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Pour ce qui est de l'auteur, décédé en 2008, fort d'une bibliographie riche non seulement en romans de S.F. (plus d'une vingtaine), mais surtout en nouvelles (près de 70), voici ce qu'en disait l'Anthologie "Histoires de machines" (Livre de poche - 1974) :
" McIntosh (J. T.). – J. T. McIntosh – ou, parfois, M’Intosh – est le pseudonyme de James Murdock MacGregor, auteur écossais, né en 1925, qui fit ses débuts en 1950 et s’est fait connaître aux Etats-Unis autant qu’en Grande-Bretagne. J. T. Mclntosh recourt habituellement à des thèmes connus – envahisseurs cachés, imminence d’une catastrophe cosmique, mutation, etc. – qu’il traite principalement selon l’évolution psychologique des personnages. Il représente en quelque sorte la transition entre deux époques : celle au cours de laquelle seul un petit nombre d’auteurs britanniques trouvaient audience aux Etats-Unis, et celle qui les vit s’imposer outre-Atlantique en nombre toujours croissant."
"Monde en oubli" nous propose en effet la plongée dans la psychologie d'un citoyen de "basse extraction" qui a la particularité d'être... amnésique. Cela ne l'empêche pas d'agir sur un coup de tête alors qu'il rencontre l'une des plus influente citoyenne, par hasard (?), à la sortie d'un ascenseur, et qu'il lui prédit, avec un culot qui le surprend lui-même, qu'il finira par l'épouser.
Si la quête de soi-même est au cœur des premiers développements du roman, la suite entraîne le lecteur vers des considérations s'élargissant vers une intrigue plus cosmique, mais aussi plus conventionnelle. Malgré tout, on gardera surtout en mémoire cette société humaine factice, dans une ambiance qui préfigure les futurs écrits de Philip K. Dick ("Loterie solaire", ou encore "Simulacres").
En bref, un authentique roman de cette charmante époque charnière de la science-fiction qui, en cherchant à se définir par elle-même, s'ouvre un champ littéraire plus vaste et inattendu.
Le numéro 116 de Fiction, sous la signature de Demètre Ioakimidis, publiera une recension de l'ouvrage. Attention : divulgâchages …
Ce roman, dont l'auteur, écrivain écossais, est moins connu sous son nom véritable de James Murdock MacGregor, fut primitivement publié aux États-Unis il y a une dizaine d'années. Il est construit avec minutie pour ce qu'on pourrait appeler les « gros plans », mais manque de solidité lorsqu'il s'agit de vastes mouvements de foules. Conscient sans doute de sa faiblesse dans ce dernier domaine, l'auteur n'a évoqué des scènes de bataille que tout à la fin de son récit – et encore celles-ci sont-elles présentées au second degré, à travers ce qu'en apprennent des personnages retranchés dans une tour d'observation.
L'histoire est celle d'un homme qui se nomme Eldin Raigmore, qui apparaît soudainement dans une Amérique future, et qui n'a aucune mémoire de son passé. La découverte graduelle de ce qu'il est se déroule parallèlement à son ascension dans cette société au milieu de laquelle il se trouve jeté apparemment contre son gré. Il ne se passe pas beaucoup de temps jusqu'à ce que Raigmore se trouve dans une position de chef suprême au moment où la Terre est menacée d'invasion ; et il a appris, entre temps, qu'il est en réalité un agent des envahisseurs, dont il doit préparer l'arrivée.
Le récit n'est pas bâti en vue de quelque spectaculaire chute finale, car le lecteur est mis au courant des découvertes de Raigmore au fur et à mesure que celles-ci sont faites. Comme plusieurs autres écrivains britanniques de science-fiction – Arthur Clarke et John Wyndham par exemple – J. T. Macintosh présente son récit sur un rythme modéré, et en insistant sur le caractère humain de son protagoniste. Il n'y a aucun paradoxe dans l'emploi, ici, de cet adjectif humain : primitivement lancé sur la Terre sans la moindre aptitude à l'émotion, Raigmore se pénètre de plus en plus profondément du rôle qu'on attend de lui, se mêle avec tant d'intérêt à ces hommes dont il doit préparer la reddition finale, qu'il réussit à penser comme eux, et qu'il en arrive à éprouver leurs sentiments. De là à épouser leur cause, il n'y a assurément qu'un pas. Le mérite de l'auteur est d'avoir su rendre ce dernier vraisemblable, et aussi de présenter avec une logique satisfaisante la raison pour laquelle les Envahisseurs finiront par rebrousser chemin.
Le personnage de Raigmore est donc bien campé. Au commencement, il est une sorte de machine admirablement mise au point, qui raisonne parce qu'on l'a entraîné à le faire, et qui agit par analogie avec ce qu'il voit autour de lui, parce qu'il a été conditionné à observer. Mais la différence entre ce qu'il fait parce qu'il est logique de le faire, et ce qu'il eût dû faire parce que les exigences des émotions humaines ne sont pas toujours celles de la logique, cette différence le frappe d'assez bonne heure dans son comportement. Et, parce qu'il a été parfaitement bien entraîné, parce qu'il est parfaitement intelligent, Raigmore incorpore les émotions à l'appareil de son personnage. L'histoire d'amour que l'auteur a choisi de placer dans la carrière de son héros est à ce propos mieux qu'un ornement gratuit : elle contribue à cette « humanisation » du personnage.
