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Sommaire du Fiction Spécial n°4 :
1 - (non mentionné), (Introduction), pages 4 à 4, introduction
2 - Nathalie HENNEBERG, La Terre hantée, pages 5 à 30, nouvelle
3 - André RUELLAN, Point de tangence, pages 31 à 37, nouvelle
4 - Michel EHRWEIN, Les Voix dans le désert, pages 38 à 54, nouvelle *
5 - Roland TOPOR, À point, pages 55 à 60, nouvelle
6 - Philippe CURVAL, Un soupçon de néant, pages 61 à 78, nouvelle *
7 - Jean-Charles PICHON, La Machine, pages 79 à 82, nouvelle *
8 - Michel DEMUTH, L'Homme de l'été, pages 83 à 111, nouvelle
9 - Claude-François CHEINISSE, Les Engins, pages 112 à 115, nouvelle
10 - Pierre VERSINS, Le Chien, pages 116 à 122, nouvelle *
11 - Claude VEILLOT, Encore un peu de caviar, pages 123 à 141, nouvelle
12 - Gil SARTÈNE, Conformément au programme, pages 142 à 172, nouvelle *
13 - Fernand FRANCOIS, La Vénusienne, pages 173 à 174, nouvelle *
14 - Marcel BATTIN & Georges GHEORGHIU, Heureux comme Dieu en France, pages 175 à 192, nouvelle
15 - Suzanne MALAVAL, Le Temps des sortilèges, pages 193 à 204, nouvelle *
16 - Daniel DRODE, Dedans, pages 205 à 222, nouvelle
17 - Albert FERLIN, La Prison, pages 223 à 227, nouvelle
18 - Jérôme SERIEL, Le Satellite artificiel, pages 228 à 236, nouvelle *
19 - Gérard KLEIN, Un chant de pierre, pages 237 à 248, nouvelle
20 - (non mentionné), Nouvelles déjà parues des auteurs de ce numéro, pages 249 à 251, bibliographie
* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.
Note éditoriale du Fiction Spécial n°4 :
ENTAMEE en 1959, la série de nos anthologies françaises se poursuit et en voici le troisième volume.
On y trouvera un éventail varié de thèmes et de tendances, qui toutes sont représentatives de cette science-fiction française qui apparaît de moins en moins dépendante de ses modèles américains.
Certains des auteurs qui figurent ici ont maintenant été consacrés par leurs romans ; d’autres font partie de l’équipe des romanciers de demain ; d’autres encore en sont à des débuts prometteurs.
Nathalie Henneberg, Gérard Klein, Philippe Curval, sont déjà des chevronnés. Pierre Versins aussi, bien que ses multiples activités l’empêchent d'écrire autant qu’il le voudrait. La nouvelle vague est représentée par Jérôme Sériel et l'avant-garde par Daniel Drode, l’auteur le plus controversé de la science-fiction française, le seul en tout cas qui cherche à lui donner un langage propre.
Michel Demuth, Michel Ehrwein, Claude Veillot et Gil Sartène sont ceux sur les futurs romans desquels nous misons avec le plus de certitude. Mais qui sait ce que nous donneront des talents originaux comme ceux de Suzanne Malaval ou de Roland Topor ?
Quelques absents de marque à ce sommaire : Francis Carsac et Jacques Sternberg notamment. Regrettons qu’ils n’aient plus guère le loisir d’écrire de nouvelles.
Et donnons à tous (ainsi qu’à ceux que nous ignorons peut-être encore) rendez-vous l’année prochaine, pour une quatrième anthologie encore plus substantielle.
Les portes de la Cité sont scellées, le contact avec la Surface est rompu, mais on importe des fleurs de Vénus ou de Titan ?! Mensonge dans l'histoire ou ruse d'autrice ? Le lecteur attentif ne s'y laissera pas prendre.
