28 juin, 2023

Galaxie (1ère série) n°039 – Février 1957

Entrée du jeune Robert Silverberg parmi les piliers du Grand Temple de la S.F., entre autres gourmandises, pour ce numéro d’hiver 1957 de Galaxie.

Un clic droit pour un autographe, Monsieur Ringo Starr ?

Sommaire du Numéro 39 :


1 - Daniel F. GALOUYE, Les Enfants de Jackson (All Jackson's Children, 1957), pages 2 à 14, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Virgil FINLAY

2 - Robert SILVERBERG, Le Double défi (Double Dare, 1956), pages 15 à 27, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Dick FRANCIS

3 - J. T. McINTOSH, La Première dame de Lotrin (First Lady, 1953), pages 28 à 44, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH *

4 - Floyd L. WALLACE, Merci, Robot ! (Tangle Hold, 1953), pages 45 à 75, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

5 - Robert SHECKLEY, L'Oiseau-gardien (Watchbird, 1953), pages 76 à 90, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

6 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 91 à 92, courrier

7 - Zenna HENDERSON, Chut ! (Hush !, 1953), pages 93 à 101, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Don RICO

8 - Clifford Donald SIMAK, Le Gros lot (Jackpot, 1956), pages 102 à 127, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Virgil FINLAY

9 - Jimmy GUIEU, Les Soucoupes volantes, pages 129 à 131, chronique

10 - Julia VERLANGER, Mon copain Jick, pages 133 à 144, nouvelle

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

Avec Les enfants de Jackson, Daniel F. Galouye pose la question de ce qui pourrait faire naître un sentiment religieux chez un androïde.

Dans Le double défi, deux brillants ingénieurs, qui pourraient rappeler Arnaud et Cergue les touche à tout de Robert Sheckley, rivalisent d'intelligence avec leurs pairs extraterrestre. Quel défi ultime leur sera proposé ? La course est-ouest à l'arme nucléaire est à peine voilée, mais simplement pacifiée. Il s’agit de la toute première publication du très prolifique et passionnant Robert Silverberg, tout jeune en 1957 (22 ans).

L’une des principales lois promulguées par le Conseil Terrestre stipulait que la race des hommes devait rester humaine. Il y a eu assez de guerres civiles pour qu’on puisse, à présent, faire tout ce qu’il faut pour qu’il n’y ait plus de guerre entre deux races différentes. Le conflit avec les Martiens a montré ce qui arrive quand certains hommes ne le sont plus qu’à moitié, cependant que d’autres restent des humains dans le sens courant du terme.

Nous l’évoquions au sujet du précédent numéro de Galaxe : on retrouve, toujours innommé, le concept de "pantropie" dans La première dame de Lotrin, une bonne nouvelle sur le thème de l'intégrité. Celle des sentiments, celle des rapports entre les planètes colonisées et la Terre, et celle de l'espèce humaine, avec toute l'aisance de J. T. McIntosh pour les mouvements psychologiques.

Merci, robot ! nous propose les péripéties d'un homme augmenté malgré lui au service d'un état policier sur Vénus. Distrayant, sans plus, comme souvent avec F. L. Wallace.

(…) mes réticences sont provoquées par le fait que les oiseaux-gardiens auront la faculté de s’instruire. En effet, cette faculté anime la machine et lui donne une espèce de conscience. Il m’est impossible d’admettre cela.

— Mais, monsieur Gelsen, vous-même nous avez fait remarquer que l’efficacité de ces engins ne serait pas totale sans une telle faculté. Si les oiseaux-gardiens en étaient privés, ils n’empêcheraient que soixante-dix pour cent des assassinats.

— J’en conviens, admit Gelsen, mal à l’aise. Pourtant, je crois qu’il y a un danger moral à laisser prendre à des machines des initiatives qui étaient jusqu’ici le privilège des humains.

La crainte de la singularité n’est qu’un des aspects de L’oiseau gardien, une très riche nouvelle de Robert Sheckley, cette fois-ci encore dénuée de son humour sardonique habituel. Comme il l’écrit : « Mais toujours est-il que tout est à craindre quand on confie des tâches humaines à des machines ! ». On sent poindre chez cet auteur prolifique une certaine maturité de ton.

Chut ! Une bonne histoire d'épouvante, courte et cruelle. On reconnait bien la patte de Zenna Henderson à son goût pour le monde de l'enfance.

Dans Le gros lot, il est question d’une source inépuisable de savoir... Comment la marchander quand on est un pirate ? Clifford D. Simak nous invite à réfléchir à la seule richesse qui vaille.

Dans la série « Sacré Jimmy ! » : Les soucoupes volantes, la rubrique de Jimmy Guieu, nous propose une petite leçon de complotisme: se désigner un adversaire et le discréditer dans la foulée.

Pour terminer, Mon copain Jick de Julia Verlanger, est une bonne nouvelle efficace, sur un ton populaire très années 50 (et des concordances des temps peut être un peu abusivement contrariées parfois).


Toute notre époque est déjà en germe dans les années 50. Ici : les prémisses des chatbots.

SAVIEZ-VOUS QUE… des machines électroniques avaient analysé la « Somme » de saint Thomas d’Aquin ?

