17 janvier, 2024

Galaxie (1ère série) n°055 – Juin 1958

Galaxie rend hommage à sa façon à Cyril M. Kornbluth en publiant une très belle nouvelle, où l’on pourra apprécier les talents d’anticipation de cet auteur disparu trop jeune. L’ensemble est de plus de bonne qualité, avec l’entrée de Harry Harrison parmi les auteurs publiés en France, ou quelques autres récits sympathiques qui ont « du chien ».

Clic-clic dans le dos, la bonne blague !

Sommaire du Numéro 55 :

NOUVELLES

 

1 - Harry HARRISON, Le Phare des lézards (The Repairman, 1958), pages 3 à 19, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Frank KRAMER *

2 - Clifford Donald SIMAK, Une chasse dangereuse (The World That Couldn't Be, 1958), pages 20 à 38, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Jack GAUGHAN

3 - Richard WILSON, Un tour au Paradis (Kill Me with Kindness, 1958), pages 39 à 48, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Jack GAUGHAN *

4 - Joseph FARRELL, Les Robots sont tabous (The Ethical Way, 1958), pages 49 à 57, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par JOHNSON *

5 - Gordon Rupert DICKSON, Le Chien télépathe (Rex and Mr. Rejilla, 1958), pages 58 à 69, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par JOHNSON *

6 - Willy LEY, Rien ne reste dans l'imaginaire (No longer imaginary, 1956), pages 70 à 78, article, trad. (non mentionné) *

7 - Christopher GRIMM, L'Homme qui n'était pas encore né (Never come midnight, 1958), pages 79 à 102, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par DILLON

8 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 103 à 104, courrier

9 - Georges MURCIE, X.O. 15 ne répond plus, pages 105 à 114, nouvelle *

10 - William MORRISON, La Planète de l'homme mort (Dead Man's Planet, 1955), pages 115 à 122, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

11 - Evelyn E. SMITH, Les Métamorphoses du Sirien (My Fair Planet, 1958), pages 123 à 134, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par DILLON *

12 - Cyril M. KORNBLUTH, Avec ces mains... (With These Hands, 1951), pages 135 à 142, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Karl ROGERS

13 - (non mentionné), Livres d'aujourd'hui, pages 143 à 144, notes.


* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.


Formidable modernité pour l'époque de Harry Harrison et de cette nouvelle, Le phare des lézards, qui inverse le point de vue de Arthur C. Clarke dans sa nouvelle "La sentinelle" (1951 - à la base de 2001, l'Odyssée de l'espace) : là aussi un artefact issu d'une technologie supérieure est pris pour divin. Il ne s'agit ici que d'une balise pour la navigation hyper spatiale. On notera la croyance tenace par contre que les eaux lourdes et radioactives peuvent faire muter, voire améliorer des espèces sauvages.

Une chasse dangereuse reste un récit de chasse qui aurait pu être très conventionnel si n'avait été une forme de vie d'un genre nouveau. Clifford D. Simak maîtrise toutefois bien son histoire.

Le Paradis ne saurait être hors du monde avec la possibilité d'y faire et d'y avoir tout ce que l'on veut. Richard Wilson en fait la démonstration avec Un tour au Paradis, dans un modèle malgré tout très "american way of life".

Une drôle de nouvelle, toujours avec cette incursion d'éléments de SF dans les usages quotidiens de l'american way of life, mais avec un côté divertissement familial charmant, dans Le chien télépathe de Gordon R. Dickson.

Un article passionnant de Willy Ley sur les circulations des inventions entre la science et la fiction : Rien ne reste dans l'imaginaire.

Un esclavage qui finit par se fondre en salariat, alors que Les robots sont tabous. Joseph Farrell survole quelques générations pour brosser ce tableau.

