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Au cœur de l'angoisse… |
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Sommaire du Numéro 114 :
1 - (non mentionné), Nouvelles des auteurs de ce numéro, pages 2 à 3, bibliographie
2 - Poul ANDERSON, Pour la gloire (The Game of Glory, 1958), pages 7 à 42, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE
3 - Nathalie HENNEBERG, Trois devant la porte d'ivoire, pages 43 à 55, nouvelle
4 - Kem BENNETT, Contrebande sidérale (Rufus, 1956), pages 56 à 62, nouvelle, trad. Régine VIVIER
5 - Fereydoun HOVEYDA, L'Éternel triangle, pages 63 à 68, nouvelle *
6 - Avram DAVIDSON, Chambre noire (The Montavarde Camera, 1959), pages 69 à 80, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE *
7 - Christine RENARD, De l'autre côté, pages 81 à 92, nouvelle
8 - Julio CORTAZAR, Axolotl (Axolotl, 1952), pages 93 à 99, nouvelle, trad. Laure GUILLE
9 - Henry JAMES, Les Amis des amis (The Friends of the Friends / The Way It Came, 1896), pages 100 à 127, nouvelle, trad. Marie CANAVAGGIA
CHRONIQUES
10 - Jean-François ROBIN, Henry James et les contes surnaturels, pages 129 à 131, article
11 - Alfred BESTER, Livres d'Amérique, pages 133 à 136, chronique, trad. Demètre IOAKIMIDIS
12 - Maxim JAKUBOWSKI, Échos d'Angleterre, pages 137 à 140, article
13 - COLLECTIF, L'Écran à quatre dimensions, pages 141 à 154, article
14 - COLLECTIF, Ici, on désintègre !, pages 155 à 165, critique(s)
15 - COLLECTIF, Le Conseil des spécialistes, pages 166 à 167, critique(s)
16 - (non mentionné), En bref, pages 168 à 169, article
17 - COLLECTIF, Tribune libre, pages 171 à 175, article
* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.
« Trois devant la porte d'ivoire » est une nouvelle évocation de ce monde futur légendaire où aime à se mouvoir l'imagination de Nathalie Henneberg.
L'humour trouve sa place avec « Contrebande sidérale » de Kem Bennett et « L'éternel triangle » de Fereydoun Hoveyda.
« Chambre noire » est une histoire surnaturelle à la terreur en sourdine, dans la manière habituelle d'Avram Davidson.
Christine Renard fut l'une des débutantes de notre Banc d'Essai ; elle fait ses débuts dans le récit de « long métrage » – et dans le cadre normal de nos textes – avec une nouvelle fantastique à l'atmosphère fascinante : « De l'autre côté ».
De l'écrivain argentin Julio Cortázar, un curieux conte qui laisse rêveur : « Axolotl ».
Enfin, le classique du mois est le célèbre récit d'Henry James, « Les amis des amis », qui demeure un modèle du récit d'introspection sur un thème surnaturel.
Dans Pour la gloire, nous découvrons "l'Agent de l'Empire terrien" Dominic Flandry, qui fera l'objet d'un recueil en 1970 (Club du Livre d'Anticipation - OPTA). Ce sera la seule incursion de ce personnage un peu machiste, un poil racisé (c'est à dire pas spécialement raciste, mais établissant des distinction parfois déplacées entre des catégories d'individus selon leurs origines ou leurs couleurs de peau…), en bref tout ce qu'on peut juger le plus vieilli chez Poul Anderson. On pourra toutefois apprécier le métier de l'auteur, bien que la nouvelle ne soit pas d'un intérêt majeur.
Un beau titre pour une expérience scientifique assez inventive : les psychonautes. Nathalie Henneberg imagine la dernière frontière des espaces inexplorés par l'humanité : l'inconscient, et établit une palette qu'elle aurait sans doute souhaité exhaustive à travers trois récits d'exploration. A défaut, nous avons l'impression d'explorer l'inconscient de Nathalie Henneberg elle-même, guidé par ces Trois devant la porte d'ivoire.
Malheureusement divulgachée par son titre français, Contrebande sidérale est suffisamment léger pour qu'on n'en veuille pas à Kem Bennett d'imiter un tantinet Robert Sheckley.
