23 février, 2022

Fiction n°006 – Mai 1954

Notoriétés en ombres et lumières très contrastées pour les auteurs qui constituent ce numéro. « A croire que Dorémieux se cache dans une forêt d’anonymes » aurait pu dire Jacques Sadoul…


 Sommaire du Numéro 6 :

NOUVELLES

 1 - Max DANCEY & G. Gordon DEWEY, L'Étrange visiteur (Two-way stretch, 1953) , pages 3 à 35, nouvelle, trad. (non mentionné)

2 - Lion MILLER, Le Réacteur Worp (The available data on the Worp reaction, 1953) , pages 36 à 39, nouvelle, trad. (non mentionné)

3 - Maurice RENARD, Le Brouillard du 26 octobre, pages 40 à 65, nouvelle

4 - Alain DORÉMIEUX, Le Chemin sur la route, pages 66 à 70, nouvelle

5 - William Lindsay GRESHAM, L'Usine à poussière de rêves (The Dream Dust Factory, 1947) , pages 71 à 85, nouvelle, trad. (non mentionné)

6 - Robert Moore WILLIAMS, La Puissance suprême (Aurochs Came Walking, 1953) , pages 86 à 102, nouvelle, trad. (non mentionné)

7 - Arthur PORGES, Le Libérateur (The Liberator, 1953) , pages 103 à 111, nouvelle, trad. (non mentionné)

CHRONIQUES

8 - Jean-Jacques BRIDENNE, Jules Verne, père de la science-fiction ? / I. L'imagination scientifique chez Jules Verne, pages 112 à 115, article

9 - Jacques BERGIER & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 116 à 119, critique(s)

10 - F. HODA, Science-fiction et court métrage, pages 121 à 121, article

11 - COLLECTIF, Courrier des lecteurs, pages 123 à 123, courrier

 

Rapport du PReFeG :

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  • Vérification et mise à jour des liens internes
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Mise en gras les titres in Revue des Livres
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

 

Nous le constatons : quelques auteurs obscurs côtoient de grandes pointures dans ce numéro 6 de la revue Fiction.

Côté cadors, Maurice Renard mériterait une plus grande notoriété, au moins autant que Rosny-Aîné ou Wells, tant son œuvre est novatrice, d’une littérarité sans faille, érudite et visionnaire. L’éloge que lui font les chroniqueurs de Fiction en est témoin :

« (…) nous voulons faire une place, parmi les écrivains de l’époque contemporaine, à l’un de ceux que nous considérons comme l’un des maîtres incontestables de ce genre, et qui est malheureusement déjà trop oublié de nos jours. Et pour cause ! Tous les livres de Maurice Renard sont actuellement épuisés et introuvables. (…) il est vraiment regrettable de penser que, à l’heure actuelle, à un moment où ce genre de littérature semble vouloir se répandre davantage sous l’influence de la poussée américaine, aucun éditeur français n’ait encore songé à republier les œuvres magistrales de Maurice Renard. (…) sa vocation (…) lui avait été révélée dès l’enfance, par la lecture des contes d’Edgar Poe. (…) Avec Rosny Aîné, il reste jusqu’à maintenant le maître incontesté du roman scientifique français de ce siècle, roman dont il a donné lui-même la définition suivante : « Une fiction qui a pour base un sophisme ; pour objet, d’amener le lecteur à une contemplation de l’univers plus proche de la vérité ; pour moyen, l’application des méthodes scientifiques à l’étude compréhensive de l’inconnu et de l’incertain. » (in Fiction n°2 – décembre 1953)

Renard fait bien partie des grands maîtres - mais sans le travail de certains éditeurs, il aurait malheureusement pu tomber aux oubliettes.

A propos des travailleurs de la S.F., l’entrée au sommaire du jeune Alain Dorémieux (21 ans en 1954) n’a rien de fortuite. Relecteur, traducteur de Dick, Matheson, Leiber…, dès les premiers numéros de Fiction, il rejoindra très vite l’équipe de chroniqueurs de la Revue des livres, et n’hésitera d’ailleurs pas à contredire parfois Bergier et Maslowski, les désintégrateurs en place. En décembre 1958, il obtient la direction de la revue, et ce jusqu’en 1974. Il sera également le responsable éditorial de la reprise de Galaxie par les éditions OPTA en mai 1964 (la fameuse « 2ème série »). Infatigable cheville ouvrière et directeur des prestigieuses collections S.F. chez OPTA (Galaxie-Bis et C.L.A. dans les années 60, Nebula dans les années 70), il sera l’une des grandes figures de l’essor de la S.F. française, avec Gérard Klein et Michel Demuth, pour ne citer qu’eux. Un prix littéraire décerné aux premières œuvres S.F. porte son nom depuis 2000.

