Un quart de la collection Fiction ! Nous sommes tout d'abord très fiers d'avoir tenu cette échéance, en espérant que les moyens techniques continueront d'être fiables à l'avenir pour les 309 numéros restants !
Ce numéro 103 poursuit les métamorphoses éditoriales, ici avec la parution d'un roman dans son intégralité, et quel roman ! Il s'agit de "L'invention de Morel", de l'argentin Adolfo Bioy Casarès. Le thème en est unique. Nous retrouvons aussi "Le monde vert" de Brian Aldiss, toujours en feuilleton quant à lui, ce qui laisse peu de place aux autres nouvelles : deux seulement d'auteurs de langue anglaise, Kris Neville et Evelyn E. Smith.
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Sommaire du Numéro 103 :
1 - (non mentionné), Nouvelles des auteurs de ce numéro, pages 2 à 2, bibliographie
NOUVELLES
2 - Adolfo BIOY CASARES, L'Invention de Morel (La invención de Morel, 1940), pages 3 à 63, roman, trad. Armand PIERHAL
3 - Charles FINNEY, Captivité (The Captivity, 1961), pages 64 à 71, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE *
4 - Evelyn E. SMITH, Une journée en banlieue (A Day in the Suburbs, 1960), pages 72 à 79, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM
5 - Kris Ottman NEVILLE, Encore deux heures ? (Closing Time, 1961), pages 80 à 85, nouvelle, trad. Régine VIVIER *
6 - Brian ALDISS, Le Monde vert - Du côté de la nuit (Timberline, 1961), pages 86 à 114, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
CHRONIQUES
7 - Jacques GOIMARD, L'Œuvre exemplaire d'A. E. Van Vogt (1), pages 115 à 121, article
8 - COLLECTIF, Ici on désintègre !, pages 122 à 135, critique(s)
9 - (non mentionné), Tribune Libre, pages 137 à 137, article
10 - Jacques GOIMARD, Un fantastique peu nocturne, pages 139 à 143, article
11 - (non mentionné), Table des récits parus dans "Fiction", pages 143 à 144, index
* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.
Jorge Luis Borgès tenait L'invention de Morel de son ami Adolfo Bioy Casarès pour un roman parfait. Il est vrai que le récit est fort bien mené dans sa progression et dans l'ultime allégorie de sa fin. Car, sans dévoiler l'intrigue, l'invention de Bioy Casarès est hautement allégorique, métaphysique de manière intelligente, sensible et subtile. Mais le plus remarquable est son propos sur l'écriture et la lecture, sur les moyens d'écrire et de lire, et sur ce qui nous écrit et nous lit. Situation ultime de l'art romanesque, ce récit nous propose sans intellectualisme tous les plaisir du lecteur : mener l'enquête, comprendre avant le narrateur pour nous conforter dans notre intelligence, nous évader (puisque le narrateur est un fugitif), nous projeter littéralement à la fois dans l'hédonisme et l'inquiétude, et se saisir, à la fin, au plaisir délectable de relire. Magistral. On notera que la revue aurait pu publier comme à son habitude ce roman en plusieurs parties, mais que cela aurait chevauché le feuilleton de Brian Aldiss. On se félicitera de l'entorse faite à cette règle de publier des récits au mieux moyennement longs, et de la qualité du récit choisi. L'enjeu vaut bien l'écart.
Là encore une histoire allégorique avec Captivité, de Charles Finney (dont ce sera la dernière publication dans Fiction). Un camp de prisonniers sans autres entraves qu'une haute barrière pour les empêcher de fuir. Pas d'autre privation ni de carence. Puis la captivité prend fin. On s'interroge sans cesse sur la nature rélle de ce camp, des pistes sont évoquées pour être abandonnées ensuite... Bien mené.
Lutte des classes ici de manière concrète, pour Une journée en banlieue. La banlieue, en expansion et en pleine mutation urbaine durant ces années 60, représente le terrain quasi somatique de la compétition sociale. Si Evelyn E. Smith spécule, elle a vu juste. Et toujours avec humour.
Kris Neville s'amuse d'un paradoxe mathématique en partant du postulat de la célèbre formule d'Einstein, E=Mc2. Les conclusions de Encore deux heures ? donnent un peu froid dans le dos...
Avant-dernière partie pour Le monde vert, de Brian Aldiss, peut-être un peu plus essoufflée que les précédentes, où l'on découvre l'orée du côté nuit de la Terre qui ne tourne plus rond du tout. Une face sombre forcément (?) moins vivante.
A propos de L'œuvre exemplaire d'A. E. van Vogt, article annoncé en deux parties qui sera finalement scindé en trois, par Jacques Goimard, prolifique nouvel intervenant dans l'équipe de Fiction.
L'article - le démontage, même - de Damon Knight sur l'œuvre de van Vogt parue dans le numéro précédent y trouve un rebondissement. Mais la mauvaise foi et l'attaque à charges que Jacques Goimard reproche à Damon Knight pourrait tout autant lui être retournée. Quoi qu'il en soit, la polémique, faussée par des temps d'expressions différents, (Goimard critiquant en 1962 un article datant de la jeunesse de Knight), montre que la S.F. n'a pas de style ou de thématique uniques, et qu'elle a la complexité de sa diversité - quitte à avoir aussi ses chapelles.