IL fallut quarante et un jours à trois personnes pour dépouiller 2.000 pages de texte représentant 1.600.000 mots. Le but original de ce travail était la recherche de l’emploi de la préposition « in » dans les œuvres du dominicain. À première vue, on n’en voit pas très bien la nécessité, mais l’expérience a tout de même prouvé que la machine était capable d’établir la liste des mots utilisés par un écrivain, leur fréquence et les « tics de langage » propres à chaque auteur.

Reste à savoir le rapport entre ces statistiques et l’impondérable qui s’appelle le talent, et qui a tout de même son importance…

22 juin, 2023

Cadeau bonus : « Un miroir pour les observateurs » - Edgar Pangborn 1954 (VF 1973 Editions OPTA, Club du Livre d'Anticipation))

Magnifique illustration originale de Caza  !

A l’occasion de la venue de l’été, et de la fête de la musique qui vient de se dérouler, nous vous proposons aujourd’hui une œuvre de 1954, mais qui ne connaîtra d’édition en France qu’en 1973, en n°44 de la jolie collection Club du Livre d’Anticipation, dite « C.L.A. », aux éditions OPTA.

(Un clic droit sur la couverture, et enregistrer sous... pour obtenir votre epub.)

« Un miroir pour les observateurs », par Edgar Pangborn, fait partie de ces livres devenus introuvables, et qui pourtant ont le mérite de passer les décennies sans prendre une ride. En 1973, il s’agissait déjà d’un livre de près de 20 ans d’âge, mais qui ne dénotait pas au milieu des Dick et des Moorcock très en vogue alors. C’est que l’auteur ne se pose pas comme voulant nous proposer un ouvrage de Science-Fiction ; d’entrée de jeu, son narrateur nous prévient que nous n’allons pas lire un énième clone d’aventures sidérales ou d’invasion martienne, bien  que plaçant l’existence d’extraterrestres comme pré-requis au récit.

C’est dans cette gare que j’ai débarqué. J’y ai acheté une revue de science-fiction. Ce genre de publications prolifère de plus en plus. Celle-ci était résolument tournée vers l’humour et j’en ai lu les nouvelles avec beaucoup de plaisir. C’est à croire que les galaxies sont trop petites pour les hommes. Et pourtant… (Première partie - Chapitre 1)

Et plus loin :

« Regardez ! » dit-elle, en me lançant son illustré, « croyez-vous vraiment que ça a pu exister, ce truc-là ? Je veux dire, pour de vrai ? » Les dessins représentaient une sorte d’homme de l’espace et une jeune femme très belle, mais très malheureuse. Elle avait été attachée à un météore par quelque monstre diabolique, devinai-je, et elle allait être écrasée par d’autres météores quand son sauveteur arrivait et lui épargnait un sort aussi terriblement cruel en détruisant les blocs rocheux avec son pistolet désintégrateur. Cela ne semblait pas un travail de tout repos. (Première partie - Chapitre 1)

 

Voyons la petite note que Fiction proposait dans son numéro 23 d’Octobre 1955 :

Le Prix International du meilleur roman de « science-fiction » a été décerné à M. Edgar Pangborn, pour son roman : « A Mirror for observers » (non traduit en français).  M. Pangborn est bien connu des lecteurs de notre revue-sœur « Mystère-Magazine » pour deux excellentes nouvelles : « La baguette chantante » (n°75) et « Le chat et le meurtrier » (n°92). M. Edgar Pangborn est critique musical, diplômé du « New England Conservatory of Music ». Il habite New York. Son livre est un roman décrivant la Terre vue par des yeux martiens. Il est, tout à fait remarquable et peut être considéré comme un des rares « romans science-fiction » ayant de hautes qualités littéraires.

A cette époque, rappelons que Ray Bradbury était le seul auteur américain de S.F. à être considéré comme digne d’entrer dans des collections « blanches ». L’éloge n’était donc pas moindre.

Malgré le prestige d’un prix international (qui ne récompensera toutefois entre 1951 et son abandon en 1957 que des auteurs de langue anglaise), Pangborn demeurera absent des éditions francophones jusqu’à son unique parution dans la collection C.L.A. (qui usait du principe d’accoler deux romans d’un même auteur en un seul ouvrage ; ainsi, « Un miroir pour les observateurs » paraîtra jumelé à «Davy », roman écrit en 1964).

Le quatrième de couverture ne lésinait pourtant pas sur ce qu’on aurait pu attendre de l’auteur :


Un miroir pour les Observateurs est le journal d'un de ces étrangers à notre monde, un de ces maîtres clandestins qui poursuivent sur toute la terre une guerre permanente dont l'issue demeure incertaine.

 (…)

Un miroir pour les Observateurs s'est vu décerner le Hugo international et Davy, a été salué par la presse américaine comme le roman le plus osé de la S.F., le Tom Jones du futur.

Edgar Pangborn, né en 1909 à New York, journaliste, chroniqueur et fermier, fut l'une des grandes révélations de l'âge d'or de la science-fiction.

