29 mai, 2024

Galaxie (1ère série) n°064 – Mars 1959

Pas de nouvelles recrues dans cet avant-dernier Galaxie, mais un niveau tout à fait honorable et fort distrayant. 

Cliquez vers la droite je vous prie…

Sommaire du Numéro 64 :


NOUVELLES

 

1 - Clifford Donald SIMAK, Une riche affaire (Installment Plan, 1959), pages 2 à 47, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Wallace (Wally) WOOD

2 - Robert SHECKLEY, Le Temps meurtrier (3èmpe partie) (Time Killer / Immortality, Inc. (version abrégée sous le titre, 1958/1959), pages 48 à 81, roman, trad. (non mentionné), illustré par Wallace (Wally) WOOD

4 - Jean LEC, Les Baudruches vertes, pages 85 à 100, nouvelle, illustré par M. BOILEAU *

5 - Alan ARKIN, Métamorphoses (People Soup, 1958), pages 101 à 106, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par JOHNSON

6 - Sélen SILVER, Le Corsaire des astéroïdes, pages 107 à 112, nouvelle *

7 - Avram DAVIDSON, La Fin du chef suprême (Paramount Ulj, 1958), pages 113 à 117, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par MARTINEZ *

9 - Léopold MASSIÉRA, Spécimens, pages 121 à 126, nouvelle *

 

CHRONIQUES


3 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 83 à 84, courrier

8 - Jimmy GUIEU, La Rubrique de l'étrange, pages 118 à 120, chronique

10 - Maurice-Bernard ENDRÈBE, Livres d'aujourd'hui et de demain, pages 127 à 128, notes

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* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

" Devant la cuisine, Napoléon et Gideon, accroupis, se livraient une partie de dés acharnée. Sheridan les observa un instant, puis reprit son chemin, en méditant sur la fascination qu’exerçaient sur les robots tous les jeux de hasard. Il pensait que c’était là une des nombreuses choses qu’un être humain n’arriverait jamais à comprendre. Car, du point de vue d’un robot, le jeu paraissait absolument sans intérêt, du fait qu’ils n’avaient ni biens ni argent : ils n’en avaient pas besoin ; ils ne souhaitaient pas en avoir. Pourtant, ils jouaient follement !… Peut-être, se dit Sheridan, n’était-ce que pour singer les humains. Par sa nature même, le robot se trouvait empêché de participer effectivement à la plupart des vices des hommes. Mais le jeu était une activité à laquelle le robot pouvait se livrer aussi facilement et peut-être plus efficacement que n’importe quel homme. Mais que diable pouvaient-ils en retirer ? Pas de gain, pas de profit, puisque ces choses n’existaient pas en ce qui concernait les robots. L’excitation du jeu, peut-être ? Une soupape ouverte à l’agressivité ? Ou bien conservaient-ils à l’esprit un compte fantomatique, notant leurs gains et leurs pertes… Et le gros gagnant à un jeu de hasard jouissait, peut-être, d’un certain prestige incompréhensible pour l’homme ; peut-être, même, soigneusement dissimulé aux hommes ? "

Clifford D. Simak, en indécrottable humaniste, observe ici la naissance du principe de plaisir chez le robot. Asimov n'aurait pas mieux fait. En attendant, Une riche affaire, si elle est une novella un peu bavarde, présente des personnages sympathiques et attachants. Le sujet apparent en est le travail et le commerce entre civilisations, mais en réalité, c'est la révolution technologique de la téléportation, des stocks ou des peuples, qui est au cœur de l'affaire.

" Ce soir-là, en manière de célébration, il se rendit à un magasin de Sensations pour acheter un diffuseur et quelques disques. Il méritait bien un peu de luxe. Les Sensations faisaient inéluctablement partie de 2110, et se montraient aussi omniprésentes et populaires que la télévision au temps de Blaine. Des versions plus développées et plus étudiées passaient dans des salles de spectacles, et des variations étaient utilisées pour la publicité et la propagande. C’était la forme la plus pure et la plus puissante du rêve tout fait, conçues pour convenir à chacun. Mais elles avaient leurs détracteurs, qui déploraient la fâcheuse tendance vers une passivité complète du spectateur. Ces critiques étaient scandalisés par la facilité excessive avec laquelle une personne pouvait assimiler une Sensation. En vérité, beaucoup de ménagères traversaient la vie les yeux vagues, plongées par la mystique moderne dans une perpétuelle vision. En lisant un livre, ou en regardant la télévision, signalaient les opposants, l’intéressé devait apporter sa participation personnelle. Mais les Sensations l’enveloppaient simplement, animées, brillantes, insidieuses, et laissaient la fâcheuse impression schizophrénique que le rêve était mieux et plus désirable que la vie. Une telle passivité ne pouvait être admise, même si elle correspondait à la vérité. Les Sensations étaient vicieuses, dangereuses ! Assurément, des œuvres artistiques de valeur se réclamaient de cette forme. (On ne pouvait mépriser Verreho, Johnston ou Telkin, et Fox Bleu offrait de solides promesses). Mais ces heureux résultats étaient rares. Les regrettables effets psychiques, l’abaissement de niveau du goût populaire, l’impulsion vers l’obéissance complète, les contrebalançaient lourdement… Dans une génération, d’après les détracteurs, les gens seraient incapables de lire, de penser ou d’agir ! C’était un puissant argument. Mais Blaine, avec ses cent cinquante-deux ans de recul, se rappelait le même genre de raisonnement opposé à la radio, le cinéma, les bandes dessinées, la télévision. Même le roman révéré avait été parfois réprouvé pour sa déviation des règles de la littérature pure. Chaque innovation semblait culturellement destructive, et devenait finalement une étape intellectuelle, la personnification du bon vieux temps, l’esprit de l’âge d’or, avant d’être menacée et détruite par l’invention suivante. "