Du côté « obscur », ce numéro fait aussi la part belle à des auteurs restés dans l’ombre.

Max Dancey, pseudonyme de Peter Grainger, dont même l’érudit Jacques Sadoul avoue ignorer tout, en précisant que « cet auteur collabora assez régulièrement à Amazing et Fantastic Stories dans les années 40. ». L’anthologiste Demetre Ioakimidis ("La grande anthologie de la Science-Fiction", au Livre de Poche) apporte quelques bribes de renseignements supplémentaires (in « Histoires de paradoxes ») :

« Né en 1916. A écrit dans divers domaines, notamment pour la télévision américaine, et sous divers pseudonymes. Dans les magazines de science-fiction, sa signature n’est apparue qu’en 1953 et 1954, en particulier auprès de celle de G. Gordon Dewey. »
Sur G. Gordon Dewey qui co-signe la nouvelle qui ouvre ce n°6 de Fiction, Ioakimidis est encore plus laconique : « Né en 1916. À part quelques années où il fut pianiste professionnel, s’est consacré à une activité d’écrivain, dans divers domaines. A publié quelques récits de science-fiction entre 1952 et 1954, notamment en collaboration avec Max Dancey. ».

On poursuit l’appel des lieutenants de  « l’armée des ombres de la S.F. » en évoquant Lion Miller, dont l’unique nouvelle, reprise dans « Histoires de machines » (toujours au Livre de poche), nous permet d’y débusquer cette non-information : « Miller (Lion). – Cette signature n’apparut qu’une seule fois dans un périodique de science-fiction en 1953 : pseudonyme, ou essai unique ? ». Nous pourrions presque nous féliciter de pouvoir lire son œuvre complète traduite en français avec ce numéro !

Robert Moore Williams (6 nouvelles publiées en France) « né en 1907, il effectua des études de journalisme et écrivit à partir de 1937 des récits se rattachant généralement au domaine du space opera. » (in Histoires de Pouvoirs – Livre de Poche).

William Lindsay Gresham a eu le privilège d’être tout récemment réédité en France, et ce grâce aux efforts louables de la maison d’éditions Le passager clandestin et de leur collection de (re)découverte de textes de SF d’antan : « Dyschroniques ».  On peut lire dans cette réédition du « Peuple du grand chariot » (février 2021 – nouvelle initialement publiée dans le numéro 4 de Fiction en mars 1954) :

« William Lindsay Gresham est né en 1909 à Baltimore, dans le Massachusetts. L’existence de Gresham est complexe et tourmentée. Tour à tour attiré par le communisme, la psychanalyse, le christianisme ou le bouddhisme zen, il a plusieurs cordes à son arc, entre ses débuts en tant que guitariste et chanteur de folk itinérant, son activité d’écrivain, de journaliste et de rédacteur en chef pour divers magazines, son goût pour la magie, qu’il pratique en amateur et dont il se fait l’historien à ses heures, sa science des jeux de cartes et son attrait pour la voyance à travers le Tarot et la découverte du Yi jing…

En 1937, Gresham est infirmier volontaire dans le camp républicain lors de la guerre d’Espagne. Il y fait la connaissance de Joseph Daniel « Doc » Halliday, un marin, infirmier et ancien employé de spectacles itinérants, qui lui enseigne la culture et le langage des forains (les « carnies » ou employés des travelling carnival, les fêtes foraines étatsuniennes), matière qui nourrira bientôt ses écrits. (…) En 1946, Gresham publie son œuvre la plus célèbre, Nightmare Alley, roman noir situé dans l’univers des fêtes foraines de seconde catégorie, où se côtoient petits escrocs, monstres de foire et redoutables femmes fatales. Le livre est un succès et est reconnu aujourd’hui comme un chef-d’œuvre du genre. Il est adapté au cinéma en 1947, avec Tyrone Power dans le rôle principal (une nouvelle adaptation serait en cours de préparation, sous la direction de Guillermo del Toro) ; il est publié en français en 1948 sous le titre Le charlatan (Julliard) et réédité dans la « Série noire » de Gallimard en 1997. (…) Outre ses nombreux articles en tant que journaliste, il publie aussi quantité de nouvelles relevant aussi bien du noir ou du policier que de la science-fiction, dans un nombre incalculable de magazines de l’époque. (…)  Fasciné par le spiritisme (dont il a traqué et montré les supercheries), rallié à la foi chrétienne, membre des Alcooliques anonymes, Gresham souffre sa vie durant de tuberculose, de troubles mentaux et de dépression. À moitié aveugle et atteint d’un cancer de la langue, il met fin à ses jours, oublié du public, dans une chambre d’hôtel de Manhattan, le 14 septembre 1962. »

