser.
Pour ceux qui estimeraient que ce problème de limites comporte une solution facile, voici un sujet de méditation : Sturgeon a tenté d'écrire des histoires ordinaires, sans la moindre parcelle de fantastique. Deux d'entre elles ont abouti dans des recueils : mais elles furent d'abord publiées dans des magazines de science-fiction. « Hurricane trio » ne réussit pas à l'être dans sa forme originale, plus puissante ; Sturgeon dut la diluer dans un space opéra pour la sauver. « A way home » n'est, même de très loin, ni science-fiction ni fantastique et vit pourtant le jour, sans la plus petite altération, dans « Amazing Stories ». mais seuls Howard Browne et Dieu savent pourquoi (4) .
À première vue, c'est ridicule, mais ce n'en est pas moins vrai : tout étroit et comprimé qu'il soit, le domaine de la science-fiction est l'un des meilleurs parmi les quelques marchés payants qui s'offrent à l'auteur sérieux de nouvelles. Les revues de qualité publient peu de fiction : les histoires des publications de luxe sont aussi limpides et interchangeables que des verres d'eau ; les magazines populaires ont disparu ; quant aux petites revues, elles ne paient qu'en prestige. Il n'y a pas de solutions faciles.
BIBLIOGRAPHIE DES TRADUCTIONS D'ŒUVRES DE STURGEON
(établie par Pierre Versins - 1962)
a) Nouvelles :
b) Romans :
Cristal qui songe : Gallimard, Rayon Fantastique, 1952 (traduction d'Alain Glatigny).
Les plus qu'humains : Hachette, Rayon Fantastique, 1956 (traduction de Michel Chrestien).
c) Étude de Sturgeon :
Klein (Gérard), Theodore Sturgeon, le splendide aliéné : Fiction n° 41, avril 1957.
THEODORE STURGEON, LE SPLENDIDE ALIÉNÉ
GERARD KLEIN
Il est un art qui est différence. Il est des jours au temps brouillé, aux rues sombres et murées, aux fenêtres aveugles, où nous rêvons, tremblants d'angoisse déçue, à la porte qui nous mènerait au-delà du monde, qui prolongerait brusquement l'espace, qui multiplierait le temps en un jeu kaléidoscopique dont la réalité serait le terne fantôme. Nous avons une vague idée de cet ailleurs, mais une idée sans force, brumeuse, lointaine en une direction que nos yeux affairés perçoivent mal, car elle s'étend à l'autre bout d'un labyrinthe que le jour interdit et que clôt l'ennui ; il nous y faut un guide.
Alors, nous prenons un livre. Nous y cherchons plus que l'évasion. Nous y cherchons la différence, cet espace dans lequel nous pouvons librement nous mouvoir, un court instant, émergeant de l'ombre aquatique du réel, franchissant un air plus léger où des couleurs plus riches épousent des contours plus nets, cet espace qui est le complément géométrique de notre forme intérieure. Les livres et les guides abondent ; ils parviennent parfois à nous abuser avec tant de bonheur que, tandis que nous progressons en un faux labyrinthe qui n'est que le réel déguisé, nous croyons découvrir des contrées nouvelles. Et pourtant ces rues, ces villes et ces êtres ne sont que les doubles masqués, entraînés en un fastidieux tourbillon, de ceux que nous connaissons trop. Mais nous dormions tandis que nous croyions rêver. Il n'y avait là qu'apparence de mouvement, drap agité au lieu de fantôme ; nous donnions d'autres noms aux mêmes objets, une seconde satisfaits, la suivante dupés.
Il existe cependant quelques vrais guides. Ils sont rares, car il est nécessaire, pour trouver les voies de la différence, de haïr suffisamment le réel, de le quitter, et de le contempler d'un œil différent, d'en faire le tour et de mieux le supporter enfin grâce à l'inhabitude.
Un beau jour, vous tombez sur un livre de Theodore Sturgeon. Quelque chose vous attrape, vous retient. Vous avez vaguement mal au cœur. Et voilà que vous basculez dans un autre monde, celui qui s'étend au-dehors de l'humain, ou celui que composent les formes étincelantes de cristaux songeurs. Adieu la grisaille.
Il y a chez Theodore Sturgeon une profonde haine de la réalité. C'est pourquoi il est un si bon guide du fantastique. C'est pourquoi il excelle à décrire un monde différent du nôtre et presque toujours horriblement différent, dont l'ordinaire réalité n'est qu'un terne cas particulier.
Peut-être Sturgeon a-t-il eu à se plaindre de la réalité. Je n'en sais rien. Cet homme, disent ses biographes américains avec un remarquable souci de précision, a trente-six ans ; il a pratiqué toutes sortes de métiers, il porte la barbe, il est marié, a deux enfants et vit quelque part dans le Rockland County. Rien là-dedans de bien original. Mais là n'est pas le vrai Sturgeon. Du moins, pas celui qui nous intéresse. L'homme qu'est Bradbury peut nous passionner parce que nous tenons à connaître cet homme qui parle si chaleureusement des hommes. Mais la qualité de Sturgeon est la différence. Il nous importe peu de connaître sa forme humaine. Ou plutôt, son humanité est plus profonde.
