25 septembre, 2024

Fiction n°078 – Mai 1960

Un Poul Anderson demeuré inédit depuis la publication de ce numéro de Mai 1960 de Fiction, un Alain Dorémieux qui joue à cache-cache pseudo, et un lot de nouvelles SF (signées Sturgeon, Sheckley...) où l'on pressent déjà la mutation des grands thèmes, voilà de quoi se réjouir !

 

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Sommaire du Numéro 78 :

NOUVELLES
 


1 - Claude VEILLOT, Les Premiers jours de mai, pages 3 à 16, nouvelle

2 - Robert SHECKLEY, Retour aux cavernes (The Girls and Nuggent Miller, 1960), pages 17 à 27, nouvelle, trad. René LATHIÈRE

3 - Miriam Allen DEFORD, Dents pour dents (The Monster, 1960), pages 28 à 40, nouvelle, trad. René LATHIÈRE

4 - Anthony BOUCHER, Dialogue avec le robot (The Quest for Saint Aquin, 1951), pages 41 à 57, nouvelle, trad. René LATHIÈRE

5 - Victoria LINCOLN, Témoignage perdu (No evidence, 1958), pages 58 à 65, nouvelle, trad. Anne MERLIN *

6 - Pierre VÉRY, Le Yoreille, pages 66 à 79, nouvelle

7 - Theodore STURGEON, Le Singe vert (Affair with a green monkey, 1957), pages 80 à 89, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE

8 - Monique DORIAN (aka Alain DOREMIEUX), Vers un autre pays sans nom, pages 90 à 104, nouvelle *

9 - Poul ANDERSON, Et s'il n'en reste qu'un... (The Last of the Deliverers, 1958), pages 105 à 117, nouvelle, trad. René LATHIÈRE *

10 - Isaac ASIMOV, Suivez les instructions (Insert knob A in hole B, 1957), pages 118 à 118, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM 

CHRONIQUES


11 - (non mentionné), Notre référendum 1960 : Résultats du questionnaire de Mars, pages 119 à 121, chronique

12 - Demètre IOAKIMIDIS & Igor B. MASLOWSKI & Roland STRAGLIATI & Pierre VERSINS, Ici, on désintègre !, pages 125 à 132, critique(s)

13 - (non mentionné), Vu et lu…, pages 133 à 133, critique(s)

14 - COLLECTIF, Le Coin des spécialistes, pages 134 à 135, critique(s)

15 - F. HODA, Film sans utilité, pages 136 à 138, article

16 - JEAN-JACQUES, La Théorie unitaire de Jean Charon, pages 139 à 142, article

17 - Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX, Aux frontières du possible, pages 143 à 144, chronique


* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.


Les premiers jours de mai, par Claude Veillot (auteur déjà publié dans l'anthologie Fiction Spécial n°1) est une histoire d'invasion extraterrestre sinistre à souhait.

Retour aux cavernes répond assez à la nouvelle précédente sur l'isolement des "survivants post-apo". Ici, Robert Sheckley laisse supposer que la guerre originelle, la première mais aussi l'ultime, est la guerre des sexes. 

On appréciera particulièrement le savoir-faire de Miriam Allen deFord qui sait mener ses effets jusqu'à la phrase finale de Dents pour dents, dans ce qui semble être une histoire de croque-mitaine de plus. 

Dans Dialogue avec le robotAnthony Boucher se livre au même exercice que Walter Michael Miller et son Saint Leibovitz (voir Fiction n°27), avec toutefois moins de péripéties et plus de bavardage - principalement entre l'homme et sa créature qu'est le robot. Mais il s'agit surtout d'une démonstration de foi - un peu tautologique tout de même.

Témoignage perdu, par Victoria Lincoln est une très belle nouvelle de double, touchante et feutrée, qui ne prend rien au fantastique tout en usant complètement d'un de ses thèmes. Un ton sans pareil. 

« Deus nobis haec otia fecit : Un dieu nous a préparé ces loisirs »

(Citation tirée des Eglogues du poète Virgile (-37) servant de "gimmick" à la nouvelle "Le Yoreille"). 

