02 mars, 2022

Fiction n°007 – Juin 1954

De l’humour pour ce numéro de Fiction, et sans passer par la case Sheckley !

Un accord à la souris serait encore plus étourdissant…


 

On retrouve les succédanés des Bouvard et Pécuchet introduits dans le Fiction n°3 : les universitaires de Homer Jr. Nearing avec « Le super-perroquet ». Tristan Bernard fait sa singulière et épisodique apparition dans le genre, avec un récit qui ferait une excellente blague pour briller en société lors des conventions S.F. ! Et puis Theodore Sturgeon avec sans doute l’une de ses nouvelles les plus légères, sur un ton assez inhabituel chez cet auteur souvent grave et philosophe.

Nous retrouvons aussi Kris Ottman Neville, pour le coup avec une nouvelle à la Sturgeon. Notons que le thème abordé ici du fossé entre les générations, qui peut se faire gouffre à mesure que la vie s’allonge, creusera aussi le contexte du seul roman de Neville publié en France, « Bettyann », dont nous reparlerons sans doute dans ces pages…

Côté français, la proportion est honorable, puisque la moitié des auteurs l’est (en comptant l’essai de Jean-Jacques Bridenne). On applaudit l’entrée de Francis Carsac, dont le premier roman venait de paraître quelques mois auparavant (« Ceux de nulle part », n°23 de la collection Le rayon fantastique - février 1954).

Sommaire du Numéro 7 :

NOUVELLES

1 - Francis CARSAC, Taches de rouille, pages 3 à 14, nouvelle

2 - Esther CARLSON, Le Double et sa moitié (Night life, 1953) , pages 15 à 22, nouvelle, trad. (non mentionné)

3 - Idris SEABRIGHT, Se battre et mourir... (Brightness Falls from the Air, 1951) , pages 23 à 29, nouvelle, trad. (non mentionné)

4 - Robert GAUCHEZ, Les Cinq visites, pages 30 à 51, nouvelle

5 - Homer Jr. NEARING, Le Super-perroquet (The cerebrative psittacoid, 1953) , pages 52 à 70, nouvelle, trad. (non mentionné)

6 - Theodore STURGEON, La Merveilleuse aventure du bébé Hurkle (The Hurkle is a Happy Beast, 1949) , pages 71 à 79, nouvelle, trad. (non mentionné)

7 - Léopold MASSIÉRA, La Visite de la Chose, pages 80 à 81, nouvelle

8 - Kris Ottman NEVILLE, « L'histoire » (Old Man Henderson, 1951) , pages 82 à 92, nouvelle, trad. (non mentionné)

9 - Roger DEE, Un nouveau départ (The Fresh Start, 1954) , pages 93 à 105, nouvelle, trad. (non mentionné)

10 - Tristan BERNARD, Qu'est-ce qu'ils peuvent bien nous dire ?, pages 106 à 107, nouvelle

11 - Jean-Jacques BRIDENNE, Jules Verne, père de la science-fiction ? / II. De Jules Verne à Wells, pages 108 à 112, article


CHRONIQUES

12 - Jacques BERGIER & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 113 à 115, critique(s)

13 - F. HODA, Un homme invisible, un homme dédoublé, un animal monstrueux..., pages 116 à 121, article

14 - (non mentionné), Table des récits parus dans « Fiction » d'octobre 1953 à juin 1954, pages 144 à 144, index

 

Dans le epub d’origine, débusqué à l’état sauvage par les rabatteurs autochtones du PReFeG, ne figurait pas de « table des récits parus dans les numéros précédents de Fiction ». Cet index (mentionné dans le sommaire publié chez Noosfere) sera pourtant édité dans les numéros des mois de juin et de décembre jusqu’en juin 1967, puis dans les numéros de janvier et de juin de cette iconoclaste année 1968, puis en janvier et en juillet pour 1969, puis une fois par an et de façon assez erratique jusqu’en 1989. Petit outil de travail bien précieux (à l’époque) pour les anthologistes, nous nous en faisons l’écho dans notre page « Les auteurs publiés dans Fiction et Galaxie » et, si cette "Table' venait à manquer dans les epubs sauvages des lointaines contrées sub-orientales, le PReFeG en reconstituera le contenu, comme c’est le cas pour ce numéro 7.

Rapport du PReFeG :

  • Relecture, vérification orthographique et grammaticale
  • Ajout des notes 2b, 3b et 10
  • Ajout de la Table des récits telle qu'évoquée dans le sommaire détaillé sur NooSFere mais n'apparaissant pas dans le epub d'origine.
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Vérification et mise à jour des liens internes
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Mise en gras des titres in Revue des Livres
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

 

Nous reproduisons ici la rubrique « Glanes interstellaire… » - ouvrant les numéros de Fiction de cette époque – à la fois pour contextualiser le charme vintage de la couverture, et aussi souligner la publication de la « première » anthologie de science-fiction en France (voir notre cadeau-bonus du printemps 2022…)

Notre couverture.

La photographie qui illustre notre couverture a été prise aux Grands Magasins du Printemps qui, du 5 mars au 3 avril derniers, ont eu l’heureuse idée de présenter en exclusivité à leur clientèle parisienne un orchestre de robots qui a connu un vif succès de curiosité.

Un ingénieur belge, Zenon Specht, a eu l’idée de cette attraction sensationnelle et l’a mise au point. Quinze ans d’études et trois ans de travail lui ont été nécessaires pour réaliser son projet.