L'homme qui n'était pas encore né est une bonne novella sur l'immortalité comme rétribution d'un pacte faustien avec une espèce extraterrestre. La romance en filigranne ne distrait pas ce récit de son tracé cruel et fort bien mené. Galaxie reprendra d'ailleurs ce récit dans son fond éditorial pour sa deuxième série, dans une nouvelle traduction (in Galaxie n°104 de janvier 1973). Quant à l'auteur, Christopher Grimm, nous avions déjà noté (in Galaxie n°30) qu'il s'agissait du fondateur et éditeur de Galaxy Science-fiction, Horace L. Gold, sous pseudonyme. Il laissera sa place d'éditeur l'année suivante, en 1959, à Frederik Pohl.

Sans transition, et parce qu'ici aussi on désintègre parfois : 
" UN court historique s’impose sur les changements scientifiques et politiques des quarante dernières années.
  Période de 1945 à 1956 : premières découvertes importantes dans le domaine de l’atome et de ses applications ; essais de fusées et autres engins stratosphériques découlant d’armes employées par l’Allemagne au cours de la guerre 39-45.
  1956-57 : premières applications de la force atomique à la propulsion.
  1957 : premier véritable succès dans ce domaine marqué par le lancement du « Spoutnik », premier satellite artificiel de l’U.R.S.S. (pays qui occupait alors la partie orientale de l’Europe, actuellement Europe Orientale).
  1967 : entrée en vigueur du traité de collaboration, signé – contre toute attente et après maintes palabres – par l’U.R.S.S. et les U.S.A. (ensemble d’États de la vieille Amérique du Nord).
  1970 : résultats positifs atteints. Le premier relais constant entre la Terre et la Lune est installé ; le voyage Terre-Lune devient une réalité courante, les précédents voyages n’ayant été que des essais aux conséquences parfois désastreuses.
  1982 : réorganisation totale de l’administration mondiale (achevée en 1985), caractérisée par la disparition des anciens États et la création d’un gouvernement mondial sans siège fixe, une ville étant choisie par référendum tous les trois ans pour être la capitale mondiale. Ce gouvernement général supervise les travaux de neuf gouvernements subalternes chargés de l’administration des neuf provinces terrestres : Amérique-Nord ; Amérique-Sud ; Asie-Est ; Asie-Ouest ; Australie ; Europe Occidentale ; Europe Orientale ; Afrique-Nord ; Afrique-Sud. C’est la fin du morcellement anachronique qui empêchait le développement intensif de la civilisation universelle. Tous les efforts sont répartis et toutes les connaissances partagées.
  1990 : déjà la langue unique, dont l’usage est vivement conseillé par tous les gouvernements, commence à se généraliser, favorisant les relations entre les races humaines de plus en plus mêlées.
  Il existe maintenant six relais constants entre la Terre et la Lune. L’aménagement de cette dernière se poursuit intensément ; la cinquième base lunaire est en construction. De plus, un relais-poste-carburant (R.P.C.M.) a été installé sur la ligne Terre-Mars, premier pas vers l’exploration de Mars, planète qui demeure assez mal connue malgré les nombreuses observations déjà faites.
  Voilà, très schématiquement, quelle est la situation en 1990."

Très schématiquement est même un euphémisme. Bien qu'on puisse s'amuser un temps à cet exercice d'histoire du futur, où l'on voit bien tout de même ce que la conquête spatiale pouvait engendrer comme fantasmes politiques,  X.O. 15 ne répond plus est une nouvelle inepte, rédigée à la hâte dans un style pseudo journalistique, qu'on oubliera sans scrupule avec Georges Murcie, auteur français de l'écurie Fleuve Noir Anticipation.

Une courte nouvelle que La planète de l'homme mort, une autre histoire canine, comme si Galaxie s'évertuait à s'édifier en anthologie d'un thème. On retrouve le goût de William Morrison pour le point de vue de l'enfance, et ce que le monde adulte, se croyant plus raisonné, s'inflige comme doucereux mensonge.