La sortie toute récente de « Nightmare alley », réalisé par Guillermo del Toro, relancera peut-être l’intérêt éditorial pour cet auteur effectivement particulier.

16 février, 2022

Galaxie (1ère série) n°005 – Avril 1954

Peu d’auteurs de premier plan pour ce numéro 5, à l’exception de Theodore Sturgeon, et pourtant !…

Testez donc l’étanchéité de ce dôme

à coup de clic-clic, pour voir…


Horace L. Gold, qui signe la première nouvelle du fascicule, fut surtout le fondateur et l’éditeur de la revue Galaxy (dont est issue cette édition française). C’est à lui que l’on doit surtout d’avoir publié une science-fiction différente de celle que proposaient depuis de nombreuses années des revues comme Amazing Stories ou Analog. Là ou ses prédécesseurs s’étaient contentés souvent d’anticipation scientifique ou de récits de chevalerie spatiale, Gold introduisit en effet (avec des auteurs comme, pour ne citer qu'eux, Sheckley ou Sturgeon) une S.F. satiriste, humoristique, humaniste, spéculative.

Gold exercera ses fonctions d’éditeur à Galaxy jusqu’en 1959, puis cèdera son siège à Frederik Pohl (excusez du peu !).

William Morrison, le signataire de la seconde nouvelle, est un pilier de la revue – à tel point qu’on peut parfois lire dans certains sommaires un laconique « par W.M. » quand une autre nouvelle de Morrison est présente au sein du même numéro.

Murray Leinster est un auteur très prolifique. On lui prête l’invention en S.F de la notion de « monde parallèle ». On lui doit aussi le roman qui inspira la série TV « Au cœur du temps » (et sa spirale sans fond...) dont il écrira quelques scripts.

Pour finir ce numéro, « Les amphibies » de Kurt VONNEGUT Jr., malgré l’adaptation un peu trop libre du texte d’origine, demeure une nouvelle bien dans le ton de cet auteur, avec ses va-et-vient dans la chronologie et une narration construite sur des enchaînements disgressifs d'idées plutôt que sur la trame des faits, et le tout avec beaucoup d'humour ! Il s’agit surtout de la première nouvelle de Vonnegut publiée en France. Il faudra attendre 1963 et le roman « Les sirènes de Titan » chez Denoël pour découvrir enfin cet auteur hors-normes de notre côté de l’Atlantique.

Sommaire du Numéro 5 :

NOUVELLES

1 - Horace L. GOLD, À son poste (At the Post, 1953) , pages 7 à 43, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par VIDMER

2 - Theodore STURGEON, Mr Costello, héros (Mr. Costello, Hero, 1953) , pages 44 à 68, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

3 - William MORRISON, Un juge modèle (The Model of a Judge, 1953) , pages 69 à 79, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par (non mentionné)

4 - Murray LEINSTER, Les Sentimentaux (The Sentimentalists, 1953) , pages 80 à 118, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Mel HUNTER

5 - Kurt VONNEGUT Jr, Les Amphibies (Unready to Weare, 1953) , pages 119 à 124, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par SOSSMAN (ou SUSSMAN)

 

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14 février, 2022

Cadeau Bonus spécial Saint Valentin : "Le triangle à quatre côtés" - William F. Temple 1949 (VF 1952)

Pour son deuxième cadeau bonus (le premier est ici), en ce jour dédié aux amoureux, nous vous proposons un roman publié en France en 1952, numéro 7 de la collection Le Rayon Fantastique, puis réédité 26 ans plus tard (en 1978, donc...) chez Presse Pocket. C'est ce volume que nous vous proposons en format epub, comme toujours ici.

