08 janvier, 2025

Fiction n°093 – Août 1961

Outre une courte nouvelle de Poul Anderson introuvable par ailleurs (comme la quasi totalité des nouvelles de ce numéro - ce qui le rend assez exceptionnel), on appréciera les débuts d'un cycle de Fritz Leiber (qui se pose en antithèse de Poul Anderson sur les voies impénétrables du temps), et la continuité d'un autre ensemble de Nathalie Henneberg, le tout sous le parrainage du toujours appréciable Philip Jose Farmer.

Un clic droit entre la belle et la bête...

Sommaire du Numéro 93 :

NOUVELLES

 

1 - Philip José FARMER, Ouvre-moi, ô ma sœur… (Open to me, my sister / My sister's brother, 1960), pages 3 à 45, nouvelle, trad. François VALORBE

2 - Poul ANDERSON, Bienvenue (Welcome, 1960), pages 46 à 53, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE *

3 - Fritz LEIBER, L'Homme de guerre (The Oldest Soldier, 1960), pages 54 à 69, nouvelle, trad. René LATHIÈRE

4 - Charles VAN DE VET, Voyage de retour (Return Journey, 1961), pages 70 à 77, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE *

5 - Nathalie HENNEBERG, Monstre à voix de sirène, pages 78 à 94, nouvelle

6 - Jay WILLIAMS, Le Hanneton (The Beetle, 1961), pages 95 à 100, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE *

7 - Kit REED, L'Attente (The wait, 1958), pages 101 à 117, nouvelle, trad. René LATHIÈRE *

8 - Suzanne MALAVAL, La Bête de la rande, pages 118 à 119, nouvelle *

9 - Michel EHRWEIN, Le Couple, pages 120 à 128, nouvelle *

 

CHRONIQUES


10 - (non mentionné), Le Prix Jules Verne 1961, pages 129 à 129, article

11 - COLLECTIF, Ici, on désintègre !, pages 130 à 140, critique(s)

12 - COLLECTIF, Tribune libre, pages 141 à 144, article

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.


Avec Ouvre-moi, ô ma sœur… , la rédaction de Fiction permet une fois de plus à Philip Jose Farmer de publier une novella, ici un récit d'observation sur une et plusieurs espèces extra-terrestres, aux physiologies plausibles tout en étant exotiques et un peu répugnantes… C'est d'ailleurs sur cette corde tendue entre la répulsion et l'attirance que joue Farmer avec talent. 

 Bienvenue est une courte et efficace nouvelle de Poul Anderson sur les effets à venir de la surpopulation. Les cheminement le long des voies du temps sont ici accessoires, et permettent un récit de découverte à la Montesquieu.

Beaucoup de suspens, toujours de l'humour, dans L’homme de guerre… Bonne petite nouvelle de SF de Fritz Leiber sur les affrontements entre voyageurs du temps de camps et d'intérêts opposés. La nouvelle, placée dans une perspective plus large, sera reprise dans le recueil "Le grand jeu du temps" (Le masque science-fiction - 1978) en complément au roman "La guerre des modifications" (que l'on pourra découvrir en deux parties dans Galaxie-2ème série n° 04 et 05 en août et septembre 1964).

" La Terre a pour politique de respecter la volonté des indigènes. Il est vrai que nous ne pouvons coloniser un monde sans l'autorisation de ses habitants, et j'admets qu'ici nous avons pris certains engagements. Mais cela date de treize ans, et il est trop tard pour reculer."

On ne saurait mieux observer comment les colons se donnent bonne conscience en se dédouanant de leurs responsabilités, une fois que les engagements promis ont été bafoués. Voyage de retour, par Charles Van de Vet, est ainsi une intéressante nouvelle sur la soif de territoires qui pourrait enfiévrer des explorateurs galactiques en quête d'une nouvelle Terre d'élection. Il s'agit aussi et par conséquent d'une rencontre avec une autre espèce qui n'a pas choisi la voie de la technologie pour développer sa civilisation.

Le Jaate parut chercher ses mots, comme s'il désirait ne pas passer pour déraisonnable. « L'enfant agit sans penser à l'avenir, » dit-il. « Les races jeunes font de même. Vous, les humains, vous procréez sans frein, sans vous préoccuper des bornes qu'impose la nature. Vous êtes des spoliateurs. Vous exploitez vos ressources et vous les gâchez, vous épuisez le sol, vous vous multipliez inconsidérément. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus assez de place pour tous. Alors, il ne vous reste plus qu'à trouver d'autres terres, sous peine de souffrir de la faim et de la misère. Sont-ce là les actes d'une race parvenue à maturité ? »

Telle est l'accusation des Jaates envers les colons terriens. On ne pourrait mieux dire.

