10 janvier, 2024

Galaxie (1ère série) n°054 – Mai 1958

Galaxie poursuit sa quête du nombre en publiant beaucoup de récits très courts, qui comptent parmi les meilleurs du numéro (Richard Matheson, Lloyd Biggle, Evelyn E. Smith, et un français nouveau venu qui signe Allan George).

Cliquez droit dans l’espace courbe.

Sommaire du Numéro 54 :

1 - Henry BEAM PIPER, Le Cimetière des rêves (Graveyard of Dreams, 1958), pages 2 à 28, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par DILLON *

2 - Clifford Donald SIMAK, Le Secret des sitters (The Sitters, 1958), pages 29 à 46, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Wallace (Wally) WOOD

3 - Volsted GRIDBAN, La Pierre de soleil (Alice, Where Art Thou?, 1954), pages 47 à 60, nouvelle, trad. (non mentionné)

4 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 61 à 62, courrier

5 - Fritz LEIBER, Amoureuse de son bourreau (Coming Attraction, 1950), pages 63 à 72, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par René CAILLÉ

6 - Richard MATHESON, Deux planètes trop semblables... (Third from the Sun, 1950), pages 73 à 75, nouvelle, trad. (non mentionné)

7 - Frederik POHL, Mon ami Arthur (The Knights of Arthur, 1958), pages 76 à 96, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Don MARTIN *

8 - Allan GEORGE, ...et la forme se perd, pages 97 à 106, nouvelle *

9 - Lloyd Jr BIGGLE, Une profitable comédie (Leading Man, 1957), pages 107 à 114, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par PETERFIELD

10 - Frank Malcolm ROBINSON, Les Belles vacances ! (Two Weeks in August, 1951), pages 115 à 122, nouvelle, trad. (non mentionné) *

11 - Jimmy GUIEU, Les Soucoupes volantes, pages 123 à 124, chronique

12 - Evelyn E. SMITH, Un monde décevant (Tea Tray in the Sky, 1952), pages 125 à 132, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par ASHMAN *

13 - Willy LEY, Le Futur satellite "Vanguard", pages 133 à 138, article, trad. (non mentionné)

14 - Jean DUZAL, « Grilling » à bord, pages 139 à 144, nouvelle *

 

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

Commençons par un point de vue que l'on devrait se remémorer plus souvent :

— Que dis-tu là, papa ! Intelligents, les computeurs ? Pas le moins du monde ! Les savants qui les conçoivent, les techniciens qui les construisent sont intelligents. Mais eux… Certes, les computeurs font parfaitement, et mieux que les hommes, ce pour quoi ils sont faits. Ils peuvent enregistrer plus de données que n’en a jamais contenu cerveau humain, et s’en servir, au moment voulu, sans la moindre erreur. Ils peuvent combiner, calculer plus vite que l’homme, et avec une infaillible rigueur mathématique. Ils peuvent – ce qui est interdit à l’homme – travailler jour et nuit, car, ignorant la fatigue, ils n’ont pas besoin de repos. Mais ils sont incapables d’imaginer, de créer. En résumé, ils ne peuvent rien faire qui dépasse les possibilités de l’esprit humain. (Le cimetière des rêves – H. Beam Piper – extrait)

On a la sensation d'un premier chapitre à la lecture de Le cimetière des rêves, une bonne nouvelle de pure anticipation sur l'évolution d'un empire galactique d'origine terrestre. Curieusement ici, le "computeur" semble être le nec plus ultra d'une technologie qui a déjà acquis le vol et l'expansion interplanétaire. H. Beam Piper n'imaginait sans doute pas à quel point l'électronique et les calculatrices géantes que sont nos ordinateurs allaient envahir bien vite notre quotidien...

Une belle problématique que pose Clifford D. Simak à propos de l'éducation et de ce qu'elle consomme d'enfance, d'ignorance, d'insouciance et d'innocence, dans Le secret des sitters. Que perd-on de soi en devenant un adulte responsable et accompli ? Peut-être la capacité à jouer et à s'émerveiller.