Le vrai Sturgeon est dans ses livres. Et celui-là déteste cordialement le réel. Le vrai Sturgeon est différent des hommes et il est isolé en son milieu. Il se dresse contre le réel. Et il ne peut pas être très différent de ses personnages. C'est du moins ce que nous pouvons ou voulons croire lorsque nous constatons l'insistance avec laquelle il revient sur un type précis de héros.
Le personnage favori de Sturgeon est l'Étranger le plus parfait que l'on puisse imaginer ; il n'est guère humain, même s'il emprunte la forme de l'homme, il se trouve isolé dans le domaine social et il se meut dans un monde qui lui est propre.
Il est isolé parce que nul ne le reconnaît pour son semblable, du moins d'emblée. C'est l'idiot fabuleux de « More than human », absurdement cohérent, petite entité fermée sur elle-même, incapable de communiquer avec l'extérieur, ou bien c'est le mutant, possesseur unique de dons sans emploi ; sa singularité entraîne l'incompréhension et soulève le dégoût. C'est un infirme, qu'il soit un peu plus ou un peu moins qu'humain.
L'infirme apparaît dans la mythologie de Sturgeon avec une fréquence significative. L'infirme est, pour Sturgeon, celui que sa lacune ou sa différence coupe du milieu social et de toute réalité physique, celui qui est contraint d'adopter une optique à l'égard du monde différente de celle des normaux, celui qui, du fait qu'il souffre de l'absence du monde dans ses perceptions incomplètes ou dans son insatisfaction, atteint à une plus parfaite conscience de lui-même. Ce peut être une naine, comme Zena, dans « Cristal qui songe », merveilleusement menue, ou ce peut être un mutant comme cet enfant non télépathe de la nouvelle « Prodige », qui est perdu dans un monde de télépathes et qui ne sait que haïr. Ce peut être au contraire le télépathe, qui, seul de son espèce, souffre de percevoir ce bruit mental incessant qu'émettent certains humains.
Jamais cet être différent ne peut s'attendre à être admis dans le monde des normaux. Il lui faut lutter seul pour survivre, il lui faut être à lui-même sa propre culture et sa propre civilisation. L'idiot muet de « More than human » restera à jamais étranger au monde des hommes. Et l'étrange enfant de « Cristal qui songe » est rejeté avec violence et répulsion de la société des enfants, car il est différent : il mange les fourmis.
Jamais, les normaux ne s'inquiètent des raisons de ces attitudes étranges. Ils se suffisent à eux-mêmes ; ils peuvent se permettre d'être égoïstes. Aussi la grande supériorité de l'infirme, du mutant, de l'étranger, sur l'être normal, est-elle, affirme Sturgeon, son extrême sensibilité, sa capacité décuplée de ressentir et de comprendre ; ce grand don de l'insuffisance, c'est d'être décalé du réel, étranger au monde, quelque peu aliéné, de prendre conscience de sa différence, de contempler le réel de l'extérieur, au travers d'un écran, avec le recul nécessaire que donne un monde intérieur, et de le juger froidement.
Aussi comprend-on la profondeur, l'intensité et l'atmosphère d'étrangeté que Sturgeon sait donner à ses histoires. On ne connaît vraiment que ce qui blesse. On ne prend conscience de ses organes que lorsqu'ils sont atteints. Toute la première partie de « More than human » est consacrée à la lente et longue quête de l'idiot qui s'approfondit, qui se cherche au travers d'un monde qu'il ne comprend pas. L'enfant de « Cristal qui songe » fuit et se crée peu à peu un univers personnel. Ainsi, le fantastique de Sturgeon est-il un fantastique subjectif, spontané, qui s'oppose au fantastique élaboré et presque toujours superficiel.
*
* *
La conception du monde des créatures de Sturgeon est donc relativement simple. C'est en chaque cas un univers uniquement centré sur ce point de conscience que sont ces êtres. Est-ce de l'égocentrisme ? Nullement. Leur construction leur interdit de connaître quoi que ce soit d'autre, de partager une expérience, d'emprunter un souvenir, soit que les humains les fuient ou qu'ils fuient les humains, soit que se dresse entre eux et les normaux le mur d'une défaillance de leurs sens.
Ce peuvent être des conceptions aussi bien logiques et scientifiques que magiques. Il n'y a guère de différence.
L'ambiguïté de Sturgeon surprend à première vue. L'une de ses histoires est scientifique, là seconde relève de la féerie, la troisième est peuplée de sorcières et de vampires.
Mais on comprend aisément ce que Sturgeon trouve dans la science et dans la magie, si l'on admet qu'il s'exprime en ses personnages et qu'il leur ressemble donc en une certaine façon.
La science est une expression objective de la réalité, profondément étrangère à l'inconscience qui naît de l'habitude. La science essaie de rendre aux phénomènes une perpétuelle fraîcheur pour mieux les étudier, pour mieux être surprise par eux. La science retaille sans cesse le vieux diamant de la connaissance pour en obtenir un éclat neuf. La science relève d'une volontaire aliénation de l'homme vis-à-vis du réel.