A partir des épisodes de la vie de Catherine Sforza, femme de tête de la Renaissance italienne, Nathalie Henneberg imagine dans Monstre à voix de sirène des causes surnaturelles - voire extraterrestres - à la déchéance de son personnage. Une nouvelle toujours bien écrite mais qui demande peut-être un peu d'érudition pour être pleinement appréciée. On notera que ce texte est lié à la nouvelle "Les non-humains", parue dans le n°56 de Fiction, et reprise en 1977 dans le recueil "D'or et de nuit" (Le Masque Fantastique n°13), alors qu'elle aurait plutôt eu sa place dans le recueil "Les anges de la colère" (Le masque science-fiction n°72 - 1978).

Le hanneton est une petite histoire de justice post-mortem comme on peut en trouver dans Mystère Magazine. Jay Williams a du métier et avance ses éléments sur un tempo croissant, et bien qu'on le sente venir, on s'y laisse prendre.

Entrée de Kit Reed au panthéon des baroudeuses du PReFeG. La majorité de ses nouvelles publiées dans Fiction ne seront jamais reprises et demeureront inédites ensuite en recueil.

L'attente est présentée par la rédaction de Fiction comme une incursion dans une sorte de monde parallèle, mais en réalité, il s'agit plutôt d'une allégorie mettant en scène le destin tout tracé des jeunes filles de la société moderne (américaine entre autres), auxquelles on fait miroiter des espoirs d'émancipation si elles s'instruisent et restent bien sages, mais qui sont vouées en réalité au monde du caprice des hommes. Une nouvelle qui débute sur un ton ironique et narquois, qui peu à peu nous entraîne dans un cauchemar absurde.

La bête de la rande est un court conte dans l'esprit campagnard propre à Suzanne Malaval, toujours un peu simple et enfantin, ici avec des figures en forme de personnages recouvrant leurs fêlures. 

Un peu comme dans la nouvelle "Le masque" de Jacqueline Osterrath (in Fiction n°77), les apparats superficiels volent à ceux qui les portent un peu de leur vie. Le couple de Michel Erhwein est un peu creux toutefois, il manque à l'ensemble peut-être un peu de cruauté. 

Un prix Jules Verne en bonus !

Côté rubrique, on notera que Michel Deutsch, d'habitude traducteur et travailleur de l'ombre, donne ici son avis éclairé sur le Prix Jules Verne 1961, décerné à Jérôme Sériel pour son roman "Le sub-espace" (dont nous vous proposons ci-contre la version numérique issue de sa réédition au Masque Science-Fiction en 1975). 

A propos de l'auteur, on lira bien plus tard la note suivante :

Sous le nom de Jérôme Sériel, Jacques Vallée participa des débuts balbutiants de la SF en France, dans les années cinquante. "Sub-espace" et "Le satellite sombre" parurent en 1960 et 1961, et le premier lui valut un prix Jules Verne. Leur auteur était, fait assez rare en France, un scientifique bon teint (on retrouve aujourd'hui dans la liste de ses publications des ouvrages d'informatique). Depuis vingt ans, Vallée avait abandonné la fiction pour s'intéresser de près à des manifestations de ce que Versins rassembla sous le vocable d'Hétéroclites : sociétés secrètes, Agartha, pouvoirs surhumains,... OVNI ! Toujours sous l'angle rationnel, sa passion et sa connaissance des OVNI en firent le modèle du savant français joué par Truffaut dans "Rencontres du 3ème Type" de Spielberg. 
(Dominique Warfa in Fiction n°378 - septembre 1986)

La page Wikipedia qui lui est consacrée rapporte aussi qu'il a travaillé à Stanford sur les prémices d'internet, le réseau Arpanet.

Sériel fera l'objet d'une publication (plutôt médiocre) dans le numéro 94 de Fiction, et sera à cette occasion rapproché du style space-opéra de "l'âge d'or", celui plus précisément de la bande-dessinée de science-fiction.

A ce propos, Jean-Claude Forest se propose en Tribune Libre de compléter l'article de Pierre Strinati paru dans le numéro précédent ; sans pointer les approximations du critique, Forest y ajoute sa propre culture en la matière, sur un ton délicat fort appréciable - et l'on devine déjà l'auteur de talent qui se cache sous l'illustrateur tant apprécié (au dessin et au scénario pour Barbarella, au scénario dans Ici-même avec Tardi au dessin…).

Rapport du PReFeG (Janvier 2025)

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Vérification du sommaire
  • Ajout de la pages de publicité du 4ème de couverture.
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Notes (0), (2b), (3b), (3c), (4b), (4c) et (7b) ajoutées, note (2) complétée.
  • Vérification et mise à jour des liens internes
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

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