03 janvier, 2024

Galaxie (1ère série) n°053 – Avril 1958

Galaxie change de maquette pour ses couvertures, et mise sur la quantité d’auteurs et de nouvelles. On trouvera dans ce numéro 53 une flopée de raretés, dont une nouvelle de Robert Sheckley et une de Frederic Pohl, toutes deux sous pseudonymes, sans compter J. T. McIntosh, le remarqué Lloyd Biggle ou encore William Morrison, et quelques productions françaises.

Clic droit sur la nouvelle maquette !

Sommaire du Numéro 53 :


1 - Lloyd Jr BIGGLE, Les Leçons du robot (Spare the Rod, 1958), pages 2 à 22, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Wallace (Wally) WOOD *

2 - Finn O'DONNEVAN, Idylles sur commande (Grey flannel armor, 1957), pages 23 à 31, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par DILLON *

3 - Walter S. TEVIS, La Balle choisit la liberté (The Big Bounce, 1958), pages 33 à 40, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par JOHNSON

4 - Vargo STATTEN, Marche arrière (Reverse Action, 1954), pages 41 à 55, nouvelle, trad. (non mentionné)

5 - William MORRISON, Glissoire transtemporelle (The Sly Bungerhop, 1957), pages 56 à 68, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Don MARTIN

6 - Maurice LIMAT, La Colère des Martiens, pages 69 à 74, nouvelle

7 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 75 à 76, courrier

8 - Michael SHAARA, Un maillon de la chaîne (Wainer, 1954), pages 77 à 84, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par ASHMAN *

9 - Jeannine RAYLAMBERT, Le Partage de minuit, pages 85 à 98, nouvelle *

10 - Jim HARMON, Contempteur du progrès (Confidence game, 1957), pages 99 à 108, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par EPSTEIN *

11 - Jimmy GUIEU, Les Soucoupes volantes, pages 109 à 110, chronique

12 - J. T. McINTOSH, Voyage sans retour (You Were Right, Joe, 1957), pages 111 à 118, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Dick FRANCIS *

13 - Roger DEE, Sur une île perdue (Traders Risk, 1958), pages 119 à 128, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Don MARTIN

14 - Paul FLEHR, Compagnons de la haine (The Hated, 1958), pages 129 à 136, nouvelle, trad. (non mentionné) *

15 - John BOLAND, L'Ère chicha (Doat age, 1957), pages 137 à 144, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Peter BOWMAN *

 

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

Kurt Vonnegut, dans Le pianiste déchaîné, rapportait une anecdote similaire avec une machine à jouer aux dames. Dans Les leçons du robot, Lloyd Biggle confond sciemment enseignement technique et étayage mécanique, confusion d'autant plus flagrante qu'il s'agit d'un enseignement artistique, impossible à réduire à une simple action mécanique.

Robert Sheckley sous le pseudonyme de Finn O’Donnevan, poursuit son étude du sentiment amoureux dans Idylles sur commande, en imaginant un mélange de ce que nous appellerons plus tard "site de rencontre" et "flash mob". L'idée de jeunes gens en déroute prêts à se laisser scénariser leurs vies est toutefois grinçante.

Comme dans sa nouvelle précédemment publiée (« L'ixe de l'i grec », in Galaxie n°51), Walter S. Tevis imagine des inventeurs dépassés par leur trouvaille. Bien que La balle choisit la liberté s'arrête là où elle pourrait commencer, mais ne manque pas de rebonds à défaut de rebondissements.

Marche arrière,  par Vargo Statten, possède un rythme trépidant, une ambiance de huis-clos policier, et des trouvailles d'auteur, mais ce récit tourne court. Dommage...

Glissoire transtemporelle met en scène le monde éditorial des revues et des collections, et sur un accès provisoire au futur. On a connu meilleur William Morrison, mais ici tout est décrit dans un flou artistique qui parlera aux plus myopes d'entre nous. De fait, plutôt que décrire visuellement un monde futuriste, Morrison concentre ses efforts sur les sonorités, et donc le langage, et compose une langue future comme le fera plus tard Daniel Drode dans "Surface de la planète".

Quand les auteurs parlent d'eux-mêmes et "s'auto-fictionnent" : dans La colère des Martiens, Maurice Limat livre un récit un peu facile et ficelé à la hâte. Max Milton, Yves d’Anvers, Peter Sisney… auteurs inventés respectivement de Tempête sur Mars, Les révoltés de l’autre monde, et L’étoile sanglante, pourraient évoquer les compagnons du Fleuve Noir de Maurice Limat : Max-André Rayjean et Peter Randa, ou peut-être encore Yves Dermèze (?). Quoi qu’il en soit, on sait que les auteurs de SF n’étaient pas avares d’imagination en matière de pseudonymes. Quoi qu’il en soit, ce récit évoque sans le savoir la crise à venir de la science-fiction française : déperdition éditoriale, manque d'auteurs français en quantité et de qualité, obsolescence des thèmes de l'âge d'or de la SF à l'américaine…

Dans Un maillon de la chaîne, Michael Shaara fait confiance, plutôt qu'à la pantropie, en une évolution naturelle de l'espèce qui la mènera vers l'espace. Mais il s’agit ici d’une mutation individuelle, et qui ferait donc d'un seul mutant le père de toute la "race" suivante. Un point de vue un peu paternaliste.

Le partage de minuit, par Jeannine Raylambert, s’amorce avec une bonne trouvaille, même si elle demande une forte suspension de l'incrédulité, dans un style très français, parfois même un peu mièvre, sur notre planète littéralement coupée en deux.