Or, ce qui plaît à Sturgeon, c'est cette inquiétude, ce détour par lequel on rejoint le réel. Sturgeon donne à la science une valeur magique. Ses réalisations ne l'intéressent pas. Seuls, ses rites et ses possibilités retiennent son attention. Peut-être ce cas est-il unique dans le domaine de la science-fiction. Il n'y a pas chez Sturgeon le moindre lyrisme de la machine. Il y a moins encore cette recherche, propre à Bradbury, des incidences de la science sur l'homme. Il y a simplement un vaste intérêt pour cette démarche tâtonnante, pour cette méthode hésitante palpant peu à peu le monde comme les mains d'un aveugle dessinent les contours d'un visage, et pour toutes ces voies de la compréhension qui ne passent ni par les sens normaux ni par les habitudes de pensée ordinaires.
La science ainsi comprise diffère peu de la magie. La magie est une autre tentative tâtonnante pour reconnaître le réel, mais qui ne repose plus sur le rationnel. Sturgeon ne s'inquiète pas du rationnel. Il englobe la science et la magie dans une même généralité qui donne à l'homme des yeux myopes et clignotants, mais émerveillés. La magie et la science sont pour Sturgeon des méthodes identiques pour nous mener en dehors de nous-mêmes.
Une des nouvelles qui rendirent Sturgeon célèbre est pourtant centrée sur une machine, le « Killdozer ». (Il y a là un jeu de mot intraduisible en français ; « to kill » signifie tuer.) Ce Killdozer est en fait un Bulldozer dont s'est emparé une intelligence, et qui se met, sans raison apparente, à détruire. Mais ce n'est pas la machine qui est devenue ou qui se révolte contre son créateur, selon un thème légèrement usé. C'est cette intelligence, emprisonnée depuis des milliers d'années en un point précis de la croûte terrestre et que l'excavatrice met à jour, qui utilise cet instrument imparfait qu'est une machine pour accomplir ses propres fins. La machine n'est rien d'autre qu'un intermédiaire entre le monde et cet esprit presque immatériel, un intermédiaire brutal, un moyen imparfait, mais nécessaire. Sans doute sommes-nous tous, pour Sturgeon, des « Killdozers », avec nos esprits subtils et nos corps grossiers et maladroits. Aussi bien, les mouvements de nos membres, les saccades de notre mécanique n'ont-ils d'intérêt pour Sturgeon que lorsqu'ils révèlent les transformations profondes de notre esprit et de nos intentions. Et encore la description du comportement est-elle insuffisante. C'est pourquoi Sturgeon, contrairement à la plupart des écrivains américains contemporains, décrit ses étranges personnages de l'intérieur, et, le plus souvent, d'un fort profond intérieur.
Quelles sont ces régions qu'explore Sturgeon ?
Ce sont, puisque ces personnages sont isolés, des paradis ou des enfers individuels. Plus souvent des enfers que des paradis. Car cette qualité de conscience dont bénéficient les héros de Sturgeon est aussi une souffrance – la solitude. La richesse des héros de Sturgeon est le complément normal de leur infirmité, elle est le prix de leur singularité, donc de leur solitude. Cette richesse apparaît parfois en de simples détails physiques ; ce peuvent être les Mains de Bianca (dans la nouvelle du même nom), mains d'une demeurée, mais mains autonomes, prodigieusement souples, blanches et fines, mais belles en elles-mêmes, en qui toute vie et toute intelligence d'un être inconscient se sont retirées ; mains dont on peut tomber amoureux, au-delà de celle que les porte, mains qui ne sont peut-être qu'un rêve.
Il s'agit le plus souvent de mondes intérieurs, mais, toujours, de détails indicibles, personnels, intransmissibles, La communion n'est possible, dit Sturgeon, pour les êtres normaux qu'en surface. Les régions profondes de l'être, conscientes ou non, demeurent murées. Le fabuleux idiot de « More than human » ne peut partager sa détresse avec aucun humain. Et nul ne peut aider l'enfant de « Cristal qui songe » tandis qu'il se transforme intérieurement sans savoir encore ce qu'il va devenir.
Ce qui surgit ainsi des profondeurs de l'esprit est un ensemble de forces simples et latentes, vitales comme celles qui font nos rêves. Aussi y a-t-il chez Sturgeon un sens très prononcé de la barbarie, un certain primitivisme qui pourrait être le comble d'un esthétisme raffiné, s'il n'était si sincère. Ce que l'esprit, par exemple, soumis à l'isolement, secrète le plus volontiers, c'est la méchanceté. Une haine à l'état pur, viscérale, comme celle que porte Ganneval aux Cristaux et à tout le genre humain.
