27 septembre, 2023

Fiction n°049 – Décembre 1957

Deux mois auront passés avant que Fiction ne fasse enfin état de la grande révolution que fut le lancement réussi de Spoutnik, le premier satellite opérationnel à gagner l’orbite de notre planète. Près de sept décennies plus tard, les satellites sont légions, et l'on a peine à concevoir notre monde sans son cortège de métal volant.

 

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Sommaire du Numéro 49 :


NOUVELLES

 

1 - Arthur C. CLARKE, À nous la Lune ! (Venture to the Moon, 1956), pages 3 à 26, nouvelle, trad. Roger DURAND

2 - Ward MOORE, Le Vaisseau fantôme (Flying Dutchman, 1951), pages 27 à 31, nouvelle, trad. Roger DURAND

3 - Jacques STERNBERG, Vos passeports, messieurs !, pages 32 à 36, nouvelle

4 - Poul ANDERSON, Loup y es-tu ? (Operation Afreet, 1956), pages 37 à 69, nouvelle, trad. Bruno MARTIN

5 - Hervé CALIXTE, Le Problème du carré pointu, pages 70 à 72, nouvelle *

6 - Lyle BOYD, Le Pouvoir des mots (Verb Sap?, 1956), pages 73 à 79, nouvelle, trad. Roger DURAND *

7 - Robert A. HEINLEIN, Transfuge d'outre-ciel (III) (Star Lummox, 1954), pages 80 à 134, roman, trad. Régine VIVIER

 

CHRONIQUES


8 - Jacques BERGIER, Science-fiction et satellites, pages 135 à 137, article

9 - Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX & Gérard KLEIN & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 139 à 144, critique(s)

10 - F. HODA, Un robot pour enfants, pages 147 à 147, article

11 - (non mentionné), Table des récits parus dans "Fiction", pages 148 à 148, index

 

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

Arthur C. Clarke nous livre dans A nous la lune !, avec une grande rigueur scientifique, une imagination spéculative et un humour raffiné, la description d'un premier séjour lunaire, si l'homme y avait opté l'installation d'une base internationale. Considérons aussi, comme nous le rappelons en tête d’article,  que la possibilité de lancer un premier satellite est devenu une réalité avec Spoutnik ce 04 octobre 1957, et que le fantasme d'une station spatiale commence à se faire pressant.

L'annonce du premier numéro d'une nouvelle revue -Satellite - avec son logo en forme de roue spatiale, en est la parfaite illustration. (Voir aussi à ce sujet la nouvelle de Sternberg dans le présent numéro).

Comme l'écrit Ward Moore dans Le vaisseau fantôme, on a prévu des pousse-boutons pour les pousse-boutons. La guerre automatique saura se passer des humains, dans ce court récit faussement désaffecté.

Les navigateurs de l'espace doivent-ils se munir d'un visa ? Voilà l'absurde question que soulève Jacques Sternberg dans Vos passeports messieurs !, courte nouvelle caustique qui nous plonge dans une effarante et humoristique circonspection.

Poul Anderson abandonne encore une fois son sujet de prédilection (les couloirs de l’espace-temps) et propose avec Loup y es-tu ? une nouvelle qui démarre sur les chapeaux de roues, dans un contexte magique qui reprend celui de la nouvelle "Superstition" parue dans le Fictionn°40. Trépidant et bien mené. Comme "Superstitions", cette nouvelle ne sera que tardivement rééditée dans une anthologie (ici "Le bal des loups-garous" en 1999.)

Le problème du carré pointu d’Hervé Calixte eût pu être du Fredric Brown. Une nouvelle simple et efficace qui rappellera "La fin d'un monde" de Alan E. Nourse (in Galaxie n°17).

« Faut-il séparer l'auteur de son œuvre ? » se demande-t-on parfois. A lire Le pouvoir des mots, petite histoire de pacte faustien signée Lyle Boyd, les écrivains ont tout intérêt à répondre « oui ».

Une fin, enfin, pour le roman de Robert Heinlein Transfuge d'outre-ciel, qui n'en finit plus de finir dans une dernière partie décidément bien trop bavarde, où manquent un peu d'action et de rebondissements. Heureusement, l'aspect têtu que partagent les personnages rend les résolutions un peu tendues, parfois inutilement cependant. Agréable, mais on attendrait mieux.



L’effet Spoutnik pousse
Jacques Bergier à tremper sa plume avec Science-fiction et satellites, un article qui vaut surtout pour sa première partie, intéressante sur ce qu'on imaginait possible en 1957 en matière de navigation spatiale pour notre XXIème Siècle.

20 septembre, 2023

Fiction n°048 – Novembre 1957

Un grand nombre de « baroudeurs » se retrouvent dans ces pages d’automne 1957, avec plusieurs textes qu’on ne retrouvera nulle part ailleurs…

 

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Sommaire du Numéro 48 :


NOUVELLES

 

1 - Richard MATHESON, Le Test (The Test, 1954), pages 3 à 20, nouvelle, trad. Roger DURAND

2 - Richard WILSON, Route déserte (Lonely Road, 1956), pages 21 à 30, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM *

3 - Mack REYNOLDS, Intérêt composé (Compounded Interest, 1956), pages 31 à 43, nouvelle, trad. Roger DURAND *

4 - Pierre VERSINS, Ma pomme, pages 44 à 48, nouvelle *

5 - Albert Compton FRIBORG, Amour et cybernétique (Careless love, 1954), pages 49 à 65, nouvelle, trad. Bruno MARTIN *

6 - Jean-Jacques OLIVIER, Le Miroir, pages 66 à 67, nouvelle *

7 – Robert A. HEINLEIN, Transfuge d’outre-ciel (II) (Star Lummox, 1954), pages 68 à 116, roman, trad. Régine VIVIER

8 – Jean RAY, Maison à vendre, pages 117 à 125, nouvelle

 

CHRONIQUES


9 – Anthony BOUCHER & Rémi RENARD, A propos de l’affaire Renard-Matheson : Enquête en forme de débat (suite et fin), pages 131 à 132, notes

10 – Jean-Jacques BRIDENNE, Hommage à Régis Messac, pages 133 à 135, article

11 – Jacques BERGIER & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 136 à 137, critique(s)

12 – Alain DORÉMIEUX, La Critique des revues, pages 138 à 138, critique(s)

13 – F. HODA, Un monstre britannique, pages 139 à 140, article

14 – COLLECTIF, Courrier des lecteurs, pages 141 à 141, article

 

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.



« Il se rappelait comment on avait utilisé tous les arguments possibles pour obtenir le vote de la loi par référendum : termes médicaux, graphiques montrant le déclin de la production agricole et l'abaissement du niveau de vie, la menace de famine, la dégradation de la santé. Et tout cela n'était que mensonges. Mensonges flagrants et inutiles, car la loi avait été votée parce que les gens voulaient être tranquilles, parce qu'ils voulaient vivre à leur guise. »

Voici en substance le ton de cette terrible nouvelle, Le test, de Richard Matheson, réflexion sur l'euthanasie systématique des plus âgés. Matheson signe ici une nouvelle un peu plus longue qu'à son habitude, au bénéfice des mouvements psychologiques détaillés de ses protagonistes.