Peut-être la critique qu’Alain Dorémieux en fera dans le Fiction n°241 de Janvier 1974 mettra-t-elle prématurément fin à la publication d’autres romans d’Edgar Pangborn. Voici l’extrait de la rubrique Diagonales en question :

Deux romans très disparates. Davy est une des œuvres les plus inutiles qu'on ait pu lire sous la plume d'un auteur de science-fiction. Les tribulations d'un héros picaresque à la Tom Jones dans un monde post-atomique essentiellement rural servent de trame (fort lâche) à une action inconsistante qui s'enlise dans les détails et se noie dans le prosaïsme. Par contre, dans Un miroir pour les observateurs, écrit dix ans plus tôt en plein milieu des golden fifties, Edgar Pangborn se montre un écrivain de SF réaliste et convaincant, qui donne une version supérieure du thème « ils sont parmi nous », avec une finesse littéraire remarquable (ces qualités valurent au roman un Hugo en 1955). Le contraste entre ces deux livres illustre une fois de plus le handicap du CL.A., que sa formule oblige vaille que vaille à réunir deux romans d'un même auteur, même si un seul des deux offre un authentique intérêt.

Alain DORÉMIEUX 

Le témoignage du singe
Outre la confusion entre le Prix Hugo et l’International Fantasy que Dorémieux ne fait que perpétuer, il nous faudrait tout de même préciser que Pangborn a aussi écrit quelques romans policiers (dont ‘Le témoignage du singe » parut au Masque en 1936 sous le pseudonyme de Bruce Harrison), fort peu en fait (on pourrait en dénombrer 9 en tout et pour tout), et que seulement 9 de ses nouvelles de science-fiction seront traduites dans les pages de Galaxie, Fiction, une dans la revue Marginal, et la dernière dans l’anthologie « Histoires de créatures » au Livre de poche.

Une visibilité, donc, fort réduite.

Avec "Un miroir pour les observateurs", nous aimerions toutefois vous faire découvrir un ouvrage assez ardu à résumer, du fait même de sa forme (un journal d’observations pour un destinataire mystérieux), où tout est dévoilé par petites touches subtiles. Mais la qualité littéraire est bien au rendez-vous, dans cette histoire d’observateur pris au piège de sa propre neutralité déontologiquement affichée, mais qu’il découvrira comme étant une posture impossible à tenir dès le moment où il se met à aimer nos semblables.

L’intrigue principale, en deux époques, surprendra par son parcours, et placera l’observateur a une place centrale de témoin dans la catastrophe mondiale qui avance dans l’ombre d’obscurs suprématistes. Vous le verrez, le thème de l’épidémie y est développé, avec le même type d’injonctions que nous avons pu subir ou intégrer ces trois dernières années (mais n’allez pas croire après cela que c’est une lubie du PReFeG, malgré les précédents bonus mettant en vedette Ward Moore ou Jacques Sternberg – par le grand Kreuhn Kormann, nous ne nous y attendions pas…). Mais pour conclure par quelques extraits, et raccorder à cette fête de la musique qui vient de passer, vous y trouverez de belles séquences sur la musique et l’art en général, vu comme un style de vie à même de contrebalancer la noirceur de l’aigre trace que peut laisser l’espèce humaine sur la planète. Une espèce humaine sur laquelle l’observateur portera toujours un regard indulgent (« les hommes n’ont pas su inventer un Dieu capable de les comprendre », écrira-t-il. Ou encore : « Personne n’est sacrifiable » - cœur du propos de l’ouvrage).

Drozma, vous avez dû souvent revoir les lois de nos Observateurs ? De quel droit nous introduisons-nous dans la vie d’Abraham, ou de quelque autre personne ?

Nous n’en avons aucun droit, à mon avis, puisque « droit », dans ce cas, impliquerait l’existence d’une autorité supramondiale qui dispenserait les privilèges et les interdits. Nous, Salvaïens, sommes des agnostiques nés. N’ayant aucune croyance ni aucune mécréance dogmatique en une autorité quelconque, nous intervenons dans les affaires humaines simplement parce que nous le pouvons ; parce que, avec ou sans vanité, nous espérons promouvoir le bien humain et diminuer le mal humain, dans la mesure où nous pouvons nous-mêmes distinguer le bien du mal. Et dans quelle mesure ?

Après trois siècles et demi, par une logique empirique, je n’ai pas trouvé de meilleur axiome : la cruauté et la bonté sont virtuellement synonymes. Les professeurs humains de logique ont décrété au long des siècles qu’un acte cruel est un acte mauvais, et les hommes, dans leur totalité, souscrivent à la doctrine ; peu importe combien de fois ils la violent. Il y a une révulsion inévitable contre toute tentative de faire de la cruauté une ligne de conduite. Des cruautés non reconnues, des cruautés provoquées par des frayeurs primitives ou sanctifiées par une habitude institutionnelle – ces cruautés-là peuvent continuer pendant des siècles ; mais, quand la nature humaine verra Caligula dans toute sa vérité, elle le vomira et sera malade à son seul souvenir. Réciproquement, je ne reconnais rien comme mauvais, si ce n’est la cruauté dans son élément dominant. Là, manifestement, l’humanité n’est pas aussi désireuse de suivre la logique. Pour suivre un ordre sémantique, on doit distinguer la cruauté involontaire de la cruauté malveillante. Un tigre qui mange un homme est une chose humainement mauvaise, mais le tigre est impersonnel comme l’éclair et l’avalanche ; il prend simplement son repas sans aucune malveillance. Un boucher tuant un agneau est une chose pareillement impersonnelle et je pense qu’il conclut un marché plutôt décent, bien qu’un agneau doté d’une parole pourrait me reprocher vivement de parler ainsi : la petite carcasse juteuse d’un agneau en échange d’une vie protégée, bien nourrie, et d’une mort plus clémente qu’aurait pu lui apporter la nature. Si le terme « cruauté » peut inclure les causes non malveillantes de souffrance, je pense que l’axiome est encore juste. Je remarque qu’une énorme part de la cruauté humaine est non malveillante, simple résultat de l’ignorance ou de l’inertie, ou simple mauvais jugement, interprétation erronée d’un fait.