Cette expression des affleurements incontrôlables de l'inconscient est si naturelle à Sturgeon que son style palpite au même rythme qu'eux. C'est une sorte de lave de mots, lourde et désordonnée, charriant le pédantisme et l'évidence, bouillonnante, négligeant l'effet, souvent maladroite, à peine dégrossie au début d'une histoire ou d'un chapitre, puis trouvant sa tonalité propre, s'épurant, agrippant finalement le lecteur et s'accordant aux pulsations même de son cœur. Fort peu d'art là-dedans, mais sans doute une difficile et douloureuse spontanéité.
Certains reprochent à Sturgeon le caractère violent et névrosé de ses histoires, et leur ton désarticulé. Mais le fait même qu'il appelle ainsi la réprobation, prouve qu'il atteint son but. Il ne laisse jamais indifférent. Il touche au point sensible, brutalement. Mais il rénove l'histoire choc parce qu'il fait appel à l'esprit et non pas seulement aux nerfs, parce que tant la forme que le fond éveillent un être inconnu dans l'inconscient du lecteur.
*
* *
Du reste, ces infirmes, ces incomplets que Sturgeon se plaît à décrire, sont eux-mêmes comparables à ces poussées venues de l'inconscient ; ils progressent aveugles, portant en eux-mêmes leur suffisante vérité. Rien mieux que l'isolement ne transforme l'être et n'agit sur ses forces.
Or, le résultat de cette transformation, c'est-à-dire le Mutant, est, pour Sturgeon, celui qui libère en lui certains pouvoirs de l'inconscient. C'est celui qui peut contrôler les esprits, transformer les rêves en réalités, traverser l'espace à la vitesse de la lumière, par un mécanisme qu'il ne connaît pas lui-même. Mais il est aussi, et il est surtout, des mutants de la sensibilité, des mutants en qui la haine s'est prodigieusement développée, pour qui la haine est devenue une fin en soi.
La première de ces forces, de ces angoisses secrètes, celle qui détermine le plus souvent la haine et celle à laquelle Sturgeon accorde le plus d'importance, est la solitude ; une solitude si complète, si finale, qu'elle vient se confondre avec le personnage qui la porte.
Il est des êtres dont la mutation est la solitude, qui ont acquis au jeu des chromosomes une immense conscience de leur solitude et du vide de l'univers. Il est une histoire de Sturgeon (« A saucer of loneliness ») dans laquelle il exprime de façon poignante cet absolu de la solitude. Une soucoupe volante tombe du ciel. Une femme la découvre et l'objet venu d'ailleurs lui délivre un message que jamais elle ne transmettra aux enquêteurs, malgré toutes les pressions. Et ce n'est rien de ce que les hommes attendent, ni un secret scientifique, ni une déclaration, ni la connaissance, ni la puissance, mais une simple bouteille lancée dans la mer de l'espace, témoignage d'une autre solitude mille fois plus profonde que celle d'aucun humain, guettant sur une autre rive du vide une réponse impossible. La femme s'écrie en substance : « Ils ont imaginé toutes sortes de mutants, ces grands cerveaux : de super-savants, de super-télépathes, de super-penseurs, mais jamais une autre race éprouvant de super-sentiments, riant d'un super-rire, souffrant d'une super-solitude. »
La solitude entraîne l'attente et le désespoir. Ainsi, ce monde neuf et différent dans lequel nous suivions Sturgeon avec l'espoir d'échapper à la réalité, ne sera-t-il fait que d'une solitude et d'un désespoir quintessenciés, plus durs, plus purs que ceux que nous abandonnions ? Ce nouveau monde est-il sans issue ? Nous sommes-nous réfugiés dans nos espaces secrets pour nous y trouver plus implacablement prisonniers encore ?
Non, car il y a ce message qui porte la connaissance de la solitude d'un monde à l'autre. La solitude n'est plus irrémédiable, qui est transmise et peut-être partagée. La femme qui a reçu le message d'un autre monde l'a compris. Elle vit sur une grève et, chaque jour, elle lance à la mer (son espace proche, personnel, accessible), une bouteille, et elle écrit, répandant ainsi sa solitude de l'Orient à l'Occident. « To the loneliest one. » Au plus solitaire. (Sans doute y a-t-il là une image de l'écrivain qui ne peut apaiser sa solitude qu'en expédiant au gré des mots ses messages sans savoir jamais s'ils seront entendus.)
« To the loneliest one »
Il est en certaines âmes vivantes.
Une indicible qualité de solitude,
Si profonde qu'elle doit être partagée,
Comme la compagnie est partagée par des êtres moindres.
Une telle solitude est mon lot.
Que ceci vous apprenne.
Que dans l'immensité,
Il est quelqu'un de plus seul que vous.
*
* *
À moins qu'un jour on ne frappe à la porte…
Et l'on frappe toujours à la porte. Il est toujours une solitude dans le monde qui est pire que la sienne et la solitude peut se partager comme la compagnie. On ne peut partager son être et c'est pourquoi on est seul, mais on peut partager sa souffrance. Cette solitude n'est pour Sturgeon qu'une épreuve nécessaire dont on sort affiné, dégagé d'une gangue d'inconscience.
