31 octobre, 2022

Cadeau bonus spécial Hallowe'en : « Cimetière de l'effroi » - Donald Wandrei, 1948 (VF 1954)

N’ga n’ga rhbl’g clretl ust g’lgggar septhulchu nyrcg s thargoth k’tubls brogg meargoth s bh’ rw’lutl ubwcthughu dagoth !
 
D'un clic, la tombe révèle ses secrets...
Une mystérieuse statuette verte, découverte dans le cimetière d'Isling, Angleterre, semble à l'origine de morts inexplicables autant qu'horribles : le petit Willy Grant, ses parents... Puis un accident ferroviaire, une catastrophe en mer... des morts encore, des suicides annonçant un cataclysme imminent, le retour d'entités terrifiantes. L'aventure commence pour Carter Graham, archéologue et anthropologue, habitué aux hauts lieux du mystère et de l'inconnu. Son enquête le conduira de Stonehenge à la légendaire Île de Pâques où il trouvera la solution de l'énigme. Plongé au cœur de l'épouvante, il fait alors un prodigieux bond dans le futur, victime d'un diabolique piège temporel...
     Qui est le Gardien du Sceau, quelle est cette colonne verdâtre, source de mystérieuses énergies... quel est le Secret des Secrets... qui sont ces Titans dont le retour sur Terre semble imminent, « lorsque les étoiles seront en place »... ?
     Autant de questions et d'énigmes qui font de ce livre un très grand roman fantastique, d'angoisse et d'horreur... dans un climat lovecraftien ! D'ailleurs Lovecraft lui-même déclarait : « Je pense que vous aimerez le roman de Wandrei... tout particulière­ment la seconde moitié, d'une poésie cosmique, dont certains chapitres atteignent des sommets nouveaux dans l'horreur... »
(Extrait du 4ème de couverture de l'édition Néo de "Cimetière de l'effroi") 

C'est en 1954 que parait en France "Cimetière de l'effroi" de Donald Wandrei. De l'auteur, le public francophone de l'époque n'en sait pas grand-chose, mais c'est pourtant lui qui a été choisi pour inaugurer la collection "Angoisse" des Éditions Fleuve noir.
Voyons tout d'abord ce qu'en dit la couverture de cette édition :
Collection « Angoisse »

     Dans tous les romans de la collection ANGOISSE le lecteur trouvera l'action, l'atmosphère, le mystère, le suspense haletant qui lui ont fait aimer les collections policières et d'espionnage ; mais, de plus, il sera plongé dans un climat de peur, d'angoisse et d'épouvante qui lui feront vivre des heures sensationnelles.

     Les meilleurs auteurs du monde, français, anglais, américains, tels que :
Donald WANDREI
Evangeline WALTON
Benoît BECKER
Patrick SVENN
Virginia LORD

     font de chaque volume de la collection ANGOISSE quatre heures d'émotions fortes, comme seul, le cinéma avait réussi à créer.

CIMETIÈRE DE L'EFFROI — N° I

     ...« II n'avait l'air de rien, ce petit objet que des gamins avaient découvert auprès du cimetière... Juste une statuette, semble-t-il....
     Mais les hallucinants mystères ne faisaient que commencer... »
Le moins que l'on puisse en dire, c'est que les Éditions Fleuve Noir devaient avoir une grande confiance dans l'ouvrage pour ne se contenter que d'une aussi lacunaire accroche. Et ils eurent raison : le roman est en effet bien réussi, se lit sans compter le temps passé, l'intrigue rebondit sans cesse, la fin en est inattendue... et l'on découvrait l'influence sur tout un pan de la littérature populaire américaine d'un auteur qui commençait tout juste à faire parler de lui en France : Howard Phillips Lovecraft.
 
Mais Donald Wandrei n'est pas l'auteur mineur qu'on pourrait imaginer dans l'ombre du "Maître de Providence". Ami de Lovecraft, bien que de presque 20 ans moins âgé, et compagnon de virées nocturnes dans sa période new-yorkaise, Wandrei aura contribué à faire publier les nouvelles célèbres de Lovecraft "L'appel de Cthulhu" et "Dans l'abime du temps" en convaincant les éditeurs respectifs (Farnsorth Wright pour Weird Tales en 1926, F. Orlin Tremaine pour Astounding Stories en 1936). Dès 1928, et fortement influencé à la fois par Arthur Machen et sa "Colline des rêves" et "L'appel de Cthulhu" de Lovecraft, il compose "Dead Titans Waken", qui ne trouvera toutefois pas tout de suite de débouché éditorial.
Wandrei publie toutefois des nouvelles, des poèmes, dans les pulps durant ces années 20 et 30. Mais lorsque en 1937 meurt H. P. Lovecraft, et sous l'impulsion de leur ami commun August Derleth, la nécessité d'éditer Lovecraft en ouvrages et rendre justice à la globalité de ses écrits s'impose. Wandrei et Derleth créent ensemble (avec leurs maigres économies) la maison d'édition ARKHAM HOUSE en 1939, et publient dans la foulée "The outsider and others", premier recueil de nouvelles du "Maître de Providence".
 