Il ne s’ensuit pas que n’importe quelle conception modérée et limitée comme la gentillesse soit synonyme de bonté. Les hommes s’abusent en se donnant l’illusion que le bon et le mauvais sont des opposés absolus : un de ces raccourcis mentaux qui s’avèrent être des pièges mortels. Le bon est un aspect de la vie beaucoup plus large et global. À mon avis, sa relation avec le mauvais est un peu plus qu’une relation de coexistence. Mais le mauvais nous harcèle, nous obsède comme un mal de tête, alors que nous prenons le bon comme un dû, comme nous prenons la santé comme un dû, jusqu’à ce qu’elle nous lâche. Cependant, la boisson est bonne, n’est mauvais seulement que le poison qui se trouve quelquefois dans les fonds de verres : au cours de la vie, il est probable que nous secouons le verre – ce n’est pas la faute du vin. Il est bon de s’asseoir tranquillement au soleil : il n’y a là aucune contrepartie mauvaise. Où y a-t-il une contrepartie mauvaise à écouter une Fugue en sol mineur ? C’est aussi absurde que de demander : quel est l’opposé d’un arbre ? Reconnaissant de nombreuses ambivalences partielles entre la naissance et la mort, nous négligeons leur qualité partielle et nous sommes amenés par duperie à supposer que l’ambivalence est exacte et omniprésente. Il me semble que les hommes et les Martiens n’auront pas acquis la sagesse tant qu’ils ne pousseront pas leur pensée bien au-delà du langage mimique des images trompeuses et tentantes. Je défie quiconque de mesurer, comme une balance, le simple contrepoids du jour et de la nuit. (Deuxième partie - Chapitre 4)

 À moins d’être un gorille, n’intervenez pas dans les plaisirs des chimpanzés. La punition – voilà l’idée qui souille tout le système, les maisons de redressement, les prisons, les quatre cinquièmes du droit pénal. Soigner les curables, garder les incurables là où ils ne peuvent atteindre personne – tout le reste n’est qu’une humanité grignotant la douleur et se réjouissant à moitié de la peine. (Deuxième partie – Chapitre 6)

Comme il sera écrit plus tard dans Fiction, Pangborn est un auteur « sensible et poétique ».

Rapport du PReFeG :

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Note (*) ajoutée.
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Refonte de l’epub original reprenant l’édition CLA - OPTA
  • Amélioration des illustrations de CAZA (meilleure définition)
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteur, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

 

21 juin, 2023

Galaxie (1ère série) n°038 – Janvier 1957

100ème article du "Projet Revues Fiction et Galaxie" , avec de petits traités pratiques de « pantropie », un concept qui sera développé cette année 1957, mais dont on pourra lire dans ce numéro quelques signes avant-coureurs…

Ne cherchez pas la petite bête

Un clic droit suffit !

 Sommaire du Numéro 38 :

1 - J. T. McINTOSH, Les Visiteurs (Open House, 1955), pages 3 à 13, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par SENTZ (ou SENTS ?) *

2 - Robert SHECKLEY, Le Sauvage de New-Tahiti (The Native Problem, 1956), pages 14 à 36, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Virgil FINLAY

3 - Clifford Donald SIMAK, Trop facile ! (Drop Dead, 1956), pages 37 à 53, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

4 - Gordon R. DICKSON, L'Amour, dangereuse théorie ! (Flat Tiger, 1956), pages 55 à 65, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par WEISS *

5 - James E. GUNN, Ça n'est pas sorcier ! (Sine of the Magus, 1954), pages 66 à 96, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par VIDMER *

6 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 97 à 98, courrier

7 - Lloyd Jr BIGGLE, Une injustice (Gypped, 1956), pages 99 à 104, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par WEISS *

8 - Jimmy GUIEU, Les Soucoupes volantes, pages 105 à 107, chronique

9 - (non mentionné), Saviez-vous que..., pages 108 à 108, notes

10 - E. C. TUBB, Interminable attente (Vigil, 1956), pages 109 à 116, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Virgil FINLAY

11 - Lucien BORNERT, Les Œufs de monstres, pages 117 à 126, nouvelle *

12 - A. H. PHELPS, Les Marchands de Vénus (The Merchants of Venus, 1954), pages 127 à 138, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Frank Kelly FREAS *

13 - Jean LEC, Aranéa, pages 139 à 143, nouvelle *

14 - (non mentionné), Saviez-vous que..., pages 144 à 144, notes

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro

 

 « (…) une bibliothèque de sept millions de mots contenue en un livre de poche, (…) La bibliothèque microscopique était, en réalité, un étui à microfilms et un projecteur ; elle fut d’abord baptisée « mibib ». »

« Les visiteurs » de J. T. McIntosh proposent des liseuses ! Et bien des merveilles encore, qui scintillent comme de la verroterie… Un récit qui joue sur l'évasif et l'indéterminé à dessein, et sur l'étrangeté de motivations coloniales extraterrestres.