On pourrait rapprocher La terre hantée du roman de Drode "Surface de la planète" ou "Les cavernes d'acier" d'Asimov. Nathalie Henneberg continue de miser sur la séduction d'un foisonnement de vocabulaire botanique ou minéralogique, mais là où Drode ne manquait pas de faire dégénérer le savoir des hommes vivants comme des insectes sous terre (mais nous y reviendrons), Henneberg décrit des protagonistes comme s'ils avaient conservé notre vocabulaire. Sur le sujet des villes enterrées, nous inviterons les amateurs à lire l'étonnant et inégalé "La machine s'arrête" de E. M. Forster (The Machine Stops, 1909), en français dans le recueil "De l'autre côté de la haie".
André Ruellan déploie dans Point de tangence un concept assez audacieux, mêlant phantasme et imagination schizophrène, à la possibilités de réalités parallèles. Comme pour toute nouvelle où le narrateur n'est pas fiable, il faut un peu s'accrocher et décrypter patiemment.
Bien documenté sur ce que pourront être les premières missions lunaires, d'un style précis et ne lésinant cependant pas sur les effets de va et vient dans le temps laissant au lecteur la possibilité de jouer à deviner, Michel Ehrwein s'adonne peut-être malheureusement à la tendance de l'époque, empreinte d'occultisme de bazar, et imagine des liens entre la Lune, l'Atlantide et l'apparition de la vie sur Terre. Pour faire entendre Les Voix dans le désert, peut-être aurait-il fallu laisser un peu de côté "le matin des magiciens"...
Roland Topor signe une très efficace nouvelle, tant par la concision que par le choix de son sujet : où enterrer les morts quand leur nombre devient intolérable pour la surface disponible. Il imagine ainsi une planète cimetière, dédiée entièrement à cet usage, et les deux fossoyeurs chargés de l'administrer. La chute arrive A point.
Société policière, loisirs organisés et imposés, drogue d'importation inconnue provoquant un dérèglement de la réalité même - et non plus simplement sa perception - personnages factices et infantiles… On croirait lire avec Un soupçon de néant un premier jet du "Dieu venu du Centaure" de Philip Dick… Philippe Curval s'amuse un peu aussi à improviser, semble-t-il. Amusant.
" Les machines ne sont venues que plus tard, après que le climat convenable, pendant des siècles sans doute, eut été préparé. Ils n’auraient pu imposer les machines à des hommes libres, comme les Grecs par exemple, non plus qu’à des tribus unies et fortes comme le peuple d’Israël… Mais, à la fin, tout de même, nous avons été mûrs pour les machines. Parce qu’Ils avaient besoin de nous pour les créer. Il fallait que nous fussions nous-mêmes les artisans de notre perte. De pauvres imbéciles, égoïstes, isolés et créateurs de monstres. Comme cela s’était donc vite fait… à partir de la première machine ! Un peu plus de trois siècles… Et comme nous étions heureux, chaque fois que nous en avions inventé une, un peu plus compliquée, un peu plus dangereuse que les autres, une qui, plus que les autres, nous échappait… Nous le reconnaissions : « Nous ne savons pas grand-chose, mais ces forces que nous ignorons nous pouvons les domestiquer. » Nous étions aussi orgueilleux de notre ignorance que de notre habileté. Même celui qui voyait le danger (et en discutait parfois avec beaucoup de passion) un instant plus tard il maniait le volant ou l’interrupteur de ses machines personnelles avec une totale inconscience. Et personne ne s’est trouvé là pour dire notre stupidité ! Ou, s’il s’en est trouvé, on les a enfermés, « guéris » comme on disait, avant qu’ils ne se fissent entendre. Parce que toute notre éducation portait en germe la condamnation de l’homme – la portait évidente comme un visage ses yeux…"
Jean-Charles Pichon interroge la pulsion mécaniste, et même machiniste, de l'espèce humaine, et son indolence face à un progrès qui ne se résumerait qu'à accomplir les tâches méprisables. Comme son titre, La Machine, le texte est concis, et surtout profond.