Nous ne résistons pas à l'envie de partager à la fois ce faire-part de naissance, et une copie numérique (pour une fois au format pdf) d'un nouveau fanzine (en 1962) de très grande qualité, qui marquera durablement les esprits dans le domaine du fantastique et de la science-fiction. (Attention : Gros fichier de 255Mo).
Un clic droit sur l'image pour obtenir votre copie numérique.
Une revue du cinéma fantastique.
À l'intention des cinéphiles amateurs d'étrange, signalons la parution d'une nouvelle revue : « Midi-Minuit Fantastique », spécialisée dans le cinéma fantastique sous toutes ses formes (éditions Le Terrain Vague).
Le numéro 1 (mai 1962) est consacré à Terence Fisher, metteur en scène de « Frankenstein s'est échappé », « Le cauchemar de Dracula », « Les maîtresses de Dracula », « La nuit du loup-garou ». etc.
Le numéro 2 (juillet 1962) aura pour thème : les vamps fantastiques (femmes-chats, femmes-panthères, femmes-vampires, femmes-insectes, femmes-oiseaux et sirènes).
Quatre-vingts pages dont trente pages d'illustrations soigneusement imprimées sur papier couché.
« Ce roman a été composé au fil des années, dix ou douze ans peut-être, au fil des nuits et des voyages, par toute la terre. J'écrivais, jetais, brûlais, puis les ciseaux et le pot de colle entraient en jeu sur les survivants. C'est un vrai costume d'arlequin, car je suis incapable de donner un premier jet.
» Le cadre est venu d'abord, comme toujours chez moi. Malpertuis est une grande, vieille, sinistre maison de la paroisse Saint-Jacques, à Gand, et à côté d'elle, rue du Vieux-Chantier, une boutique de couleurs et vernis, tout à fait curieuse, tenue par un bonhomme tout aussi curieux, surnommé la Chèvre. Les autres cadres se situent un peu partout, les uns dans le vieux Gand, pas mal dans le Hanovre, à Hambourg et Hildesheim. L'abbaye est celle d'Averbode, en Campine.
» Nancy est ma sœur, une jolie fille qui se foutait du tiers comme du quart. Élodie, c'est la servante qui m'a élevé, me rossant trois ou quatre fois par jour, et que j'aimais bien. Les Euménides sont trois vieilles demoiselles, dont la plus jeune n'était pas mal du tout, qui tenaient une petite confiserie. Elles devenaient terrifiantes quand les gamins venaient les ennuyer. On les appelait les Choutz. Philarète, ou plutôt Philariaan de son vrai nom, était un taxidermiste habitant près du Ham, au milieu d'une sorte de jachère, une épouvantable maison en bois.
» Puis j'ai rassemblé tous ces éléments, épars dans l'espace et le temps, dans « Malpertuis », et pour les faire revivre j'ai fait appel au fantastique. Les Barbusquins sont une invention d'Élodie pour nous faire peur, mais je ne sais trop s'ils n'ont pas réellement existé. L'abbé Doucedamme, je le vois très bien, il n'avait rien d'un prêtre maudit, c'était un vieux petit conventuel, gourmand et amusant.
» Voilà les éléments de « Malpertuis ». Je n'ai pas d'imagination, quoi qu'on en dise. Si mon imagination n'est pas sollicitée par un fait, je reste impuissant. »
Jean Ray sans imagination ! Allons donc !
On découvre aussi, dans cette recension, l'air de rien, une note qui dévoile quelque peu le mystère de la paternité de Harry Dickson, comme s'il s'agissait d'un secret de polichinelle. (Comment ? On ne vous l'avait pas dit ?)
"L'effrayant mystère de la mort des dieux donne toute son ampleur cosmique au récit, car il trouve son écho dans bien d'autres œuvres de Jean Ray : « La vérité sur l'oncle Thimotheus », « L'aventure mexicaine » (John Flanders), « La résurrection de la gorgone » (Harry Dickson). La mort des dieux, traînant jour après jour les lambeaux d'une puissance rongée par le temps, pliant la nuque sous la verge de fer de Moïra, le Destin, dont la puissance leur est supérieure, obsède Jean Ray. Et « Malpertuis » résume tout l'univers de Jean Ray le voyant (Jean Ray le Mutant, disait de lui Ghelderode, qui projetait avant sa mort de lui consacrer un livre)."
Rapport du PReFeG (Mars 2025)
- Relecture
- Corrections orthographiques et grammaticales
- Vérification du sommaire
- Ajout du 4eme de couverture (publicité pour le Rayon Fantastique)
- Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
- Mise en forme des titres présentés in "Revue des livres"
- Ajout de la Table des récits telle qu'évoquée dans le sommaire sur NooSFere mais n'apparaissant pas dans le epub d'origine.
- Ajout de la Table des "Nouvelles des auteurs de ce numéro" telle qu'évoquée dans le sommaire sur NooSFere mais n'apparaissant pas dans le epub d'origine.
- Notes (12b) et (12c) ajoutées.
- Vérification et mise à jour des liens internes
- Mise au propre et noms des fichiers html
- Mise à jour de la Table des matières
- Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)
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Merci pour ce numéro de Midi-Minuit Fantastique : j'ai le béguin pour Yvonne Romain !
RépondreSupprimerRey
Avec grand plaisir Rey, et bienvenue à bord !
SupprimerNous n'avons malheureusement pas les numéros suivants (le deuxième sur les "vamps" doit valoir son pesant de sauterelles !)
(parce que "la sauterelle pèse lourd", et je précise qu'il ne s'agit pas d'une blague sexiste…)
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