30 avril, 2025

Fiction n°109 – Décembre 1962

Sur une première couverture du peintre Michel Jacubowicz (que nous ne confondrons pas avec le critique Maxim Jacubowski), un numéro qui tient bien ses promesses, tant au niveau des auteurs anglo-saxons que des auteurs francophones. Domine une touche peut-être plus fantastique que science-fiction, mais l'on ne s'en plaindra pas.

ça clique droit au cœur de l'épouvante !

Comme pour toutes nos publications, un clic droit sur la couverture
vous invitera à télécharger le livre au format epub. 

Sommaire du Numéro 109 :


1 - (non mentionné), Nouvelles des auteurs de ce numéro, pages 2 à 3, bibliographie


NOUVELLES

2 - Clifford D. SIMAK, L'Arbre à dollars (The Money Tree, 1958), pages 7 à 38, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH

3 - Fritz LEIBER, Chants secrets (The Secret Songs, 1962), pages 39 à 48, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE

4 - Theodore STURGEON, Une fille qui en a (The Girl Had Guts, 1957), pages 49 à 71, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE

5 - Michel EHRWEIN, Les Histoires, pages 72 à 79, nouvelle *

6 - Nathalie HENNEBERG, Des ailes, dans la nuit..., pages 80 à 108, nouvelle

7 - Jean RAY, Josuah Güllick, prêteur sur gages, pages 109 à 114, nouvelle

8 - John W. VANDERCOOK, Rencontre avec la peur (Funk, 1929), pages 115 à 134, nouvelle, trad. Anne MERLIN *

9 - Jean CASSOU, Le Monstre, pages 135 à 142, nouvelle *

10 - Pat MALLET & Michel PELTIER, La Vie privée du vampire, pages 143 à 145, bande dessinée

CHRONIQUES

11 - COLLECTIF, Ici, on désintègre !, pages 147 à 161, critique(s)

12 - (non mentionné), En bref, pages 162 à 163, article

13 - COLLECTIF, Tribune libre, pages 165 à 167, article

14 - F. HODA, Savants fous et cerveau électronique, pages 169 à 172, article

15 - Jacques GOIMARD, L'Anti-Pygmalion, pages 172 à 175, article

16 - (non mentionné), Table des récits parus dans « Fiction ». Deuxième semestre 1962, pages 175 à 176, index


* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

L'Arbre à dollars en ferait rêver plus d'un. Kurt Vonnegut évoquera même un roman éponyme de Kilgore Trout (appelé "Money tree" dans les bibliographies de Trout, mais que l'auteur ne daigne pas nommer)  dans son propre "Abattoir 5". Quoi qu'il en soit, et quand il s'agit d'argent facile et d'une forte somme à rafler, de deux choses l'une : soit vous voilà au casino, soit en plein cœur d'un polar. Clifford D. Simak ne s'y trompe pas, et c'est dans l'ambiance du second que son héros oscille comme à la roulette entre mouise et baraka. Mais ç'aurait été gratuit de s'arrêter là, et Simak nous laisse entrevoir que de toutes les espérances, l'argent est certainement la plus vile.

On imagine bien Philip Dick avoir une révélation en lisant ces Chants secrets de Fritz Leiber, tant on croirait y retrouver ses ornements habituels (mais pas encore produits). Voilà qui prouve une fois de plus la grande modernité de Leiber qui traite ici de la science-fiction en tant que contre-culture, de télévision en tant que distraction, et de drogues en tant que prison alternative ("les barreaux de la Liberté" comme le formule très adroitement Leiber).

 Theodore Sturgeon poursuit ses recherches sur la symbiose ; après le gestalt des mutants, voici les organismes extraterrestres similaires aux concombres des mers dont les facultés régénératives sont étonnantes. Tout naturalisme mis à part, le style de Sturgeon est dynamique et fort bien maîtrisé, et le scénario de Une fille qui en a solidement bâti. On pourrait s'étonner que la rédaction de Fiction (sans doute Alain Dorémieux) qualifie le sujet ici développé de "névrotique" chez Sturgeon, alors que bien des titres de la collection Angoisse au Fleuve Noir le sont souvent beaucoup plus. Mais il est vrai que semblable littérature ne trouve habituellement guère sa place dans cette revue...

On pourrait espérer un peu de décalage avec cette rencontre du troisième type que font un groupe d'enfants dans Les histoires. Mais Michel Ehrwein y manque sa cible, et son récit demeure un peu fade.

Avec Josuah Güllik, prêteur sur gages, et malgré un antisémitisme fort déplorable que Jean Ray n'aurait rien perdu à laisser de côté, il nous propose un petit conte à la Dickens, mais sans la rédemption possible. Ses vilains, Jean Ray les préfère damnés.

L'antisémitisme gratuit de Jean Ray ne laissera pas indifférent le lectorat de Fiction. En témoigne ce courrier de lecteur publié dans la "Tribune libre" du n°112.