Dans Route déserte, Richard Wilson signe une nouvelle d'un ton très « Twillight Zone », astucieuse et insolite. On tremble á l'évocation d'une expérience peu commune.

Intérêt composé est une sympathique histoire de boucle temporelle, où Mack Reynolds soulève la question des motivations de voyager dans le temps, et du grand pouvoir que cela offrirait.

On pensera inévitablement à l'ouvrage de Ward Moore "Encore un peu de verdure..." avec Ma pomme de Pierre Versins, histoire de pomme fantasque. Versins sait aussi y rappeler les impératifs de tous les affamés...

« ( …) la population n'avait en vérité pour le moment pas le moindre plaisir à sa disposition. Le commissaire rappelait au président que la majorité des gens étaient sous-alimentés, mal soignés, mal habillés ; la presque totalité de la production nationale allait aux armements, aux subventions de guerre et à Dinah ; et il devenait même de plus en plus difficile de prendre les plaisirs simples du grand air et de la verdure, puisque les Américains s'enfonçaient de plus en plus sous le sol et que les bactéries et la radioactivité tuaient de plus en plus de cerisiers. »

Amour et cybernétique, novella un peu bavarde mais d'un ton assez proche de l'humour de Sheckley comme en témoigne l’extrait précédent, nous renvoie aux développements autonomes d'une intelligence artificielle confrontée aux problématiques d'une guerre sans issue. On pourra penser au roman ultérieur "Colossus" de D. F. Jones (1966 VF 1969), avec ici de l'humour et de l'amour en plus. Son auteur, Albert Compton Friborg, de son vrai nom Irving Flint « Bud » Foote, fut professeur au Georgia Institute of Technology après des études à Princeton et à la Sorbonne, et l’auteur de plusieurs essais, sur Sartre, les dystopies chez Jules Verne, Clifford Simak, Stephen King, H. Beam Piper…

Le miroir, par Jean-Jacques Olivier, est une très courte et efficace histoire à chute qui joue sans duperie avec les clichés des histoires de fantômes à l'anglaise.

A propos de Transfuge d'outre-ciel, nous tenons à publier en rougissant un ERRATUM : contrairement à ce que nous avions annoncé dans notre article sur le n°47 de Fiction, « Transfuge d’outre-ciel » n’est pas un roman de Robert Heinlein resté sans publication ultérieure, bien qu’il aura fallu attendre vingt ans après 1957. Sous le titre anglais « Star beast », il s’agit en effet du roman maintes fois édité « L’enfant tombé des étoiles » (Robert Laffont – 1977 ; Pocket – 1983 ; Poussière d’étoiles – 2003 ; Livre de poche – 2010). Nous présentons nos excuses à tous les amateurs d’Heinlein qui auraient bondi de joie au plafond.

Quoi qu’il en soit, cette deuxième partie demeure trépidante même si bavarde, mais aux personnages bien attachants.

Jean Ray, à qui nous venons de rendre hommage dans notre précédent billet, est ici égal à lui-même dans Maison à vendre, histoire de nécromancie terrible et distanciée à la fois. 

17 septembre, 2023

Cadeau bonus / Hommage à Jean RAY : "Harry Dickson - Une intégrale" Volume 2 (1933)

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Le 17 septembre marque pour le PReFeG l’anniversaire du décès d’un auteur qui lui est cher : Jean Ray, disparu le 17 septembre 1964. Comme l’année dernière, c’est l’occasion de contribuer à faire (re)découvrir le foisonnement d’une œuvre dont l’établissement d’une bibliographie exhaustive est un véritable challenge, tant Ray multiplie les pseudonymes, les langues (français, néerlandais…) et des publications anonymes dans des revues mal conservées car déconsidérées dès leurs parutions. Dans cette catégorie figure « Les aventures de Harry Dickson », dont l’histoire éditoriale et le sauvetage in extremis de l’oubli vous est détaillé dans l’article de l’an dernier : "Harry Dickson - Une intégrale" Volume 1 (1931 - 1932).

« Il s'attarda avec une joie indéfinissable auprès des hommes frustes de la rivière. Après des heures passées face à des figures de cauchemar, tordues par des angoisses inconnues, il lui était doux de voir des visages sans passion, rendus neutres par le rude labeur des jours.

Il se sentait en sécurité auprès d'eux, de leur force brutale, de leurs cerveaux sans malice.

Au loin, la nuit était complète, noire et fermée comme un mur de tôle ; seule la plainte des arbres invisibles faisant front aux nuées lui rappelait qu'un monde hostile, plein d'embûches, veillait dans les ténèbres.

Il aurait voulu pouvoir se dresser contre un ennemi tangible, mais partout où son esprit s'aventurait déjà, cherchant une piste, il se heurtait à des ombres, à des rumeurs indécises, à un néant farouche. »

(Les Blachclaver – Chapitre 4 – extrait)

L’année 1933 marquera pour la série Harry Dickson en France un travail signé quasi intégralement par Jean Ray, à l’exception des numéros d’Octobre et de Novembre qui reprendront des traductions des premiers titres de la série. Est-ce le signe d’une petite fatigue chez Jean Ray ? On le serait à moins : deux récits par mois, écrits en premier jet (et on s’inclinera devant le grand talent d’un Jean Ray qui ne prenait pas la peine – disait-il – de se relire pour ce travail qu’il jugeait alimentaire), avec un foisonnement d’ambiances et de situations toujours renouvelées.

Au sommaire de ce Volume II de cette proposition d’intégrale des nouvelles d’Harry Dickson écrites par Jean Ray, vous pourrez lire :

87 / LE MYSTÈRE DES SEPT FOUS

(Sauf précision, les résumés proposés ici sont empruntés au site dédié à Jean Ray et sont © Jean Pelletier).

Appelé à l'aide par un ami d'enfance, Reginald Marlow, Harry Dickson retrouve celui-ci dans sa propriété délabrée des environs de Firestone-Hill, une contrée fort peu hospitalière. Marlow fait preuve d'une inquiétude extrême. Depuis trois semaines, six riches habitants de la région ont été retrouvés présentant tous les signes de la folie. Tantôt agités, tantôt amorphes, ils prétendent être morts et entendre d'autres morts frapper la terre pour les appeler. Marlow craint d'être la prochaine victime de l'épidémie. Les rebondissements ne manquent pas : Tom Wills est enlevé et Parnell le chauffeur de Harry Dickson est tué. De plus, on entend le ronflement d'une motocyclette sur la plaine bien que le véhicule lui-même demeure invisible. Le premier bénéficiaire des événements semble être le docteur Marden dont l'asile vide se trouve soudain achalandé. Ce docteur est d'ailleurs un bien curieux personnage, taciturne et indifférent, qui fume la pipe sans trop s'occuper de ses malades. Non moins curieuses sont les séances d'hypnose auxquelles les patients sont soumis. Veut-on améliorer ou détériorer leur état ? Grâce à Harry Dickson, Reginald Marlow, parviendra-t-il à échapper au triste sort auquel il semble destiné ?
88/ LES ÉTOILES DE LA MORT