On passerait volontiers pour de bons sauvages, mais jusqu’à quand ? Le principe de colonisation révèle une tendance à adapter les populations soumises à des impératifs étrangers. Mais s’adapter, ou se laisser rendre adapté, ne va pas forcément de soi ; et pour quelqu’un qui souffre des impératifs de sa propre civilisation, le salut pourrait résider dans la fuite. C’est l’enjeu de « Le sauvage de New Tahiti », par Robert Sheckley, un très bon condensé de toutes les histoires coloniales, avec la revanche d'un Robinson volontaire en prime. Ici, l'inadapté n'est pas anormal, et Sheckley sous-tend habilement ce paradigme que ne renierait pas Sturgeon, comme en témoigne cet extrait :

« Edward essaya de réagir, mais son caractère inadaptable se confirma aussitôt par d’autres côtés. Ainsi, les projections publicitaires sur sa rétine le rendirent astigmate, et les slogans bourdonnés à ses oreilles lui donnèrent la migraine. Son médecin lui déclara fermement que tout cela provenait de sa névrose fondamentale, de son antisociabilité, et que c’était celle-ci qu’il fallait soigner. Edward savait qu’il ne se guérirait pas de cela ; aussi songea-t-il de plus en plus sérieusement à quitter la terre, car il ne manquait pas d’autres planètes dans l’univers pour ceux qui, comme lui, n’arrivaient pas à s’adapter aux mœurs terrestres. »

Une planète piège symbiotique, dans « Trop facile ! » par Clifford D. Simak. Sans trop en dévoiler sur l'intrigue, la conclusion rappellera aux lecteurs de Simak la nouvelle «Les déserteurs» de « Demain les chiens », et le concept de pantropie que James Blish mettra au point cette année 1957 dans son recueil de nouvelles «Semailles humaines» (dont la traduction en France attendra 1968, dans la collection Galaxie Bis).

La nouvelle suivante de ce numéro de Galaxie fait le pendant idéologique à la pantropie évoquée par Simak. Avec « L’amour, dangereuse théorie », le ton faussement naïf de Gordon R. Dickson n'est pas sans rappeler celui de Vonnegut ; l'amour universel ici a pour adversaire... l'appétit.

« Ça n’est pas sorcier ! », par un James E. Gunn fidèle à lui-même, est une sympathique romance mêlant mathématiques et sorcellerie, un peu inepte sur les bords, mais qui se laisse lire.

On appréciera davantage « Une injustice » par Lloyd Biggle Jr., où les inventions et les innovations prennent parfois des détours bien cocasses pour émerger à la conscience. Un drolatique récit par un auteur qu'on retrouvera parmi les "baroudeurs" de Fiction et de Galaxie.

Nous avions évoqué la série « Dumarest » de E. C. Tubb pour le précédeent numéro de Galaxie. Ce héros fait une apparition fugace dans « Interminable attente », une jolie nouvelle qui prend tout son sel aux toutes dernières lignes. Une magnifique illustration, comme souvent, de Virgil Finlay en prime.

Les œufs de monstres, par Lucien Bornert, demeure une histoire du type « L'invasion des profanateurs » de John Wyndham , ou « Le père truqué » de Philip K. Dick. Bien que manquant un peu d’originalité, le récit est amusant, toutefois.

On lui préfèrera « Aranéa » , une autofiction de Jean Lec, qui répond bien à celle de Bornert.

Pour terminer, « Les Marchands de Vénus » de A.H. PHELPS est une redite, car la nouvelle avait déjà été publiée sous le titre « Des colons pour Vénus » dans le n°10 de Galaxie de Septembre 1954. La nouvelle est une petite leçon d'histoire coloniale adaptée au futur interplanétaire, mais rien n’en justifie la redite.

*

C’est des rubriques « Votre courrier » et « Saviez-vous que… » que nous tirons les deux extraits suivants. En effet, le grand enjeu de l’ingénierie de ces dernières années 50 a été non pas d’inventer des applications nouvelles à la puissance électrique, mais d’en miniaturiser les appareils. Ainsi :

« …Dans les récits d’anticipation, il est souvent question de « transistors » et voici qu’on emploie ce mot dans le langage courant. Que désigne-t-il ? » (Mme Récasse, Maisons-Laffitte.)

Le transistor est un producteur, détecteur, amplificateur d’oscillations électriques. Dans de nombreux cas, il peut jouer le même rôle qu’un tube électronique à vide, mais il est beaucoup plus résistant (sa durée de service atteint normalement l’ordre de 70 000 heures), son volume peut être extrêmement réduit et sa consommation d’énergie est très minime.