Très bonne ambiance un peu post-apocalyptique pour deux vagabonds qui ne paient pas de mine, mais qui pourtant sont prêts à diffuser un savoir interdit de longue date... ou pas. Contempteur du progrès, de Jim Harmon, tourne malheureusement un peu court (au point de se demander s’il a été coupé pour sa publication). On notera des références à des livres maudits lovecraftiens, qui pourraient faire entrer cette nouvelle dans les apocryphes du Mythe de Cthulhu, même de façon quasi-parodique.

Dans sa rubrique Les soucoupes volantes, ce sacré Jimmy Guieu laisse la parole à un témoin "digne de foi" : un journaliste. Avec une occurrence répétée à « Pamplemousse », nous avons à notre tour poursuivi notre enquête entamée avec le numéro 52 : « Pamplemousse » est le nom moqueur donné au premier essai de lancement d'un satellite orbital américain en décembre 1957 - essai raté et aussi qualifié de "flopnik". 

Pour tout vous dire, nous étions de nombreux limiers sur la piste du Pamplemousse ; l'un de nos lecteurs (appelé Vanguard pour protéger l'intégrité de son identité, comme dirait ce sacré Jimmy) nous rapporte des éclaircissements en commentaire du Galaxie 52, avec un lien en prime : https://air-cosmos.com/article/il-y-a-65-ans-vanguard-1-le-deuxieme-satellite-artificiel-americain-64574. Merci Vanguard ! On pourra également trouver dans le numéro 54 de Galaxie un article de Willy Ley au sujet de "Vanguard" (le satellite, pas le contributeur…)

Sans transition (quoique...), Voyage sans retour est une petite nouvelle intrigante, qui elle aussi donne la sensation d'avoir été coupée. J.T McIntosh y évoque les voyages dans le temps, avec le non-dit d'un tabou à ne pas franchir.

Productions monopolisées par la planète colonisatrice, espèces sauvages déportées d'un monde à l'autre, et extraterrestres d'un niveau technologique supérieur qui voit les autres en barbares... Dans Sur une île perdue, Roger Dee aligne les clichés pour un récit qui distrait mais qui n'instruit pas. On y notera la présence d’un consul Satterfield, nom qui a aussi servi de pseudonyme à Frederik Pohl.

Paul Flehr est aussi un pseudonyme de Frederik Pohl. Dans Compagnons de la haine, il soulève la problématique du voyage interplanétaire vécu comme un trauma, et générateur d'une haine tenace envers les coéquipiers.

Pour terminer, avec L’ère chicha de John Boland, chien et chat sont réunis en « chicha » de synthèse ; on croirait à un beau rêve - si ce n'était la sempiternelle leçon qu'il est périlleux de faire intervenir soudainement une nouvelle espèce dans un milieu naturel sans qu'elle ne devienne invasive.


Un lancer de nain... dans l'espace ! Et on ne s’arrête pas là dans l’outrance, avec une condescendance envers les pygmées en prime.

SAVIEZ-VOUS QUE…

…les spécialistes de voyages interplanétaires préconisaient d’utiliser des naines comme astronautes ?

 

Des psychologues américains récemment réunis à New York pour étudier les conditions des futurs voyages interplanétaires sont arrivés à la conclusion que le poids et le volume du « matériel humain » devrait être limité à bord des astronefs, tout comme celui de l’équipement.

L’idéal, selon le docteur Pepinsky, serait une naine, ingénieur, physicienne, et assez nerveuse pour apprécier l’isolement dans l’espace…

Les Russes feraient, actuellement, des expériences dans ce sens, mais ils pensent que chacun des sexes possédant ses talents propres, il serait préférable d’utiliser des couples plutôt que des équipes composées de deux hommes ou de deux femmes.

À ce compte, les Pygmées paraissent bien placés pour devenir les conquérants des planètes voisines… à condition, bien entendu, qu’ils soient capables d’assimiler les connaissances techniques nécessaires pour tenter l’aventure.

Un « pseudo-scientifique », c'est-à-dire un penseur de génie qui n’est pas à même de pouvoir expérimenter ses théories, ni les démontrer concrètement, fait-il la différence avec un auteur de Science-Fiction ? Il n’y a que le pas de la crédulité qui coûte… En voici un exemple :

SAVIEZ-VOUS QUE…

…il se pourrait qu’un super-spoutnik allemand mû par l’énergie solaire fût lancé prochainement pour un voyage Terre-Lune aller et retour en quatorze heures ?

 

L’engin a été conçu par un jeune physicien allemand autodidacte, grand invalide (aveugle, privé des deux mains et presque sourd) nommé Burkhard Heim, qui, au cours d’un récent congrès de physique astrale, à Francfort-sur-le-Mein, a déclaré que l’emploi des fusées pour les explorations interplanétaires se révélerait toujours insuffisant, faute d’une énergie propulsive assez puissante. Celle-ci doit être trouvée dans l’espace, et ne peut être que celle de la lumière.

 

Burkhard Heim affirme qu’il a résolu théoriquement le problème et qu’il est sur le point de le résoudre pratiquement. Il a ajouté que sa théorie ne connaît pas seulement quatre dimensions, comme dans Einstein et Planck, mais six et même huit !

 

Le modèle de son navire interplanétaire à propulsion solaire ressemble à un casque médiéval (dit « salade ») à double visière. Mais le moyen de captation de l’énergie solaire et de sa transformation en énergie propulsive, n’a pas été révélé.

 

Toutefois, on sait que l’engin devrait se soulever du sol comme un ballon, et atteindre la Lune en sept heures. 

Rapport du PreFeG (Janvier 2023)

  • Relecture
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Lloyd Jr BIGGLE
Finn O'DONNEVAN


A suivre : Galaxie n°054.

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