La ville de Londres est devenue la proie d'invisibles pyromanes, s'attaquant de préférence aux réservoirs d'essence... Les étoiles de la mort ! en effet, de mystérieux points de feu sont aperçus errant parmi les réservoirs peu de temps avant les sinistres. Harry Dickson, penché une fois de plus sur le mystère, trouve un concurrent de poids en la personne de Gustave Fenaux, un célèbre mais âgé détective français. Quel est le secret de ces étoiles de la mort ? forces spectrales ou machination criminelle ? par qui ou par quoi sont-elles manipulées ? Dickson n'aura pas trop de son flair légendaire et de l'habileté de son élève Tom Wills pour dénouer le fil de l'intrigue.
89/ LA PIERRE DE LUNE

Les invités à une soirée donnée par Mme Bolland sont inquiets, avec raison, du retard de Mlle Flora Carter, parce que le cadavre de celle-ci vient d'être découvert au bord d'une route par Harry Dickson. Les blessures subies par la victime sont si importantes qu'elles ne peuvent avoir été infligées que par un boucher ou un chirurgien, ce qui incite l'avocat Stanley Banks à accuser Dora Marholm, une étudiante en médecine disparue pendant la même soirée. Quinze jours plus tard, c'est au tour des époux Fleetwinch d'être assassinés et on retrouve dans le poing fermé de Mme Fleetwinch une opale, ou pierre de Lune, une de ces pierres utilisées lors de pratiques de sorcellerie. Peu après Stanley Banks est témoin de la réapparition et de la nouvelle disparition de Dora Marholm. Aucune recherche ne permet de retrouver la fuyarde. Puis M Spurdle, le fabricant d'automates d'apparence humaine, se plaint du vandalisme dont ont été l'objet deux de ses modèles. Près du lieu de ce délit on retrouve le corps sans vie de Dora Marholm. Rongé par le remords, Stanley Banks consacre ses nuits à des patrouilles qui finissent par lui coûter la vie, et on retrouve près de son corps une nouvelle pierre de Lune... Il faut attendre six mois pour qu'un nouvel événement se produise et qu'un visiteur nocturne saccage la bibliothèque du collège de la ville. Harry Dickson soupçonne l'intrus de s'intéresser particulièrement aux ouvrages de sorcellerie, dans lesquels il décide de se plonger lui-même. Est-ce dans ces livres que Dickson parviendra à trouver la solution au mystère des pierres de Lune et à mettre fin à la terreur qui accable la population ?
90/ LE MYSTÈRE DE LA FORÊT

En écoutant de la musique à la radio, Harry Dickson et Tom Wills captent ce qui ressemble à un appel à l'aide. Cet appel proviendrait d'un avion en déplacement, dont on retrouve la trace dans la région de Birmingham, au château des Dorchester, une bâtisse délabrée entourée d'un parc mal entretenu et de profondes douves. Le château aurait abrité des étrangers, dont un certain Horn qui pourrait être un Allemand se faisant passer pour un Anglais. Cependant, au moment où Dickson et Wills visitent l'édifice celui-ci est vide, sauf une pièce où se trouve le cadavre d'un homme défiguré. Il s'agit du lieutenant Mabel, un officier du contre- espionnage anglais dont la dernière mission consistait à protéger le secret de la fusée Stanton, une arme capable de voler à une très grande altitude, sur de très grandes distances et possédant une capacité de destruction formidable. Et la suite de l'enquête permet d'établir que les plans de la fusée ont été photographiés. Quel a été le rôle de Mabel dans cette affaire ? Est-il un traître ou une victime ? C'est en Allemagne que Dickson et Wills devront se rendre, pour empêcher des individus sans scrupules de fabriquer une arme nuisible à la paix du monde.

9191/ L'ÎLE DE LA TERREUR

Ruiné, Harvey Dorrington est forcé de s'exiler sur le dernier bien qui lui reste : l'île de Cat-Rock, une terre inhospitalière, peuplée uniquement de trois gardiens et de quelques dizaines de pêcheurs. Depuis quelque temps, l'île est le théâtre de phénomènes si terrifiants que des pêcheurs en sont morts de peur. Ces manifestations auraient commencé au moment où une naufragée, belle comme une sirène, est arrivée en canot à la suite d'une terrible tempête. En voyant la belle étrangère, Dorrington en tombe amoureux, mais les événements prennent un tour dramatique quand le gardien Mac Loggan est poignardé par une longue main livide et phosphorescente et quand l'apparition d'un monstre géant à la tête grimaçante qui touche presque les nuages détermine les pêcheurs à quitter l'île pour toujours. Puis, Giovanna la belle étrangère, est victime d'une tentative d'assassinat et Pollock, un autre gardien, succombe aux morsures d'un chien gigantesque, tandis que la bête pousse au loin son sinistre hurlement. Les entités qui s'en prennent aux habitants de Cat-Rock sont-elles humaines ou surnaturelles ? S'agit- il des démons de la mer qui réclament leur proie ? Veut- on chasser les habitants de l'île ? Pourquoi ? Telles sont les questions auxquelles Harry Dickson et Tom Wills devront trouver des réponses au péril de leur vie.
92/ LA MAISON HANTÉE DE FULHAM-ROAD

Les hasards d'une promenade sur Fulham-Road conduisent Harry Dickson et des amis aux abords d'une maison sinistre et lépreuse, que personne ne veut habiter, parce qu'on la dit hantée. La bâtisse ne semble pourtant pas si désertée, puisque Dickson y détecte la présence d'un être aux yeux de chat et à l'expression cruelle, et s'aperçoit que l'une des pièces est exempte de poussière. Cette maison possède une histoire mouvementée : c'est là, il y a vingt ans, que Lady Bossmere fut assassinée par son homme de confiance, Ephra Ullmann et qu'une pierre précieuse évaluée à plus de cent mille livres fut volée, et jamais retrouvée. Ullmann fut envoyé à la prison de Dartmoor et mourut plus tard, à la suite d'une bagarre où le médecin de la prison fut défiguré et perdit la vue. Par la suite, le nouveau propriétaire éprouva les plus grandes difficultés à louer sa maison et les quelques locataires ont littéralement fui de peur. Pourquoi veut-on chasser les habitants de la maison de Fulham-Road ? Les entités qui la peuplent sont- elles liées au passé criminel de la maison ? Harry Dickson et Tom Wills devront connaître la Grande Peur, la Grande Épouvante, avant de trouver des réponses à ces questions.
93/ LE TEMPLE DE FER