À force d'isolement, le héros de Sturgeon devient étranger au monde. À force de solitude, il devient étranger à lui-même. Il est détaché du monde et de lui-même. Il est aliéné, prisonnier des ses insuffisances. Mais voilà qu'il redécouvre le monde au-delà de son aliénation. Il se fraye d'autres chemins que ceux de la perception. Il découvre la beauté du réel selon des voies plus subtiles. Il sait d'autant mieux la valeur de la tendresse qu'il a mesuré le poids de la solitude. Il est prêt pour sa résurrection. Il a finalement une conscience d'autant plus aiguë de son intégration au réel, de sa place dans le monde, qu'il en a été si longtemps écarté. Il y a plus de bonheur possible, dit Sturgeon, pour les infirmes que pour les êtres sains, et plus de liberté pour le prisonnier que pour l'oiseau.
Ce bonheur se situe dans un monde différent que nul d'entre les normaux ne peut saisir, puisqu'il faut tout d'abord franchir les portes de la solitude. Presque toutes les histoires de Sturgeon, en tout cas les meilleures, reposent sur ce même thème, : un individu isolé, qui se sent inutile, dérivant, cherche désespérément un ensemble dans lequel il puisse entrer, un groupe auquel il puisse s'intégrer. Or cet ensemble, il ne le trouve que parmi ceux dont le malheur est symétrique du sien, en accusant encore son aliénation, en basculant dans un monde différent.
Le héros de « Cristal qui songe » prend de mieux en mieux conscience de sa nature non humaine et pénètre finalement dans le monde des cristaux qui l'ont créé en rêve, et ce monde est un prodigieux enchevêtrement d'intelligence et de pensée dans lequel il ne se trouvera plus jamais seul, dans lequel des réponses succéderont toujours à ses question. Sa personnalité demeure intacte, mais elle peut enfin s'épanouir, en entrant dans un ensemble plus vaste qu'elle, au contact d'autres esprits.
Et l'idiot de « More than human » trouve la paix et la satisfaction lorsqu'il s'intègre à cette cellule de cinq personnes, lorsqu'il cesse d'être lui-même pour n'être plus qu'une partie de « l'Homo Gestalt », cet ensemble destiné à succéder à l'homo sapiens. Il faut se perdre, puis s'oublier, pour se sauver et se libérer.
La solution au problème de la solitude est donc, pour Sturgeon, l'ensemble dans lequel viennent s'intégrer l'individu, le groupe, puis la race, puis l'espèce, sans perdre pour autant leur individualité, en une chaîne de dépendance et de complémentarité. Mais notre monde, notre sorte d'hommes est impuissante à réaliser cette fusion. Nous menons des existences parallèles, tristement séparées à force d'inconscience. On saisit dès lors la supériorité des infirmes sur les normaux. Leur conscience est à la mesure de leur souffrance. Leur fuite de ce monde les conduit en un autre. Leur haine d'eux-mêmes leur fait priser autrui. Ils savent ce que c'est qu'aimer.
Une personne en cinq personnes. Voilà la conclusion de « More than human ». Est-ce de la solidarité ? C'est sûrement plus profond. C'est une sorte d'unité organique. Celle-là même qui existe entre les cellules de notre corps, si parfaitement différenciées. C'est celle dont rêvent les humains depuis qu'ils existent. Atteindre et connaître l'autre, l'indiciblement différent, assez pour ne faire plus qu'un. Je pense que c'est ce qu'on peut appeler l'amour idéal. J'espère que Sturgeon l'a rencontré ainsi qu'il l'a exprimé.
Ceci a une résonance particulièrement humaine. En vérité, lorsque Sturgeon décrit ses personnages monstrueux, ce sont tous les hommes qu'il cherche à atteindre sous leur écorce d'infirmité. Nous, humains, sommes tous des infirmes. Mais nous ne le sentons pas assez. Nous ne sommes pas suffisamment écorchés. Nous appartenons au genre humain, mais bien peu le sentent. Nous faisons partie d'une espèce, mais nous méprisons la vie.
Et ce monde des cristaux ou cet ensemble de compréhension plus grand que l'homme, qui apparaissent dans « Cristal qui songe » et dans « More than human », c'est ce dont nous rêvons en ces jours où un rien nous blesse et où nous nous sentons étrangers à tout.
Mieux, Sturgeon décrit notre esprit lui-même : au-dedans de nous-même, notre esprit est composé de tendances profondes et antagonistes, aveugles, qui doivent se fondre en une seule personne, ou choisir l'inconscience ou la folie ; au-dehors de nous-même, nous sommes, tous, les rêves d'un plus grand être qui n'existe que dans la mesure où nous le voulons bien.
*
* *
Ainsi, nous avons, à la suite de Sturgeon, rejeté le monde impossible, nous nous sommes réfugiés dans les univers imaginaires et voilà que nous débouchons, alors que nous nous y attendons le moins, sur l'humain, sur la beauté indicible du réel. Mais ce n'est pas le même réel que nous retrouvons. Entre lui et celui que nous abandonnâmes il y a l'aliénation, ce détour de l'esprit. Il y a ce millier d'aliénations que décrit Sturgeon et qu'il vit, certaines ne menant nulle part qu'à la destruction, mais d'autres conduisant soudain, après un long parcours souterrain, à ce que nous repoussions tout d'abord. Or, il n'est sans doute pas d'émotion plus intense que celle de l'enfant qui découvre le monde, sinon celle de l'aveugle qui ouvre une première fois les yeux et voit, ou celle du dément qui retrouve le contact et le sens de la réalité.