Son fonctionnement est basé sur les propriétés des corps semi-conducteurs. Il se compose essentiellement d’un cristal minuscule de métal rare (germanium ou silicium) muni des trois éléments habituels aux tubes à vide : collecteur, électrode de contrôle, émetteur. Sa puissance d’alimentation est d’une fraction de milliwatt pour un rendement très élevé, et les tensions employées ne dépassent pas une dizaine de volts. Toutes ces caractéristiques permettent l’utilisation des transistors pour la construction d’un grand nombre d’appareils miniatures : amplificateurs microphoniques, enregistreurs magnétiques, postes nains de radio et de télévision, prothèse auditive, etc., ou pour la réalisation de mécanismes comportant normalement des milliers de tubes à vide. Les dimensions d’un calculateur électronique à transistors sont le dixième de celles d’un calculateur à tubes, pour une consommation soixante fois plus réduite.

Cette petite merveille fut réalisée et mise au point en 1948 par des physiciens américains. Ses applications industrielles datent de 1955 aux États-Unis, et de grandes sociétés françaises en ont maintenant entrepris la fabrication.

Il s’agit bien de la clé de voûte de tous nos appareil modernes. Mais aurait-on pu imaginer qu’il aurait pu exister l’équivalent des outils de visioconférence en 1957 ?

SAVIEZ-VOUS QUE…

…le « télévisiophone » de la science-fiction était réalisé ?

Deux interlocuteurs (l’un à New-York, l’autre à Los Angeles) ont pu se parler tout en se voyant, par l’entremise d’une boîte de quarante centimètres de haut faisant simultanément office de caméra et de récepteur. Les images, de formats variant entre 2 cm 5 X 2 cm 5 et 5 cm X 7 cm 5, passent sur un rythme beaucoup plus lent qu’à la télévision : deux à la seconde au lieu de trente.

Le maniement de l’appareil est aussi simple que celui d’un téléphone ordinaire.

Utilité : possibilité de soumettre des échantillons à un acheteur lointain, de vérifier la conformité d’un article à rassortir.

Discrétion : l’interlocuteur ne peut voir son correspondant que si celui-ci déclenche une manette spéciale. On pourra toujours répondre en tenue légère…

Le prix de l’appareil ? 250.000 francs. 

14 juin, 2023

Galaxie (1ère série) n°037 – Décembre1956

Entrée d’un nouveau pilier dans l’édifice du grand temple de la S.F., le très méconnu en France Robert F. Young, qui fera les choux gras des deux revues jusqu’à la fin, et de façon très régulière.

 

Un clic droit sur ce bloc de glace

pour enregistrer l’epub.


Sommaire du Numéro 37 :

1 - Robert SHECKLEY, Le Fardeau des humains (Human Man's Burden, 1956), pages 3 à 15, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par WEISS

2 - Isaac ASIMOV, La Voie martienne (The Martian Way, 1952), pages 16 à 53, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

3 - R. D. NICHOLSON, Loin du soleil des hommes (Far from the Warming Sun, 1953), pages 54 à 77, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Don SIBLEY

4 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 79 à 80, courrier

5 - Robert F. YOUNG, La Petite école rouge (Little Red Schoolhouse, 1956), pages 81 à 93, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par JOHNS

6 - (non mentionné), Saviez-vous que..., pages 94 à 94, notes

7 - Jeannine RAYLAMBERT, La Planète maudite, pages 95 à 104, nouvelle

8 - Jimmy GUIEU, Les Soucoupes volantes, pages 105 à 107, chronique

9 - (non mentionné), Saviez-vous que..., pages 108 à 108, notes

10 – E. C. TUBB, L'Heure du crime (Time to Kill, 1956), pages 109 à 119, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par RAY

11 - (non mentionné), Saviez-vous que..., pages 120 à 120, notes

12 - Richard MAPLES, Le Souffre-douleur (The Scapegoat, 1956), pages 121 à 134, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par WEISS

13 - Jerome BIXBY & Joe E. DEAN, Part égale (Share Alike, 1953), pages 135 à 144, nouvelle, trad. (non mentionné)

Une charmante nouvelle de Robert Sheckley pour commencer, pour une fois sans ironie ni acrimonie, et qui sous des dehors superficiels pose la question de l'âme d'un robot dévoué au bien-être d'autrui : « Le fardeau des humains ».

On continue avec les valeurs sûres, en suivant « La voie martienne » par Isaac Asimov. Du bon Asimov, même, richement documenté, et qui pose non seulement le problème du devenir des colonies terriennes de Mars après trois générations passées, mais encore , et plus frontalement, celui du pillage des ressources naturelles du système solaire, en l'occurrence celui de la matière la plus vitale et la plus convoitée : l'eau. Asimov demeure optimiste et croit au panache héroïque des pionniers, mais notre temps présent semble devoir poser le problème avec plus d'urgence que de solutions...

 « Nos ancêtres ont follement gaspillé le pétrole de la Terre. Ils ont détruit, sans se soucier des générations futures, tout son charbon. Ne les condamnons pas. Ils avaient une excuse : ils pensaient que, quand le besoin s’en ferait sentir, ils trouveraient autre chose. Ils avaient raison. Nous avons nos fermes de plancton et nos piles au microproton. Mais il n’y a rien qui puisse remplacer l’eau, et il n’y aura jamais rien. Et quand nos descendants verront en quel désert nous avons transformé la Terre, quelle excuse nous trouveront-ils ? Quelle excuse, quand la soif les tenaillera ?… »

Nous noterons qu’après cette nouvelle d'Asimov, la rubrique "Saviez-vous que…" qui suit, évoquant un « radar perçant la barrière atmosphérique » et qui « devrait (permettre d’) obtenir ainsi des informations complètes sur le relief planétaire de Mars. », on mesure toute les spéculations d’Asimov devant l'état des connaissances réelle sur Mars.