Les riches jeunes hommes qui ont récemment disparu ont-ils été enlevés par les occupants du temple de fer, dont une légende redoute l'existence ? On arrête bien un suspect, un étrange matelot portugais, mais on le retrouve mort dans sa cellule le lendemain... et que dire de ces six mulâtres, qu'on raconte appartenir au temple de fer, arrêtés et conduits dans une voiture de police qui n'arrivera jamais à destination ? le mystère appelle une fois de plus Harry Dickson... et va le mettre aux prises avec l'un des plus fantastiques dangers de sa carrière... ce monstre sanguinaire qu'il trouve sur sa route, créature tombée du ciel, aux entrailles de feu, à la gueule de fer ardente, aime la souffrance des victimes: il tue et dévore... est-il humain ? de quel monde incroyable est-il issu ? pourquoi et comment a-t-il bâti cet étrange temple de fer ?
94/ LA CHAMBRE 113

En 1820, l'Hôtel de la Licorne, sis à Covent Garden, était renommé dans toute l'Europe. Des têtes couronnées y descendaient. Pourtant, la chambre 113 avait une bien mauvaise réputation. Vols, suicides, meurtres et accidents s'y produisaient sans qu'on ne puisse jamais trouver de causes à cette hallucinante série de drames. Puis, l'hôtel fut oublié, jusqu'à ce que Harry Dickson soit alerté. La chambre 113 s'est réveillée ! Divers délits s'y commettent, le plus grave étant le meurtre d'un client dans la chambre hermétiquement fermée. Une fois de plus, l'enquête n'aboutit à aucun résultat. Le second épisode de l'histoire débute quand on s'inquiète pour lord Hardfield, dont on est sans nouvelles depuis son mariage avec une Américaine. Hardfield aurait vendu une grande partie de ses biens pour de l'argent comptant. Si le lord est retrouvé assassiné, aucune trace, ni de la femme, ni de l'argent. Les complices de la femme sont découverts, morts, avec près d'eux une petite plaque portant le nombre 113. Le troisième acte se joue au Sunbeam Palace de la station balnéaire de Sels Beach, qui devient le théâtre d'une véritable épidémie de vols. Parmi les victimes, un puissant magnat de la presse, M. Kingson. Harry Dickson apprend que Kingson est marié en secret à une femme dont il est le seul à connaître l'identité. Peu après, M. Kingson est tué dans sa chambre, la 113 et l'infirmière de l'hôtel, Miss Pfefferkorn, est attaquée par une femme, grande et voilée de noir. La finale nous ramène à l'Hôtel de la Licorne, où Dickson tend un piège à une criminelle qui s'est juré de continuer la tradition maléfique de la chambre 113.
95/ LA PIEUVRE NOIRE

Lionel Gardner vient consulter Harry Dickson. Il reçoit des lettres anonymes lui enjoignant de quitter son domaine de Beech-Lodge, en Écosse. En plus, les Black- Waters, dont il est voisin et qui sont des étangs profonds et stériles, accueillent depuis peu ce qui semble être une pieuvre géante. Bill Sharpless, le domestique de Gardner, en a été la victime, de même qu'Élias Mivvins, un instituteur. On a tenté de capturer la bête avec des lignes, des appâts, des fusils et des grenades. Peine perdue ! Gardner est assassiné peu après son rendez-vous avec Dickson, ce qui décide ce dernier à partir pour Beech-Lodge. Dans le train, Dickson et Tom Wills sont victimes d'un attentat dont l'auteur s'avère être Bill Sharpless, le domestique soi-disant disparu. Quelle est donc la part de la vérité et celle de l'invention, dans cette histoire de pieuvre ? Arrivés à destination, les deux détectives écoutent le récit du vieux Cryns, un braconnier, qui prétend avoir vu la pieuvre à plusieurs reprises. Ils visitent l'école de Mivvins qui, fait curieux, renferme encore l'odeur du tabac utilisé par le maître. Étrange instituteur d'ailleurs, qui n'est pas inscrit au département de l'instruction publique. Et Cryns n'est pas le moins suspect, lui qui pénètre sec dans les caves, vastes et inexplorées, de l'école et en ressort mouillé. Cryns transporte des vivres dont on ignore la destination. Pour résoudre l'énigme, Dickson et Wills devront établir le rôle véritable de chacun dans cette histoire. Veut-on chasser les habitants des environs des Black-Waters ? Existe-t-il réellement une pieuvre, ou s'agit-il d'une machination beaucoup plus ténébreuse ?
96/ LE SINGULIER MONSIEUR HINGLE

(Ce résumé est extrait de l’essai de Jacques Van Herp : « Harry Dickson – Le Sherlock Holmes américain », - Collection « Ides et autres », édition Recto-Verso, Bruxelles 1981)

Trente crimes en trois semaines et, chaque fois, épinglée sur la victime, une carte de visite : avec les compliments de Mr Hingle. Et Dickson a réussi à enfermer dans un égout un Mr Hingle qu’il ne connaît pas, qu’il n’a jamais vu.

Débarque à Londres un prince afghan, et une véritable guerre va opposer Dickson aux Dacoïts du prince. (On fit une consommation effrayante de ces tueurs asiatiques à l’époque. Encore un forfait de Fu-Manchu.)

Tom Wills et Dickson seront victimes d’hallucinations provoquées par un gaz et qui rappellent On a volé un homme !. Quant à Mr Hingle…

97/  LE DIEU INCONNU

Mystère à Inghram, dont le maire est averti par plusieurs lettres anonymes que Lord Hardgrave, le seigneur local dont la ruine est notoire, vient de rembourser de pharamineuses dettes, en pièces d'or intégralement dérobées, selon le corbeau, chez Mr. Plummer, notaire en retraite. Le corbeau précise même que la dernière pièce de valeur, un collier de diamants, sera volée le soir même et qu'à cette occasion, Plummer sera assassiné. Et de conclure: "Allez trouver Harry Dickson, grande niquedouille !". Sitôt dit, sitôt fait... mais après avoir interrogé Plummer, Dickson découvre que la somme dérobée à l'ancien notaire appartenait de droit aux Hardgrave. Puis, alors que le maire, Plummer et Dickson veillent dans l'étude (dont portes et fenêtres sont closes), la parure disparaît du coffre et le notaire meurt, un poignard fiché en plein coeur, presque sous les yeux du détective... pourtant celui-ci est formel : nul n'a bougé ou n'est entré dans la pièce ! L'implacable bienfaiteur des Hardgrave est-il, comme le prétend Lilith, nièce de Lord Hardgrave, ce terrible "Dieu inconnu" surgi de la Rome antique, que vénèrait son père ? Dickson tentera à nouveau d'expliquer l'inexplicable...
98/ LE ROYAUME INTROUVABLE

(Résumé de Jacques Van Herp)

Le Club des Quatre réunit quatre célèbres explorateurs, dont le Français Dormans ; les trois autres, trois Anglais, ont eu maille à partir avec un Allemand, Schraube. Or voici que Dormans déclare avoir retrouvé le royaume perdu du Prêtre Jean, défendu par les sables du sud Soudan, les cactus empoisonnés et la tempête magnétique.