Au-delà de l'infirmité commence l'aliénation. Et de l'aliénation vient la solitude qui elle-même entraîne l'aliénation. Mais cette étrangeté parfaite n'est qu'une porte qui s'ouvre sur l'au-delà de l'humain, ou peut-être sur le plus-humain. Une porte nécessaire. Seul le malade a une exacte connaissance de la santé. L'aliénation a des splendeurs que Sturgeon nous communique ; l'aliénation est une des qualités de l'homme.
Et parce qu'il le dit, Sturgeon n'est pas seulement un conteur de curiosités, une sorte de dompteur de monstres, mais bien un écrivain, un authentique guide des régions fantastiques et nostalgiques de l'être.
Car l'écrivain se situe au-delà du conteur. Le conteur retient l'attention par la perfection et la complication de l'intrigue. Ou encore le conteur prétend à la beauté formelle absolue, tandis que l'écrivain se contente de l'humain ; l'écrivain dévoile soudain un esprit humain, des réactions humaines, une souffrance humaine, parfois cachés, parfois malaisément exprimés, mais toujours sous-jacents. Et c'est ce que nous préférons. Nous cherchons dans l'écrivain et au travers de ses œuvres un ami qui nous ressemble et qui nous comprenne en se comprenant, un complément. Et notre joie est grande lorsque nous distinguons, inscrits en lignes de feu dans une œuvre, les traits de celui qui l'édifia, lorsque nous percevons la moindre affinité avec nos propres traits.
Or, il y a une telle unité dans la cruauté et la tendresse de Sturgeon, dans la splendeur de son aliénation, que nous y saisissons la détresse et la grandeur d'un dieu interne et microcosmique.
BIBLIOGRAPHIE
(établie par Gérard Klein en 1957)
1948. – Without sorcery.
1950. – The dreaming jewels (Cristal qui songe, Rayon Fantastique, 1952).
1953. – E pluribus unicorn (disponible à notre Service Bibliographique Étranger).
1953. – More than human (Les plus qu'humains, Rayon Fantastique, 1957).
1955. – Caviar (disponible à notre Service Bibliographique Étranger).
1955. – A way home (prochainement disponible à notre Service Bibliographique Étranger).
Parmi les nouvelles citées dans cet article, « Prodigy » figure dans le recueil « Caviar » ; « Bianca's hands » et « A saucer of loneliness », dans le recueil « E pluribus unicorn ».(5)
NOTES :
(1) : De l'édition originale américaine, les traductions des citations n'étant pas reprises de l'édition française.
(2) : Galaxie n° 34, septembre 1956.
(3) : Sturgeon : « Why so much gzygy ? », paru dans Skyhook. 1953. (fanzine de edit Boggs). SIC : Damon Knight fait sans nul doute approximativement allusion à la nouvelle "It wasn't Syzygy", reprise en français dans le recueil Fantômes et sortilèges (Le masque fantastique n°4 - Librairie des Champs-Elysées, 1978) sous le titre "Ci-gît Syzygie".
(4) : Howard Browne était alors éditeur d'« Amazing Stories ».
(5) : Bibliographie complétée pour les œuvres citées de Theodore Sturgeon :
1948. – Without sorcery : recueil de nouvelles reprises en partie dans "L'homme qui a perdu la mer" (Livre de poche 1978) pour "Ça" (It) et "Dieu microcosmique" (Microcosmic God), "Les songes superbes de Theodore Sturgeon" (Casterman 1978) pour "Un égocentriste absolu" (The Ultimate Egoist), "Histoires de fin du monde" (Livre de poche 1974) pour "Mémorial" (Memorial), "Les enfants de Sturgeon" (Le masque Science-Fiction 1977) pour "Le moutard" (Brat) et "Deux pour cent d'inspiration" (Two Percent Inspiration), "Fantômes et sortilèges" (Le masque fantastique 1978) pour "La cargaison" (Cargo) et "Le bouffon caratique" (Shottle Bop), "Les talents de Xanadu" (J'ai Lu 1978) pour "Maturité" (Maturity). Quatre autres nouvelles (Poker Face, Artnan Process, Ether Breather et Butyl and the Breather) sont à priori toujours inédites en français en 2023.
1950. – The dreaming jewels (Cristal qui songe, Rayon Fantastique, 1952).
