16 août, 2023

Galaxie (1ère série) n°043 – Juin 1957

Entre les poissons d’Avril de Guieu et Le peuple des profondeurs d’Asimov, on aurait pu s’attendre à un numéro subaquatique pour ce numéro d’été 1957 de Galaxie. Plouf plouf ! Les profondeurs y sont plutôt sidérales, voire sidérantes !


Nous cliquons en paix !

Sommaire du Numéro 43 :


1 - Jimmy GUIEU, L'Effroyable poisson d'avril, pages 3 à 17, nouvelle

2 - Isaac ASIMOV, Le Peuple des profondeurs (The Deep, 1952), pages 18 à 40, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par ASHMAN

3 - Theodore STURGEON, L'Autre Célie (The Other Celia, 1957), pages 41 à 52, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par DILLON

4 - Richard WILSON, S'il n'y avait que vous... (If You Were the Only—, 1953), pages 53 à 61, nouvelle, trad. (non mentionné) *

5 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 63 à 64, courrier

6 - D. V. GILDER, Ils (They, 1955), pages 65 à 71, nouvelle, trad. (non mentionné) *

7 - Stephen BARR, Dangereux d'être un noyau ! (I am a nucleus, 1957), pages 72 à 96, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Jack GAUGHAN *

8 - Jimmy GUIEU, Les Soucoupes volantes, pages 97 à 99, chronique

9 - Clifford Donald SIMAK, Opération Putois (Operation Stinky, 1957), pages 100 à 124, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Jack GAUGHAN

10 - Jean LEC, L'Invasion des boules, pages 125 à 134, nouvelle *

11 - Russ R. WINTERBOTHAM, Pour avoir quitté Junon... (The Man Who Left Paradise, 1956), pages 135 à 140, nouvelle, trad. (non mentionné) *

12 - Daniel MAUROC, Les Télécrates, pages 141 à 144, nouvelle *

 

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.


Jimmy Guieu est bon dans la péripétie, mais prend hélas son sujet trop à cœur. Avec L’effroyable poisson d’Avril, on pourra penser que le véritable poisson d'avril - tout comme la vérité - est ailleurs.
 
On tourne un peu en rond dans Le peuple des profondeurs, par Isaac Asimov, au début pourtant prometteur, qui rappelle les univers souterrains et coupés du monde de "La machine s'arrête" de E. M. Forster, ou de "Surface de la planète" de Daniel Drode.

Dans L’autre Célie, Theodore Sturgeon pose son hypothèse fantastique à un phénomène paranormal réputé que nous ne dévoilerons pas ici, de façon ici bien cruelle, à travers la confrontation distante de deux êtres hors normes.

Un narrateur et son animal de compagnie très attachants, c’est l’Opération putois, avec la candeur toujours aussi appréciable de Clifford D. Simak.

S’il n’y avait que vous…, par Richard Wilson, est une histoire d'androïdes malheureusement un peu creuse, chose assez surprenante de la part d’un auteur habituellement plein de finesse.

Les dernières nouvelles, par des auteurs inconnus ou méconnus, jamais republiés, sont pourtant d’un très bon niveau. En témoigne Ils, par le mystérieux D. V. Gilder, qui n’a rien de S.F., mais demeure une sympathique petite histoire de fantôme à chute.

Dans Dangereux d’être un noyau !, Stephen Barr nous propose une bonne nouvelle bourrée de péripéties sur une bonne idée de base : les lois de la thermodynamique peuvent-elles obéir à une volonté consciente ? Au-delà du concept de divin, il est bien question de l'ordonnancement de la matière par elle-même.

On pense bien entendu au roman La sortie est au fond de l’espace de Jacques Sternberg en lisant L’invasion des boules de Jean Lec, bien que le pourquoi de l'affaire y soit très différent. Ici Jean Lec postule pour l'existence d'un niveau pangéen d'organisation de la vie, c'est à dire à celui de la planète elle-même. C'est surtout l'occasion d'un discours « œcologique » (comme on le balbutiait alors) encore assez rare à cette époque.

« L’UN de ces auteurs, un très grand écrivain, comme tous ceux de Junon, s’appelle Honzo. Un jour que son imagination lui permit de pondre un millier de mots à l’heure et que ces mots s’imbriquaient merveilleusement pour constituer de splendides expressions, Honzo inventa une histoire où le héros se conduisait mal. Il réalisa bientôt que ses pensées étaient imprégnées de péché et de méchanceté.

— C’est trop fantastique, vraiment ! se dit-il. Personne ne voudra lire semblable insanité.