On se doit de reconnaître un métier certain chez Pierre Véry, connu pour ses romans adaptés au cinéma tels "Les disparus de Saint-Agil" ou "Goupi mains rouges". Avec une aisance à manier, dans un style tout personnel, l'anticipation et les sujets imbriqués  - formant ainsi une peinture assez complète d'une société de l'avenir - le thème central dans Le Yoreille pourrait être celui du mutant, et pourrait même servir au récit de l'histoire du futur que dresse de son côté Nathalie Henneberg ; le style en est toutefois tout autre, et le ton plutôt humoristique.

Le singe vert semble comme écrite d'un trait, au sujet subtil et très "sturgeonnien" : la différence. Ici, il est question de l'homosexualité telle qu'elle pouvait être encore perçue au début des années 60, et Theodore Sturgeon s'en tire très habilement pour n'en tirer ni jugement hâtif ni condescendance - grâce à une pirouette toute SF mais légère. 

Une nouvelle débutante française dans « Fiction ». Cette jeune femme de vingt-cinq ans mérite l'attention, même si sa première histoire publiée n'échappe pas, dans son thème, à certains effets abusifs. Il nous semble en effet qu'elle a su créer un climat, ce qui est essentiel dans le domaine du fantastique, et le rendre à la longue fascinant. Son récit, qui raconte le glissement d'un être humain vers un monde intercalaire, évoque dans ses péripéties la logique trouble d'un cauchemar.

Bien que tirant un peu en longueur, Vers un autre pays sans nom est une nouvelle touchante. En effet, on pourrait plaisanter sur la posture de Dorémieux usant de son privilège de rédacteur en chef pour faire publier ses propres textes sous le pseudonyme de Monique Dorian. Mais lorsque l'on sait que cette histoire de dérive vers la folie et la décompensation psychotique a été écrite par Dorémieux et son épouse Monique (mariés en 1958), et que l'on apprend que celle-ci sera victime d'une maladie mentale lors des quelques années qui suivront, on ne peut que frémir à l'idée de la marche tragique et réelle, quasi prémonitoire, qui s'exprime ici.

La politique en SF sera bien ce qui marquera le genre durant ces années 60. Comme le précise la revue dans son introduction, "la science-fiction en principe ne fait pas de politique. Mais cela ne veut pas dire qu'elle doive s'abstenir de marquer la vanité de nos querelles politiques, ni le fait qu'elles sont peut-être appelées à disparaître un jour."

Dans Et s’il n’en reste qu’un…, Poul Anderson propose de décrire en creux une société future qui n'a ni persévéré dans le capitalisme, ni dans le communisme soviétique. 

— « Nous avons ce qu'il nous faut. » Le Maire se passait une main sur le ventre, « Même si l'on m'y obligeait, je ne pourrais pas manger plus que je ne mange à présent. »

On repensera bien sûr à "Marée montante" de Marion Zimmer Bradley (voir Fiction n°40, n°41 et n°42). Mais on y retrouve toujours, un peu par transparence, l'idéal de civilisation de Poul Anderson, un brin viking, où les hommes s'adonnent à la chasse et à l'artisanat, et les femmes à la cuisine.

Suivez les instructions est une petite blague d'Isaac Asimov à l'époque du "Do it yourself". 

Pour finir, dans la chronique ICI, ON DÉSINTÈGRE !, on remarquera l'entrée au comité de rédaction de Roland StragliatiTraducteur de Primo Levi, de Bram Stoker, de Leo Perutz… il sera également l'éditeur avec Jacques Goimard de la Grande anthologie du fantastique (Livre de poche). 



Rapport du PReFeG (Septembre 2024)

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Vérification du sommaire
  • Ajout de la page 122 annonçant le numéro spécial hors-série à paraître (repris du scan originel)
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Ajout du questionnaire dans le référendum 1960.
  • Note (12) ajoutée.
  • Vérification et mise à jour des liens internes
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro

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A suivre : Fiction n°079.

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