William Frederick Temple (1914-1989) a très peu été traduit en France. "Le triangle à quatre côtés" est son roman le plus connu, et a été adapté au cinéma dès 1953 par le grand Terence Fisher.

La télévision française n'est pas en reste, puisque ce même roman a été adapté pour FR3 en 1982 dans la mini série "De bien étranges affaires".

Deux nouvelles de Temple sont parues en France, l'une dans l'anthologie historique "Escales dans l'infini", jamais rééditée depuis 1954 (suivre le lien pour voir notre article la concernant), l'autre dans le volume "Histoire d'extraterrestres" dans La Grande Anthologie de la Science-Fiction (Livre de poche).

Quant au roman proprement dit, je ne vous cache pas qu'il déborde d’eau de rose, sans être toutefois de la teneur d'un "Collection Harlequin". L'intrigue globale pourrait être résumée ainsi : "Quand Pygmalion rencontre Frankenstein". 

Deux savants un peu en marge (comme ceux que la « littérature d’anticipation scientifique » aimait tant déployer) découvrent le secret de la « réplication » de la matière, au point de parvenir à créer des répliques absolument parfaites de toute forme inerte… Bill (le plus « hanté » des deux) et Robin (l’aristocrate à qui tout a toujours souri) ne nourrissent que des objectifs nobles et humanistes : produire depuis le néant des matières premières rares et nécessaires à des fins thérapeutiques, ou copier en série les plus merveilleuses œuvres d’art pour les rendre accessibles aux plus modestes des foyers. Le risque de pouvoir dorénavant reproduire des armes atomiques (nous sommes à l'aube des années cinquante) voire des soldats en garnisons infinies en nombre, est contrebalancé par un étayage philosophique et métaphysique, parfois un peu redondant dans le roman, souvent personnifié dans la présence rassurante et paternelle du narrateur, un médecin de campagne à la retraite affectueusement baptisé « Doc », qui ne laisse pas de toujours prévenir nos deux jeunes amis des dangers d’une science sans conscience.

Nos deux jeunes gens, pour parfaire le cliché du scientifique coupé des contingences matérielles de la vie dite « quotidienne », sont célibataires. Or, Doc sauve un jour une jeune femme, Lena, d’un suicide, et n’a plus d’autre projet que de rendre à Lena sa joie de vivre en lui proposant pour but à sa vie de seconder les savants, de s’occuper de leur foyer (qui doit sentir le thé froid et la chaussette sale), et « plus si affinité ». Ça ne rate pas, la jeune femme séduit d’emblée le duo d’apprentis « réplicateurs », et sa présence est pour beaucoup dans la réussite de leurs expériences.

Eau de rose, disions-nous… Car l’amour va s’en mêler. Je ne vous cache pas ce que le titre sous-entend déjà, il pourrait s'agir d'un ménage à trois, mais la réplication va bouleverser la donne.

Le style de Temple est simple, agréable, très axé sur les dialogues (et l'on comprend la tentation d'en faire une adaptation cinématographique). Mais une mention plus spéciale revient au personnage féminin, Lena, indépendante, audacieuse, iconoclaste et imprévisible, qui fait tout le sel de cette romance (car c'en est une), et contrebalance agréablement la phallocratie guindée des deux savants et de leur "mentor" que représente Doc.

Une candide plongée dans l'immédiat après-guerre britannique, qui peinait à reconstituer son optimisme et sa sérénité.

ADDENDUM : Boris Vian nous parle du « Triangle à quatre côtés »

Boris Vian est bien connu pour sa modernité et son esprit profondément iconoclaste. Il parait presque évident qu’il se soit intéressé de près à ce « genre nouveau » qu’était la science-fiction dans les années 50 en France. Bien qu’on puisse ouvrir le débat sur cette soi-disant nouveauté de genre, différons cette problématique (brillamment étayée par Serge Lehman, au passage) pour nous pencher d’un peu plus près sur les propos de Boris Vian.

