De la qualité, de jeunes auteurs qui deviendront grands, et du « post-scientifisme » pour ce numéro 40.
Sommaire du Numéro 40 :
NOUVELLES
1 - Marion Zimmer BRADLEY, Marée montante (I) (The Climbing Wave, 1955), pages 3 à 22, nouvelle, trad. Régine VIVIER
2 - Hervé CALIXTE, Quelqu'un saura peut-être..., pages 23 à 30, nouvelle
3 - Arthur PORGES, Micro-opération (Emergency operation, 1956), pages 31 à 37, nouvelle, trad. Roger DURAND
4 - Marcel BÉALU, Soliloque d'un veuf, pages 38 à 40, nouvelle
5 - Shirley JACKSON, Journée de bienfaisance (One Ordinary Day, with Peanuts, 1955), pages 41 à 50, nouvelle, trad. Nicole REY
6 - Gérard KLEIN, Point final, pages 51 à 56, nouvelle
7 - William MORRISON, Un tempérament de feu (The Ardent Soul, 1954), pages 57 à 69, nouvelle, trad. Jean de KERDÉLAND
8 - Emyr HUMPHREYS, Lorsque le jour viendra... (The girl in the ice, 1955), pages 70 à 73, nouvelle, trad. Roger DURAND
9 - Richard MATHESON, La Robe de soie blanche (Dress of White Silk, 1951), pages 74 à 78, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX
10 - Poul ANDERSON, Superstition (Superstition, 1956), pages 79 à 102, nouvelle, trad. Bruno MARTIN
CHRONIQUES
11 - Richard
CHOMET, Poul Anderson, barde du futur, pages 103 à 105, article
12 - Guy de MAUPASSANT, L'Homme de Mars, pages 106 à 109, nouvelle
13 - Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX & Gérard KLEIN & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 111 à 116, critique(s)
14 - Alain DORÉMIEUX, La Critique des revues, pages 117 à 117, critique(s)
15 - (non mentionné), Service
bibliographique étranger, pages 118 à 119, article*
16 - F. HODA, La Mort en échec, pages 121 à 123, article
17 - (non mentionné), Résultats de notre
jeu-concours "L'homme qui lisait Fiction", pages 124 à 125, article
18 - COLLECTIF, Courrier des lecteurs, pages 126 à 126, article
Avec « Marée montante », Marion
Zimmer Bradley signe un des textes qui la fera connaître. Fiction propose
ce récit en trois épisodes (comme cela avait été le cas pour « Une chance sur… » de J.T.
McIntosh, ou « La planète du
Dieu » de P.J. Farmer). Bradley joue sur le paradoxe du temps écoulé
différemment selon la vitesse du voyage supérieure à celle de la lumière, pour
envisager « l’avenir du futur », ici l’ère post-spatiale de la Terre.
Hervé Calixte, qui sera (à partir de 1959) directeur de
publication pour la revue Satellite et co-auteur avec Klein de "Embûches
dans l'espace", est ce que l’on peut appeler un auteur « inédiste »
à en croire la présentation de Fiction : « (il) prépare une série
de romans d'anticipation d'un type tout à fait nouveau, comprenant 25 volumes.
Avoue d'ailleurs que les titres seuls en sont achevés…». Quoi qu’il en
soit, « Quelqu'un saura peut-être » est une bonne et concise
nouvelle qui rappelle les phénomènes de rues ou de lieux qui se superposent à
la réalité, comme chez Jean Ray. Mais ici pas d'horreur ni d'épouvante, mais
bien plutôt un redressement vers une réalité plus satisfaisante. Et c'est ainsi
la vie, quotidienne ou sociale, dans ce qu’elle a d’insatisfaisant, qui fait
horreur (ici un milieu de haute bourgeoisie qui répugne au narrateur).
On
retrouve le régulier Arthur Porges
avec « Micro-opération », une histoire qui pourrait faire
suite à « Mondes intérieurs » de William Morrison (Fiction
n°13). On y imagine les applications de la microchirurgie, encore au stade
du fantasme scientifique. Cette discipline ne commencera son développement que
dans les années 60.
Du bon Marcel Béalu qu'on aurait pu espérer un peu plus étoffé, avec « Soliloque d'un veuf », un
récit presque sous la forme d'une énigme : qui est mort ?
Fiction accueille une autrice talentueuse, qui disparaîtra malheureusement trop tôt, sous la plume de Shirley Jackson. Sa « Journée de bienfaisance » n’a rien de fantastique ou de science-fiction, ni même d’étrange - ou plutôt rien d’être ange. L’ambiance y est toutefois suffisamment déroutante pour figurer dans la revue. Rappelons que Shirley Jackson est, entre autre, l’autrice de « Maison hantée » (proposé en Bonus ICI) , qui servira en 1963 de base scénaristique à l’excellent film de Robert Wise : « La maison du diable » (ainsi qu’à une série Netflix plus récemment, mais avec moins de fidélité au roman d'origine).
