22 mai, 2024

Galaxie (1ère série) n°063 – Février 1959

Robert Sheckley à l'honneur de cet antépénultième numéro de Galaxie 1ère série, avec une novella et la deuxième partie d'un roman. Entrée également d'un important écrivain français en la personne de Michel Demuth dans le panthéon du PReFeG, notre 27ème pilier. Et une nouvelle resté inédite depuis du tandem Frederik Pohl - Cyril Kornbluth, en prime !

"Vite, enregistrez-moi sous... !"

Sommaire du Numéro 63 :


NOUVELLES :


1 - Robert SHECKLEY, Tout ou rien  (sous le pseudonyme de Finn O'DONNEVAN) (Join Now / The Humours, 1958), pages 2 à 37, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par GOODMAN

2 - Robert SHECKLEY, Le Temps meurtrier (2ème partie) (Time Killer / Immortality, Inc. (version abrégée sous le titre, 1958/1959), pages 38 à 76, roman, trad. (non mentionné), illustré par Wallace (Wally) WOOD

4 - Michel DEMUTH, Niralia, pages 79 à 91, nouvelle

5 - Arthur C. CLARKE, Coup de soleil (The Stroke of the Sun / A Slight Case of Sunstroke, 1958), pages 93 à 98, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Wallace (Wally) WOOD

7 - Elizabeth R. LEWIS, L'Étrange voisinage (Know thy neighbor, 1953), pages 103 à 110, nouvelle, trad. (non mentionné)

8 - Cyril M. KORNBLUTH & Frederik POHL, Entre deux raids (Nightmare with Zeppelins, 1958), pages 111 à 118, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Dick FRANCIS *

9 - Jacques RAMEAU, Le Commencement de la fin, pages 119 à 128, nouvelle *

11 - John W. ASHTON, Les Secrets de la Mer Morte, pages 131 à 138, nouvelle *

12 - J.R. TEYSSOU, A. 690, pages 139 à 142, nouvelle *

CHRONIQUES


3 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 77 à 78, courrier

6 - Willy LEY, Créateurs d'astronefs, pages 99 à 102, article, trad. (non mentionné)

10 - Jimmy GUIEU, La Rubrique de l'étrange, pages 129 à 130, chronique

13 - Claude VAUZIÈRE, Livres d'aujourd'hui et de demain, pages 143 à 144, notes


* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.


On commence avec Tout ou rien, une bonne novella de Robert Sheckley à l'honneur dans cet antepénultième numéro de Galaxie. Sturgeon imaginait l'homo gestalt, avec ses mutants formant en symbiose un être nouveau dans "Les plus qu'humain" ; Sheckley imagine ici le processus inverse avec l'invention de la fragmentation de l'esprit d'un seul homme dans plusieurs robots. Mais si dissoudre parait simple, rassembler est une autre affaire quand une partie est sur Mars et l'autre sur Vénus…
"... les tribunaux ne reconnaissent pas la mort physique comme décès per se, si ladite mort n’implique pas la destruction de l’esprit. Procurant la survie de l’esprit, la mort du corps n’offre pas plus d’importance, légalement, que la chute d’un ongle. Le corps, par la plus récente décision de la Cour Suprême, est considéré comme un apanage de l’esprit, sa créature, dont il dispose pleinement."
Illustration de Loro parue dans l'édition de 1974 du "Temps meurtrier" (CLA OPTA)
Deuxième partie de Le temps meurtrier, roman trépidant où Robert Sheckley explore une société humaine qui ne craint plus la mort. Ici, c'est la chasse à l'homme, thème récurrent chez Sheckley, qui est décrite. La citation qui précède rappelle que c'est un contexte de loi équivalent dans "Le prix du danger" qui permet cette chasse à l'homme. Et toujours de l'adversité et une pointe de romance.
 
