05 janvier, 2022

Fiction n°004 – Mars 1954

Nous poursuivons nos publications numériques avec ce n°4 de la revue Fiction, daté de Mars 1954. Apprécions tout particulièrement « Le sacrifié », toute première nouvelle de Philip K. Dick publiée en France dans une revue. Première publication aussi dans une revue française pour Alfred Bester, avec la nouvelle « L’homme que Vénus va condamner ». Et les grands débuts dans Fiction du belge Jacques Sternberg avec « Le désert », qui signera aussi un grand nombre de couvertures pour cette revue.


 
Sommaire du Numéro 4 :

NOUVELLES

1 - BOILEAU-NARCEJAC, Le Grand secret, pages 3 à 10, nouvelle

2 - Ruth M. GOLDSMITH, Adieu, veau, vache... couvées ! (Yankee exodus, 1953) , pages 11 à 22, nouvelle, trad. (non mentionné)

3 - Philip K. DICK, Le Sacrifié (Expendable, 1953) , pages 23 à 29, nouvelle, trad. (non mentionné)

4 - Alexandre RIVEMALE, Le Jongleur, pages 30 à 48, théâtre

5 - Robert SHECKLEY, Désirs de roi (The King's Wishes, 1953) , pages 49 à 59, nouvelle, trad. (non mentionné)

6 - Charles L. HARNESS, Les Joueurs d'échecs (The Chessplayers, 1953) , pages 60 à 72, nouvelle, trad. (non mentionné)

7 - Jacques STERNBERG, Le Désert, pages 73 à 75, nouvelle

8 - John ANTHONY, L'Hypnoglyphe (The Hypnoglyph, 1953) , pages 76 à 86, nouvelle, trad. (non mentionné)

9 - William Lindsay GRESHAM, Le Peuple du Grand Chariot (The Star Gypsies, 1953) , pages 87 à 102, nouvelle, trad. (non mentionné)

10 - Alfred BESTER, L'Homme que Vénus va condamner (Star Light, Star Bright, 1953) , pages 103 à 119, nouvelle, trad. (non mentionné)


CHRONIQUES

11 - Jacques BERGIER & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 120 à 122, critique(s)

12 - F. HODA, Guerres interplanétaires, pages 123 à 128, article

 

Rapport du PReFeG :

  • Relecture, corrections orthographiques et grammaticales
  • Ajout de la note 7
  • Vérification et mise à jour des liens internes
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Mise en gras les titres in Revue des Livres
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, série, date d'édition)

Dans ce numéro, nous pouvons retrouver un extrait d’article qui évoque bien les réserves soulevées par ce genre nouveau qu’était la Science-fiction (encore souvent appelée « Anticipation Scientifique »).

« La Gazette de Lausanne » a consacré une page de son supplément littéraire, « La Gazette littéraire », du 28 novembre dernier, à la « science-fiction ». Un long article de Boris Vian : « Si Peau-d’Âne m’était conté… » explique, témoigne et plaide éloquemment en faveur du genre. M. Henri-François Rey, dans un autre article au titre significatif : « Science-fiction ou science-mystification ? » est plus réservé et exprime ses craintes sur ce qu’il considère comme un envahissement des « technocrates ». M. H.-F. Rey désigne ainsi les savants, les ingénieurs, en un mot les scientifiques.

«  Cette nouvelle philosophie, car c’en est une, se présente, donc avant tout comme une entreprise de libération. Voilà bien la mystification.

Il m’a été donné de lire récemment quelques livres fictionnistes, la plupart traduits de l’américain. L’identité des thèmes est flagrante. Partant de données scientifiques actuelles, nos nouveaux penseurs s’empressent d’extrapoler, de donner à leurs prémices le coup de pouce de l’imagination, ce qui leur permet de construire un univers utopique qui, en fait, finit par n’avoir plus aucune justification scientifique. L’aventure du brave homme qui devient amoureux d’une habitante de Vénus en est une preuve, et aussi celle, de tous ces héros aux prises avec de méchants Martiens.