Ce n'est qu'en 1948 que Wandrei se décide à reprendre "Dead Titans Waken", pour l'améliorer de 35 000 mots, reprendre le fil narratif, détailler certains passages, en condensant d'autres, et ainsi composer  "The web of Easter Island", qui sera donc publié par les Éditions Fleuve Noir en 1954 sous le titre "Cimetière de l'effroi", dans une traduction de Benoît BECKER (en réalité un pseudonyme collectif d'un groupe d'auteurs du Fleuve Noir).
 
Le public francophone a ainsi la joie de découvrir un roman qui utilise pleinement les ficelles du Mythe de Cthulhu, la sensualité en plus pour certains passages, et moins d'ésotérisme que chez Lovecraft. Tout y est cependant : chercheurs confrontés à l'impossible, visites de cimetières , abîmes du temps, mystères provinciaux, voyages aux antipodes, séquences hallucinées, retour des dieux premiers... Un must !
 
L'ouvrage connaîtra un certain succès, et se verra édité quatre fois en France, sous quatre collections différentes : Angoisse, donc, Marabout Fantastique en 1974, Fantastique SF Aventures chez NéO en 1981, et pour finir en Super Poche de nouveau chez Fleuve Noir en 1993.
(Nous vous proposons au format epub l'édition des Éditions Marabout, en cliquant sur la couverture en début d'article.)

Nous n'avons pas sous la main l'édition chez NéO, préfacée par François Truchaud ("Angoisse, angoisse !" - trois pages). Voyons tout de même, et pour finir, ce que disait de Donald Wandrei le quatrième de couverture.
     Né en 1908, ami et correspondant de Lovecraft. Donald (Howard) Wandrei fait très tôt partie du « Lovecraft's Circle » ou cercle lovecraftien (Derleth, Bloch, Frank Belknap Long, C.A. Smith, Howard, R.H. Keller, Henry Kuttner, etc.). Il publie des nouvelles de fantastique et de science-fiction dans des revues spécialisées comme « Weird Tales », « Argosy » et « Astounding Stories ». Ses maîtres avoués sont Poe et Bierce, Lovecraft bien sûr et C.A. Smith. En 1939, deux ans après la mort du « maître », il fonde avec August Derleth « Arkham House », la mythique maison d'édition qui entreprend la publication des œuvres de Lovecraft et d'autres grands auteurs fantastiques de ce siècle. II est à l'origine de la publication de la correspondance de Lovecraft. A la mort de Derleth, en 1971, il reprend le flambeau et assure seul la direction d'« Arkham House », où a été publiée la majeure partie de son œuvre (Dark Odyssey, Strange Harvest, Colossus, Time Burial, Poems for Midnight). En France Cimetière de l'effroi fut, en 1954, le n° 1 de la mythique collection « Angoisse » des éditions Fleuve Noir. Réédité en 1974 par Marabout (qui publièrent également un recueil de nouvelles de Wandrei L'œil et le doigt), il était à nouveau depuis longtemps introuvable et il était nécessaire de faire redécouvrir aux nouvelles générations ce très grand texte fantastique dont Clark Ashton Smith a écrit : « Ses prémisses, son déroulement et ses implications en font l'un des romans les plus étourdissants de la littérature fantastique. Entièrement original dans son style et dans sa conception, il me semble digne de figurer auprès des chefs-d'œuvre de Lovecraft. »

Des informations assez complètes, mais parmi lesquelles une est erronée : Howard Wandrei n'est pas un pseudonyme, mais le nom du frère de Donald, d'un an son cadet, auteur de près de 200 nouvelles et illustrateur.

Bonne lecture à vous tous.tes !

 Prochain bonus : Kurt Vonnegut a 100 ans !

26 octobre, 2022

Galaxie (1ère série) n°021 – Août 1955

Des planètes-pièges et des motifs d'esclavage dans ce numéro d'été 1955 de Galaxie.

 

Pas de filet pour celui-ci,

un clic suffit !

 

Sommaire du Numéro 21 :

1 - Roger DEE, Les Papillons anthropophages (Pet Farm, 1954), pages 2 à 14, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Dick FRANCIS

2 - Robert SHECKLEY, Une race de guerriers (Warrior Race, 1952), pages 15 à 25, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

3 - William TENN, Votre tout-puissant serviteur (The Servant Problem, 1955), pages 26 à 41, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

4 - Mark CLIFTON, Une femme à bord (A Woman's Place, 1955), pages 42 à 63, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

5 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 61 à 63, courrier

6 - Charles VAN DE VET, Un crime bien préparé (Delayed Action, 1953), pages 64 à 81, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Dick FRANCIS

7 - William L. BADE, Le Sortilège des étoiles (Ambition / Lodestar, 1951), pages 82 à 92, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par WOROMAY

8 - Frederik POHL, L'Abominable résurrection (Target One, 1955), pages 93 à 103, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Dick FRANCIS

9 - Murray LEINSTER, Allô, Sam ? Ici, toi-même ! (Sam, This Is You !, 1955), pages 104 à 121, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Mel HUNTER

10 - Damon KNIGHT, Quatre personnes en un monstre (Four in One, 1953), pages 122 à 144, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par ASHMAN

 

Une "Planète-piège" dans Les papillons anthropophages, par Roger Dee, nouvelle au suspens malheureusement atténué par un titre français trop évocateur... (le titre original, "Pet farm", évoque un élevage de petits animaux domestiques.)