Tout ceci n’est qu’une comédie de Schraube : le royaume introuvable n’existe pas, mais bien la ville secrète des Elks, aux confins du Cameroun. Maple ayant été tué, les deux Anglais survivants y sont amenés, tandis que Dickson et Tom Wills manquent d’être enfournés dans le crématoire de Rothertite. Ils partent en avion et font escale dans un bordj…

99/ LES MYSTÉRIEUSES ÉTUDES DU DR DRUM

Harry Dickson est particulièrement soucieux... le docteur Drum, mathématicien éminent autant que discret, spécialiste des calculs hypergéométriques, semble sur la piste d'une découverte phénoménale. Stupeur lorsque le détective pénètre dans le cabinet du scientifique ! Le décor n'est en rien semblable à celui qu'il observait par la fenêtre un instant plus tôt : scientifique, travaux et meubles semblent s'être volatilisés. Le docteur Drum aurait-il, comme le laisse supposer son collègue Caryble, qui a mystérieusement sombré dans la folie, découvert le secret de l'équation qui ouvre la porte de la terrible quatrième dimension ? Quels périls guettent Dickson sur cet autre plan de la réalité ?
100/ LA MORT BLEUE

(Résumé de Jacques Van Herp)

Encore un récit de vengeance hindoue, de criminel à multiples masques, embrouillamini, débrouillamini au prix de la vraisemblance psychologique. Tom Wills joue un rôle important et Harry Dickson est de cœur avec les Hindous venus châtier un voleur sacrilège.

101/ LE JARDIN DES FURIES

Les sœurs Chickenstalker (Catharina, Lilian et Margaret) se plaignent de la disparition de leur comptable, Foreman Peavy, qui leur aurait volé la somme pharamineuse de vingt livres. Flairant autre chose, Harry Dickson espionne le commerce des trois sœurs et est étonné d'y voir parfois pénétrer des gentlemen de la haute société, alors que la clientèle habituelle est composée de servantes et de dames âgées. Ces gentlemen commandent toujours des épingles à cravates et sont toujours servi par la terrible Catharina. Un des singuliers clients serait David Holmer, le chef de la bande de la Rose Blanche, d'insaisissables voleurs. Le commerce des Chickenstalker sert-il de couverture à des activités illicites ? La bande semble fort convoiter les inestimables bijoux de Lady Mildred Glenmore, puisque deux tentatives de vols sont organisées, la première intervenant lors d'un spectaculaire incendie au cirque Harambur. Dans les décombres, Dickson trouve une des épingles à cravate caractéristique de la bande. Cette épingle sera dérobée, un peu plus tard, au prix d'un meurtre. Lors de la deuxième tentative de vol, l'épingle en possession du coupable sera de nouveau audacieusement subtilisée. Qu'ont de particulier ces épingles à cravate pour que la bande soit prête à tout pour les récupérer ? Harry Dickson devra en percer le secret pour délivrer Tom Wills capturé par les bandits.
102/ LES MAUDITS DE HEYWOOD

(Résumé de Jacques Van Herp)

Il y a trois frères Martonville, dont deux sont devenus fous et féroces. Ils se font passer pour des architectes, les frères Lescrew, et construisent en Irlande un château, calqué sur une prison anglaise. Toute la population n’est composée que d’anciens convicts, dans ce domaine de Blacksand. Ils y tiennent captifs des magnats qu’ils rançonnent après leur avoir fait connaître la vie des prisons.

103/ ??MYSTÉRAS??

104/ LA COUR D'ÉPOUVANTE

(Pas de résumé disponible pour ces deux volumes... du moins nous ne ferons pas figurer celui de Van Herp qui en dévoile un peu trop l'intrigue.)
105/ LE ROI DE MINUIT

Selon les statistiques, plus de trois londoniens disparaissent chaque jour. Mr. Hodenham est l'un de ceux-ci : descendant de son train de banlieue à la station habituelle, sous les yeux du chef de gare, il n'atteindra pourtant jamais son domicile. Problème : Mr. Hodenham, sous des aspects de petit employé sans histoires, est l'un des principaux agents du contre-espionnage de la Couronne. Cette ennuyeuse défection incite Sir Hoswell, chef des services secrets, à faire appel à Harry Dickson pour retrouver le disparu. Celui-ci travaillait justement sur un dossier brûlant : Holdenham devait localiser celui que l'on appelle le "Roi de Minuit", un agitateur sévissant dans les colonies des Indes, et dont la présence aurait été signalée à Londres. Ce fauteur de troubles, que l'on dit doté d'une force surnaturelle qui lui permet de broyer ses ennemis à l'aide de ses seuls bras, a-t-il expédié ad patres l'agent britannique ? Peu d'indices dans cette affaire... Tandis que le célèbre détective se rend au domicile du disparu et interroge longuement sa gouvernante, son élève Tom Wills traîne du côté des docks où gravitent les ressortissants indiens récemment débarqués à Londres, dans l'espoir de retrouver la piste du Roi de Minuit... Mais l'affaire prend une tournure tout autre lorsque trois cadavres sont découverts, dans des circonstances qui font largement supposer une intervention de l'exotique criminel ! L'intrépide duo découvrira-t-il ce qu'il est advenu du mystérieux Mr. Hodenham ?
106/ LE CHEMIN DES DIEUX

Quelles étranges réceptions que celles données par Lord Denverton une fois l'an ! L'on s'y régale de potage tiède, de poisson avarié, de pâtes et de volailles mal cuites. Le plus fort est que tous les invités sont des criminels, inconnus de lord Denverton, et qu'à la fin du repas, le maître de maison remet cinquante livres sterling à chacun des convives. Cette bizarre cérémonie a été imposée, par testament, à lord Denverton et Harry Dickson qui assistait, par hasard, à la dernière fête est prié de trouver la raison de cette exigence. Bunny Lipton, le chef de la police secrète d'Orient, aide à lever une partie du voile. Fuh-Suh, un chef rebelle chinois décédé, qui a déjà fait trembler l'Angleterre, est censé revenir au monde des vivants par le Chemin des Dieux, au cours d'un banquet donné en son honneur par des criminels. Le repas imposé à lord Denverton serait le banquet destiné à Fuh-Suh. Cela semble confirmé par le fait qu'un poignard, appelé la Clef du Chemin des Dieux, rate de peu Harry Dickson et que des inconnus parviennent à transformer Tom Wills en un monstre hideux, à l'aide d'une mystérieuse substance appartenant à l'arsenal des sciences occultes asiatiques. La Voix sans tête, un des auxiliaires de Fuh-Suh, semble décidé à éliminer tous ceux qui pourraient entraver le retour de son maître. Harry Dickson réussira-t-il à empêcher le retour du terrible Fuh-Suh par le Chemin des Dieux ?
111/ LES BLACHCLAVER

(Résumé de Jacques Van Herp)

Annabella Blachclaver n’était que de nom la femme de Blachclaver, en fait la compagne d’Anicet Sitter, le célèbre voleur. Elle en eut une fille mais ses quatre fils sont de Blachclaver. La fille veut s’approprier toute la fortune de Sitter, que sa mère repousse avec horreur. Alors, contrefaisant la paralytique, elle tuera sa mère et ses frères avant d’être démasquée.