" Amateur de science-fiction, ayant tout lu, de Guy l'Éclair à van Vogt, presque spécialiste et membre d'un petit club d'amateurs, je tiens à vous informer que le n° 109 de votre revue est le dernier que j'aurai lu.
En effet, je considère comme inadmissible la présence dans votre revue, qui devrait être mieux que progressiste, étant entièrement axée sur l'avenir, de récits comme « Josuah Gullick, prêteur sur gages ».
Je pensais que 2.000 ans de pogroms et 6.000.000 de morts au cours de la dernière guerre étaient suffisants. Il paraît que non.
Des gens plus intelligents que vous ont depuis longtemps remplacé les histoires juives par des histoires écossaises, jugeant probablement que l'antisémitisme n'était pas indispensable.
À l'afenir, che verai tonc des egonomies, z'est à tire 2 F. 50 par mois.
Shalom. "
(Henri Lévy, Marseille).

Ce à quoi la rédaction de Fiction répond :

On nous avait accusés de tout dans le passé, d'être successivement fascistes et communistes, entre autres. Nous voici maintenant devenus antisémites ! Notre meilleure réponse à M. Henri Lévy sera la publication dans « Fiction spécial n° 4 » de la nouvelle « Heureux comme Dieu en France », de Battin et Gheorghiu, qui lui prouvera exactement le contraire… (N.D.L.R.) 

Rencontre avec la peur, et même la peur de la peur, qui rôde et qui tue… sans rien faire d'autre qu'être évoquée. Avec ce récit qui prend bien le temps de poser décor et caractères, dans la région colonisée du Nigéria, on retrouve les racines d'un sentiment qui "dépasse en âpreté toutes les autres épreuves" comme l'écrivait Montaigne. John W. Vandercoock signe ici sa deuxième et dernière contribution à Fiction. Dommage, on aurait aimé découvrir davantage de cet auteur fin et étonnant.

Au regard de la biographie de Nathalie Henneberg, on retrouvera bien des correspondances entre fiction et réalité dans Des ailes dans la nuit… Mais espérons-le les destins ne se croiseront pas davantage. Dans cette histoire de plan intermédiaire, piège tendu et incompréhensible, on oscille sans cesse entre la fascination et l'effroi. On s'accordera à trouver à Nathalie Henneberg une inspiration plus volontiers fantastique que scientifique, et ce récit nous y fait gouter plus que de raison.

Le monstre est un petit récit de Jean Cassou qui articule bien les effets de la confrontation d'un esprit simple avec un monstre, et l'identification projective qui s'ensuit. La fin un peu abrupte aurait peut-être méritée davantage de soin.

A propos de son auteur, on peut lire :

" Raphaël Jean Lépold Cassou dit Jean Cassou, né le 9 juillet 1897 à Bilbao et mort le 15 janvier 1986 à Paris, est un écrivain, résistant, conservateur de musée, critique d'art, traducteur, et poète français. Il est également le directeur-fondateur du musée national d'Art moderne de Paris et le premier président de l'Institut d'études occitanes." (Source : Wikipedia)

23 avril, 2025

Fiction n°108 – Novembre 1962

Nouvelle formule pour Fiction qui passe de 144 à 176 pages (un volume de 32 pages supplémentaires assez considérable) : un numéro qui marque autant qu'un Fiction spécial tant les auteurs choisis font partie du haut du panier. Des nouvelles restées inédites depuis, une de Poul Anderson, une autre d'Idris Seabright, des récits qui se répondent, des recensions de qualité… Fiction marque ici, après son numéro 100, un de ses sommets.

Clic droit sur les stars !

Comme pour toutes nos publications, un clic droit sur la couverture
vous invitera à télécharger le livre au format epub.

Sommaire du Numéro 108 :


1 - (non mentionné), Pourquoi une nouvelle formule ?, pages 5 à 5, article

2 - (non mentionné), Nouvelles des auteurs de ce numéro, pages 6 à 8, bibliographie


NOUVELLES

3 - Poul ANDERSON, Le Peuple de la mer (Progress, 1962), pages 9 à 52, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE *

4 - Fritz LEIBER, La Grande caravane (The Big Trek, 1957), pages 53 à 57, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX

5 - Gérard KLEIN, Le Vieil homme et l'espace, pages 58 à 69, nouvelle

6 - Robert HEINLEIN, La Mère célibataire (All You Zombies—, 1959), pages 70 à 84, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH

7 - Arthur C. CLARKE, Quand Saturne se lève (Saturn Rising, 1961), pages 85 à 95, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE

8 - Jean RAY, Irish whisky, pages 96 à 106, nouvelle

9 - Idris SEABRIGHT, Eithné (Eithne, 1957), pages 107 à 117, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX *

10 - Jorge Luis BORGES, Abenhacan el Bokhari mort dans son labyrinthe (Abenjacán el Bojarí, muerto en su laberinto, 1951), pages 118 à 126, nouvelle, trad. Roger CAILLOIS

11 - Fereydoun HOVEYDA, La Manne du ciel, pages 127 à 128, nouvelle *

12 - Richard MATHESON, Moutons de Panurge (Lemmings, 1958), pages 129 à 130, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE

13 - Montague Rhodes JAMES, La Chambre n° 13 (Number 13, 1904), pages 131 à 143, nouvelle, trad. Georgette CAMILLE

14 - Pat MALLET & Michel PELTIER, La Vie privée du vampire, pages 145 à 147, bande dessinée 

CHRONIQUES

15 - COLLECTIF, Ici, on désintègre !, pages 148 à 162, critique(s)

16 - COLLECTIF, Le Conseil des spécialistes, pages 165 à 165, critique(s)

17 - (non mentionné), En bref, pages 166 à 167, article

18 - Jacques GOIMARD, Les Grands-Bretons en quête de péplums, pages 169 à 171, article

19 - F. HODA, Une Comédie de science-fiction, pages 171 à 173, article

20 - Jacques GOIMARD, Nouvelles du front de l'épouvante, pages 174 à 175, critique(s)


* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

" (...) si l’industrialisation peut alimenter et habiller mieux les gens, ne mérite-t-elle pas de vaincre ? »

— « Qui dit qu’elle le peut ? » riposta-t-elle, « Elle peut nourrir et vêtir un plus grand nombre de gens, c’est vrai. Mais la quantité est-elle symbole de qualité, Lorn ? Ne souhaitez-vous pas conserver, sur Terre, des endroits où l’homme puisse se retirer dans la solitude ?

» Et puis, en supposant que l’industrialisation commence à se répandre : pensez à la période de transition. Un jour, je vous ai parlé des horreurs qui se sont déroulées (et c’est historique) lorsque les anciens Communistes ont voulu occidentaliser leurs pays en un jour. Eh bien, cela recommencerait. Pas du fait des Brahmards : ils sont foncièrement bons. Mais d’autres meneurs, partout ailleurs – à moitié barbares, puérilement avides de pouvoir et de prestige, détruisant dans leur impatience leurs propres cultures – de tels meneurs surgiraient.

Oui, vous avez bien reconnu l'idéologie un peu réactionnaire de Poul AndersonLe peuple de la mer propose une suite au "Peuple du Ciel", reprenant la description d'un futur post apocalyptique aux siècles de la cicatrisation et de la reconstruction, par la description de ses peuples et leurs interactions. Mais dans cet opus demeuré inédit ensuite, le procédé parait plus artificiel, surprend moins, et est aussi un peu déséquilibré en matière d'enjeux et de péripéties - un démarrage un peu poussif et parfois abstrus. On notera, comme pour le "Peuple du ciel", la présence d'un glossaire en fin de récit.

Fritz Leiber, dont on connait la potentielle cruauté à l'encontre des protagonistes de ses nouvelles, montre dans La grande caravane un attachement tendre pour une communauté hétéroclite d'extraterrestres, malgré un contexte sinistre mais finalement de peu d'importance.

Le vieil homme et l’espace, une intéressante introspection, faite de séquences diverses, où un vieil astronaute fait le bilan de ce qui l'a motivé à prendre les chemins de l'espace et entraîner l'espèce humaine avec lui. Du Gérard Klein "nouvelle manière" comme dirait Alain Dorémieux, sombre, un rien désespéré, mais questionnant.

"L'emberlificotage" des paradoxes temporels sert de scénario à un Robert Heinlein toujours efficace dans son style vif et ses personnages qui attirent la sympathie, dont La mère célibataire.

D'un thème similaire à la nouvelle de Klein, Arthur C. Clarke ajoute dans Quand Saturne se lève l'intuition qu'un pouvoir privé suffisamment riche financerait la route vers les planètes, ici le spectacle des anneaux de Saturne. On était alors en pleine science-fiction…

Dans Irish whiskynouvelle de jeunesse de Jean Ray, dont on reconnaît déjà l'univers morbide et pétri de vengeances surnaturelles, l'auteur semble toutefois hésiter ici entre deux formes de narration, petit défaut qu'il apprendra à maîtriser par la suite. On recommandera la nouvelle à tous ceux qui aiment frémir des histoires d'araignées.

S'émanciper pour une femme dans la société victorienne, c'est faire le choix d'une troisième voie par delà le bien et le mal. A travers une fable de petit peuple de la mer, Idris Seabright invite Eithnéson héroïne, à choisir cette troisième voie pour échapper à la soumission que le patriarcat appelle "devoir", sans risquer de se perdre dans le piège de l'isolement.

Comme chez Edgar Poe, l'enquête policière chez Jorge Luis Borges prend des atours métaphysique, et n'est pas l'opération d'un dévoilement de la vérité, mais l'établissement d'une explication acceptable et satisfaisante sur le plan symbolique. Dans Abenhacan el Bokhari mort dans son labyrinthe, on retrouve les constructions en cercles, qui nous invite à parcourir le texte de façon transversale, c'est à dire à le relire encore et encore.

Un peu gratuite, La manne du ciel de Fereydoun Hoveyda pose une confrontation d'échelle qui sous-entend qu'il n'y a pas de don pour Dieu, et qu'Il ne saurait nous considérer autrement que nous considérons les insectes.