A Rome fais comme les romains, dit le dicton, voire mieux qu'eux, quand il s'agit d'Une race de guerriers, une jolie farce par Robert Sheckley.

Approcher l'oreille du Prince, comme l'explicite La Boétie dans son "Discours de la servitude volontaire", devient ici aborder Son entendement, et même : s'assurer un ascendant sur Lui. L'ascendance par le bas ouvre les portes du pouvoir absolu dans Votre tout-puissant serviteur par William Tenn.

Une femme à bord, par Mark Clifton, pèche par une phallocratie bercée de l'illusion d'un couple originel, et d'un bon sens féminin qui ne fait qu'isoler la femme dans des fonctions domestiques. De quoi sommes-nous les esclaves ?

Encore une "Planète-piège" avec Un crime bien préparé par Charles Van De Vet. On joue ici avec une boucle temporelle.

Échapper à l'esclavage du temps n'implique pas de pouvoir échapper à son destin. De plus, il n'existe nul Unique Fléau dans la marche tragique vers une destinée fatale. Mais sans se résigner pour autant, Frederik Pohl, en bon auteur d'anticipation dans L'abominable résurrection, nous invite à prendre soin du présent plutôt que de tenter de refaire le passé pour modifier l'avenir.

Si l'avenir doit communiquer avec notre présent, cela est inscrit dans le présent même. Là encore un destin auquel on n'échappe pas, dans Allo, Sam ? Ici. Toi-même ! par Murray Leinster. Léger et distrayant.

Être à plusieurs esclave d'un seul corps étranger... Quatre personnes en un monstre par Damon Knight, ou la symbiose vécue de l'intérieur. On repense à la nouvelle Vertes pensées… de John Collier (in Fiction n°19).


Nous poursuivons notre petite exploration sur le thème des satellites artificiels (voir les extraits parus au PReFeG des Fiction 24 et 25), avec un extrait du courrier des lecteurs. Rappelons que Spoutnik 1, premier satellite artificiel, ne sera lancé que deux ans plus tard, en Octobre 1957 (et ouvrira pour de bon l'ère de la Conquête Spatiale).

Le projet d’envoi dans l’espace d’un satellite artificiel de la Terre est-il abandonné ? On en parlait beaucoup, mais il semble qu’il n’en soit plus question. Il serait catastrophique de voir cette initiative, due, je crois, aux États-Unis, reprise par une autre nation, dans un dessein belliqueux. [A. Duguyon (Courbevoie).]

Ce fut, en effet, M. Forestal, alors Secrétaire à la Défense des États-Unis, qui révéla, en 1948, l’existence d’une série d’études pour la création d’un « véhicule-satellite » de la Terre. Depuis lors, on n’a cessé d’y penser, sinon d’en parler, non seulement aux États-Unis, mais un peu dans tous les pays. Un « Congrès international de l’Astronautique », réuni à Londres, sous les auspices de la « British Interplanetary Society » convia des physiciens, des astronomes, des techniciens spécialistes de la question des fusées, à examiner le problème.

Ce congrès aboutit à une conclusion selon laquelle on avait le droit de concevoir, pour un avenir proche (une dizaine d’années) la fabrication et l’envol d’un véhicule de cinquante tonnes, qui graviterait autour de la Terre, à une distance de cinq cents kilomètres environ. Ce véhicule serait nécessairement une fusée, qui pourrait reprendre contact avec la Terre, lorsqu’elle aurait besoin de renouveler sa provision d’air respirable.

Depuis, l’idée fait son chemin et les travaux se poursuivent.

On étudie, dans des laboratoires appropriés, les conditions à remplir au point de vue des équipages : vivres, air, vêtements, équipements des futurs voyageurs de l’espace.

Des cerveaux électroniques calculent les données mathématiques…

Mais il y a beaucoup a faire et la « dizaine d’années » prévue pourrait bien ne pas être le terme des préparatifs.

19 octobre, 2022

Fiction n°025 – Décembre 1955

Des oeufs, des pactes, mais pas d'oeufs de pacte pour ce numéro de Noël 1955 !

 

Comme pour la concierge, l'epub

pourrait être dans l'escalier.