Plusieurs articles, compilés dans l’ouvrage « Cinéma science-fiction » chez Christian Bourgois, révèlent sa fascination pour la science-fiction. Or, il est amusant de constater que lorsque Vian cite des ouvrages, il s’agit toujours des mêmes, et ce malgré le passage des années. « Le monde des /A » de Van Vogt revient toujours (sans surprise : c’est Vian lui-même qui l’a traduit en français), mais aussi « Demain les chiens » de Simak, ou encore… « Le triangle à quatre côtés ».

(…)on s'aperçoit aussitôt que l'on  tombe, à l'intérieur de S.F., sur des subdivisions  absolument identiques à celles de la littérature  « réelle », ou tout au moins dont les éléments sont  terrestres, actuels ou passés. (…) il y a les  histoires d'amour... mais qu'elles sont peu nombreuses! Cependant, quelques-unes, comme Four-sided Triangle, apportent, on peut le dire, des éléments  nouveaux et valables.

(in « Un nouveau genre littéraire : la science-fiction » - en collaboration avec Stephen Spriel / Michel Pilotin ; Les temps modernes n°72 – octobre 1951)

Certes, les romances de science-fiction (authentiquement d’un genre ou de l’autre s’entend) ne sont pas légions. En 1951, le roman de Temple n’était pas encore traduit ; est-ce cette allusion de Vian qui a poussé Jacques Papy à le faire pour la collection « Le rayon fantastique » ? Contentons-nous de cette conjecture, et voyons ce que Vian en dit en 1953, quelques temps après sa parution en français. (Attention : divulgachage)

(…) comment ne pas  se réjouir de découvrir des thèmes tels que celui du Triangle à quatre côtés (roman assommant et raté,  mais dont le sujet est merveilleux : jugez-en! Deux  hommes, dont un biologiste génial. Une femme. Elle  aime l'autre. Solution : le biologiste décide de la  duplicater, d'en créer une réplique exacte. Il n'a  oublié qu'une chose, c'est que son travail étant parfait, la réplique aime aussi l'autre !... N'est-ce pas une  tragédie à écrire pour Racine ?)

(in « Aimez-vous la science-fiction ? » ; La gazette de Lausanne, 28-29 novembre 1953)

Roman « assommant et raté », le couperet tombe, ici on désintègre aussi. Et pourtant… pour un roman assommant et raté, Vian le citera une troisième fois, cinq ans plus tard, dans une interview croisée avec le cinéaste Pierre Kast. (Attention : divulgachage)

(…) Un élément nouveau qui apparaît  dans une situation classique, c'est un des termes de  la « fiction ». Une situation classique où, par exemple, tout d'un coup, on peut reculer dans le temps -  ou un problème comme celui du Triangle à quatre  côtés : le problème des deux savants qui sont amoureux de la même femme. Rien de plus simple pour  résoudre le problème, se dit l'un : il fabrique une  seconde femme exactement pareille mais, comme elle est exactement pareille, elle aime également le même.  Rien n'est résolu. 

 C'est exactement l'introduction d'une nouvelle  variable. Justement, la modification de la fonction  n'est pas ce que l'on avait prévu bêtement. C'est ce  que l'on aurait pu prévoir mathématiquement.

(…) Par exemple, reprenons le Triangle à Quatre  Côtés, c'est un admirable sujet de film, qui se passe  entre quatre personnages, dans un seul décor. C'est de cela qu'ils ne se rendent pas compte, c'est que l'esprit même de la fiction scientifique, l'esprit même  de l'aventure scientifique est un esprit qui est lié à  un renouvellement complet des schémas, un renouvellement complet des thèmes, un renouvellement  complet des situations dans les films, et que ce n'est  pas obligatoirement dans le Châtelet; il ne s'agit pas  obligatoirement de faire Ben-Hur dans les étoiles.  Ben-Hur c'est cher, Ben-Hur dans les étoiles sera aussi  cher.

(in « Pierre Kast et Boris Vian s'entretiennent de la science-fiction » interview menée par André S. Labarthe ; L'Ecran n° 1, janvier 1958.)

Un « admirable sujet de film ». Vian n’a manifestement pas vu l’adaptation de Terence Fisher en 1953. Petit budget, en effet, mais S.F. assurément !