1953. – E pluribus unicorn : recueil de nouvelles reprises en partie dans : Fiction n°76 (Opta Mars 1960) et "La sorcière du marais" (NéO 1981) pour "Douce-Agile ou La Licorne" (The Silken Swift), "Les songes superbes de Theodore Sturgeon" (Casterman 1978) pour "Monde bien perdu" (The World Well Lost) et "Compagnon de cellule" (Cellmate), "Le livre d'or de Theodore Sturgeon" (Pocket 1978) pour "La Musique" (The Music) et "Cicatrices" (Scars), Fiction n°193 (Opta janvier 1970) et "La sorcière du marais" (NéO 1981) pour "Tournure d'esprit" (A way of thinking), "Les enfants de Sturgeon" (Le masque Science-Fiction 1977) pour "Le Professeur et l'ours en peluche" (The Professor's Teddy-Bear), "Fantômes et sortilèges" (Le masque fantastique 1978) pour "Les Mains de Bianca" (Bianca's Hands) et "Ci-gît Syzygie" (It Wasn't Syzygy), "Galaxie -1ère série- n°34 (Nuit et jour Septembre 1956) et "Histoires d'exraterrestres" (Livre de poche 1974) pour "Une soucoupe de solitude" (A Saucer of Loneliness), "La sorcière du marais" (NéO 1981) pour "L'Abominable invité" (Fluffy). Deux nouvelles (The Sex Opposite et Die, Maestro, Die!) sont à priori toujours inédites en français en 2023.
1953. – More than human (Les plus qu'humains, Rayon Fantastique, 1957).
1955. – Caviar : recueil de nouvelles reprises en partie dans "Le livre d'or de Theodore Sturgeon" (Pocket 1978) pour "Parcelle brillante" (Bright Segment), "Fantômes et sortilèges" (Le masque fantastique 1978) pour "L'Ombre d'une chance" (Ghost of a Chance) et "La Cafarde" (Blabbermouth), "Fiction n°186" (Opta Juin 1969) et "Les enfants de Sturgeon" (Le masque Science-Fiction 1977) pour "Le Prodige" (Prodigy), "Méduse" (Le masque Science-Fiction 1978) pour "Méduse" (Medusa), "Les enfants de Sturgeon" (Le masque Science-Fiction 1977) pour "Une ombre, juste une ombre sur le mur" (Shadow, Shadow on the Wall), "Galaxie -1ère série- n°28 (Nuit et jour Mars 1956) et "Les enfants de Sturgeon" (Le masque Science-Fiction 1977) pour "Étincelle" (Twink).
1955. – A way home: recueil de nouvelles reprises en partie dans "Méduse" (Le masque Science-Fiction 1978) pour "L'Union fait la force" (Unite and Conquer), "Le livre d'or de Theodore Sturgeon" (Pocket 1978) pour "Un don particulier" (Special Aptitude), "Les enfants de Sturgeon" (Le masque Science-Fiction 1977) pour "Le Bâton de Miouhou" (Mewhu's Jet), "Galaxie -1ère série- n°20" (Nuit et jour Juillet 1955) et "Les songes superbes de Theodore Sturgeon" (Casterman 1978) pour "Un triangle dans la tempête" (Hurricane Trio), "Fiction n°7" (Opta Juin 1954) et "L'homme qui a perdu la mer" (Livre de poche 1978) pour "La Merveilleuse aventure du bébé Hurkle" (The Hurkle is a Happy Beast), "L'homme qui a perdu la mer" (Livre de poche 1978) pour "Et la foudre et les roses" (Thunder and roses), "Symboles secrets" (Casterman 1980) pour "La Cloison" (Bulkhead) et "Tiny et le monstre" (Tiny and the monster). Une nouvelle (A way home) demeure à priori inédite en français en 2023. (Rercherches et note du PReFeG).
NOUVELLES DE THEODORE STURGEON
parues dans les revues Fiction et Galaxie :
Les Étoiles sont vraiment le Styx (Nouvelle, Galaxy Science Fiction, octobre 1950) The Stars Are the Styx, 1950
in Galaxie (1ère série) n° 1, NUIT ET JOUR 11/1953
in Galaxie (2ème série) n° 103, OPTA 12/1972
in Galaxie (2ème série) n° 104, OPTA 1/1973
Mr Costello, héros (Nouvelle, Galaxy Science Fiction, décembre 1953) Mr. Costello, Hero, 1953
in Galaxie (1ère série) n°5, NUIT ET JOUR 4/1954
La Merveilleuse aventure du bébé Hurkle (Nouvelle, The Magazine of Fantasy, automne 1949) The Hurkle is a Happy Beast, 1949
in Fiction n°7, OPTA 06/1954
L'Éveil de Drusilla Strange (Nouvelle, Galaxy Science Fiction, mars 1954) The Education of Drusilla Strange, 1954
in Galaxie (1ère série) n° 10, NUIT ET JOUR 9/1954
in Galaxie (2ème série) n° 103, OPTA 12/1972
Le Tyran sauvé par l'amour (Nouvelle, Galaxy Science Fiction, septembre 1953) The Touch of Your Hand, 1953