La femme qui rétrécit, avec son homonyme du pays des merveilles qui elle aussi change de taille, dans un récit désespéré et impuissant : La pierre de Soleil. Une explication scientifique du phénomène fait basculer du fantastique du type "objet maudit" à de la SF. Mais tout y est un peu vain. L'auteur, qui signe ici Volsted Gridban, n’est autre que John Fearn, alias Vargo Statten, bien que ce pseudonyme de Grinsbad a aussi été utilisé par E. C. Tubb.

Les rapports hommes-femmes compliqués, l'érotisme déplacé dans un jeu sado-masochiste ou un déplacement des atouts de la séduction, une population humaine qui peine à se reconstruire après la 3eme Guerre Mondiale... Il y a certes des éléments intéressants dans Amoureuse de son bourreau de Fritz Leiber, mais quelque chose ne décolle pas.

Un auteur qui a le vent en poupe en ce mois de mai 1958, avec deux nouvelles publiées , l'une dans Galaxie et l'autre dans Fiction ("Jours disparus" dans le Fiction n°54). Deux planètes trop semblables… est une très concise nouvelle, avec cet habituel et virtuose dénouement propre à Richard Matheson. Elle sera adaptée dans la série La Quatrième Dimension (Saison 1 - Episode 14 : Troisième à partir du soleil ) , en 1960, par Richard L. Bare,

Mon ami Arthur est une nouvelle au ton léger malgré un contexte post apocalyptique, qui malgré ses péripéties nombreuses ne nous emmène pas plus loin qu'au large , comme s'il s'agissait des premiers chapitres d'un roman. On a connu Frederik Pohl plus inspiré.

… Et la forme se perd  pourrait être la suite lointaine de celle de Pohl, post apocalyptique elle aussi, mais d'un ton plus grave semblable à celui d'un Ward Moore ou d'un Fritz Leiber, avec une pensée pour des formes de vie très différentes de celle que nous imaginons par anthropocentrisme : des vies minérales. Quant à l'auteur, Allan George est le peseudonyme du français Marcel Alain Hilleret ; il publiera dans les années 60 quelques nouvelles dans Fiction sous le pseudonyme d'Arcadius. Celle-ci est sa première histoire publiée.

Une profitable comédie est une fantaisie de Lloyd Biggle Jr, qui aurait pu inspirer Pierre Christin pour le scénario de "Sur les terres truquées", bande-dessinée de la série Valérian.

Les belles vacances ! est une sympathique nouvelle de Frank M. Robinson qui part d'une blague de bureau.

Dans sa rubrique Les soucoupes volantes, ce sacré Jimmy Guieu, plutôt qu'admettre que l'existence des "S.V." puisse être sujette à caution, boude un peu et met dans le même panier les incrédules et ceux qui ne croient pas en la conquête spatiale. A noter une référence à la British Interplanetary Society, dont Arthur C. Clarke a été un temps le président. On sent bien que Jimmy Guieu arrive un peu au bout de son matériel éditorial, et qu'il doit quitter sa verve un peu acide pour rester un tant soi peu crédible. Ce sera la dernière parution de cette rubrique dans Galaxie, qui laissera la place (pour quelques mois encore) à une "Rubrique de l'étrange". 

Aplanir les distinctions pour abolir les conflits, voilà qui risque bien de devenir une nécessité dans une civilisation à l'échelle galactique. Mais plutôt qu'égaliser les droits, les communautés distinctes peuvent faire augmenter l'intolérance et durcir les lois. Seuls le libéralisme publicitaire semble y tirer son épingle du jeu. Un monde décevant , par Evelyn E. Smith, est une très bonne nouvelle sur un problème philosophique, économique, politique et social, et ce que Bradbury appelait déjà dans "Fahrenheit 451" les "minorités agissantes".

Grilling a bord, de Jean Duzal, est un peu inutilement embrouillé, et pourra rappeler "L'homme démoli" d'Alfred Bester, dans sa problématique de parvenir à cacher des pensées et des projets criminels quand la technologie permet de lire dans les pensées.