Aux lendemains de la Guerre d'Algérie, où il a été mobilisé, Michel Demuth parle d'autodétermination des peuples, dans L'homme de l'été, qui pourrait rappeler le ton de "Marée montante" de Marion Zimmer Bradley. (in Fiction 40, 41 et 42).
Dans un modèle de concision, Claude F. Cheinisse nous brosse un bel exemple de "guerre propre" avec Les engins, que nous pourrions presque appeler drones. Tous les arguments patriotiques des va-t-en-guerre y défilent. Un texte à garder sous le coude par les temps qui courent…
Il ne lui manque que la parole… Pierre Versins actualise l'histoire un peu rebattue de l'animal doué de parole, avec Le chien et une bien sympathique compagnie. Pour les amateurs de la gent féline douée de parole, nous vous invitons à vous reporter à notre recension de "Tobermory" de Saki (in Fiction n°85).
Ça commence comme une histoire d'institutrice à la Zenna Henderson, et se poursuit comme du William Morrison qui donne la parole à l'enfance. Enfin, on se souvient de certain récit de John W. Campbell sur des êtres mimétiques. Entre "The thing" et "Les plus qu'humains" de Sturgeon - Encore un peu de caviar, ce n'est jamais que des œufs d'esturgeon, n'est-ce pas ? - Claude Veillot digère les influences anglo-saxonnes, parce qu'on est jamais que ce que l'on mange…
"(...) plutôt que d’altérer la capacité des machines, il fallait entreprendre d’éduquer les hommes. Les calculatrices ne tardèrent pas à fournir un plan détaillé de transformation psychologique. Reléguant au second plan les tentatives visant à persuader par la raison, ce plan comportait des indications minutieuses sur les différences techniques de propagande sorties des laboratoires avancés de sciences physiques et humaines.
La proposition n’était guère attrayante au point de vue moral, mais, après maintes tergiversations, on dut se rendre à l’évidence que personne n’avait mieux à proposer. On déclencha donc une vaste offensive de publicité qui accaparait les individus, du berceau au cercueil, forçant les consciences rebelles aux assauts directs par l’utilisation systématique d’images invisibles insérées au cœur des films, et de slogans diffusés en basse fréquence et qui, bien qu’inaudibles, se frayaient un chemin jusqu’à l’inconscient."
Gil Sartène produit trois trop longs chapitres de récit de guerre, bien écrits certes mais sans intérêt dans une revue comme celle-ci - d'autant plus dans un numéro spécial - avant d'évoquer maladroitement son véritable sujet, tel qu'exprimé dans l'extrait ci-dessus. La situation finale passe de plus complètement à côté de ce qu'il aurait pu exprimer, du moins dans un cadre de science-fiction, Conformément au programme. Bref, tout l'inverse de la nouvelle de Claude Cheinisse.
Fernand François, quant à lui, ne s'attarde pas en cours de route pour atteindre sa chute, un peu attendue et qui n'aura rien de surprenant pour qui connait un peu la physiologie, quand bien même il s'agisse ici d'un être baptisé La Vénusienne.
Les mécanismes de la haine de l'autre, ou même de l'indésirable, sont ici clairement exposés à travers cette fuite d'une mère et son enfant, juifs. Bien sûr, tous les relents de haine hérités de la 2nde Guerre Mondiale y retrouvent leur chemin. Mais il y a un peu plus : des mutants, que la singularité ne rend pas plus compréhensifs et tolérants pour autant. Heureux comme Dieu en France, par Marcel Battin et Georges Gheorghiu, est une belle nouvelle malheureusement réaliste.
" À chaque fois que meurt un elfe, l’herbe pousse plus belle. Alicante sera bientôt resplendissante. " Voilà résumé ici tout l'esprit des nouvelles de Suzanne Malaval, et Le temps des sortilèges n'échappe pas à son style. Récit en deux courts chapitres (Catana, et Les herbes de la Terre) fleuris de vie champêtre et de petit peuple caché dans les éléments, il pose aussi la question : quel est le petit peuple du petit peuple ?