Le comportement collectif nous rend semblables à des espèces animales agissant par instinct. Richard Matheson dépose en creux, avec Moutons de Panurge, la sensation que l'espèce humaine s'est affranchie de ses instincts. Mais est-ce bien sûr ?

On trouve peut-être dans La chambre N° 13 la source des espaces superposés qu'affectionne Jean Ray. Montague Rhodes James en dit peu sur les explications et multiplie les fausses pistes pour s'autoriser des sorties qui placent des contextes. Imbrications, enchevêtrements, le péril frôle les vivants l'espace d'un instant… Mais James nous met d'accord : ces manifestations surnaturelles désirent nous dire quelque chose.

Attention, fait rare : avec La vie privée du vampireFiction se risque à publier des dessins sur la durée (4 numéros)  !

On notera dans le sommaire l'apparition aux côtés des genres "Science-fiction" et "Fantastique", le troisième genre "Insolite". La rédaction s'en explique dans une petite note.

 " Le mois dernier, ne pouvant les attribuer à la science-fiction ni au fantastique, nous présentions des histoires sous une rubrique intitulée « Hors-série » dans notre sommaire. Notre ami Stephen Spriel nous suggère d’employer un terme commode pour qualifier de telles histoires – à savoir le terme : Insolite. Son défaut est d’être vague, donc de pouvoir recouvrir des notions variables ; sa qualité, en revanche, de marquer une distinction précise avec le fantastique qu’on appellera traditionnel. Maintes histoires présentées dans « Fiction » appartenaient en fait à cet insolite qui est, si l’on veut, un fantastique moderne. Exemples : divers textes de Sternberg, Buzzati, Mandiargues, Owen, Damonti, Béalu, Topor – sans parler de beaucoup de contes du Banc d’Essai. Caractéristique principale : substituer aux ressorts essentiels du fantastique classique (qui sont en principe de type surnaturel) des effets plus subjectifs, souvent sous-entendus, qui peuvent être axés vers le symbolisme, ou l’absurde, ou l’onirisme, ou la psychologie, mais qui de toute façon correspondent à une « intériorisation » très nette de la démarche de l’esprit vers le fantastique. Au point de développement où en est la revue, il nous semble utile de concrétiser maintenant cette catégorie. C’est pourquoi vous trouverez dorénavant à nos sommaires, en annexe à la séparation habituelle en deux genres, une troisième branche dite « insolite » – et ce mois-ci représentée par les trois textes qui suivent. "

On rappellera que Stephen Spriel est l'un des deux co-directeur de la collection "Le rayon fantastique" qui publie essentiellement des romans… de science-fiction.

On trouvera un sacré florilège pour les critiques de Ici, on désintègre ! dans ce numéro. Entre autres, La cité et les astres d'Arthur C. Clarke, que nous vous proposons en bonus en regard de la recension qu'en fait Demètre Ioakimidis.

Cliquez sur la couverture
pour obtenir
cet ouvrage au format epub.
Arthur C. Clarke : La cité et les astres. 

Voilà enfin offert au lecteur de langue française un des plus grands chefs-d’œuvre de la science-fiction contemporaine, un récit dont les qualités de couleur, de poésie et d’architecture méritent qu’on lui applique cet adjectif dont on abuse souvent : inoubliable.

L’histoire de ce livre (c’est-à-dire la façon dont il vit le jour, et non l’action qu’il raconte) a été résumée par son auteur en une préface qui n’a pas été incluse dans cette version française. Arthur Clarke commença à l’écrire en 1937, alors qu’il était âgé d’une vingtaine d’années, et en acheva la première version en 1948. Celle-ci s’intitulait « Against the fait of night », et fut refusée, paraît-il, par John W. Campbell jr., ce qui ne parle guère en faveur de la clairvoyance du rédacteur en chef d’« Astounding Science Fiction ». Le récit fut publié en 1948 dans un autre magazine, « Startling Stories », et les lecteurs l’accueillirent avec enthousiasme. Cependant, le passage des années rendit l’auteur mécontent de son œuvre, et Clarke récrivit son récit, en augmentant ses dimensions : il en résulta « The city and the stars » qui parut en volume, aux États-Unis et en Angleterre, en 1956. 

Un milliard d’années a passé. Après avoir conquis les astres, l’humanité a progressivement oublié sa grandeur ancienne. Dans la cité de Diaspar, dont les habitants poursuivent des recherches esthétiques gratuites lorsqu’ils ne se laissent pas simplement vivre, vit un jeune non-conformiste, Alvin, qui cherche à savoir ce qu’il y a hors des limites de cette cité parfaite (ce n’est sans doute pas par hasard que le nom de Diaspar est un anagramme de paradis, même sans le e final du vocable anglais). Alvin découvre ainsi successivement l’autre cité vivante de la terre, Lys, et sa civilisation pastorale. Il explore ensuite l’ancienne forteresse de Shalmirane où, selon la légende, l’humanité livra son ultime combat contre les mystérieux envahisseurs venus du dehors. Non content de ce qu’il apprend, il cherche de plus en plus loin, dans le passé et dans l’espace… 

C’est, très simplement, cette quête que raconte le livre, cette quête et ses conséquences pour les habitants de Lys et de Diaspar. Il s’agit donc d’un récit à la structure linéaire, ne possédant aucune des contre-intrigues qui font le sel de nombre de romans science-fiction. Arthur Clarke raconte son histoire en la menant de son commencement à sa fin, ne s’accordant qu’à peine le luxe d’un coup de théâtre – d’ailleurs tout relatif – ou d’un « suspense » passager.