09 février, 2022

Galaxie (1ère série) n°004 – Mars 1954

Nous retrouvons pour ce quatrième numéro de Galaxie Clifford D. SIMAK pour la fin de « Dans le torrent des siècles », ainsi que John CHRISTOPHER, et Robert SHECKLEY (que l’on retrouve aussi en ce même mois de Mars 1954 dans le numéro 4 de Fiction ). Première publication en français de J. T. McINTOSH, auteur méconnu en France et très peu traduit en volume (« Monde en oubli » - traduit en France en 1963 pour la collection Le rayon fantastique, date de 1953 - et « Les sorciers de l’espace » - paru en 1976 dans la collection Super Fiction chez Albin Michel, date de 1972 – ces deux romans n’ont jamais été réédités depuis…). McIntosh sera toutefois régulièrement édité dans Galaxie et Fiction, quelquefois même avec des romans scindés en épisodes.

Notons aussi l’apparition de la rubrique « Ce que vous devez savoir » de Willy LEY, que nous retrouverons régulièrement dans les pages de la première série de Galaxie. Ley (1906-1969) fut un grand vulgarisateur de la recherche aéronautique. Un cratère sur la face cachée de la Lune porte son nom en son honneur.


Sommaire du Numéro 4 :


NOUVELLES

 1 - Robert SHECKLEY, Septième victime (Seventh Victim, 1953) , pages 7 à 18, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

2 - Clifford D. SIMAK, Dans le torrent des siècles (4ème partie) (Time Quarry (magazine, 1950) / Time and Again (volume, 1951), 1950/1951) , pages 19 à 47, roman, trad. (non mentionné), illustré par David STONE

3 - John CHRISTOPHER, Socrate (Socrates, 1951) , pages 48 à 60, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Peter BURCHARD

5 - J.T. McINTOSH, Made in U.S.A. (Made in U.S.A., 1953) , pages 70 à 93, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

6 - Peter PHILLIPS, Examen de passage (University, 1953) , pages 94 à 114, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par ASHMAN

7 - Edward WELLEN, Code des lois astrales Code des lois pénales (Origins of Galactic Law, 1953) , pages 115 à 122, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par David STONE

CHRONIQUES

4 - Willy LEY, Naissance des stations interplanétaires, pages 61 à 69, article, trad. (non mentionné)

Petit bonus : La nouvelle de Robert SHECKLEY, « Septième victime », a fait l’objet d’une adaptation cinématographique par Elio Petri en 1965 en Italie, avec Marcello Mastroianni et Ursula Andress, excusez du peu ! Vous pouvez retrouver le film et la fiche de Monsieur Cinéma sur l’excellent et pléthorique site de " L'Univers Etrange et Merveilleux du Fantastique et de la Science-Fiction " : MuadDib for ever... en clic-cliquant ICI.

 

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02 février, 2022

Galaxie (1ère série) n°003 – Février 1954

Avant-dernière partie du roman de Simak « Dans le torrent des siècles » dans ce numéro 03 de Galaxie, qui voit surtout publié pour la première fois en France une nouvelle de Richard Matheson, grand maître du format court, avec Fredric Brown que l’on retrouve aussi dans ce numéro sous le prénom de Frédéric, et également avec Robert Sheckley, pilier de Galaxie dont c’est aussi la première publication en France et qu’on retrouvera le mois suivant dans le numéro 4 de Fiction de Mars 1954.

Sommaire du Numéro 3 :

NOUVELLES

1 - Dave DRYFOOS, Passage du pont (Bridge Crossing, 1951) , pages 7 à 18, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Mark HARRISON

2 - Clifford D. SIMAK, Dans le torrent des siècles (3ème partie) (Time Quarry (magazine, 1950) / Time and Again (volume, 1951), 1950/1951) , pages 19 à 61, roman, trad. (non mentionné), illustré par David STONE

3 - Alan E. NOURSE, La Porte noire (The Dark Door, 1953) , pages 62 à 85, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par ASHMAN

4 - Richard MATHESON, Il rêve tout éveillé (When the Waker Sleeps / The Waker Dreams, 1950) , pages 86 à 99, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Paul PIERRE

5 - Robert SHECKLEY, Le Poison d'un homme (One Man's Poison / Untouched By Human Hands, 1953) , pages 100 à 111, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

6 - John CHRISTOPHER, L'Homme du destin (Man of Destiny, 1951) , pages 112 à 119, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Peter BURCHARD

7 - Fredric BROWN, Galerie des glaces (Hall of Mirrors, 1953) , pages 120 à 125, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par VIDMER

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