À priori, bien sûr, il ne nous est pas permis de réfuter l’existence d’êtres vivants sur telle ou telle planète, mais je pense qu’il nous est permis de ne pas croire à l’agressivité obligatoire de ces êtres vivants. Pourtant pour les fictionnistes, pas de problèmes ; tout ce qui vit sur les autres planètes existe « contre nous » ; tous les procédés scientifiques décrits par ces nouveaux poètes sont des procédés servant à la défense de la race humaine ou, dans le meilleur des cas, à la destruction des races concurrentes.

Mais, surtout, ne nous leurrons pas. Voyons bien les choses en face et disons que la « science-fiction » n’a jamais considéré le progrès scientifique comme un moyen de libération, mais essentiellement comme un moyen d’oppression de la race humaine, comme un moyen de contrôle des réactions humaines. Il ne s’agit pas de prévoir un monde, enfin harmonieux, mais de décrire une planète qui, en s’élargissant aux dimensions de l’univers, deviendra de plus en plus effrayante, de plus en plus tyrannique pour ses malheureux occupants.

Que l’on fasse bien attention, ce postulat de base n’est pas né du hasard. Reprenons le thème central des ouvrages fictionnistes. Il est toujours le même : le monde et la race humaine sont plus que jamais menacés, mais il y a quelques hommes, très peu d’ailleurs, qui peuvent nous sauver, car ils en ont les moyens, quelques hommes à qui l’humanité devra son salut.

Et quels sont ces hommes ? Les savants, les ingénieurs, les scientifiques, autrement dit, les TECHNOCRATES.

Nous voilà au cœur du problème.

L’histoire, encore elle, nous apprend que l’évolution des sociétés veut que sans cesse les classes sociales luttent entre elles pour la possession du pouvoir. En ce milieu du siècle, au-delà peut-être des perspectives marxistes qui réduisent l’histoire à une lutte de classes très circonscrite, on peut constater que, au sein même de chaque groupe social, divers éléments luttent pour l’exercice du pouvoir. Et partout, aussi bien à l’est qu’à l’ouest, ce sont les technocrates qui sont les mieux placés dans cette course et qui risquent de la gagner définitivement.

Sous le douteux prétexte que tous les problèmes qui se posent à l’homme peuvent être résolus par l’« organisation », ces fabricants d’équations et de statistiques prétendent imposer leur présence dans tous les hauts conseils de direction.

Le malheur, c’est qu’ils ont toutes les chances de supplanter les hommes d’État et les politiciens classiques, car le métier qu’ils exercent, la science qu’ils représentent, leur donnent aux yeux du grand public l’apparence du sorcier. »

Ce postulat est évidemment discutable. Sans nier que le thème d’un grand nombre de romans de S.-F. repose sur les intentions agressives d’êtres vivant sur une autre planète que la nôtre, il faut constater qu’il existe d’aussi nombreux ouvrages du genre qui ne sont pas bâtis sur ce thème et qui sont même bâtis sur le thème contraire. M. H.-F. Rey n’a sans doute pas eu la main heureuse dans le choix des « quelques livres fictionnistes » qu’il a lus jusqu’à présent.

En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro

retrouvez les bibliographies complètes de leurs parutions dans Fiction et Galaxie !

BOILEAU-NARCEJAC

Ruth M. GOLDSMITH


Philip K. DICK

 

Alexandre RIVEMALE

 

Robert SHECKLEY

 

Charles L. HARNESS


Jacques STERNBERG
John ANTHONY


William Lindsay GRESHAM

Alfred BESTER


2 commentaires:

  1. Merci beaucoup. De ce numéro, j'ai déjà lu "L'Homme que Vénus va condamner" publié sous le titre "Étoile du soir, étoile d'espoir" dans l'anthologie Histoires de pouvoirs. Une sorte de X-Men avant l'heure.

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    1. Tout à fait, fidèle Antonio. Rappelons que Bester était aussi l'un des premiers scénaristes chez DC Comics, et qu'il est sans doute l'un des pionniers du genre.

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Merci pour votre commentaire, il sera publié une fois notre responsable revenu du Centaure (il arrive...)

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