Illustration de Dillon
"Vous direz à ma race que la Terre possède une arme défensive formidable et que vous venez leur enseigner le secret. Du reste, c’est la vérité. Le théâtre est l’arme la plus puissante de votre monde, sa défense la plus solide contre l’ennemi universel : la réalité."
Le théâtre vu comme une arme contre l'adversaire de toute forme de vie : la réalité. Un point de vue extraterrestre développé par Evelyn E. Smith qui, dans Les métamorphoses du Sirien, écorche au passage les Marlon Brando et autres James Dean de pacotille formés à la chaîne par les Actor's studios très en vogue à cette époque.

Crédit photo : Philippe Guersan.

Quelle peut être l’utilité d’un artiste dans un monde mécanisé ? 
Voilà un questionnement qui finit par quitter le domaine de la fiction pour devenir une réalité : la mécanisation, qu'on nomme aujourd'hui "intelligence artificielle", détrônera-t-elle le travail artistique ? Sans doute que des consommateurs y trouveront leur compte par souci d'économie. Peut-être que des mécènes joueront un temps le jeu condescendant de collecter des œuvres d'art faites à la main comme on s'enticherait d'antiquités. Mais il y aura toujours des amateurs pour comprendre la nécessité de l'art dans la vie culturelle collective. Tous ces aspects sont présentés de façon efficace et concise dans Avec ces mains... de Cyril M. Kornbluth.
Et tant qu'à faire, puisqu'il est précisément question de cette oeuvre d'art dans la nouvelle, notre illustration représente La fontaine d'Orphée à Stockholm.

Pour terminer ce tour d'horizon du numéro 55, on notera l'apparition d'une nouvelle rubrique : "Livres d'aujourd'hui", où l'on imaginera que Galaxie cherche sans doute à se rapprocher de la politique éditoriale de Fiction, plus soignée quant à la réflexion sur ce genre encore nouveau à cette époque qu'est la science-fiction. Mais il y a sans doute moins de personnel au sein de la rédaction de Galaxie qu'au bureau de rédaction de Fiction ; en témoigne cette note d'intention : Dès le mois prochain, la Rubrique de l’Étrange, par Jimmy Guieu, alternera, un mois sur deux, avec la critique des ouvrages de vulgarisation scientifique." Tout cela durera moins d'un an, hélas… Il reste une dizaine de numéro d'espérance de vie à cette revue, avant qu'elle ne renaisse de ses cendres.


Un nouveau fléau s'apprête à alimenter les frayeurs et les cauchemars des citoyens de la fin des années 50. En voici les prémices :


SAVIEZ-VOUS QUE…

 

…un nuage magnétique enveloppait le neutron ?

 

CETTE nouvelle et surprenante découverte concernant le neutron, ce composant minuscule de l’atome, aurait été faite par les savants de l’université de Stanford.

L’étude de l’atome à l’aide d’un accélérateur linéaire de particules leur aurait révélé que le neutron est d’un volume beaucoup plus important qu’on ne le pensait jusqu’à présent. Il serait, en effet, entouré d’un « nuage magnétique », dont les savants seraient parvenus à mesurer le rayon moyen, et sa taille serait voisine de celle du proton.

Le docteur I.I. Rabi, prix Nobel de Physique, qui participait à la conférence au cours de laquelle ces faits furent révélés, a déclaré que cette découverte était d’une importance primordiale et pourrait peut-être permettre d’expliquer la cohésion des particules au sein du noyau de l’atome, phénomène qui représente l’une des questions-clés de la physique moderne.

Ces découvertes mèneront en cette même année 1958 à l'invention théorique de la bombe à neutrons, qui ne sera concrétisée qu'à partir de 1963 aux États Unis.

Rapport du PreFeG (Janvier 2024)

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Vérification du sommaire
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Note (1) augmentée, note (2) ajoutée.
  • Vérification et mise à jour des liens internes.
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

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