Fereydoun Hoveyda a certainement lu Simak et "Demain les chiens" dans cette histoire de robots cherchant à retrouver leurs vieux maîtres disparus, les humains. Lui qu'on pensait résolument non-aristotélicien cherche cependant à démontrer l'importance essentielle de la triangulation des rapports, L'éternel triangle, (entendons : "le mari, la femme, l'amant") pour rendre possible l'essor d'une nouvelle civilisation. On a lu mieux.
Parmi les récits fantastiques proposant de découvrir une mystérieuse boutique abritant sans doute quelques diableries, Chambre noire de Avram Davidson prend pour cadre l'histoire de la photographie et ses racines françaises, les opticiens Niepce et Daguerre en faire-valoir d'un de leurs disciples plus doué que quiconque, nommé Montavarde. Le tissage entre histoire et fiction est habilement tramé, tant qu'on s'y laisserait prendre. Et l'on finit par penser, avec les "bons sauvages", que la photographie nous vole bien plus que notre image d'un instant.
On avait déjà remarqué le ton particulier de Christine Renard, son goût pour les narratrices sujettes à caution, pour les rapports humains ambigus, et les miroirs. De l'autre côté propose une nouvelle plus conséquente que les précédentes, et Fiction déclare d'ailleurs officiellement que le temps de Christine Renard sur le Banc d'essai a suffisamment duré (voir la note éditoriale). L'ambiance s'y déploie, certes, mais pour autant le propos n'y gagne pas forcément dans ce format "de long métrage".
Prenant pour cadre (après "Gare ton doigt de l'ondoing" de Juliette Raabe dans le Fiction n°113) dans la Ménagerie Jardin des Plantes de Paris, Axolotl est un récit très raffiné de Julio Cortazar, traitant de fascination et de métempsychose. On se souviendra sans doute de la nouvelle de Robert Abernathy ("L'axolotl", in Fiction n° 13, OPTA 12/1954), qui jouait aussi sur la fascination que peuvent susciter ces animaux résolument singuliers, mais de façon plus allégorique. Cortazar, ici, traite son sujet avec un grand réalisme, et c'est là qu'il nous attrape.

Pierre Boulle : Contes de l'absurde / E=mc2 La planète des singes.Le premier de ces deux ouvrages n'est que la réédition collective des deux recueils parus respectivement chez le même éditeur en 1953 et 1957 ; ils ont fait l'objet de critiques, de la part d'Igor B. Maslowski, dans les numéros 1 (octobre 1953, p. 118) et 42 (mai 1957, p. 132) de « Fiction ».Qu'il suffise de dire que les deux contes les plus étonnants des neuf qui forment l'ensemble, « Une nuit interminable » et « L'amour et la pesanteur », n'ont pas vieilli et sont toujours, le premier, la plus ahurissante et complète variation qu'on puisse souhaiter sur le thème des voyages dans le temps (même le récent roman de Gérard Klein, s'il atteint vers la fin une complexité analogue, n'est pas plus fourni), le second, l'élaboration de la plus inattendue (et plus logique) des mésaventures qui peuvent arriver dans un satellite artificiel où la pesanteur n'est pas encore établie : il est difficile désormais de penser à la formule « Action égale réaction » sans se référer à la nouvelle de Pierre Boulle.Igor B. Maslowski, moins difficile par ailleurs que moi, avait apprécié à peu près également les neuf contes (exception faite, curieusement, de « L'amour et la pesanteur »), et terminait son second article par ces mots : « Quand l'auteur nous donnera-t-il un grand roman de SF ? ».Eh bien, c'est fait et mal fait : six ans après paraît « La planète des singes ». Recevant ce roman et me souvenant (avant de les avoir relues) des deux nouvelles indiquées ci-dessus, j'étais prêt à la plus grande bienveillance. Somme toute, le parti-pris n'est pas forcément un mal puisque, décidé à détruire « Fail-safe », je n'ai pu que l'encenser. Et, décidé à dire du bien de Pierre Boulle, je n'en dirai presque que du mal. Aussi, est-il permis d'écrire un roman, aujourd'hui, dans le seul but de nous apprendre que les singes, s'ils étaient des hommes, feraient la chasse aux hommes qui seraient alors leurs singes ?