Sommaire du Numéro 25 :

NOUVELLES

 

1 - Zenna HENDERSON, Les Isolés (Gilead, 1940), pages 3 à 28, nouvelle, trad. (non mentionné)

2 - Yves DARTOIS, Le Foulard qui remuait (The Expert, 1955), pages 29 à 39, nouvelle

3 - Robert ABERNATHY, Un homme contre la ville (Single Combat, 1955), pages 40 à 49, nouvelle, trad. (non mentionné)

4 - Philippe CURVAL, L'Œuf d'Elduo (1955), pages 50 à 58, nouvelle

5 - Idris SEABRIGHT, L'Œuf du mois (An Egg a Month from All Over, 1952), pages 58 à 65, nouvelle, trad. (non mentionné)

6 - Richard MATHESON, Journal d'un monstre (Born of Man and Woman, 1950), pages 66 à 70, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX

7 - AnthonyBOUCHER & Miriam Allen DEFORD, Un monde aux cieux dormant... (Mary Celestial, 1955), pages 71 à 86, nouvelle, trad. (non mentionné)

8 - Y.F.J.LONG, L'Envoyé extraordinaire, pages 87 à 93, nouvelle

9 - Frank GRUBER, Le Treizième étage (The Thirteenth Floor, 1949), pages 94 à 108, nouvelle, trad. (non mentionné)

 

CHRONIQUES


10 - F. HODA, La Critique des revues, pages 109 à 109, critique(s)

11 - (non mentionné), Résultats du "concours de Préférences", pages 110 à 111, chronique

12 - Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 112 à 115, critique(s)

13 - Jean-Jacques BRIDENNE, Le Capitaine Danrit. L'utopiste de la guerre, pages 119 à 121, article

14 - F. HODA, Un constructeur de l'Etrange : La plus belle conquête de cheval, pages 122 à 123, article

15 - (non mentionné), Table des récits parus dans « Fiction », pages 128 à 128, index

 

Zenna HENDERSON ouvre la voie avec Les isolés (Gilead - 1954), une belle nouvelle sur les difficultés des migrations, qui vient poursuivre Les rescapés. En un sens aussi, Henderson préfigure les idéaux des communautés hippies à venir.

Œufs brouillés, servis par deux : L'oeuf d'Elduo par Philippe CURVAL (1955), et L’œuf du mois (An egg a month from all over) par Idris SEABRIGHT (1952). Et puisque Fiction juxtapose ces deux nouvelles, n'ayons pas de scrupule à les comparer : l'œuf de Curval est meilleur ...

Plus sérieusement, dans le grand récit familial de la SF française, nous assistons ici aux débuts de Philippe Tronche dit Philippe Curval. Dans la lignée de Jacques Sternberg, il réalisera tout d'abord un certain nombre de couvertures pour Fiction (les Beaux Arts sont même son cheval de bataille précédent : il avait participé au décorum de l'exposition "Présence du futur" en décembre 1953 à la Librairie parisienne La Balance dont il était aussi le secrétaire). Devenu écrivain, une longue carrière s'ouvre à lui : de nos jours presque centenaire, il continue toujours d'écrire et figure incontestablement parmi les grands noms de la science-fiction française.

Autre grand nom pour une nouvelle devenue classique : Journal d'un monstre (Born of man and woman) par Richard MATHESON (1950). Dommage que le texte d'introduction dans la revue "divulgache" un peu le plaisir de comprendre cette nouvelle par soi-même.

Après les deux œufs, les deux pactes : Un monde aux cieux dormant... (Mary Celestial) par Miriam ALLEN deFORD et Anthony BOUCHER (1955), qui n'est jamais qu'un conte fantastique sur un pacte avec un démon, l'ensemble déguisé en S.F. ; et L'envoyé extraordinaire par Y. F. J. LONG (1955), où ce même thème du commerce avec le démon  se retourne en erreur d'appréciation. Peu d'intérêt toutefois.

Le treizième étage (The thirteenth floor) par Frank GRUBER (1948), un auteur et scénariste plus connu des lecteurs de polars et d'aventures westerns, est somme toute une histoire de paradoxe temporel, assez charmante, dans l'univers des grands magasins.

Nous noterons la parution de la 3ème Table des récits de Fiction, reprenant les sommaires par ordre alphabétique d'auteur des numéros 20 à 25. Vous en trouverez l'équivalent ici, enrichi des publications de Galaxie, sous l'appellation "Les auteurs publiés dans Fiction et Galaxie".


Nous ne résistons pas à l'envie d'ajouter une goutte de zuzotou dans le schmuel : la "critique des revues" fait état du numéro 2 de la revue "Bizarre", pour laquelle Thomas OWEN a composé un article "Jean Ray, l’insaisissable".  Ne boudons pas notre plaisir, ce (court) article, qui l'air de ne pas y toucher construit "le mythe Jean Ray", nous vous le proposons en BONUS en clic-cliquant ici ! Si ! Si !


Deux extrait de ce numéro 25 à présent. Le premier est une petite brève faisant écho à celle parue dans le numéro précédent (voir ici), au sujet des projets de satellites artificiels (Ah ! qu'il devait faire doux dans l'espace sans toute cette couche d'acier inoxydable !) Le second traite d'un auteur montant en cette fin d'année 1955.

Entrée de l’anticipation dans l’histoire.       

 

Le premier thème de « science-fiction » à passer, si l’on ose dire, « dans le domaine public », sera de toute évidence celui des satellites artificiels. Cela fait trente ans que les auteurs américains se sont plu à les imaginer… et maintenant l’anticipation se rapproche de plus en plus de la vérité de demain. Les satellites artificiels sont en effet devenus très à la mode depuis quelque temps, et de façon officielle. Les U.S.A. avaient déjà donné tous les détails sur le lancement, dans quelques années, de « leur » premier satellite : la fusée Viking. Voici que les Pays-Bas, à leur tour, en projettent la réplique. La course est engagée… première étape vers une future conquête.