On baisse d’un cran avec Loin du soleil des hommes par R. D. Nicholson, ou quand l'idéal fondateur du pionnier américain refait surface aux avant-postes de la conquête spatiale... Une nouvelle de peu d'intérêt.

Un nouveau pilier, par contre, fait donc comme nous vous l’avions annoncé en début d’article son entrée. Avec La petite école rouge, Robert F. Young traite de la mécanisation de l'instruction et l’effacement des trop-pleins de sensibilité. Un programme qui se voudrait infaillible...et pourtant…

Avec « La planète maudite », la nouvelle venue Jeannine Raylambert (qu’on retrouvera sur quelques nouvelles dans Galaxie jusqu’en 1958) signe une nouvelle qui rappelle "La naissance des dieux" de Henneberg, mais comme vu depuis le versant naïf de l'Olympe. A noter toutefois que Jeannine Raylambert a su pressentir cette « singularité » que nous pourrions sentir advenir en ce début de 21ème Siècle :

« Ils vivaient parce qu’on leur avait donné la vie, mais ils ignoraient leur raison d’être. Les facultés fabuleuses qui leur permettaient des prouesses que, cent siècles plus tôt, on aurait baptisées « miracles » n’aboutissaient, en fin de compte, qu’à un effroyable néant. Plus ils savaient comment sont et vont les choses, en vertu de quelles lois, moins ils comprenaient pourquoi elles étaient telles dans leur univers mécanisé et métallisé à l’excès, où il fallait trimer comme des esclaves pour ne pas laisser les machines prendre le pas sur leurs créateurs.

Ah ! on en avait vu, de ces machines trop intelligentes, se mettre tout à coup à prendre des initiatives personnelles ! L’automation, les cerveaux électroniques des Terriens se trouvaient dépassés depuis longtemps… Quand une machine à composer des discours ministériels s’était avisée brusquement de donner des ordres ahurissants, capables de paralyser tout un pays en un quart d’heure, on avait compris que si ces « bécanes » restaient condamnées à effectuer tout le travail des êtres vivants, il n’en faudrait pas moins ne plus les quitter d’une semelle pour éviter les pires catastrophes. »

Jimmy Guieu devient le propre chef de son propre service (« Chef des Services d’Enquêtes de la C.I.E. Ouranos ») dans sa rubrique « Les soucoupes volantes », évoque « l’antigravitativité » quand on aurait pu plus simplement parler d’antigravité, dévoile aussi l’existence des premiers drones, qui ne s’appelaient pas encore comme cela, et lâche enfin plus officiellement l’appellation d’O.V.N.I. qu’on adoptera par la suite. Sacré Jimmy !

Un nouvel auteur  à la bilbiographie plus quantitative que qualitative fait son entrée avec « L’heure du crime » : E. C. Tubb. Surtout connu pour sa série Dumarest – du nom de son héros en quête de retrouver le chemin de la Terre, et riche de 33 volumes - Tubb est considéré comme l’un des grands auteurs britanniques de cette époque. On ne le retrouvera que peu dans les pages de Galaxie. Dans sa nouvelle ici présentée, il est question d’un paradoxe temporel, un peu léger toutefois, rien qu’à la façon dont Tubb botte en touche sur le célèbre paradoxe de Barjavel (dans « Le voyageur imprudent »).

On oubliera Le souffre-douleur par Richard Maples, un curieux mélange d'intérêt et d'ennui..

« Part égale », signée Jerome Bixby et Joe E. Dean est une petite nouvelle sans prétention un peu divulgachée par son texte de présentation. On reconnaitra la patte de Bixby dans cette coloration rouge sang...

07 juin, 2023

Galaxie n°036 – Novembre 1956

Une belle brochette de « Fivers » sur cette magnifique couverture de Virgil Finlay illustrant Simak, deux nouvelles de Sheckley (dont une sous pseudonyme demeurée inédite depuis) et une de Sturgeon : Galaxie mise sur ses solides piliers en cet automne 56.

 

C’est ça ! Moquez vous ! Nous, on clique !



Sommaire du Numéro 36 :


1 - Clifford Donald SIMAK, Honorable adversaire (Honorable Opponent, 1956), pages 3 à 13, nouvelle, trad. (non mentionné)

2 - Robert SHECKLEY, La Dernière découverte du professeur Sliggert (Early Model, 1956), pages 14 à 38, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

3 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 39 à 40, courrier

4 - Roger DEE, Problème sur Balak (Problem on Balak, 1953), pages 41 à 57, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Dick FRANCIS

5 - Michael SHAARA, L'Ennemi frappera ce soir... (Soldier Boy, 1953), pages 58 à 78, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

6 - Jimmy GUIEU, Les Soucoupes volantes, pages 79 à 81, chronique

7 - Theodore STURGEON, Retour à l'espace (The Claustrophile, 1956), pages 82 à 102, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par CAVAT

8 - Finn O'DONNEVAN, Erreur de traitement (Bad medicine, 1956), pages 103 à 120, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par CAVAT

9 - James McCONNELL, Toi tout entier (All of You, 1953), pages 121 à 128, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par BALBALIS

10 - James BLISH, L'Écriture des rats (Writing of the rat, 1956), pages 129 à 144, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par RAY

Où l'on imagine la guerre comme jeu sans victime ni destruction, comme au jeu de dames, Honorable adversaire par un Clifford D. Simak tendre et aussi candide qu’un enfant qu'on souhaiterait croire.