in Galaxie (1ère série) n° 19, NUIT ET JOUR 6/1955
in Galaxie (2ème série) n° 148, OPTA 10/1976 (sous le titre Le contact de ta main)
in Galaxie (1ère série) n° 20, NUIT ET JOUR 7/1955
Le Vol du dossier justice (Nouvelle, Galaxy Science Fiction, janvier 1955) When You're Smiling, 1955
in Galaxie (1ère série) n° 23, NUIT ET JOUR 10/1955
in Galaxie (1ère série) n° 25, NUIT ET JOUR 12/1955
in Galaxie (1ère série) n° 28, NUIT ET JOUR 3/1956
in Galaxie (1ère série) n° 29, NUIT ET JOUR 4/1956
in Galaxie (1ère série) n° 34, NUIT ET JOUR 9/1956
in Galaxie (1ère série) n° 35, NUIT ET JOUR 10/1956
in Galaxie (1ère série) n° 36, NUIT ET JOUR 11/1956
La Peur est une affaire (Nouvelle, The Magazine of Fantasy and Science Fiction, août 1956) Fear is a business, 1956
in Fiction n° 41, OPTA 4/1957
in Galaxie (1ère série) n° 43, NUIT ET JOUR 6/1957
in Galaxie (2ème série) n° 106, OPTA 3/1973 (sous le titre L’autre Célia)
Et voici les nouvelles... (Nouvelle, The Magazine of Fantasy and Science Fiction, décembre 1956) And Now the News..., 1956
in Fiction n° 44, OPTA 7/1957
À l'assaut des dieux (Nouvelle, Galaxy Science Fiction, septembre 1957) The pod in the barrier, 1957
in Galaxie (1ère série) n° 48, NUIT ET JOUR 11/1957
in Fiction n° 56, OPTA 7/1958
in Galaxie (1ère série) n° 58, NUIT ET JOUR 9/1958
L'Homme qui a perdu la mer (Nouvelle, The Magazine of Fantasy and Science Fiction, octobre 1959) The Man Who Lost the Sea, 1959
in Fiction n° 74, OPTA 1/1960
in Fiction n° 76, OPTA 3/1960
in Fiction n° 78, OPTA 5/1960
in Fiction n° 80, OPTA 7/1960
Les Enfants du comédien (Nouvelle, Venture Science Fiction Magazine, mai 1958) The comedian's children, 1958
in Fiction n° 102, OPTA 5/1962
in Fiction n° 109, OPTA 12/1962
L'Amour et la mort (Nouvelle, The Magazine of Fantasy and Science Fiction, septembre 1962) When you care, when you love, 1962
in Fiction n° 133, OPTA 12/1964
in Galaxie (2ème série) n° 8, OPTA 12/1964
in Galaxie (2ème série) n° 19, OPTA 11/1965
in Fiction spécial n° 9 : Astounding 1947-1951. L'âge d'or de la science-fiction (2ème série), OPTA 4/1966
Le Professeur et l'ours en peluche (Nouvelle, Weird Tales, mars 1948) The Professor's Teddy-Bear, 1948
in Fiction spécial n° 10 : Histoires d'horreur, OPTA 11/1966
in Fiction spécial n° 10 : Histoires d'horreur, OPTA 11/1966
in Fiction spécial n° 11 : Chefs-d'œuvre de la science-fiction, OPTA 5/1967
in Fiction spécial n° 13 : Chefs-d'œuvre de la science-fiction (2ème série), OPTA 8/1968
in Fiction n° 180, OPTA 12/1968
Celui qui lisait les tombes (Nouvelle, The Graveyard Reader, anthologie composée par Groff Conklin, 1958) The graveyard reader, 1958
in Fiction n° 185, OPTA 5/1969
in Fiction n° 186, OPTA 6/1969
in Fiction n° 193, OPTA 1/1970
in Fiction spécial n° 16 : Grands classiques de la science-fiction (1ère série), OPTA 4/1970
L'Homme qui apprit à aimer (Nouvelle, The Magazine of Fantasy and Science Fiction, octobre 1969) The man who learned loving, 1969
in Fiction n° 197, OPTA 5/1970
in Fiction n° 200, OPTA 8/1970
in Fiction n° 203, OPTA 11/1970
in Fiction n° 206, OPTA 2/1971
in Galaxie (2ème série) n° 82, OPTA 3/1971
in Fiction n° 210, OPTA 6/1971
in Galaxie (2ème série) n° 93, OPTA 2/1972
Le Jeteur de sorts (avec Harlan ELLISON) (Nouvelle, The Magazine of Fantasy and Science Fiction, mai 1970) Runesmith, 1970
in Fiction n° 224, OPTA 8/1972
in Galaxie (2ème série) n° 103, OPTA 12/1972
in Galaxie (2ème série) n° 103, OPTA 12/1972
in Galaxie (2ème série) n° 103, OPTA 12/1972
in Galaxie (2ème série) n° 123, OPTA 8/1974
Agnès, accent et accès (Nouvelle, Galaxy, octobre 1973) Agnes, accent and access, 1973
in Galaxie (2ème série) n° 119, OPTA 4/1974
in Fiction n° 252, OPTA 12/1974
in Fiction n° 253, OPTA 1/1975
in Fiction n° 264, OPTA 12/1975
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre commentaire, il sera publié une fois notre responsable revenu du Centaure (il arrive...)