La réalité virtuelle ici appelée Sensation n'est pas la moindre des anticipations de Robert Sheckley, dans Le temps meurtrier. Souhaitons toutefois que le rapport à la mort ne prenne pas le tournant imaginé ici. Davantage d'explications et de dialogues dans cette troisième partie, passage obligé tout de même bien équilibré, avant que le chasseur ne devienne proie, thème cher à Sheckley. 

Illustration de M. BOILEAU

Enfin un texte français illustré dans Galaxie. At last ! Ce sera la seule et unique illustration originale (c'est à dire non issue de l'édition américaine) pour toute la série.

Dans Les baudruches vertes, Jean Lec - qui s'octroie au passage une sacrée audace toute journalistique ("Mais n’anticipons pas, bien que Galaxie soit une revue d’anticipation." écrit-il dans sa nouvelle) - préfigure "Alien" avec ce suspens d'une chasse à l'homme en huis clos, mais aussi et surtout le premier jet cinématographique de ce classique, avec cette forme volontairement ridicule de l'assaillant extraterrestre, à l'instar du film de John Carpenter "Dark star", scénarisé comme "Alien" par Dan O'Bannon. 

L'imagination au pouvoir, privilège de l'enfance, dans Métamorphoses. Alan Arkin signe un parfait mélange de sf et de fantastique. Rappelons qu'Alan Arkin est aussi acteur et réalisateur, et adaptera lui-même sa nouvelle dans un court métrage, où il fera jouer ses deux enfants. Le film est visible en version originale, nous vous en proposons ici un lien :

Manque de style, histoire inepte, avec Le corsaire des astéroïdes. On ne regrettera pas Sélen Silver

L'une des premières nouvelles parues dans Galaxie était "Comment servir l'homme" de Damon Knight. Avram Davidson nous en propose, dans La fin du chef suprême,  une redite plus concise encore.

On savait Léopold Massiera friand de clichés. Spécimens n'échappe pas à la règle, et malgré des aspects explicatifs un peu trop appuyés, bénéficie toutefois d'une chute assez bonne.

Dans la rubrique Votre courrier, on pourra lire :

… Comment fonctionne le téléphone à bord d’une voiture, et quel en est le prix ?

Docteur GIBOUT, Paris.

LE système, précieux surtout dans certaines professions comme la vôtre, n’en est guère encore qu’au stade expérimental. On ne compte actuellement qu’une soixantaine d’abonnés pouvant communiquer de leur voiture avec n’importe quel poste de réseau téléphonique. Ces abonnés disposent en commun (par groupes de 50 au maximum) d’un « canal » constitué par un ensemble de deux fréquences, une pour l’émission, l’autre pour la réception. Chaque voiture possède un numéro d’appel particulier. Pendant la durée de la communication, qui ne peut excéder 3 minutes, les postes de tous les autres abonnés ambulants sont bloqués, afin d’assurer le secret des conversations. Un signal rouge en avertit les intéressés et cette obligation rend impossibles les appels d’une voiture à l’autre.

Actuellement, deux canaux seulement sont en service à Paris. On prévoit l’installation d’un troisième. On envisage aussi l’extension de ce réseau en recourant à d’autres longueurs d’ondes et en utilisant le procédé de « multiplexage », qui permet de faire passer simultanément plusieurs communications sur la même longueur d’onde.

La fourniture et l’installation du poste reviennent à environ 600.000 frs, auxquels s’ajoutent une taxe de 3.000 frs perçue par les P.T.T. lors de la mise en service, et une redevance annuelle de 76.800 frs. Enfin, la taxe téléphonique normale s’augmente d’une surtaxe de 140 francs.

Très longtemps, ces voitures munies d'un téléphone représentaient le must de la richesse et de la puissance.

Rapport du PReFeG (Mai 2024)

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Prochaine publication prévue pour le mercredi 06 juin 2024 : Galaxie n°065.

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