Cependant, s’il renonce à ces ressorts familiers, l’auteur apporte d’autre part une fraîcheur nouvelle aux éléments grâce auxquels il bâtit son récit et son décor. Pour apprécier cette qualité, il est sans doute bon de dire d’abord ce que « La cité et les astres » n’est pas.

Une civilisation en apparence idéale – ici, celle de Diaspar – et un protagoniste qui en découvre peu à peu les faiblesses : on reconnaît là l’intrigue utilisée par Cyril Kornbluth et Frederik Pohl dans « The space merchants »6 et ultérieurement exploitée, par les mêmes auteurs, dans un roman moins heureux, « Gladiator-at-law ». Cette idée centrale fournit encore le fond d’un autre ouvrage, plus récent et franchement médiocre, « Preferred risk »7 . Dans tous ces romans, le protagoniste est au départ un membre de l’« élite » au pouvoir et il en découvre progressivement la perversion ; il se joint au « maquis » qui lutte contre elle et contribue donc à l’établissement de ce qu’on peut appeler un ordre meilleur. Quelles que soient leurs autres qualités, tous ces récits ont une faiblesse fondamentale : la conversion du héros n’est jamais convaincante, car sa cécité à l’égard des défauts de la pseudo-élite est invariablement exagérée. Or, Clarke a entièrement évité cet écueil.

Parfaite, la cité de Diaspar ? Ses habitants la croient telle, et Alvin lui-même pense comme eux au début de l’action. Cependant, cette perfection toute relative n’est point le prétexte d’une opposition facile avec la culture fort différente de Lys : Alvin n’abandonne pas l’idéal de la première pour celui de la seconde, l’auteur ayant eu l’habileté de pourvoir chacune des deux cités de caractéristiques favorables. Même après la découverte de Lys, qui lui révèle beaucoup de valeurs qu’il ignorait, Alvin conserve de l’attachement à l’égard de Diaspar. Tout au plus se dit-il peut-être que sa ville à lui porte des marques plus profondes de son âge – en dépit de l’éternelle jeunesse de ses habitants.

Arthur Clarke ne cherche point à dépeindre une nouvelle Utopie. Il évite d’ailleurs le côté immobiliste des constructions utopiques en présentant chaque cité comme parvenue à une sorte d’aboutissement, qui pourrait bien être la sagesse de l’expérience. Ceux qui ont dressé les plans de Diaspar, il y a fort longtemps, n’ont-ils pas été jusqu’à prévoir l’existence d’un Bouffon, destiné à apporter de l’imprévu dans l’existence bien ordonnée de la cité ? La faiblesse de Diaspar et de Lys ne réside aucunement dans la forme de bonheur qu’elles proposent à leurs habitants ; elle est dans l’oubli que leurs structures ont permis : l’oubli de la grandeur passée de l’humanité. Et c’est pour cela que les habitants de l’une et l’autre villes seront également décontenancés par les révélations qu’Alvin et son compagnon – Hilvar, natif de Lys – rapporteront de leur voyage.

L’action progresse selon un rythme lent, qui ne manque pas de grandeur : le lecteur sent que les personnages ont une longue vie devant eux et que, pour être pleinement réalisées, leurs découvertes doivent être faites de façon progressive. Ainsi, le refus presque complet des artifices habituels de construction (coups de théâtre, renversements de situations, etc.) contribue au caractère majestueux de l’ensemble.

De la même façon, les personnages ne sont pas vigoureusement différenciés. Il serait naïf de s’en étonner : dans l’état atteint par la science en ce lointain avenir, la réalisation systématique d’un type jugé parfait serait souhaitée par les responsables de Diaspar (mais non par ceux de Lys : et, précisément, les personnages qu’Alvin rencontre dans la seconde cité possèdent des individualités plus marquées). Un reproche en apparence plus grave viserait l’évocation un peu floue de la cité de Diaspar. Cependant, là aussi, l’effet est de toute évidence voulu : il présente au lecteur la ville comme à travers une brume, qui en estompe les arêtes et en confond les détails. Car là n’est pas le vrai sujet du roman.