Alors, il employa le procédé favori de tous les auteurs de science-fiction sur toutes les planètes, hormis sur Junon : ne pouvant mentir avec conviction, ils disent la vérité. Il édifia une œuvre véridique intitulée : Le péché existe-il ? » 

On pense inévitablement à Kilgore Trout, l’alter ego de Kurt Vonnegut, en lisant ces lignes extraites de Pour avoir quitté Junon…, de Russ Winterbotham. Voici une très bonne fable sur la morale innée plutôt qu'acquise, et le manque d'adversité propre aux utopies (apparement absente de l’Encyclopédie de Pierre Versins).

On termine ce numéro avec Les télécrates, de Daniel Mauroc (qui sera plus connu en sa qualité de traducteur de, entre autres, Jerome Charyn ou de Oscar Wilde, ou encore comme éditeur). Nous voilà en plein spectaculaire intégré et diffus, comme disent les situationnistes. Une très efficace nouvelle sur la fascination que ne manque pas d'exercer (de nos jours) les aventures sans fin de nos héros de séries télévisées interchangeables et conçues pour tous les goûts... Mauroc pose surtout en creux la question de l'assise du pouvoir sur un peuple passif. Pour le regard spéculatif que l’on peut y apporter aujourd’hui, il n’y manque que la gestion de la productivité.

Un Cocorico pour les ordinateurs français, et une technologie astronautique prometteuse, voilà ce que, entre autres, la rubrique Saviez-vous que… nous proposait de découvrir en 1957.

SAVIEZ-VOUS QUE…

… les techniciens français ont mis au point un calculateur électronique capable d’effectuer 100.000 opérations à la seconde ?

 

CE calculateur – le Gamma 60 – a été présenté, au début d’avril, à Paris. Il est composé d’un ensemble de machines électroniques qui constituent autant d’unités autonomes de calcul, d’enregistrement, de traduction et de confrontation des résultats obtenus. Le tout est commandé par un « cerveau » qui distribue et organise le travail. Enfin, une unité spéciale vérifie au fur et à mesure les calculs, ce qui permet d’éliminer pratiquement toute erreur. Les possibilités du Gamma 60 sont considérables. Il peut aussi bien résoudre des problèmes très particuliers – tels ceux posés par la technique scientifique – que d’autres, beaucoup plus vastes : établir les comptes d’une grande banque, les fiches de paye d’une grosse entreprise, calculer la vitesse critique d’un avion ou les cotes d’un transformateur à grande puissance, etc… Capable de faire 100.000 opérations à la seconde, cette extraordinaire machine soutient aisément la comparaison avec les mastodontes de calcul américains les plus perfectionnés. 

 

SAVIEZ-VOUS QUE…

… les Américains espèrent faire voler un engin à 300.000 km à la seconde ?

 

L’AVIATION américaine étudie actuellement deux modes de propulsion – l’un par photons ; l’autre, ionique – qui doivent aboutir au même résultat ; permettre à des engins volants d’atteindre la vitesse de la lumière ! Dans la propulsion par photons, l’énergie motrice est fournie par la lumière elle-même. La moindre parcelle d’énergie d’un rayon lumineux, si faible soit-il, sera captée dans le vide interstellaire et propulsera, à la vitesse même de la lumière, le « vaisseau de l’espace ». Celui-ci pourra ainsi atteindre en quinze jours la planète Mars.

La propulsion ionique paraît plus séduisante encore aux techniciens. On peut, en effet, l’utiliser dans un vide moins parfait que celui qui est nécessaire à la propulsion par photons. Le principe en est très simple : l’engin lâche dans l’espace des particules ionisées dont la poussée suffit à le propulser. Le problème de la construction d’un tel engin serait pratiquement résolu. Rester toutefois, à trouver le moyen de lui permettre de quitter l’atmosphère terrestre. Il finira bien, lui aussi par avoir sa solution… Ce jour-là, les anticipations les plus osées des auteurs de science-fiction seront bien près d’être dépassées !

La propulsion photonique, si elle ne permettrait finalement pas d’atteindre la vitesse de la lumière, pourrait être une source constante d’énergie. Voir à ce sujet les travaux de l’UP3, une association de chercheurs dédiée à ce mode de propulsion et la promotion des « voiliers solaires » (https://u3p.net/quelques-mots-sur-la-propulsion-photonique/) .

Quant à la propulsion ionique, avec les mêmes retenues sur les vitesses effectivement atteintes, elle a été utilisée dans les propulsion des sondes spatiales interplanétaires. (Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Moteur_ionique).

Rapport du PreFeG (Juillet 2023)

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Vérification du sommaire
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Note (2) ajoutée.
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Jimmy GUIEU
Isaac ASIMOV
Theodore STURGEON
D. V. GILDER
Stephen BARR
Jean LEC

A suivre : Galaxie n°044.

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