08 juin, 2022

Fiction n°016 – Mars 1955

 Nous dérogeons pour une fois à notre petite règle d'alterner cinq numéros de Fiction avec cinq numéro de Galaxie, pour des raisons de continuité. En effet, nous retrouvons là la suite du feuilleton "Une chance sur..." avec la première partie de "Brebis galeuses", par J. T. MacINTOSH, toujours d'un bon niveau. La problématique de la sélection se complexifie avec la tentation d'une prise de pouvoir despotique.

Moins sophistiqué qu'un clic de souris

pour enregistrer sa copie...

Quatre autres nouvelles seulement accompagne celle-ci. "Le guerrier dans les ténèbres", par LEVI CROW, nous fait entrer de plein pied dans la culture méconnue des amérindiens.  Un peu comme dans "Le peuple du grand chariot" de William Lindsay Gresham (voir Fiction n°4), voici une nouvelle où indiens et naufragés extraterrestres font bon ménage. Un peu candide toutefois.

"Le Robinson de l'espace", par ROGER DEE, poursuit ce thème de la rencontre avec une entité extraterrestre quasi-divine. Moins de candeur ici pour l'humain confronté à un vivant qui le dépasse dans l'entendement. Il y est intéressant de juger comment pousser un misanthrope notoire à servir le presque divin.

'Meurtre de Malou", par YVAN NOE, propose un développement un peu longuet pour une affaire d'ubiquité. Après la double-vue des indiens, nous voilà confronté à une double présence impossible.

Pour terminer, "La machine", par GABRIEL AUTHIER, dans la série "gare à la panne", demeure une sympathique nouvelle sur les dangers du tout-automatique.

Sommaire du Numéro 16 :

NOUVELLES

1 - J. T. McINTOSH, Brebis galeuses (I) (One Too Many, 1954), pages 3 à 45, nouvelle, trad. (non mentionné)

2 - Gabriel AUTHIER, La Machine, pages 46 à 52, nouvelle

3 - Levi CROW, Le Guerrier dans les ténèbres (Warrior in darkness, 1954), pages 53 à 70, nouvelle, trad. (non mentionné)

4 - Yvan NOÉ, Meurtre de Malou, pages 71 à 89, nouvelle

5 - Roger DEE, Le Robinson de l'espace (Man Friday, 1954), pages 90 à 111, nouvelle, trad. (non mentionné)

CHRONIQUES

6 - Jean-Jacques BRIDENNE, Le « Joueur d'échecs » et sa littérature, pages 113 à 115, article

7 - Jacques BERGIER & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 117 à 121, critique(s)

8 - F. HODA, Le Fantôme de la rue Morgue, pages 123 à 126, article

 

Rapport du PreFeG (Mai 2022)

  • Relecture, vérification orthographique et grammaticale
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Ajout des notes X et 0.
  • Vérification et mise à jour des liens internes
  • Mise en gras les titres in Revue des Livres
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

Un délectable petit extrait des Glanes interstellaires pour nous mettre en appétit ; nous voici confrontés aux avis réactionnaires des garants de la bonne moralité face à ce genre "nouveau".

Attention ! Science-Fiction : Danger…

Un « fidèle lecteur » âgé de treize ans, qui s’excuse de garder l’anonymat mais « ne tient pas à être reconnu », nous a envoyé avec indignation un article contre la « science-fiction » paru en décembre dernier dans « La Voix des Parents », organe des associations de parents d’élèves de lycées et collèges. Nous ne pouvons faire mieux que de répondre à ses vœux en permettant à nos lecteurs – et spécialement à ceux qui ont de grands enfants – d’apprécier le texte en question.

Le signataire, M. Gaigneret, « ingénieur et président de l’A.P.E. du lycée de Montgeron », accuse avec violence la S.-F. de corrompre la jeunesse, de la même façon que la « presse à gangsters » et la « presse du cœur », « genres littéraires possédant des racines communes avec la « science-fiction » (puissent les mânes de Wells ne pas frémir d’un tel rapprochement !). M. Gaigneret pense sans doute aux « comics » de provenance américaine, et ce n’est pas nous qui les défendrons, encore qu’ils nous paraissent plutôt bêtes que « nocifs » (et d’ailleurs, depuis vingt-cinq ans qu’ils sont lus aux U.S.A., ce serait maintenant toutes les jeunes couches de la population qui seraient corrompues !). Mais il s’empresse de généraliser à outrance et s’en prend à toute la S.-F. sansexception. Ce qui le mène à faire cette description du genre que nous reproduisons intégralement :

" Les caractères dominants de cette production sont une forme littéraire des plus pauvres et un fond à tendance pernicieuse.

Quand une traduction, pour les romans, par exemple, s’impose, elle est trop souvent l’occasion de dénaturer la langue française.

L’exploitation de thèmes biologiques est très en faveur. D’innombrables savants s’ingénient à créer des monstres au moyen de greffes, de vaccins, d’irradiations. Parallèlement, ils donnent le jour à des super-hommes ou des super-femmes, chargés des plus hautes missions cosmiques, qui entrent en conflit avec des Noirs stupides et méchants, avec des Jaunes sournois et inquiétants ou des Arabes rebelles et cruels. Le refrain lancinant des luttes interplanétaires prépare doucement les esprits à la guerre froide intercontinentale.

Une tradition bien française consiste à accabler le savant de railleries sans malice. L’ineffable Cosinus, distrait et lunatique, fit les délices de trois générations. Le savant de science-fiction, coupé de ses frères humains, ne rumine qu’anéantissements par le rayon Z, les dociles robots, les soucoupes volantes et autres engins de mort.

En outre, le recours au sex-appeal et à l’érotisme, jusque dans les dessins d’enfants, est une opération courante.

On peut se demander quel est le rôle de la science dans cette hallucination morbide. Il faudrait mieux qu’elle fût absente, tant elle est défigurée, rendue méprisable et odieuse."

En toute sincérité, nous demandons à M. Gaigneret où il a appris à connaître la « science-fiction » ? Certainement pas chez Bradbury ni même chez notre cher Wells, déjà cité… et qui figure couramment dans les distributions de prix (l’ignorez-vous, parents d’élèves ?). Ses allusions notamment aux Noirs, aux Jaunes et aux Arabes ( !), ainsi qu’au savant métamorphosé en monstre assoiffé de sang, nous ont, avouons-le, laissé rêveurs…

Mais nous sommes ravis (même si c’est une marque de perversion !) que ce soit justement une des « jeunes victimes » éventuelles, dont il veut assurer la protection, qui nous ait donné son avis sur le sujet… La chose en vérité ne manque pas d’humour !


En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro

retrouvez les bibliographies complètes de leurs parutions dans Fiction et Galaxie !


J. T. McINTOSH
Gabriel AUTHIER


Levi CROW


Yvan NOÉ
Roger DEE
Jean-Jacques BRIDENNE

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