Remarquable d’atmosphère et d’une certaine mélancolie. Dickson revoit, trente ans après, celle qui fut une femme splendide, qui a conservé un souvenir de ce qu’elle fut et qui implore son secours contre cette malédiction qui pèse sur elle et les siens. Ecriture et ton, tout sent le Jean Ray. 

112/ LE FANTÔME DU JUIF ERRANT

(Résumé de Jacques Van Herp)

L’ex-colonel C. T. Bran n’est qu’un raté. Un jour, dans sa retraite, il lui est donné l’occasion de faire parler de lui. Alors il se déchaîne, affirme que les bois voisins sont hantés par les Mashutes, une bande disparue voici vingt ans, qu’il a ressuscitée pour les besoins de sa cause…

En bonus des nouvelles de 1933, ce volume propose également l’article « Naissance d’un Harry Dickson », repris de L’intégrale NéO, volume 2, également présent dans le « Harry Dickson 9 » des éditions Marabout sous le titre « Naissance des Harry Dickson ».

Nous espérons pouvoir tenir notre rythme annuel de publication de cette proposition d’intégrale des nouvelles « Harry Dickson » écrites par Jean Ray, auquel cas nous vous donnons rendez-vous sur ce site du PReFeG le 17 septembre 2024 pour le partage du Volume 3 : 1934. 

Prochain bonus  : La maison hantée, de Shirley Jackson

13 septembre, 2023

Fiction n°047 – Octobre 1957

Première partie d’un roman, demeuré inédit depuis, de Robert Heinlein, et une novella de l’étonnant Charles Lewis Fontenay, on ne boude pas notre bonheur pour ce numéro de l’automne 1957 de Fiction.

Un clic droit, mais pas dans l’œil SVP !

Sommaire du Numéro 47 :


NOUVELLES

 

1 - Robert A. HEINLEIN, Transfuge d'outre-ciel (I) (Star Lummox, 1954), pages 3 à 71, roman, trad. Régine VIVIER

2 - Julia VERLANGER, La Fille de l'eau, pages 72 à 74, nouvelle

3 - SAKI, La Musique sur la colline (The music on the hill, 1911), pages 75 à 80, nouvelle, trad. Roger DURAND

4 - Howard RIGSBY, Revoir son ombre (One fine day, 1954), pages 81 à 83, nouvelle, trad. Roger DURAND *

5 - Jean DUZAL, L'Homme qui écoutait les murs, pages 84 à 88, nouvelle *

6 - R. V. CASSIL, La Salle d'attente (The waiting room, 1956), pages 89 à 97, nouvelle, trad. Roger DURAND *

7 - Catherine GRÉGOIRE, La Vengeance, pages 98 à 99, nouvelle *

8 - Charles Lewis FONTENAY, La Soie et la chanson (The Silk and the Song, 1956), pages 100 à 125, nouvelle, trad. Roger DURAND

 

CHRONIQUES


9 - Jacques VAN HERP, La S.F. dans l'oeuvre de Maurice Leblanc, pages 126 à 129, article

10 - Jean-Jacques BRIDENNE, Le Merveilleux scientifique chez Edmond About, pages 131 à 133, article

11 - Jacques BERGIER & Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 134 à 139, critique(s)

12 - Jean-Jacques BRIDENNE & Ralph MESSAC, A propos de l'affaire Renard-Matheson Enquête en forme de débat (suite), pages 141 à 141, notes

13 - (non mentionné), Service bibliographique étranger, pages 142 à 144, article

 

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

Ouverture sur la première partie d’un roman demeuré inédit de Robert Heinlein ; ça n’est pas si courant. Si Transfuge d'outre-ciel est récit un peu bavard qui aurait gagné à plus de concision par endroits, l'on sent toutefois une construction non-linéaire intéressante.

La fille de l’eau, par Julia Verlanger, est une courte nouvelle sur la peur du différent. Un peu court pour être percutant. On repensera à L'araignée d'eau de Marcel Béalu.

La musique sur la colline devait inaugurer, aux dires de la revue, une publication des nouvelles de Saki, auteur salué par ses pairs comme l’un des meilleurs novelliste. Las ! Il faudra attendre les années 80 avant de voir paraître de rares anthologies de Saki. Dans cette nouvelle courte et efficace, Saki se rapproche de Arthur Machen et de son paganisme littéraire.

Un beau récit, simple, qui nous rappelle qu'en ces années 50, les vieillards étaient nés au XIXème Siècle : Revoir son ombre, par Howard Rigsby, dessine aussi en creux tout ce que le lecteur possède d'imagerie de science-fiction, une culture qui déjà existe.

L'homme qui écoutait les murs, par Jean Duzal déjà publié dans Galaxie, aurait pu être imaginé par Marcel Aymé. Il y manque cependant un poil de panache et de style.

La salle d’attente, par R.V.Cassill, est un récit métaphorique à décrypter, à l'intrigue assez proche de celle d'un épisode de « La quatrième dimension » : « Image dans un miroir » (s1ep21 – sur un scénario Rod Sterling.)

La vengeance, court récit de la traductrice Catherine Grégoire, comme dans «Je suis d'ailleurs» de Lovecraft, nous propose la visite de l'indésirable vue de l'intérieur. Simple et efficace.

La véritable découverte de ce numéro n’est pas Robert Heinlein, ni Howard Rigsby, malgré leurs qualités respectives. Avec La soie et la chanson, de Charles Lewis Fontenay, on pensera à « Oms en série » de Stefan Wul (sur le point de paraître en cet automne 1957) Nous avons là une bonne novella, efficace dans sa concision et au scénario habile, qui laisse prétendre à une suite possible. On retrouvera assez régulièrement Fontenay, touche à tout d’origine brésilienne, dans les pages de Fiction jusqu’en 1961, date à laquelle cet auteur, qui peut rappeler le ton désespérément humaniste de Walter Michael Miller, cessera malheureusement d’écrire – du moins d’être publié. Daniel Walther publiera en France dans la collection « Le cabinet noir » aux éditions Les belles lettres, un recueil de ces nouvelles en 1999, sous ce titre de « La soie et la chanson ».

On pourra lire par ailleurs cette note biographique sur Fontenay :

FONTENAY (Charles Lewis). - Né en 1917 au Brésil, mobilisé dans l’aviation des États-Unis en 1942-1943, Charles L. Fontenay étudia à la Vanderbilt University de Nashville avant de se lancer dans le journalisme. Il fut en particulier chroniqueur sportif et rédacteur en chef de divers journaux du Tennessee. Il a écrit de la science-fiction pendant une dizaine d’années, entre 1954 et 1964, préférant de son propre aveu le récit d’aventures à la nouvelle sociologique ou à message. Il est l’auteur de quelques romans assez conventionnels, et de nouvelles parmi lesquelles Pretty Quadroon (1957) se fonde sur des corrections apportées à l’Histoire en vue d’éviter une sécession dans les Etats-Unis du proche avenir. (in « Histoires de paradoxes » Anthologie – Livre de poche, 1984).