… Mais les satellites artificiels, hélas ! sont maintenant démodés en S.-F. Ils sont au rang des antiquités… On y reste encore si près de la Terre !…

*

A l'en croire, c'est la revue Fiction qui a introduit Richard Matheson en France. Même si, en effet, ce numéro 25 de Décembre 1955 publie sa toute première nouvelle ("Journal d'un monstre"), rappelons que Matheson a déjà vu à ce moment-là trois autres de ses récits publiés dans Galaxie (les numéros 3, 12 et 13, précédent Fiction de plus d'un an sur ce terrain). Voici toutefois narré le fabuleux destin du Journal d'un monstre, en ouverture à la nouvelle.

« Journal d’un monstre » est le premier à paraître d’une série de récits que nous avons en réserve de Richard Matheson et qui devraient faire de celui-ci une des grandes vedettes de« Fiction ». Mais le conte a une histoire qui vaut d’être retracée, en même temps que celle de la carrière de l’auteur.

« Born of man and woman » (titre original) parut dans notre édition américaine en 1950 ; son auteur n’avait jamais rien eu de publié auparavant ; il était âgé seulement de vingt-trois ans. Aussitôt après cette parution, les lettres de lecteurs affluèrent pour saluer le « frisson nouveau » que leur avait communiqué ce coup de maître d’un débutant. En peu de temps, ce dernier devint le plus populaire des « auteurs d’une seule histoire » de la revue. Six mois après, il avait vendu une douzaine de récits à autant de magazines de S.-F. et de fantastique sur le seul renom et l’élan acquis par ce lancement. Un an après,« Born of man and woman » était repris dans l’anthologie permanente des meilleures histoires de S. F. de l’année – distinction rarissime pour une première œuvre publiée. L’année suivante, Richard Matheson collaborait de façon régulière à la plupart des grands magazines du genre, dont évidemment « Fantasy and Science Fiction » qui l’avait révélé. En 1953, « Born of man and woman » reparaissait au sommaire de la plus extraordinaire anthologie deS.-F. et de fantastique de ces dernières années : « Children of wonder », recueil d’histoires ayant des enfants pour héros. Le nom de Matheson, par ailleurs, se retrouvait dans neuf anthologies sur dix, et il était déjà célébré de part et d’autre, à vingt-cinq ans, comme un des maîtres de la littérature qu’il illustrait. Entre temps, l’inépuisable« Born of man and woman » était réédité en librairie de façon définitive en donnant son titre au premier recueil de nouvelles de Matheson, mi-partie inédit. Enfin, en1954, venait la consécration de son premier roman, l’admirable « I am legend », qui vient de paraître en France sous le titre « Je suis une légende ».

Nous avons tenu à entrer dans les détails pour souligner ce cas exceptionnel : un écrivain à qui un récit de quelques pages a suffi pour s’imposer d’emblée, tout en servant de tremplin à une ascension fulgurante et un précoce triomphe. Dick Matheson a déjà dispensé à son public tant de splendeurs qu’on en viendrait presque à craindre qu’il use trop vite ses réserves, qu’il brûle la chandelle par les deux bouts ! De telles réussites météoriques, comme on en voit aux U.S.A., surprennent toujours un peu dans la vieille Europe où l’on a l’esprit plus « rassis »… Mais l’avenir est à Dick Matheson et à ceux de sa génération !

En attendant, il y a ses nouvelles, dont « Fiction »vous offrira des exemples parmi les plus remarquables. Il y a cette œuvre rare et hallucinante qu’est « I am legend ». Et il y a aussi, dans un genre moins important, le récent second roman de Matheson, « Someone is bleeding », où il s’est, on dirait presque diverti, à accomplir une brillante démonstration de style en faisant semblant d’écrire un policier « noir ». Ce roman, rappelons-le aux amateurs qui l’ignoreraient, a déjà paru en France, malheureusement non précédé de la réputation de l’auteur et perdu de façon anonyme parmi la production de la « Série Noire », qui l’a publié avant les vacances sous le titre (bizarre !) « Les seins de glace ». Le « guide » de notre bulletin « Cellules Grises », en recommandant sa lecture, l’a qualifié avec justesse de « cauchemar en forme de roman ». C’est un ouvrage inquiétant, malsain, halluciné, qui est au roman noir de série ce qu’un poignard empoisonné est à un couteau de cuisine… Il est à interdire aux âmes sensibles et à conseiller à ceux qui aiment en littérature les recettes nouvelles, les plats exotiques, les cuisines mijotées avec des aromates inconnus aux saveurs acérées.

Le talent de Richard Matheson est en effet essentiellement un talent morbide. Selon certains, cet énoncé de fait devrait entraîner un jugement de valeur, morbide devenant synonyme de faisandé, pernicieux et décadent. Mais l’existence d’une œuvre n’a rien à voir avec ses mobiles psychologiques. Poe, Kafka et Lovecraft ont été des écrivains morbides et c’est pourquoi leur œuvre est ce qu’elle est. Il n’y a pas d’autre problème."