Ceux qui gravitent autour de Raigmore n'ont que peu de relief, à l'exception de Margo Phillips – qui est, elle aussi, un agent des Envahisseurs : l'auteur s'intéresse davantage à l'évolution d'un individu plutôt qu'à l'examen approfondi d'une individualité. De ce fait, ce « Monde en oubli » tient principalement grâce à son personnage central. D'où la validité des « gros plans » mentionnés plus haut.
Pourtant, la société dans laquelle Raigmore se trouve placé n'est pas sans intérêt. Évidemment, sa structure est telle qu'il puisse en gravir tous les échelons dans le temps le plus bref possible, mais cette ascension est rendue vraisemblable par les Épreuves. Celles-ci sont un peu ce que les Jeux des non-A étaient dans le roman de van Vogt – il n'est aucunement invraisemblable que Macintosh se soit inspiré de son aîné : une série d'interrogations, d'exercices, de problèmes, dont l'évaluation très précise des résultats a été rendue possible par une longue observation des Épreuves antérieures. Cependant, là où van Vogt se contentait de jeter au lecteur une idée brillante en passant, et comme sans y attacher d'importance, Macintosh suggère par des scènes diverses et précises la structure de ses Épreuves. Leur existence exigerait des progrès considérables en psychologie et dans tous les domaines apparentés à cette science, mais elle n'est aucunement inconcevable fondamentalement.
Après avoir subi les Épreuves, au moment de son choix, chaque candidat se trouve classé, d'après ses résultats et, semble-t-il, pour toute sa vie. Cette dernière condition paraît plus difficilement acceptable que les autres, mais l'idée de chaque humain à la place qui serait objectivement la sienne ouvre des horizons assez intéressants à la spéculation : quelle serait la place de tel « grand » de notre monde dans le système de MacIntosh ?… Et, rapprochant à nouveau van Vogt de ce dernier, on peut aussi se demander ce que ferait un nexialiste comme Elliott Grosvernor dans ces Épreuves.
Le monde de ce roman, s'il est en oubli, n'est du moins pas stérile pour l'imagination du lecteur. Mais il est présenté comme une construction abstraite au moins autant que comme une réalité tridimensionnelle : dès qu'il s'agit de mettre en scène autre chose que les protagonistes ou leurs problèmes, l'évocation perd de sa clarté. Assurément, cela vaut mieux que la nomenclature pseudo-scientifique et arbitraire d'éléments du décor. J. T. Macintosh ne parle ni de tabac vénusien, ni d'extrait de schnourph contre la carie dentaire, ni de gelée de lamellibranches des canaux martiens. Mais on a l'impression que c'est un peu parce qu'il ne s'intéresse pas à la précision de son univers : celui-ci n'est pas bâti avec la minutie déployée par un Bester dans « L'homme démoli », ni même au moyen des éclairs d'un van Vogt dans « Les armureries d'Isher ». À tout prendre, les progrès scientifiques semblent assez peu nombreux, depuis le XXe siècle ; la principale amélioration est cette possibilité de classer rigoureusement les humains d'après leurs aptitudes combinées. Cependant, les changements qu'une telle possibilité entraînerait dans l'organisation sociale sont à peine évoqués ; l'auteur suggère que le crime, la misère et les injustices disparaîtront avec l'introduction d'Épreuves dans lesquelles on ne peut tricher, et s'en tient pratiquement là.
C'est donc d'un roman d'aventures qu'il s'agit ici en premier lieu, d'un roman d'aventures bâti cependant avec passablement de logique. À cet égard, il mérite certainement d'être lu, à cause de la rigueur avec laquelle l'auteur a présenté l'évolution de son protagoniste : c'est là que réside l'aventure véritable. Mais il est dommage qu'un soin analogue n'ait pas été apporté à la description de la société.
La traduction est fréquemment approximative ; à un point (p. 120), la version française parle d'une retransmission de télévision par l'Australie, alors qu'il est question de l'Autriche dans le texte original. Comme il s'agit de l'Orchestre Philarmonique de Vienne, celle-ci est tout de même plus vraisemblable. Il est cependant vrai qu'Austria et Australia se ressemblent, en anglais…Demètre Ioakimidis.
Pour info, J. T. McIntosh a co-scénarisé un unique film de SF vers la même époque, "Satellite dans le ciel" (1956), réalisé par le britannique Paul Dickson. Vous pouvez obtenir une copie du film sur l'incontournable site de "L'Univers Etrange et Merveilleux du Fantastique et de la Science-Fiction " : MuadDib for ever...".
o Monde en oubli (1963, roman, science-fiction) World Out of Mind, 1953
HACHETTE / GALLIMARD (Paris, France), coll. Le Rayon fantastique n° 109 (Dépôt légal : 1er trimestre 1963)
o Les Sorciers de l'espace (1972, roman, science-fiction) The Space Sorcerers / The Suiciders (aux USA), 1972
ALBIN MICHEL (Paris, France), coll. Super fiction n° 16 (Dépôt légal : 3ème trimestre 1976)
Retrouvez la bibliographie des nouvelles de J. T. McIntosh
parues dans les revues Fiction et Galaxie
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J.T. McINTOSH |
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