Ce vrai sujet, c’est l’immensité du temps et de l’espace, devant lequel l’importance de l’humanité peut paraître médiocre. Mais cette humanité a eu sa grandeur, et il suffit qu’un seul de ses représentants en retrouve le souvenir pour que tout puisse changer. En dépit des apparences, « La cité et les astres » comporte un message optimiste, exprimé par le paragraphe ultime du livre :

« Sur cet univers, la nuit tombait ; les ombres s’allongeaient vers un orient qui ne connaîtrait pas d’autre aurore. Mais partout ailleurs, les étoiles étaient encore jeunes et la lumière du matin s’attardait ; et sur le chemin qu’il avait autrefois suivi, l’homme, un jour, irait de nouveau. » 

L’oubli de la grandeur humaine ne saurait être que momentané. En dépit des habitudes, si confortables soient-elles ; en dépit des illusions d’optique dues à l’éloignement dans le temps ou dans l’espace, l’homme a en lui la faculté d’aller de l’avant : ce qu’il a su faire une fois dans son passé, il sera à même de le refaire, et de le continuer. Tel est le message qu’Arthur Clarke a choisi de placer au centre de son livre. Et il ne l’a pas exprimé par la vigueur d’une épopée, mais bien par le charme d’un récit dont le caractère poétique est sans égal dans la science-fiction contemporaine. 

La poésie du style de Clarke est très différente de celle qui fit la réputation d’un Bradbury, mais elle n’est pas moins réelle. Les notations extérieures et les sensations intérieures sont alternées avec une rare délicatesse, de sorte que le caractère vivant de l’ensemble s’en trouve souligné. Paradoxalement, la poésie du « scientifique » Clarke se révèle plus humaine que celle du « littéraire » Bradbury : elle dit davantage en insistant moins sur l’intérêt de son message.

C’est pour toutes ces raisons que « La cité et les astres » est un livre inoubliable ; il est d’ailleurs mieux que cela : il unit les qualités les plus hautes de la vraie science-fiction – idées, narration, style – en un tout dont on chercherait vainement ailleurs l’équivalent.

Demètre Ioakimidis.

16 avril, 2025

Fiction n°107 – Octobre 1962

Pour ce dernier numéro d'une "ancienne" formule annoncée - 144 pages sur un papier presque "pulp", mais qui, un peu plus de 60 ans plus tard, tient tout de même encore assez bien la route - la rédaction de Fiction semble solder tous ses "auteurs mineurs" et prendre son élan avant le prochain numéro. Par "auteurs mineurs", il convient de préciser qu'il s'agit d'auteurs fort peu réédités ensuite, et en cela ce numéro est un festival de raretés, hormis l'illustrissime Jorge Luis Borges toujours d'une très grande qualité.


Un clic droit sur cette digue de l'imagination !

Comme pour toutes nos publications, un clic droit sur la couverture

vous invitera à télécharger le livre au format epub.

Sommaire du Numéro 107 :


1 - (non mentionné), Pourquoi une nouvelle formule ?, pages 3 à 3, éditorial
2 - (non mentionné), Nouvelles des auteurs de ce numéro, pages 6 à 6, bibliographie

NOUVELLES

3 - Francis George RAYER, Un vaisseau d'un autre monde (Alien, 1959), pages 7 à 21, nouvelle, trad. (non mentionné) *

4 - Jérôme SERIEL, L'Œil du Sgal, pages 22 à 30, nouvelle *

5 - Murray LEINSTER, Les Robots assassins (The Case of the Homicidal Robots, 1961), pages 31 à 52, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM *

6 - Jorge Luis BORGES, Les Ruines circulaires (Las ruinas circulares, 1940), pages 53 à 57, nouvelle, trad. Paul VERDEVOYE

7 - Georges GHEORGHIU, Le Festin de l'araignée, pages 58 à 67, nouvelle *

8 - Wade MILLER, Chienne de vie ! (How Lucky We Met, 1960), pages 68 à 73, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM *

9 - Stuart PALMER, Déclaration d'amour à trois dimensions (Three-Dimensional Valentine, 1959), pages 74 à 84, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE *

10 - Kit REED, Le Règne de Tarquin le Superbe (The Reign of Tarquin the Tall, 1958), pages 85 à 97, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM *

11 - Laurence ALBARET, Le Grand ventre, pages 98 à 104, nouvelle *

12 - Jacques BOUCHER DE CREVECOEUR dit BOUCHER DE PERTHES, Mademoiselle de la Choupillière, pages 105 à 115, nouvelle

13 - Monique DORIAN, Vous êtes si chaud, petit monstre..., pages 116 à 120, nouvelle *

14 - Jean-Pierre KLEIN, Quatre minutes de retard, pages 120 à 121, nouvelle *

15 - Bernard HALLER, Marguerite et Hermann, pages 122 à 123, nouvelle *

16 - Christine RENARD, Lettre de Claerista à l'hermite très saint, pages 123 à 125, nouvelle

 

CHRONIQUES

17 - Gil SARTÈNE Boris Vian : cet Etranger qui jugea la Terre, pages 126 à 129, article

18 - Demètre IOAKIMIDIS, Notes de lectures, pages 131 à 133, critique(s)

19 - (non mentionné), En Bref, pages 134 à 135, article

20 - Pierre VERSINS, Fanactivités, pages 137 à 140, chronique

21 - Jacques GOIMARD, Mythrobolant, mythrologique, ni trop glycériné, pages 141 à 144, article


* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

Il est question du problème passionnant d'un premier contact dans Un vaisseau d'un autre monde, de Francis George RayerUn aspect un peu hard science pourrait dérouter un lecteur peu sensible aux aspects scientifiques, dans un va et vient de perceptions entre deux systèmes confrontés l'un à l'autre. Rayer met surtout en avant combien la hiérarchisation des dimensions (hauteur, longueur, largeur et temps) rend notre perception de l'espace-temps subjective, et peut rendre toute compréhension mutuelle impossible. Dans son célèbre roman "Solaris", l'auteur polonais Stanislas Lem développera ce même postulat sur une échelle autrement plus cosmique.