Gérard Klein revisite
Pirandello avec « Point final »,
dans un questionnement sur la vie autonome des créations de fiction. Le thème est
proche de, entre autres, celui du roman
: « Des nouvelles du bon Dieu »,
de Didier Le Pêcheur (1995).
« Un tempérament de feu » ne ressemble pas aux histoires habituelles de William Morrison ; c’est toutefois
une sympathique romance, Cendrillon au masculin (qu'on pourrait appeler
Cendrier, vu ses inflammations !).
Beaucoup plus sérieusement, « Lorsque le jour viendra… »
de Emyr Humphreys, évoque la fin de
l'adversité, et qui signifie celle des moyens de lutte. Quand ceux-ci sont
humains, ou ce qu'il en reste, il devient ardu de les réformer. Une nouvelle
simple et cruelle.
Avec « La robe de soie blanche », Richard Matheson réitère ses effets d'horreur suggérée, après « Journal d'un monstre ». La
nouvelle est réussie, mais l’on sent toutefois la reproduction d’un procédé qui
pèche à se renouveler.
On n’en finira pas de s’étonner, en
bien ou en mal, des facettes de Poul
Anderson. Dans « Superstition »,
il nous propose (un peu comme dans « Marée
montante » de Bradley) l’évocation d’un âge post-scientifique, qui
pourrait être perçu autant comme un obscurantisme que comme un renouvellement
des points de vue sur la nature du monde.
« S'ils n'avaient pas absorbé des fleuves de pétrole, épuisé les minerais, englouti le charbon, les hommes ne seraient pas obligés à présent de se déplacer à cheval et en char à bœufs, pour aller chercher les rares matières premières. S'ils avaient conservé les forêts et les sols et les eaux, le monde ne serait pas une mince pellicule de civilisation, une réunion de quelques souverainetés en lambeaux dans l'hémisphère occidental, à deux doigts de la sauvagerie et de la famine. S'ils n'avaient pas déchaîné le tonnerre nucléaire, il n'y aurait pas les Cratères Maudits encore hantés par la mort, ni la Maladie Saignante, ni les générations de monstres.
Bon… ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient. Une de leurs superstitions et non des moindres avait été que l'homme était tout-puissant et avait toujours la ressource d'échapper aux conséquences de ses propres actes. À l'âge moderne incombait la tâche de reconstruire. »
Dans sa nouvelle « La
maison de la sorcière », Lovecraft décrivait déjà les pouvoirs d'une
sorcellerie capable d'enrayer les lois de l'espace et du temps. C'est peu ou
prou une intuition similaire que suit Poul Anderson, au bagage scientifique
pourtant solide. Mais plutôt que de ramener dos à dos science et magie, il les
articule audacieusement comme les deux facettes d’une médaille appelée « croyance ».
Un autre (futur) complice de Gérard Klein (dans la
future revue « Satellite »), Richard
Chomet, signe dans la foulée un bon article sur Poul Anderson. On s’y
interrogera sur quelques propos : « (…)
la crise que semblent traverser en ce moment, aux États-Unis, la
science-fiction et le fantastique sera rapidement surmontée : ceci grâce à la
nouvelle génération d'écrivains qui semble promise, de par ses dons, à
promouvoir une véritable renaissance de la littérature de fiction. » Est-ce d'une crise de pessimisme, de qualité
littéraire, ou de celle d'un épuisement de ses thèmes dont veut parler Chomet ?
On pourra retrouver ce texte sur la page du PReFeG dédiée à Poul Anderson.
La belle curiosité littéraire que
propose Fiction dans les pages suivantes est une authentique nouvelle de
science-fiction signée… Guy de
Maupassant. « L’homme de
Mars », où l’on pourra goûter le délicieux terme
« ultraterrestre » qui mériterait d’être remis au goût du genre, et
l’adjectif « martiaux » pour les habitants de la Planète Rouge, est
très étonnamment moderne.
Rapport du PreFeG (Mai 2023)
- Relecture
- Corrections
orthographiques et grammaticales
- Vérification
du sommaire
- Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
- Notes (0), (0b) et (2b) ajoutées.
- Vérification
et mise à jour des liens internes
- Mise au
propre et noms des fichiers html
- Mise à
jour de la Table des matières
- Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)
- Ajout des pages "Résultats de notre jeu-concours" et "Courrier des lecteurs" absentes du scan d'origine.
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