Entrée de Michel Demuth au panthéon du PReFeG. Nous vous invitons à consulter sans attendre une très belle interview menée par Richard Comballot en 2001, qui nous renseigne énormément sur ces années Fiction et Galaxie (1953-1959). Michel Demuth ici débute, avec deux nouvelles déjà parues en 1958 dans la revue Satellite, ainsi qu'une troisième dans cette même revue en ce même mois de Février 1959. Etre publié dans Galaxie sera le déclencheur pour Demuth de sa carrière dans l'édition, principalement chez OPTA, pour qui il sera chef de toutes les collections de science-fiction. ("il est certainement l’éditeur le plus “pro” (sinon le seul) de toute la science-fiction en France." - dixit Gérard Klein).

Quand, un an plus tard, Michel Demuth publiera sa première nouvelle dans le n°77 de Fiction, avec "La ville entrevue", il sera présenté en ces termes très élogieux :

" Voici le premier récit dans « Fiction » d'un jeune auteur sur lequel nous attirons votre attention. Âgé seulement de vingt ans, Michel Demuth écrit déjà depuis cinq ans. Il a une cinquantaine de nouvelles de SF à son actif et a collaboré fréquemment dans le passé aux magazines « Galaxie » et « Satellite ». Il est en outre l'auteur de romans édités régulièrement… au Portugal. 

Cette précocité littéraire ne serait rien si Michel Demuth n'y joignait des dons certains. Depuis ses débuts, il a fait beaucoup de progrès, et il témoigne aujourd'hui d'une maturité et d'un métier assez impressionnants pour son âge. Vous en jugerez par ce tableau d'une société à venir, où ce qui frappe le plus est l'envergure des thèmes et l'habileté avec laquelle ils sont échafaudés.

Depuis quelques mois, Michel Demuth est sous les drapeaux, ce qui va amener un « trou » dans sa carrière. Mais plus tard, s'il continue sur sa lancée, il pourrait s'affirmer comme un concurrent dangereux pour les meilleurs auteurs de SF français."

Michel Demuth débutant au Portugal !  L'interview déjà citée nous en apprend davantage :

" À cette époque, j'ai également écrit un roman intitulé Hal et les magiciens. Mon oncle s'était remarié avec une jeune aristocrate portugaise qui était agent littéraire. Elle avait lu mon roman, l'avait trouvé pas mal et avait décidé de s'en occuper. Trois mois après, elle m'écrivait pour me dire qu'elle l'avait vendu à un éditeur portugais de Lisbonne qui s'appelait Gomes & Rodrigues. J'ai été payé, mais la maison a fait faillite et il n'est jamais paru. Mes toutes premières publications ont donc eu lieu dans Satellite. 

Pour ce numéro de Galaxie, Niralia est une romance située dans une flopée de mondes parallèles. Le sujet est un peu galvaudé, mais il y a déjà du style et du panache dans l'écriture du jeune Demuth.
 
Sport et politique pour ce Coup de soleil signé Arthur C. Clarke. L'auteur britannique a bien pressenti les dérives rendues possibles par un pouvoir illégitime gouvernant une population dépolitisée.
 
Jeu trompeur des apparence et névrose de la solitude pesante ressentie dans les agglomérations anonymes (ici celle de Tenderloin, un quartier de San Francisco devenu depuis l'un des plus pauvres, jouxtant les quartiers huppés des grosses entreprises)… L'étrange voisinage est une bonne nouvelle au suspens renouvelé, signé Elisabeth R. Lewis.

Entre deux raids est un récit "pre-steampunk" audacieux et un rien uchronique sur la découverte secrète de l'uranium, par l'heureux tandem Frederik Pohl et Cyril M. Kornbluth. Etonnant qu'il ne fut pas réédité depuis…