12 octobre, 2022

Fiction n°024 – Novembre 1955

 Un ensemble de très bonne qualité pour ce Fiction n°24, avec Alfred Bester à l'honneur !

 

On clique sur l'androïde

pour avoir son Fiction numérique !

Sommaire du Numéro 24 :

NOUVELLES

 

1 - Alfred BESTER, L'Androïde assassin (Fondly Fahrenheit, 1954), pages 3 à 24, nouvelle, trad. (non mentionné)

2 - John NOVOTNY, Transports de colère ! (The angry Peter Brindle, 1954), pages 25 à 35, nouvelle, trad. (non mentionné)

3 - William SANSOM, Le Tournoi (The tournament, 1955), pages 36 à 43, nouvelle, trad. (non mentionné)

4 - Ward MOORE, Les Nouveaux jours (Lot's Daughter, 1954), pages 44 à 72, nouvelle, trad. (non mentionné)

5 - Alain DORÉMIEUX, Rêver un homme, pages 73 à 83, nouvelle

6 - John ANTHONY, Les Robots meurent aussi (The Bone That Seeks, 1955), pages 84 à 92, nouvelle, trad. (non mentionné)

7 - Thomas OWEN, 15/12/1938, pages 93 à 101, nouvelle

 

CHRONIQUES


8 - Miriam Allen DEFORD, Charles Fort, Enfant terrible de la Science (Charles Fort: Enfant terrible of science, 1954), pages 102 à 107, article, trad. (non mentionné)

9 - Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 108 à 112, critique(s)

10 - F. HODA, La paix des profondeurs ou Vingt mille lieues sous les mer, pages 113 à 115, article

11 - Charles HENNEBERG, A propos d'un article des "Lettre Françaises" : A armes courtoises, pages 117 à 121, article

12 - COLLECTIF, Courrier des lecteurs, pages 123 à 124, article

 

L’androïde assassin (Fondly fahrenheit) par ALFRED BESTER (1954) est une très bonne nouvelle. Les péripéties vont croissant, et l'on y retrouve la patte Bester avec de nombreux effets de style.

Une nouvelle jugée loufoque mais qui ne l'est pas plus que ce qu'écrirait Fredric Brown : Transports de colère ! (The angry Peter Brindle) par JOHN NOVOTNY (1954) expose le thème du "télétransport", rappelant encore Bester et son roman "Terminus les étoiles" ; on pourra aussi se reporter à "L'homme qui se téléportait" de Joseph Satin qui paraîtra dans le Galaxie n°030.

Nous passerons sous silence Le tournoi (The tournament) par WILLIAM SANSOM (1954), qui ne présente aucun intérêt, contrairement à Rêver un homme par ALAIN DORÉMIEUX (1955), qui, à l'instar de "Kalato" (Edward Lee - 1954) parue dans le numéro 22 de Fiction, pourrait augmenter le corpus martien de Bradbury.

Seconde partie de la nouvelle post-apocalyptique de Ward MOORE, Les nouveaux jours (Lot's daughter - 1954). Cette partie du récit restera curieusement inédite lors de la réédition de "Lot" dans l'anthologie "Histoires de fin du monde", alors qu'elle lui donne tout son sel. Espérons réparer ici un injuste ostracisme éditorial...

Un joli conte philosophique comme la SF sait nous en délivrer, ici sous forme de dialogue : Les robots meurent aussi (The bone that seeks) par JOHN ANTHONY (1955). Cet auteur est surtout connu aux U.S.A. sous son nom véritable, John Ciardi, poète, entre autre traducteur en anglais de Dante.

15-12-38 par THOMAS OWEN (1955) : un cauchemar signé Owen, l'autre grand auteur fantastique belge avec Jean RAY.

Un article de Miriam Allen DeFORD présente l'ouvrage "Le livre des damnés" de Charles FORT, tout juste publié en France en cet hiver 1955. Cet ouvrage est un florilège de faits inexpliqués relevés par l'inlassable FORT aux débuts du XXème Siècle dans différentes sources officielles. Il influencera un bon nombre d'auteurs (on pourra y compter Lovecraft, mais aussi John Cowper Powys ou Ben Hecht…). Par la suite, Jacques Bergier et Louis Pauwels s'en inspireront largement (on pourrait même dire "plagieront") pour composer leur célèbre ouvrage "Le matin des magiciens".

A armes courtoises est une réponse de Charles (ou Nathalie ?) HENNEBERG relative à une critique assez virulente, parue dans "Les Lettres Françaises", de sa "Naissance des Dieux" comme représentative de la Science-fiction en général.


La publication de la nouvelle "L'androïde assassin" de Alfred Bester (faisant écho à la publication de son roman "L'homme démoli" chez Denoël - Présence du futur, présenté dans la Revue des livres de ce numéro) fait l'objet d'une introduction intéressante en matière d'histoire de l'édition de la Science-fiction (à travers celle - pionnière en France - du roman "Les humanoïdes" de Jack Williamson dès 1950). Voici ce qui en est dit - et l'on pourra noter au passage qu'il est de moins en moins question d'Anticipation Scientifique ou A.S. (l'expression semble d'ailleurs n'appartenir plus qu'à Igor B. Maslowski), mais bien de S.F., et que le glissement progressif d'une dénomination vers l'autre s'est fait en l'espace de quelques mois durant cette année 1955.