" Corps humain enté de mille organes métalliques, plastiques, magnétiques, enserré au sein de circuits et d’instruments qui corrigeaient automatiquement toute avarie, enchâssé dans un organisme-robot dont il n’était plus qu’une fraction, agi plutôt qu’acteur, je vivais dans la stabilité. "
Ainsi parle le Stable, exemple de l'être humain devenu biomécanique et étonnamment inutile. Depuis Dedans, Daniel Drode développe le vécu des ces êtres dépossédés de leur liberté d'action tels qu'on a pu en suivre dans son roman "Surface de la planète". C'est en fait le récit d'une émancipation face à la machine nutritive qui assure la survie, de sous-êtres qui ont encore la lucidité de se poser des questions sur leur conditions de vie. Intéressant, bien que nous n'y retrouvions pas la puissance oblitératrice du conditionnement des protagonistes de "Surface de la planète". C'est peut-être un peu dommage, car Drode perd ici un peu de son sel qu'il aimait répandre sur nos plaies (et sa nouvelle se rapproche de fait de celle de Nathalie Henneberg).
Dans la continuité de Drode, Albert Ferlin imagine le bannissement d'une cité hégémonique où La prison équivaut à découvrir la nature de l'extérieur. Concis et efficace, même si la répétition du même sujet pourrait à force lasser le lecteur novice.
Jérôme Seriel entame son récit comme une autofiction. Et c'est heureux, comparativement à ses autres nouvelles surchargées de néologismes ineptes et d'histoires faussement poétiques. Délibérément plus prosaïque ici, voire pragmatique, il s'exprime, dans Le satellite artificiel, en sa qualité de scientifique sur la confiance que l'on peut accorder, ou non, aux progrès scientifiques ; surtout quand l'armée s'en mêle. D'une bien meilleure qualité que tout ce que Fiction nous proposait alors de cet auteur, cette nouvelle a des réminiscences de l'introduction de "La fin d'Illa" de José Moselli, ou rappelle encore "Le nuage pourpre" de M. P. Shiel, sur le point de vue du dernier survivant de l'espèce humaine.
" Mais rien de ce que j’ai nommé ne me nomme. En vérité, j’attendais à mon tour qu’on me donne un nom."
Gérard Klein délivre dans Un chant de pierre une poésie subtile et cosmique, non pas lyrique et foisonnante, mais intelligente et éclairante sur les vertus du poète qui nomme les choses dans un langage divin. Une très belle réussite, qui fera repenser au texte du philosophe Walter Benjamin “Sur le langage en général et sur le langage humain” (1916), qui prouve que la science-fiction est une littérature qui invente une mythologie pour l'avenir.
Rapport du PReFeG (Mai 2025)
- Relecture
- Corrections orthographiques et grammaticales
- Ajout du sommaire
- Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
- Ajout de la Table des "Nouvelles des auteurs de ce numéro" telle qu'évoquée dans le sommaire sur NooSFere mais n'apparaissant pas dans le epub d'origine.
- Notes (0), (0b), (0c), (1b), (1c), (2b) et (5) ajoutées.
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Bonjour Le Prefeg, merci pour cette proposition (avec notamment le regretté Romand Topor au sommaire) mais impossible de lire le fichier epub téléchargé malgré plusieurs tentatives avec différents lecteurs. Je soupçonne un problème au moment de l'upload.
RépondreSupprimerVotre fidèle lecteur
Bonjour fidèle Shocker !
SupprimerMerci de nous avoir signalé le problème - à priori réglé (les accents aigus et autres fantaisies esperluettes avaient perturbé le binz.)
Cela devrait fonctionner correctement à présent.
Et : oui, regretté Topor, et son humour inimitable et tellement intelligent !
Bien amicalement !
Parfait, merci !
SupprimerGrand merci.
RépondreSupprimerAvec grand plaisir, Zidane !
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