Fils d’un facteur de Herenthout (Belgique), Zenon Specht se sentit, très jeune, attiré par la musique. Il était à la fois interprète et fabricant de divers instruments. C’est son infirmité – Zenon Specht a l’ouïe un peu dure – qui lui révéla son talent d’ingénieur. Zenon Specht avoue lui-même que la surdité facilite la concentration de la pensée ! C’est ainsi qu’il songea à fabriquer un homme en acier qui jouerait du saxophone : Ce fut un triomphe : avec lui, il fit le tour du monde.

Encouragé par son succès, Zenon Specht décida alors de construire un orchestre ; celui-ci est composé de trois musiciens robots : un saxophoniste, un guitariste et un joueur de batterie. Ce dernier faisant aussi l’office de speaker et présentant le spectacle.

Commandés à distance par radio, ces robots peuvent, exécuter tous les mouvements d’un homme : ils se lèvent, s’assoient, clignent des yeux. Des soufflets remplacent les poumons et un moteur est à la place du cœur. Apparemment, ce sont des hommes revêtus d’une carcasse d’acier ; ce n’est qu’en ouvrant un volet de la plaque dorsale que l’on découvre une quantité de fils et d’appareils électriques.

À ce propos, Zenon Specht aime à raconter l’anecdote suivante : au cours d’une représentation récente, un câble assurant le mouvement des jambes d’un des robots se cassa ; le robot s’écroula devant les spectateurs. Un médecin qui se trouvait dans la salle se précipita et aida Zenon Specht à transporter le robot dans les coulisses.

— « Monsieur, je suis médecin, » dit-il à Zenon Specht. « Soyez tranquille, je ne trahirai pas votre secret, ouvrez seulement la carcasse en acier afin que je puisse soigner la personne qui s’y trouve enfermée. »

Zenon Specht n’eut aucun mal à lui prouver qu’il avait plus besoin d’un électricien que d’un médecin.

 *

La première anthologie française de nouvelles de « science-fiction. »

Georges H. Gallet, un des codirecteurs de la collection « Le Rayon Fantastique », rappelle, dans la préface d’« Escales dans l’infini », l’excellent recueil de nouvelles qu’il vient d’y faire paraître, les origines de la « science-fiction » : de ses lointains ancêtres (Platon, Lucien, Cyrano de Bergerac, Swift, Voltaire) à son « grand-père » Jules Verne et à Wells, son « père », enfin à son « parrain », l’Américain Hugo Gernsback qui, en 1926, « lança » le genre avec le magazine « Amazing Stories ».

Puis il explique ce qui constitue, selon lui, le vrai sens de cette littérature, sous sa forme actuelle :

Nous vivons dans un monde où plus rien ne nous étonne. Chaque nouvelle découverte est acceptée comme toute naturelle. On se demande même pourquoi elle n’est pas venue plus tôt.

Sans doute, des Cassandre disent que le progrès devient monstrueux. Qu’au lieu de tendre à créer, comme il le pourrait, une existence dans l’abondance pour toute l’humanité, il semble se pervertir pour l’entraîner à sa destruction.

Mais ce risque même ne fait qu’accroître notre insatiable curiosité de savoir de quoi demain sera fait.

Pour demain, la science-fiction ne connaît rien d’impossible. À elle, la conquête de la lune, les bébés en éprouvette, les robots, le surhomme, les merveilles les plus inouïes. Elle ne demande au lecteur que ce que Coleridge a appelé « une suspension volontaire de l’incrédulité ».

Comme le conte de fées, dira-t-on.

Erreur patente. Dans le conte de fées, les choses sont, sans avoir à être expliquées ni justifiées. Au contraire, la science-fiction doit justifier, expliquer. Naturellement, elle ne prétend pas être vraie, mais elle s’efforce d’être possible ou tout au moins plausible. Comme le bon roman policier soigne sa couleur locale, la science-fiction fignole son prétexte scientifique.

Ainsi peut-elle jouer un rôle, peut-être, modeste, mais utile. Servir, en somme, de pont entre les connaissances spéciales ou techniques et les idées générales, ou même l’imagination qui a indiscutablement sa part dans la recherche scientifique et la découverte.

On a dit que, dans la science-fiction, ce n’est pas le principal personnage qui est le véritable héros, mais le « décor ».

Baudelaire aurait aimé cela, lui qui voulait qu’on l’emporte « n’importe où, hors du monde ! »

 

Signalons, pour terminer, une initiative heureuse des éditeurs pour accompagner ce vingt-quatrième volume du « Rayon Fantastique ». Chaque exemplaire renferme un encart invitant le lecteur à participer à un référendum : un tableau lui permet de classer les dix nouvelles par ordre de préférence (chacune d’elles se rattache à un domaine particulier de la « science-fiction »). Toute réponse est récompensée par l’envoi – gratuitement et au choix – d’un livre de la collection.

 

En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro

retrouvez les bibliographies complètes de leurs parutions dans Fiction et Galaxie !

Francis CARSAC
Esther CARLSON


Idris SEABRIGHT

 

Robert GAUCHEZ

 

Homer Jr. NEARING

 

Theodore STURGEON


Léopold MASSIÉRA
Kris Ottman NEVILLE


Roger DEE

Tristan BERNARD 


 

Jean-Jacques BRIDENNE

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