"HUGH fut ravi de ne pas trouver de trottoirs roulants dans cette partie de la ville : il allait pouvoir un peu marcher. Les commodités du « modernisme » lui faisaient horreur. Tout lui faisait horreur, et, au rythme de quelques enjambées, la nausée le prit d’être un homme, un de ces hommes qui enserrent l’humanité dans le corset du progrès, en le poursuivant, en le dépistant systématiquement avec une sorte de joie masochiste. Tout, pour lui, sonnait faux dans cet univers ; faux, ce décor où les hommes semblaient heureux de vivre. Allons donc ! Heureux de vivre dans un esclavage de la machine dont ils dépendaient entièrement ! Il lui revenait à l’esprit cette ancienne théorie que l’homme n’est pas fait pour le progrès, mais qu’il doit être fait par le progrès. Et lui, une créature humaine, il croyait ses semblables indignes d’apprécier, de comprendre, et surtout de s’allier ce « modernisme », alors qu’ils ne faisaient que le subir…"
Telle est l'humeur un peu grognonne pour Le commencement de la fin. La problématique du mutant, qui fait un saut évolutif individuel et spontané, face à l'évolution naturelle graduelle et tâtonnante, est ici clairement exposée dans une très bonne et simple nouvelle, par un mystérieux Jacques Rameau.
  
Les secrets de la Mer Morte, pourrait rappeler la fin des "Chroniques Martiennes" de Ray Bradbury. John W. Ashton nous propose une petite nouvelle sur l'aboutissement des civilisations et des espèces, d'assez bonne facture.
 
A. 690 est une petite nouvelle du type de celles que devaient recevoir par dizaine de courriers les rédactions des revues. Une fin attendue et des effets de style un peu mésusés. On ne parlera plus par la suite de J.R. Teyssou.


Dans la rubrique Votre courrier, on pourra lire :
… Comment espère-t-on réellement agir sur les climats ? (M.R. Démarquet, DRAGUIGNAN.)
 
ON peut citer déjà deux techniques nouvelles, mises au point ces dernières années, pour modifier les climats :
1°) La formation de nuages à volonté, en répandant dans l’atmosphère des cristaux microscopiques d’iodure d’argent. Grâce à ce procédé, utilisé en hiver, on a pu enregistrer une augmentation de précipitations pluviales variant de 10 à 15 % sur des régions montagneuses de l’ouest des États-Unis.
2°) La fonte de la neige et de la glace sur de vastes étendues, en les saupoudrant d’une mince couche de noir de fumée, de poussière de charbon, ou d’autres pigments colorés. En Alaska, on a gagné ainsi, à la fin de l’automne et au début du printemps, plusieurs semaines sur la période d’enneigement.
Par la même méthode, les Russes ont réussi à faire pousser des fleurs, des légumes et du gazon dans les fermes expérimentales situées au nord du cercle arctique.
D’autres moyens sont envisagés :
1°) Le repérage, dès leur formation, des ouragans, tornades et orages dévastateurs, au moyen de satellites artificiels munis de caméras de télévision ; ce qui permettrait de disperser ces météores ou de modifier leur course en provoquant des pluies artificielles sur leur trajectoire.
2°) L’utilisation de fusées intercontinentales, lancées du sol, afin de répandre dans les zones atmosphériques supérieures des produits destinés à en modifier la composition. On atténuerait ainsi la sécheresse de certaines contrées.
3°) La concentration des rayons solaires sur une zone délimitée de la surface terrestre par une série d’immenses réflecteurs en matière plastique lancés dans l’espace et tournant autour de la Terre à la manière de satellites artificiels. Leur effet serait d’améliorer les conditions de culture du sol ; ils serviraient aussi à faire fondre la glace à la surface des grands lacs américains, ou les icebergs sillonnant l’océan.
4°) L’augmentation de la luminosité de l’air atmosphérique pendant la nuit, par des satellites artificiels capables de produire des rayons ultraviolets.
On peut citer encore deux projets russes tendant à créer des mers intérieures artificielles dans les régions septentrionales.
On notera bien qu'il ne s'agit que de techniques de réchauffement. Lutter contre le réchauffement climatique est une autre paire de manches…

Rapport du PReFeG (Mai 2024)

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Prochaine publication prévue pour le mercredi 29 mai 2024 : Galaxie n°064. 

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