Première partie sur quatre d'un roman de Robert Sheckley, "Le temps meurtrier", qui fera office de chant du cygne pour la revue. Mais la relève montre déjà sa mobilisation, avec de jeunes talents comme Robert Silverberg, parrainé ici par le déjà classique Isaac Asimov ou les méconnus et pourtant productifs Richard Wilson ou Jim Harmon.
Sommaire du Numéro 62 :
NOUVELLES
1 - Isaac ASIMOV, Le Correcteur (Galley Slave, 1957), pages 2 à 28, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Dick FRANCIS
2 - Horace L. GOLD, Il fallait un calculateur... (Personnel problem, 1958), pages 29 à 37, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Wallace (Wally) WOOD *
3 - Robert SILVERBERG, Spécimens de galaxies (Birds of a Feather, 1958), pages 38 à 60, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Wallace (Wally) WOOD
5 - D. Walter CURLING, Dérive dans l'espace, pages 67 à 77, nouvelle *
6 - Robert SHECKLEY, Le Temps meurtrier (1ère partie) (Time Killer / Immortality, Inc. (version abrégée sous le titre, 1958/1959), pages 78 à 110, roman, trad. (non mentionné), illustré par Wallace (Wally) WOOD
8 - Sélen SILVER, Sous un autre soleil, pages 113 à 122, nouvelle
9 - Jim HARMON, Pas de substitutions (No substitutions, 1958), pages 123 à 134, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par JOHNSON *
11 - Richard WILSON, Mes deux conquêtes (Back to Julie, 1954), pages 139 à 142, nouvelle, trad. (non mentionné)
CHRONIQUES
4 - Willy LEY, Cette planète insolite, pages 61 à 66, article, trad. (non mentionné)
7 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 111 à 112, courrier
10 - Jimmy GUIEU, La Rubrique de l'étrange, pages 135 à 138, chronique
* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.
" Finalement, le robot tourna la dernière page. Lancing demanda :
— Eh bien, Bébé ?
Le robot répondit :
— C’est un livre très exact et je ne trouve que peu de choses à reprendre. À la ligne 22 de la page 27, le mot « positif » est épelé p-o-i-s-t-i-f. La virgule de la ligne 6, de la page 32, est superflue, alors qu’il devrait y en avoir une à la ligne 13 de la page 54. Le signe plus de l’équation XIV-2, à la page 337, devrait être un signe moins pour correspondre aux équations précédentes…
— Attendez ! Attendez ! s’écria le professeur. Que fait-il ?
— Hein ? fit Lancing, soudain en colère. Mais il a déjà fini ! Il a corrigé les épreuves du livre.
— Corrigé ?
— Oui. Dans le peu de temps qu’il a mis à en tourner les pages, il a relevé toutes les fautes d’orthographe, de grammaire et de ponctuation. Et il conservera indéfiniment le souvenir de ces renseignements, au pied de la lettre.
Le professeur était bouche bée."
A cette époque où les robots étaient imaginés comme des androïdes anthropomorphiques, Isaac Asimov appréhendait la résistance qu'ils pourraient soulever de la part d'une humanité qui pourrait se sentir spoliée. Nous savons qu'il n'en fut rien, et que c'est la fascination technologique qui l'a emporté. Pour ce qui est de cette nouvelle, Le Correcteur, le PReFeG est bien placé pour affirmer qu'une relecture humaine demeure irremplaçable…
On ne peut pas dire que Il fallait un calculateur soit une nouvelle inintéressante. Mais cette histoire de mineurs sur un astéroïde, signée Horace L. Gold, n'emporte pas vraiment le morceau.
Par contre, on reconnait bien l'imagination débridée de Robert Silverberg et sa bonne connaissance de la psychologie humaine dans cette très sympathique histoire de zoo galactique, Spécimens de galaxies.
Dérive dans l'espace est une enquête policière qui rebrousse chemin, par D. Walter Curling, un auteur sous pseudonyme, vieillot et franchouillard. On passera.
" Les cadavres ne devaient pas être forcés de répondre aux questions. La mort constituait un ancien privilège de l’homme, accordé à l’esclave aussi bien qu’à l’aristocrate. C’était la suprême consolation de chaque individu, son seul droit. Lui aurait-on retiré ce droit et la possibilité de s’évader de ses responsabilités en mourant ? "
" Il remarqua une file de gens pauvrement vêtus, sales, pas rasés, ayant tous le même air de sombre désespoir.Qu’attendaient-ils, ces mendiants ?— Ils vont aux cabanes du suicide, lui apprit sa compagne en l’entraînant.Blaine jugea le spectacle diablement désagréable pour son premier jour dans le futur. Les cabanes de suicide ! Il se jurait bien de ne jamais y pénétrer volontairement. Que penser d’un monde qui possédait une telle institution ? Et certainement gratuite, si l’on considérait la clientèle… "
Encore un pseudonyme d'auteur qui signera aussi dans la revue Satellite, en la personne de Sélen Silver. Sous un autre Soleil n'est pas d'un très haut niveau cependant, plutôt celui d'un Maurice Limat que d'un Philippe Curval que cette nouvelle sur une planète végétale pourra rappeler. On notera aussi que le trio "le savant, sa femme et son associé félon", rappellera celui - de meilleur cru - de "Une porte sur l'été" de Robert Heinlein (qui a été publiée à partir de Décembre 1958 dans la revue Fiction, soit un mois auparavant).