On aurait pu croire à une parodie du style Henneberg si Jérôme Sériel ne s'était pas tant pris au sérieux dans L'œil du Sgal. Malheureusement, n'est pas Flaubert qui veut, et il ne suffit pas d'aligner des néologismes abscons et des aubes inutilement colorées de jade et d'émeraude pour embarquer le lecteur. On passera volontiers devant cet hymne guerrier qui n'apporte rien de plus qu'une progression inepte vers un but dont on n'a cure.

Murray Leinster s'amuse à faire une enquête à la Asimov en posant une situation qui irait à l'encontre de la première loi de la robotique : un robot ne peut nuire à un homme. Les robots assassins est une habile histoire de chasse aux pirates spatiaux, qui se déploie de façon un peu vieillotte, certes, mais tout à fait charmante.

Jorge Luis Borges maître des cercles concentriques ne pouvait que nous émerveiller dans Les ruines circulaires. D'un style forgé à l''aune du conte, il tisse son propos dans l'étoffe des songes. Ici, le fantastique devient l'universelle pulsion de la créativité. En bref, un récit inspirant d'un auteur visité par les muses de la fiction, rien de moins !

Mais les muses sont parfois fantasques. On sent bien que Georges Gheorghiu avait une idée en tête en commençant Le festin de l'araignée, mais qu'il en a trouvé une autre meilleure en chemin. Ce ne sont que des suppositions, mais elles témoignent avant tout de l'étrange polarité de genre et de traitement qui aurait peut-être méritée d'être plus lissée.

Deux êtres, qui se pensaient différents des autres, se rencontrent. Il n'en faut pas plus pour commencer à faire communauté. L'histoire de Chienne de vie ! est peut-être un peu gratuite, si elle n'avait une valeur allégorique. Au final, ce récit sert à véhiculer du réconfort, ce qui n'est déjà pas si mal. Son auteur, Wade Miller, est en réalité le double pseudonyme de Robert Wade et Bill Miller., qui signent aussi des nouvelles policières sous le nom de Whit Masterton.

Troisième et dernière publication de Stuart Palmer dans les pages de Fiction (et ses seules traductions françaises à ce jour), Déclaration d'amour à trois dimensions reprend, à partir d'expériences réelles, les observations sur les effets de différentes drogues sur le tissage des toiles par les araignées. C'est avant tout le prétexte à une bluette agréable, mais qui n'en rend pas moins un son creux. On peut se demander ce que l'auteur y a voulu expliciter.

Avec Le règne de Tarquin le Superbe, il faut se figurer tout ce qu'il peut y avoir entre les lignes pour compléter le tableau de ses enfants et jeunes adultes vivant en communauté. Tarquin le Superbe fut le dernier Roi de Rome au Vème siècle av J.C. ; on pressent, par un certain nombre d'indices, que personne n'a vraiment toute sa tête et que les jeux d'enfants sont ici les symptômes névrotiques - à moins que Kit Reed ne transpose ici Tite-Live (voir Fiction n°93).

Le grand ventre, de Laurence Albaret, propose un voyage corporel au pays de la famine, qui prend des allures à la Sternberg sur sa fin… Mais devant un dénouement attendu, on reste… sur sa faim.

On pourrait aussi se douter de la chute de Mademoiselle de la Choupillière, menée à la mode sarcastique du XVIIIème Siècle. On y découvrira toutefois l'un des plus anciens textes de science-fiction propre à défriser l'inventivité d'un Karel Čapek. Boucher de Perthes, qui fut peut-être le fondateur de l'étude de la Préhistoire en postulant l'existence d'un "Homme antédiluvien", fait preuve de beaucoup d'humour, dans un tableau sardonique de la vie bourgeoise de province, et un défilé d'hypocrisies qui ne lâche jamais prise.

Quelques courts récits complètent le florilège d'inédits de ce numéro 107 : Vous êtes si chaud, petit monstre… propose une variation autour du thème du vampire ; cette nouvelle comme la précédente de Monique Dorian (madame Alain Dorémieux) est troublante au regard de son triste destin (voir Fiction n° 78).

Ensuite, et sans fournir les explications qui en feraient une histoire de science-fiction, Jean-Pierre Klein s'amuse à imaginer deux êtres qui vivraient dans deux temps décalés, l'un avec Quatre minutes de retard par rapport à l'autre. Car après tout, tout est relatif.