" Les androïdes ou hommes synthétiques sont presque devenus aussi familiers aux amateurs de S.F. que les robots dont ils sont le parachèvement. Beaucoup d’auteurs ont utilisé leurs possibilités illimitées ! Nous ne voudrions en citer qu’un exemple qui, incidemment, permettra peut-être à certains de nos lecteurs de découvrir un roman méconnu en France. Ce roman a eu le malheur de précéder immédiatement dans notre pays l’introduction générale de la S.F. : il a été très exactement le premier de sa sorte à être traduit, son éditeur ayant eu le courage de le lancer alors que le vocable « science-fiction » était inconnu et qu’il n’existait encore aucune collection spécialisée. Le résultat est qu’il a passé totalement inaperçu, alors qu’il aurait mérité, aujourd’hui par exemple, une sortie chez Denoël. Il s’agit du roman de Jack Williamson : « Les humanoïdes « (Stock, 1950). Ce classique fameux aux U.S.A. reste ignoré de trop de fervents du genre pour que nous n’essayions pas, même tardivement, de le « relancer ». Nous le classons sans hésiter parmi les cinq ou six meilleurs livres de S.F. parus en France jusqu’à présent (son seul défaut étant une traduction un peu insuffisante, dont le responsable avait dû à l’époque être bien embarrassé, manquant de l’entraînement des actuels traducteurs « rodés » !).

Le concept de l’androïde alias humanoïde, la créature artificielle parfaite, douée de pensée électronique et de facultés surhumaines, était poussé dans cet ouvrage jusqu’à ses conséquences les plus captivantes, dans le cadre d’une intrigue « parapsychologique » conduite avec une rare richesse d’invention (Jack Williamson est d’ailleurs un des grands « pontes » de la S.F. aux U.S.A. ; nous signalons éventuellement à Robert Kanters son admirable « Darker than you think »*). Nous serons heureux si ces lignes contribuent à réparer l’oubli qui l’entoure et incitent beaucoup d’entre vous à lire ce roman encore disponible en librairie. "

* "Plus noir que vous ne le pensez" sera publié en 1961 dans la collection "Le rayon fantastique").

05 octobre, 2022

Fiction n°023 – Octobre 1955

De Isaac Asimov à Jean-Louis Bouquet : éclectisme et équilibre entre les genres fantastique et science-fiction pour ce numéro 23 de la revue Fiction.

 

A cliquer dans l'escalier

c'est l'escalade des epub !

Sommaire du Numéro 23 :

NOUVELLES

 

1 - Wilson TUCKER, Pour mieux te manger, mon enfant ! (To a Ripe Old Age, 1952), pages 3 à 15, nouvelle, trad. (non mentionné)

2 - Jean-Louis BOUQUET, Laurine ou la clef d'argent, pages 16 à 27, nouvelle

3 - Larry SIEGEL, Les Joies de la télévision (Dead-eye Daniel, 1954), pages 28 à 38, nouvelle, trad. (non mentionné)

4 - Antoinette de CHEVRIERS, La Mare salée, pages 39 à 45, nouvelle

5 - Ward MOORE, L'Aube des nouveaux jours (Lot, 1953), pages 46 à 73, nouvelle, trad. (non mentionné)

6 - Guillaume APOLLINAIRE, La Disparition d'Honoré Subrac (1910), pages 74 à 77, nouvelle

7 - Isaac ASIMOV, Les Cloches chantantes (The Singing Bell, 1955), pages 78 à 94, nouvelle, trad. (non mentionné)

8 - Chad OLIVER, Les Habitants de la ville jouet (Transformer, 1954), pages 95 à 107, nouvelle, trad. (non mentionné)

9 - Arthur PORGES, Le Grom (The Grom, 1954), pages 108 à 115, nouvelle, trad. (non mentionné)

 

CHRONIQUES


10 - Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 117 à 121, critique(s)

11 - F. HODA, Fatigués par soixante ans de cinéma...., pages 122 à 126, article

 

Dans la série "Il ne peut en rester qu'un", Pour mieux te manger, mon enfant, par (le peu traduit) WILSON TUCKER (1952) nous pousse à nous questionner s'il vaut mieux être seul que mal accompagné quand on est le dernier…

Un conte onirique, Laurine ou la clef d’argent par JEAN-LOUIS BOUQUET (1955), écrit, comme toujours avec Bouquet, avec style et élégance.

Les joies de la télévision (Dead-Eye Daniel) par LARRY SIEGEL (1954), une nouvelle drolatique qui ne nous fait sourire que par sa candeur à imaginer des événements autres que télévisés pour célébrer la télévision. A propos de l'auteur, nous n'avons trouvé que cette laconique notice biographique : "SIEGEL (LARRY). – Auteur de deux nouvelles publiées en 1950 et 1954 dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction." (in anthologie "Histoires de demain"). Il est surtout connu pour être l'un des auteurs du magazine de Bandes-dessinées américain MAD.