Vous rappelez-vus de la librairie La Balance ? Cet endroit, dont Philippe Curval était le secrétaire, avait accueilli l’exposition « Présence du futur » en plein essor de la mode SF en France. Quelques années plus tard, voici ce qu’on peut lire dans Fiction :

 

« La Balance » est morte… vive « L'Atome » !

 

Mme Valérie Schmidt, ancienne gérante de la Librairie « La Balance » qui a maintenant fermé ses portes, nous fait savoir qu'elle a ouvert au 37, rue de Seine, à Paris, une nouvelle librairie spécialisée dans la science-fiction et le fantastique, à l'enseigne de « l'Atome ».

Pour terminer, au détour d’une revue de livre, citons Gérard Klein à propos de « Colères » de Vercors fraîchement paru en 1957 (et devenu introuvable.)

« (…) le problème de nos civilisations c'est précisément d'être consciemment et volontairement collectives. Celles qui forcent les hommes à l'isolement, qui n'est pas solitude, et l'individualité, qui n'est pas la personnalité, sont bien près de se condamner à mort ; le cancer n'est pas seulement une dégénérescence biologique : sur un autre plan, il peut être sociologique. » 

06 septembre, 2023

Fiction n°046 – Septembre 1957

Festival d’inédits demeurés introuvables depuis, pour ce numéro de rentrée 1957 de Fiction.

 

Attention, clic droit droit devant !

Sommaire du Numéro 46 :


NOUVELLES

 

1 - Yves DERMÈZE, "Rien que nous deux", dit le robot, pages 3 à 21, nouvelle

2 - Robert COHEN, Désertion, pages 22 à 28, nouvelle *

3 - Gene HUNTER, Le Voyage (Journey, 1951), pages 28 à 37, nouvelle, trad. Bruno MARTIN *

4 - Reginald BRETNOR, Le Passé avec ses morts (The Past and Its Dead People, 1956), pages 38 à 59, nouvelle, trad. Roger DURAND *

5 - Albert BILDER, Cache-cache, pages 60 à 62, nouvelle *

6 - Zenna HENDERSON, La Boîte à voir tout (The Anything Box, 1956), pages 63 à 75, nouvelle, trad. Roger DURAND *

7 - Stuart PALMER, Ce que femme veut... (Bottle babe, 1956), pages 76 à 86, nouvelle, trad. Roger DURAND *

8 - J. T. McINTOSH, Les Moutons et les loups (The Man Who Cried "Sheep!", 1955), pages 87  à 118, nouvelle, trad. François PAGERY *

 

CHRONIQUES


9 - Marcel BRION, En marge du Festival de Bordeaux : L'Art Fantastique (suite et fin), pages 119 à 124, article

10 - Dr. Robert VOLMAT, Abord Psychopathologique de l'Art Fantastique, pages 124 à 128, article

11 - Jacques PINTURAULT, Notes sur un festival du cinéma fantastique à la Cinémathèque Française, pages 129 à 133, notes

12 - M. R., Éditions de Luxe, pages 135 à 135, article

13 - (non mentionné), Service bibliographique étranger, pages 136 à 137, article

14 - F. HODA, Le Premier film français de S.F., pages 139 à 140, article

 

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

 

 

A noter la mention dans le sommaire en page 2 d'un article ("La S.F. dans l'œuvre de Maurice Leblanc" par Jacques Van Herp) qui ne figure pas dans ce numéro mais dans le n° 47....

 

A propos des couvertures de Rose Gauthey (extrait du numéro 46) :

Nécrologie

Nous avons appris avec peine la mort brutale de Mme Rose Gauthey, collaboratrice de notre revue. Mme Rose Gauthey était une jeune dessinatrice au talent de laquelle nous avions fait appel pour l'illustration de nos couvertures depuis le mois de mai dernier. La couverture du présent numéro est la dernière qu'elle avait réalisée pour nous. Nous prions tous les siens de trouver ici nos condoléances émues.


« Rien que nous deux », dit le robot, par Yves Dermèze, demeure une bonne nouvelle, malgré des aspects chrétiens un peu prévisibles, et des inspirations très 1957 (peur de la Bombe et satellites artificiels habités).

Cruauté temporelle pour Désertion, par Robert Cohen, bonne petite nouvelle sans prétention.

 

« Il avait horreur du bureau et il détestait Madge. Il détestait la Pontiac décapotable qu'il conduisait pour aller au travail et en revenir, chaque jour, et il avait horreur de sa maison dans le faubourg de Sierra Bonita. Il se rappelait les discussions qui avaient accompagné l'établissement des plans. Il voulait un style espagnol, en stuc, – et Madge préférait le style colonial. Ils vivaient donc dans une maison de style colonial. »

Ce passage, qui nous a fait évoquer pour notre part la chanson des Talking Heads " Once in a lifetime ", extrait de la nouvelle  Le voyage, par Gene Hunter, en résume le propos : l'insatisfaction des parcours de vie.

Ces deux nouvelles sont présentées en doublon, mais leur rapprochement est tout de même un peu exagéré. Bien que traitant tous deux de voyage dans le temps, leurs sujets profonds n'ont rien à voir. Seul le passage inexpliqué d'un temps à un autre – sans aide scientifique ni mécanique - les relie, et en font deux nouvelles fantastiques. (« Il est peut-être arrivé quelque chose à Inglewood ce jour-là… ou plutôt ce matin. Peut-être qu'une petite secousse sismique a dérangé quelque chose dans le temps ou dans l'espace. » - Time's out of joints, comme disait Shakespeare. Ou bien peut-être un tremblement de temps à la Kurt Vonnegut.)

Reginald Bretnor, qui nous avait habitué à son humour très british, étonne dans Le passé avec ses morts, au ton particulièrement cruel, dans une nouvelle à la lisière du fantastique, à l'ambiance et au déroulé particulièrement bien travaillés - comme dans les histoires de Jean-Louis Bouquet. Un morceau d’anthologie hélas demeuré inédit depuis.

Cache-cache, par Albert Bilder, est une bonne et courte nouvelle sur la relativité des perceptions et des points de vue. On pensera au "Péril bleu" de Maurice Renard.

On retrouve le ton plaisant d'institutrice bienveillante propre à Zenna Henderson dans La boîte à voir tout, nouvelle traitant métaphoriquement des pouvoirs de l'imagination.

Nous évoquions les chemins de vie insatisfaisants avec Le voyage, mais à l’inverse se contenter d'une vie tiède peut-il prémunir contre le désir ? Un curieux point de vue que Ce que femme veut…, par Stuart Palmer, nous donne envie de bousculer.

Pour finir avec les histoires de ce numéro 46, une novella de J. T. MacIntosh, Les moutons et les loups, qui reprend à bon compte tous les poncifs des récits d'espionnage à la Ian Flemming, avec une petite touche science-fictionnelle qui rappellera, à travers le narrateur "psychostatisticien", les psychohistoriens d'Asimov de son cycle Fondation. On appréciera cette fois chez MacIntosh un ton badin assez rafraîchissant.