Dans la série "La tentation cosmique", ou "la laine des mutants, c'est nous qui la faisainnes", un extrait de la rubrique « Votre courrier » :

Un de mes amis prétend que les Américains doivent leur dynamisme à une radio-activité plus forte régnant dans leur pays. Est-ce plausible ?

M. SOPICO, Rome.

 

IL est fort possible que la radio-activité soit plus intense dans certaines régions de l’Amérique du Nord, où abondent les roches éruptives. Il ressort, en effet, des études menées dans le cadre de l’Année Géophysique que le granit est une source non négligeable de rayonnements et que les radiations sont plus puissantes dans les régions granitiques que sur les terrains calcaires.

On sait déjà que certains pays sont plus radifères que d’autres : par exemple, la Suède l’est presque deux fois plus que la Grande-Bretagne, et de nombreuses plages de l’Inde et du Brésil présentent une radio-activité naturelle bien supérieure à celle détectée sur d’autres rivages.

Quant à l’influence qu’un tel état de choses peut exercer sur l’homme, on n’en connaît pas encore la portée.

Depuis que l’humanité existe, elle subit à la fois les radiations venues du sol et le bombardement continu des rayons cosmiques, sans pouvoir exercer le moindre contrôle sur ces rayonnements, ni soupçonner les perturbations qu’ils peuvent causer à son organisme.

Nul doute que les recherches entreprises dans ce domaine nous réservent de surprenantes révélations.


Un ancêtre de Wikipedia, dans la rubrique « Saviez-vous que… » :

 

SAVIEZ-VOUS QUE…

…l’on pouvait, à l’exposition de Bruxelles, obtenir communication en 2/3 de seconde, de n’importe quelle période de l’histoire du monde ?

 

L’APPAREIL électronique qui permet de se documenter ainsi est l’un des clous de la section américaine. Il contient une colonne de disques sur lesquels est enregistré un résumé des principaux événements qui se sont produits sur notre planète entre l’an IV avant Jésus-Christ et 1958.

Il suffit d’appuyer sur le bouton correspondant à l’année désirée pour mettre en action un sélecteur qui, en 2/3 de seconde, déclenche le disque correspondant et transcrit ses indications en dix langues, au choix.

La machine rêvée pour les écoliers aux veilles d’examen !

Toujours dans la même rubrique, des prévisions de progrès techniques à la lisière du fantasme :

SAVIEZ-VOUS QUE…

… par la fusion du deutérium ou hydrogène lourd, on pouvait tirer 100 litres d’essence d’un litre d’eau de mer ?

CE miracle est accompli, par Z.E.T.A. (Zéro Energie Thermonuclear Apparatus), sorte d’usine atomique en miniature qui fonctionne au centre d’Harwell.

L’élément essentiel de l’appareil est une immense cuve à parois de verre nommée. « doughnut » (pet-de-nonne) dans laquelle s’opère continuellement la fusion des noyaux de deutérium. Cette fusion s’effectue pour chaque noyau en une infinitésimale partie de seconde et produit un éclair presque invisible – tant il est éphémère – auquel on a donné l’appellation de « lumière du nouvel univers ».

En somme, « doughnut » représente une bombe H à explosion contrôlée. Par lui, les savants sont parvenus à atteindre des températures de 5 millions de degrés, c’est-à-dire cent fois la chaleur régnant à la surface solaire. Ils espèrent arriver à 100 millions de degrés, soit la température du soleil à son centre.

Ces recherches, qui n’en sont qu’au premier stade, sont appelées à détrôner les actuelles centrales atomiques.

Voici sans doute ici le prototype des chambres de confinement qui continuent à notre époque de poser de nombreux problèmes techniques pour parvenir à leur concrétisation. 

Rapport du PreFeG (Janvier 2024)

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Vérification du sommaire
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  • Vérification et mise à jour des liens internes.
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En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro

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Frank Malcolm ROBINSON

A suivre : Galaxie n°055.




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