On lui préfèrera peut-être la dérision de Robert Sheckley qui fait mouche une fois de plus, dans La dernière découverte du professeur Sliggert, où être protégé malgré soi, et par une décision mécanique de surcroît, promet un beau calvaire !

On notera au passage que la petite chronique « Saviez-vous que » qui suit immédiatement la nouvelle de Sheckley traite des dispositifs de sécurité déployés dans les centrales atomiques, et se place en totale contradiction avec la démonstration de la nouvelle.

Problème sur Balak, par Roger Dee, est une nouvelle un peu bavarde mais au scénario toutefois original, où des astronautes sont confrontés à un homme " made in Balak".

On passe sur L’ennemi frappera ce soir, par Michael Shaara, un récit de guerre miniature, un tantinet militariste, qui n'a de SF que la présence d'astronefs.

On aurait aimé passer aussi sous silence le sempiternel Jimmy Guieu, mais on doit bien avouer que sa rubrique Les soucoupes volantes est un bon témoin de l’évolution des grands thèmes de ce que deviendra plus tard l’Ufologie. Dans ce numéro de Novembre 1956, ce sont les « hommes en noir » qui font leur entrée dans le scénario paranoïde de Guieu, qui s’amuse toujours avec autant de sérieux à jouer aux agents secrets, ainsi qu’en témoigne cette note placée en toute fin de numéro (et non dans sa rubrique…), comme pour manifester l’urgence :

« Xyphal »-XP 14 est prié de vouloir bien communiquer, de toute urgence, son adresse à Jimmy Guieu, que sa lettre du 11 octobre a vivement intéressé.

Illustration de CAVAT
Pas du meilleur Theodore Sturgeon avec Retour à l'espace, même si l'on y a à faire avec son sujet de prédilection : l'apprentissage de sa supériorité par un inadapté. La nouvelle est un peu bourrée de clichés maladroits. La faute en est peut-être à la traduction. Dans son Anthologie « Symboles secrets » (Casterman 1980), Alain Dorémieux précise :

Encore un texte qui fut massacré, amputé, défiguré et laminé dans l'ancien Galaxie (où il parut en 1956 sous le titre Retour à l'espace) et qui se trouve ici restitué dans son intégralité.

On pourra en effet subodorer des libertés de traduction, très à la mode à cette époque, avec son lot de francisation des patronymes. Pour témoin, ce passage :

— D’où venez-vous, Gerda ?

— D’un petit coin nommé Port-Louis. Pas très loin d’ici. Port-Louis, Morbihan.

… qui, traduit par Dorémieux, donne :

« Gerda, d'où venez-vous ? »

Elle se leva et s'étira en un mouvement spectaculaire. « D'un coin nommé Port Elizabeth, » répondit-elle. « Pas très loin d'ici, dans le New Jersey. »

Sans rancune, amis bretons. Kenavo !

Ils pensèrent à la maison de correction de la General Motors, près de Détroit, où ceux qui avaient commis des fautes envers la Compagnie passaient leurs jours dans un triste silence, à dessiner des microcircuits pour des téléviseurs de poche. 

Illustration de CAVAT

La justice rendue par des instances privées et industrielles, on pourrait croire à du Frederic Pohl. Erreur de traitement, signée par Finn O’Donnevan, est en réalité écrite par Robert Sheckley (encore lui), dont on reconnait parfaitement le style et l’esprit, où sous couvert de ridiculiser la société de progrès assuré par les machines domestiques (on ne parle pas encore d'électro-ménager), il invente le concept de mécanothérapie - une psychanalyse accélérée par un robot. Tout un programme !

Cette mécanothérapie aurait pu avoir de quoi séduire James McConnell, l’auteur de Toi tout entier. Psychologue et biologiste, il est parmi les chercheurs qui tentaient de comprendre les « mécanismes » cognitifs, comme la mémorisation. Encore faudrait-il qu’il y ait un mécanisme commun à l’espèce humaine… L'un de ses propos les plus célèbres dit en substance qu'à l'avenir, les drogues programmeront l'esprit des humains, et qu'il préfèrerait dans ce contexte être parmi les programmeurs plutôt que les programmés. Le terroriste "Unabomber" lui enverra un colis piégé en 1985.

Quoi qu’il en soit, Toi tout entier possède un ton original pour un récit d'accouplement interespèces que ne renierait pas P. J. Farmer.

On pourra garder les pincettes de rigueur pour apprécier la nouvelle de James Blish, L’écriture des rats, sur un sujet un peu délicat à traiter : l'origine de la vie sur Terre... En effet, le fantasme de faire de l'être humain un apport extérieur à la Terre implique encore ici un complexe de supériorité très discutable, et souvent suprématiste.

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