Côté articles, outre un "La S.F. dans l'œuvre de Maurice Leblanc" par Jacques Van Herp mentionné dans le sommaire mais curieusement absent du numéro (il paraîtra dans le numéro 47), L'art fantastique clôt la première partie parue dans le numéro précédent, et nous abreuve d’une formidable analyse du brillant Marcel Brion sur le fantastique en peinture (principalement), en en décryptant les grands thèmes.

On aurait aimé en dire autant de Abord psychopathologique de l'art fantastique, par le Dr Robert Volmat, mais son aperçu des signes psychopathologiques que peuvent révéler les peintures fantastiques demeure très survolé quand Brion, lui, se permet d'aller beaucoup plus loin.

Une dernière note, concernant le film de Pierre Kast « Un amour de poche » dont F. Hoda trace d’emblée le dithyrambe, le sacrant « Premier film français de SF » dans sa rubrique habituelle, ce qui est sans doute exagéré, mais doit être mis sur le compte de la « nouveauté » toute relative du genre nommé « science-fiction » (nonobstant qu’en France le genre préexistait bien avant cette dénomination). Le film peut être vu chez nos amis archivistes de l’UFSF ici même !

 ADDENDUM de novembre 2023 : La critique de F. Hoda de ce film dans le Fiction n°51 (février 1958) :

« Un amour de poche », le film de Pierre Kast, constitue à mon sens le premier essai de science-fiction fait en France depuis la guerre. En effet, pendant l'occupation une autre tentative avait été faite : André Zwoboda, partant des hypothèses de la relativité » revues et corrigées par les producteurs de l'époque, réalisa « Croisières sidérales » (1943). Il n'y a aucune commune mesure entre ces deux productions. Certes nous ne nous attendions pas en regardant « Un amour de poche » à un échec : nous connaissions déjà le talent de Pierre Kast et de France Roche. C'est justement pourquoi, je l'avoue, j'ai été quelque peu déçu. Le film m'a paru timide (du point de vue de la SF évidemment), les auteurs et les producteurs n'ayant pas voulu effrayer le grand public pour qui la SF, nous dit-on, est devenu synonyme de mauvais film d'épouvante. L'élément scientifique se trouve ainsi réduit au strict minimum et tout au long de la projection on sent que France Roche se refuse à tirer toutes les conséquences des prémisses de son scénario, qu'elle se censure elle-même pour rendre l'entreprise acceptable à ses producteurs. À cet égard puis-je me permettre de souligner que lesdits producteurs ont tort lorsqu'ils croient que la comédie de SF n'a pas de public : qu'ils aillent voir « Chérie je me sens rajeunir », de Hawks, et qu'ils laissent libre cours à la fantaisie des cinéastes épris de SF Car, comme les lecteurs de Fiction le savent, France Roche et Pierre Kast sont des fictionnistes de longue date. Avant même que les revues de SF eussent parues, avant même que le Rayon Fantastique vint allonger nos bibliothèques, ils fondaient avec Raymond Queneau, Stephen Spriel, Boris Vian et quelques autres le fameux « Club des Savanturiers » qui ouvrit la voie au genre en France.

Ce que je reproche principalement au film de Kast et de France Roche, c'est de rester trop mesuré en ce qui concerne le comique découlant de l'élément scientifique, c'est de donner trop d'importance au côté comédie d'amour, avec les ficelles habituelles du genre, c'est en un mot, d'essayer de satisfaire les désirs des producteurs… Malgré cela « Un amour de poche » ne ressemble pas aux autres comédies et constitue une entreprise non seulement sympathique mais aussi fort intéressante.

De quoi s'agit-il ?

Le liquide N. 734 du professeur Nordmann réduit les corps 25 fois en les pétrifiant. Cette découverte peut changer la face du monde : voyages de 1 000 personnes dans un seul panier, fin de la crise du logement en faisant coucher 10 000 personnes dans une seule pièce… etc. Malheureusement tout cela reste dans le dialogue. Quoiqu'il en soit, pour des raisons particulières le professeur est obligé de garder le secret sur son invention. Et celle-ci à défaut du monde bouleversera sa vie privée, en lui permettant de réaliser le rêve de tout homme : avoir dans sa poche la femme qu'il aime. Le professeur comprendra qu'il n'aime pas sa fiancée. Mais cette dernière veut se venger de l'assistante qui essaie d'enlever son futur mari. Dès lors le film devient assez banal, sans perdre pour autant son intérêt. De temps en temps l'intervention du N. 734 rallume les rires. De même que les trop brèves apparitions de Jean-Claude Brialy. Voilà un acteur qui promet. Jean Marais emportera l'adhésion de ses admirateurs. Quant aux actrices : Geneviève Page, Agnès Laurent et… France Roche, elles sont fort jolies et se tirent très bien d'affaire.

Pour mieux expliquer les origines du film je donne la parole à Pierre Kast en reproduisant ici une partie de ses déclarations à notre ami Pierre Billard, parues dans « Cinéma 57 » (n° 22) : « Ce n'est pas un sujet qu'on a choisi pour moi. C'est un sujet que nous avons choisi ensemble, France Roche et moi, il y a environ 4 ou 5 ans et qui était une de nos préoccupations du moment ; une certaine fantaisie plus ou moins en rapport avec la SF, mais non pas la SF comprise comme la grande fantaisie interplanétaire ou comme le dépaysement magique, mais comprise comme une petite distraction logique. Ce film ne s'inscrit pas dans le cadre du cinéma fantastique. C'est un film commercial destiné au grand public. C'est une comédie de mœurs, une comédie de situation et nous avons pensé qu'il y avait dans le sujet tel que nous l'avions lu dans une nouvelle américaine parue en 1920 une certaine possibilité de fantaisie. La nouvelle elle-même était d'ailleurs traitée d'une manière scientifique et ne concernait pas du tout les problèmes sentimentaux. Nous avons transféré l'intrigue dans le domaine des sentiments, pour aboutir à un sujet de comédie que nous estimions plaisant et distrayant ».

Ces buts, France Roche et Pierre Kast les ont parfaitement atteints. À cet égard leur entreprise constitue un succès complet. Bien plus, ils nous apportent, chacun d'eux, la preuve, s'il en était besoin, de leur talent et de leurs possibilités. Mais en tant que science-fictionniste acharné ils me permettront de ne pas porter de jugement sur leur film. Je les attend. Car je suis sûr qu'ils feront un jour ou l'autre le film de science-fiction pure qui habite en chacun de nous.

Un amour de poche.

Réalisation : Pierre Kast. Scénario, adaptation et dialogues : France Roche, d'après la nouvelle de Waldemar Kaempfert. Isnages : Ghislain Cloquet. Interprétation : Geneviève Page, Jean Marais, Agnès Laurent, Regine Lovi, Araédée, Pasquali » Jean-Claude Brialy. Distribution : Gaumont, 1957.

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