…Et puis, il est très imprudent, quand on ne connaît visiblement du genre abordé que « L'isle sonante », « Micromégas » et « Les voyages de Gulliver », de se permettre des affirmations tranchantes comme celle-ci : « Je pourrais lui répondre que beaucoup d'hommes, parmi nous, ont eu le pressentiment d'un être supérieur qui leur succéderait un jour, mais qu'aucun savant, philosophe ni poète n'a jamais imaginé ce surhomme sous les traits d'un singe. » Ne sursautez pas ainsi, nous savons que l'idée est vieille, qu'elle remonte au moins au Restif de La Bretonne de « La lettre d'un singe » et qu'en tout cas elle a son chef-d'œuvre depuis 1941 avec « Le règne du gorille » de Lyon Sprague De Camp et P. Schuyler Miller ; mais Pierre Boulle ne le savait pas, c'est tout et c'est assez (on pourrait citer « Demain les chiens », encore, et tant d'autres œuvres que ne fera pas pâlir cette « Planète des singes »). En somme il fallait beaucoup d'outrecuidance, ou d'ignorance, pour ne pas rester muet sur un sujet pareil… Qu'a-t-il dit ?On trouve une « bouteille à l'espace ». À l'intérieur, un manuscrit, une histoire : celle de la première expédition interstellaire terrienne, qui aboutit sur une des planètes de Bételgeuse (à propos, si « étoile palpitante » vous semble un terme bizarre, ne vous affolez pas et ne pensez pas que vous ignorez l'astronomie, il s'agit d'une « variable semi-régulière », simplement) ; là, l'espèce dominante est celle des singes (l'auteur pousse l'imitation de son modèle, notre humanité, jusqu'à en faire des racistes : chimpanzés, orangs et gorilles ne peuvent se sentir) ; les hommes ne sont que des animaux sauvages utilisés comme cobayes ou gibier. Comme on le voit, rien de fracassant, c'est le principe même du renversement des rôles utilisé depuis des siècles et qui fit les beaux jours du Théâtre de la Foire au début du XVIIIe (par exemple dans « Le monde renversé », de Le Sage et d'Orneval, 1718). Pourtant, le héros parviendra, après un séjour dans un zoo qui rappelle l'œuvre de Garnett, à faire reconnaître sa qualité d'être pensant et raisonnable, il s'enfuira avec une femme de Bételgeuse dont l'enfant saura parler et reconquérir toutes les facultés, perdues depuis des millénaires, qui font l'homme tel que nous le connaissons.«…construit avec les meilleures ressources du roman d'anticipation…», dit la prière d'insérer ; pour ça, oui !Une histoire, bref, un conte philosophique aimable tel qu'on pouvait encore le supporter un peu dans les cercles littéraires attardés du début du siècle dernier. L'échec est d'autant plus détestable que l'écrivain n'est pas mauvais, loin de là ; en outre, il y a un point intéressant, la découverte que font les singes d'une civilisation humaine qui les aurait précédés, dit la légende, mais au cours du séjour du héros ils en acquièrent la preuve. Intéressant, ce point, car c'est à partir de là que Pierre Boulle eût pu construire un récit vraiment neuf dans le genre, en étudiant l'impact de cette découverte sur l'esprit simien de Bételgeuse.Il y a une chute, aussi ; le malheur est qu'elle est inscrite d'une façon aveuglante dès les quinze premières pages du livre (c'est dans le « Galaxy » américain, je crois, qu'on a cessé pour la première fois de prendre le lecteur pour un imbécile et de souligner les passages clefs)…Il reste constant que l'exemplaire de presse que j'ai eu portait la mention « 38e mille ». L'ouvrage aura du succès et, facile à lire, il joindra en somme dans l'esprit de ses lecteurs moyens l'inutile à l'agréable : l'inutile pour la science-fiction.Pierre Versins.
Rapport du PReFeG (Mai 2025)
NB : après 11 heures de lecture et de prises de notes, ma liseuse s'est réinitialisée d'elle-même, effaçant toutes les annotation patiemment récoltées. De mémoire (la mienne, pas celle de la machine), il y avait très peu de coquilles dans ce numéro. Mais une fois n'est pas coutume, nous vous demandons de nous en informer si vous en trouvez, via les commentaires. Le PReFeG vous remercie.
- Relecture
- Vérification du sommaire
- Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
- Mise en forme des titres présentés in "Revue des livres"
- Ajout de la Table des "Nouvelles des auteurs de ce numéro" telle qu'évoquée dans le sommaire sur NooSFere mais n'apparaissant pas dans le epub d'origine.
- Ajout de la note (6b)
- Vérification et mise à jour des liens internes
- Mise au propre et noms des fichiers html
- Mise à jour de la Table des matières
- Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)
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