Très courte, construite en poupées gigognes, Marguerite et Hermann, novelette du comédien et auteur Bernard Haller, a le mérite de poser son idée sans développement superflu. Sur le même thème, on repensera à la nouvelle de John Collier "L'âge tendre" (in Fiction n°101).

Lettre de Claerista à l'hermite très saint termine ce petit feu d'artifice de textes courts. Traitant du désarroi de l'être dépouillé de tout, même de son être, l'intérêt de ce court et beau texte de Christine Renard réside surtout dans les mots non formulés de l'hermite, qui lui s'est dépouillé du superflu et du terrestre.

Une rubrique "En bref" (qui rappelle les anciennes "notules cosmiques") nous propose un extrait d'article de Damon Knight qui pourrait figurer en en-tête de la revue :

"Fiction" vu des U.S.A.

Commentaire de Damon Knight à propos de « Fiction », dans un numéro récent de notre « revue-mère » américaine : « la longue vie de ce délicieux magazine est due au talent et à la ferveur de ses responsables, qui savent joindre aux histoires américaines les meilleures œuvres d'une nouvelle génération d'auteurs français de science-fiction et de fantastique. (…) Les auteurs français de science-fiction constituent maintenant un groupe, qui ne méconnaît pas sa dette envers la science-fiction anglo-saxonne, mais qui a su créer un ton personnel. » Citons encore un jugement sur Jean-Claude Forest, « dont les dessins, » dit Damon Knight, « devraient depuis longtemps figurer sur les couvertures américaines ». (On sait que grâce aux traductions de Knight, nos auteurs français – notamment Charles Henneberg – commencent à être connus en Amérique.)

Nous l'évoquions en début d'article : Fiction annonce une nouvelle formule pour le numéro 108 (Novembre 1962). En voici l'annonce :

Pourquoi une nouvelle formule ?


Depuis des années, deux remarques revenaient constamment dans le courrier de nos lecteurs :

« Donnez-nous plus à lire. »

« Votre contenant n’est pas digne de votre contenu. »

Après réflexion, le succès de la revue nous incite aujourd’hui à prendre cette décision :

A partir du mois prochain, « FICTION » passe à 176 pages (au lieu de 144) et paraît sur papier plus luxueux.

Notre nouveau prix de vente sera de 2,50 NF. Compte tenu de la présentation améliorée et d’un accroissement de lecture de l’ordre de 25%, ce prix reste modique. Faut-il souligner qu’il y a autant à lire dans un numéro actuel de « FICTION » que dans n’importe quel roman de science-fiction, vendu de 4 à 6 NF en librairie ?

Amis lecteurs, vous nous avez toujours fait confiance. Nous ^comptons sur votre fidélité pour aider à la réussite de cette tentative.

Nous vous faisons d’ailleurs une offre : si vous le désirez, vous pouvez continuer à lire « FICTION » pendant un an à son ancien prix. En effet, tout abonnement souscrit par vous avant le 1er novembre bénéficiera des tarifs actuels, ce qui sur douze mois vous fera économiser 13 NF ! (De même, tous les abonnements en cours seront servis jusqu’à leur terme, malgré l’augmentation de prix.)


A l’occasion de ce changement de formule, notre prochain numéro aura un sommaire hors série. Vous y trouverez : Poul Anderson, Jorge Luis Borges, Arthur Clarke, Robert Heinlein, Nathalie Charles-Henneberg, Fereydoun Hoveyda, Gérard Klein, Fritz Leiber, Richard Matheson, Jean Ray, Idris Seabright et, dans le Rayon des Classiques, Montague James.

Et dans le futur, bien entendu, vous lirez comme toujours dans « FICTION » les meilleurs récits des meilleurs auteurs !

Sans tout en dévoiler, et à propos de ce sommaire en effet très "alléchant", nous pouvons toutefois annoncer qu'il n'y aura pas de texte de Nathalie "Charles-Henneberg" dans le numéro 108, bien qu'elle continue d'y être citée comme faisant partie du corpus de ce numéro. Iphigénie sacrifiée avant l'assaut pour faire se lever les… ventes !

On lira à ce sujet cette petite note de la rédaction de Fiction dans le numéro 109 :

Dénonciation de Nathalie Henneberg.

Le sommaire de notre dernier numéro devait comporter une nouvelle de Nathalie Charles-Henneberg (celle-ci, retardée, se trouve finalement dans le présent numéro). Marcel Battin en profite pour juger en ces termes l'auteur, dans le numéro de « Karellen-Orion » de septembre : « On attend avec curiosité le « Fiction » nouvelle formule. Le sommaire du numéro de novembre est bien alléchant. Une seule fausse note : Nathalie Ch. Henneberg. Moi je la trouve horripilante, la bergère. Pas vous ? »

Qu'en pensent nos lecteurs ? (Quant à nous, une seule réaction : hautement, flegmatiquement et impavidement, nous PROTESTONS.)

Le n°110 publiera de plus un échantillon de courriers de lecteurs outrés de la critique de Marcel Battin, et défendant, souvent avec beaucoup d'humour, Nathalie Henneberg. (Voir notre article Fiction n°110)

Le PReFeG vous propose également