La mare salée par ANTOINETTE de CHEVRIERS (1955) est un conte fantastique qui rappelle fortement "Ondine" de Jean Giraudoux ; c'est à croire que les auteurs français ne seraient bons (ou bons à publier) que dans le fantastique...

L’aube des nouveaux jours (Lot) par WARD MOORE (1953) est une nouvelle qui, comme le déclare son texte d'introduction dans la revue, ne s'encombre ni d'optimisme ni de morale. La deuxième partie de ce récit paraîtra dans le numéro suivant de Fiction ; reprise dans l'anthologie "Histoires de fins du monde", cette nouvelle le sera curieusement sans cette deuxième partie.

Par ailleurs, le site Noosfere mais aussi l'Internet Movie Data Base, ainsi que "Le science-fictionnaire" de Stan Bartes, en signalent une adaptation cinématographique, sous le titre "Panique année zéro" (ICI chez nos amis de l'UFSF). Il n'en est rien, malgré une situation initiale tout à fait similaire. Le processus d'adaptation hollywoodien aura eu raison de l'immoralité de la nouvelle d'origine ; le film de Ray Milland (1962) est à contrario terriblement (et naïvement) optimiste sur sa fin (et un "retour en arrière" possible). Ward Moore ne sera pas crédité au générique.

La disparition d’Honoré Subrac par le célébrissime GUILLAUME APOLLINAIRE, dévoile combien ce poète pourrait être le père spirituel de Maurice Renard.

Les cloches chantantes d'ISAAC ASIMOV (1955) décline l'astuce de l'enquête policière dans un contexte futuriste. Le procédé est de nos jours bien éventé…

Les habitants de la ville jouet (Transformer) par CHAD OLIVER (1954)  est une nouvelle au ton intéressant. Nous reviendrons sur Chad OLIVER pour un prochain Bonus.

Le grom (The grom) par ARTHUR PORGES (1954), bien qu'étant une nouvelle au ton fantastique, rappelle malgré tout une réalité hélas concrète et pas si éloignée : le lynchage. Bien que Porges postule avec ce récit une absence de libre-arbitre, ne sommes-nous pas plutôt, dans la réalité, responsables de nos actes, des meilleurs comme des pires ?


Durant les années 50, l'exploration spatiale n'en était qu'à ses prémices, alors que la littérature de SF déployait déjà voyages interstellaires, civilisations d'outre-espace, gouvernements pan-galactiques. En témoigne cette petite note que l'on peut lire dans ce numéro 23 de Fiction :

L’opération “Souris”.

L’annonce sensationnelle faite, il y a quelque temps, par le Président Eisenhower, relative au lancement à brève échéance par les U.S.A. d’un satellite artificiel, a donné un regain d’intérêt à la littérature de « science-fiction ». Qui sait si certains des récits que nous avons antérieurement publiés ne quitteront pas dans un futur, qui n’est plus tellement éloigné, le domaine de la fiction pour aborder celui de la réalité ?

L’opération annoncée par le Président Eisenhower a été baptisée, en Amérique, « Opération Souris », mais sait-on l’origine de cette appellation ? Tout simplement sa propre désignation en langue anglaise : « Mouse » qui signifie « souris »… le mot « mouse » étant formé par les initiales de l’expression :« Minimum orbital unmanned satellite of the earth ».

*

Un autre extrait, repris de la rubrique "Revue des livres - Ici on désintègre !", a le double mérite de témoigner des origines de la SF dans le monde et de nous rappeler le contexte tendu entre les deux blocs de pouvoir existant à cette époque.

Autre nouvelle d’importance : la « science-fiction » est enfin reconnue en U.R.S.S. comme forme littéraire progressiste et humaniste, travaillant à la paix et à l’amitié entre les peuples. C’est bien ce que nous avions dit lors de notre discussion avec « La Nouvelle Critique ». Nous avions alors écrit qu’en matière de marxisme, il fallait demander le véritable article et se méfier de toute imitation !

La « science-fiction » étant un humanisme, elle n’a pu être inventée que par un Russe. En effet, le professeur V. Virginski, éminent historien littéraire russe, nous annonce que la « science-fiction » fut inventée par V. F. Odoevsky (1803-1869).

Cet écrivain de « science-fiction » publiait dès 1840 un roman peignant le monde de l’an 4338.

Ce livre décrit des avions, des trains électriques, des lampes dont les rayons exercent une action chimique, la modification artificielle du climat.

Nous ne discuterons pas avec l’éminent professeur sur la priorité de Voltaire ou de Rabelais par rapport à Odoevsky. Signalons simplement cette remarque de Théodore Sturgeon « La « science-fiction » est née lorsque le prophète Ézéchiel décrivit la première soucoupe volante ».

En tout cas, le concours de la meilleure nouvelle de « science-fiction » organisé en U.R.S.S. a rapporté près de mille récits de bonne qualité que le jury est en train d’étudier, et qui paraîtront en volumes, bravo !"

 

Le PReFeG vous propose également