" Il m’annonçait à moi, superintendant du pays du Rêve, que ma propre vie en ce lieu n’était qu’une illusion pareille à celle dans laquelle j’entretenais mes prisonniers. "
Bien avant le film "Inception" (qui aura fait croire à un sujet original quand il n'était que rebattu depuis ces années 50), Jim Harmon signe Pas de substitution ; la prison y devient psychique, soit une autre réalité conçue non pas comme châtiment mais comme lieu de détention. Ce sera l'un des concepts majeurs de Philip K. Dick. Une nouvelle fort intéressante, qui pourra aussi faire penser, par son jeu présumé de réalités gigognes, à "Simulacron 3" de Daniel F. Galouye.
On avait déjà remarqué, tant dans Fiction que dans Galaxie, la finesse et l'inventivité de Richard Wilson. Mes deux conquêtes est une petite histoire proche du synopsis sur les mondes parallèles et les talents que donnent la faculté d'y voyager. Une petite pique à la classe politique au passage.
Dans la rubrique "Votre courrier", un lecteur interroge :
Qu’appelle-t-on exactement « astrométrie » ? (M.R. GÉNAIN, Port-Gentil.)
C’EST une branche de l’astronomie qui étudie systématiquement les variations périodiques de la position des étoiles par l’examen et la comparaison des « plaques de parallaxe » ou relevés photographiques exécutés à différentes époques de l’année.
Pour imaginer les difficultés d’une telle opération et la minutie qu’elle exige, il faut se rappeler que mesurer la parallaxe de Proxima Centauri, étoile la plus proche de la Terre, par exemple, revient à mesurer l’épaisseur d’un cheveu observé à la distance de 27 mètres. Pour Altaïr, autre étoile proche, le cheveu s’éloigne à 100 mètres. L’Américain Schlesinger, l’un des plus éminents spécialistes de ce genre d’investigations, est parvenu à calculer la parallaxe des 6.000 étoiles les plus proches, mesurant l’épaisseur du cheveu à 2.500 mètres !
L’astrométrie se propose, en outre, de rechercher si les déplacements relevés sont uniquement dus au mouvement de la Terre dans l’espace et s’ils ne révèlent pas des perturbations provoquées par des compagnons invisibles de l’étoile considérée. L’amplitude du tremblement, observé est souvent très inférieure à l’épaisseur du tracé, et sa périodicité peut s’étaler sur un an ou dix ans, ou même davantage.
C’est l’astronome suédois Holmberg qui donna, en 1938, la première impulsion à cette nouvelle forme de recherches.
En 1949, l’astronome français P. Baize dressait un premier bilan constatant que, sur les trente-huit étoiles les plus proches du soleil, on en connaissait déjà six ayant certainement des compagnons obscurs, dont trois de dimensions planétaires ou mégaplanétaires. Depuis, le nombre des découvertes du même genre a si bien augmenté qu’un autre astronome français, M. Jean-Claude Pecker, affirme que le compagnonnage planétaire doit être désormais tenu comme la règle générale en ce qui concerne les étoiles.
Ce procédé sera affiné à l'Observatoire de Genève et aboutira à la confirmation de l'existence des exoplanètes, en 1995.
Bien des jours (habituellement fêtés par des ouvrages bonus dans notre collection) sont "tombés" des mercredis. Ce fut le cas cette année du 14 février, du 1er mai et du 08 mai. Nous avons opté pour nos publications habituelles ces jours-ci.
Mais pour récompenser votre patience, votre lecture jusqu'à ce point de l'article, et pour illustrer l'extrait suivant de la rubrique "Livres d'aujourd'hui et de demain", nous vous proposons, en cliquant sur sa couverture comme à l'accoutumée, de télécharger une version au format pdf de l'anthologie présentée dans ce numéro 62 de Galaxie par Maurice-Bernard Endrèbe.
Nous tenons à préciser que cet exemplaire numérique n'a pas été numérisé par nos soins, ni corrigé. Nous remercions grandement le "scanneur" d'origine et détenteur de cet exemplaire n°1623.
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UNIVERS DE LA SCIENCE-FICTION (Club des Libraires de France). – Il s’agit d’une anthologie luxueusement présentée, avec des reproductions de Max Ernst, Miro, Henri Michaux, etc., en guise d’illustrations. Hubert Juin, qui l’a composée et dotée d’une très pertinente préface, ne s’est pas contenté de choisir seize nouvelles qu’il aimait : il a fait en sorte qu’elles englobent tous les grands thèmes de la science-fiction, lesquels composent les cinq parties de ce monde insolite : le temps, les éléments, les univers parallèles, les mutants, les ombres, monstres et robots.La première partie est fortement illustrée par La patrouille du temps, de Poul Anderson. La seconde n’a pas grand éclat. La troisième est efficacement défendue par Ray Bradbury, Fredric Brown, et par deux auteurs français : Henneberg et Sternberg. Mais, en ce qui concerne Fredric Brown, pourquoi avoir détaché un chapitre de son roman l’Univers en folie, alors qu’il a écrit tant d’excellentes nouvelles ? Dans la quatrième partie, figure, notamment, Tout smouales étaient les borogoves, le célèbre texte de Lewis Padgett, qui eût gagné, peut-être, à ce que Boris Vian le traduise avec moins de laisser-aller. La dernière partie est la mieux fournie. On y trouve, notamment, l’obsédant Ruum, d’Arthur Porges ; la fameuse Couleur tombée du ciel, de Lovecraft, et ce Père truqué de Philip K. Dick, remarquablement traduit par Alain Dorémieux et que je considère, personnellement, comme un chef-d’œuvre de l’horrible.
Rapport du PreFeG (Mai 2024)
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A suivre : Galaxie n°063.
Robert Silverberg illustré par Wallace Wood... ça ne se refuse pas !
RépondreSupprimerN'est-ce pas ?!
SupprimerLa nouvelle est très drôle, fort bien menée, et force l'admiration quand on sait que Silverberg était un tout jeune homme à l'époque de sa rédaction.
Merci de ton commentaire Ludo le Hérisson !