31 août, 2022

Galaxie (1ère série) n°018 – Mai 1955

Inépuisable sujet tant en littérature dite blanche qu'en œuvres de genres, polars, fantastiques ou SF compris, la mise au ban de l'indésirable est le sujet concomitant de la plupart des nouvelles de ce n°18 de Galaxie - orné de piliers comme Simak ou Sheckley (ce dernier figurant aussi au sommaire du Fiction n°18 du même mois), quelque peu colonisé par l'hyperactif Floyd L. Wallace (qui y publie deux nouvelles, dont une sous pseudonyme), et qui révèle Lester Del Rey pour la première fois traduit en France.

 

Pas de bras, pas de clic-clic…

Passez en mode "commande vocale" si c'est le cas
 

Sommaire du Numéro 18 :

1 - Floyd L. WALLACE, La Planète des hommes mutilés (Accidental Flight, 1952), pages 2 à 46, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed. ALEXANDER

2 - Robert SHECKLEY, Fantôme V (Ghost V, 1954), pages 47 à 58, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par (non mentionné)

3 - (non mentionné), Saviez-vous que..., pages 58 à 58, notes

4 - René PACAUT, Jules Verne, créateur de la science-fiction, pages 59 à 61, article

5 - Clifford D. SIMAK, Bonne nuit, M. Jamot ! (Good Night, Mr. James, 1951), pages 62 à 75, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par (non mentionné)

6 - AUTOLYCUS, La Médecine et l'espace, pages 76 à 78, notes

7 - Bascom Jr. JONES, Racisme interplanétaire (Blind Spot, 1955), pages 79 à 85, nouvelle, trad. (non mentionné)

8 - Lester DEL REY, La Géniale hallucination (And It Comes Out Here, 1951), pages 86 à 96, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Don SIBLEY

9 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 97 à 99, courrier

10 - Damon KNIGHT, L'Exécuteur de la race humaine (Ask Me Anything, 1951), pages 100 à 115, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

11 - Dan CARROLS, Le Châtiment rédempteur (Forget Me Nearly, 1954), pages 116 à 144, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

 

Rapport du PReFeG (Août 2022)

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Sommaire complété
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Notes (1) et (2) ajoutées.
  • Vérification et mise à jour des liens internes
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

Hyperactif Floyd L. WALLACE, disions-nous, avec rien de moins que 6 récits originaux parus dans Galaxie en 1955, souvent des novellas. "La Planète des hommes mutilés" en est une, de facture assez classique, mettant en scène la revanche des indésirables.

Avec Robert SHECKLEY, et son "Fantôme V", on retrouve avec bonheur le duo Cergue et Arnaud présentés dans le Galaxie n°17 ; ici dans une sympathique nouvelle sur les terribles peurs de l'enfance. D'autres nouvelles suivront nos deux aventuriers-nettoyeurs de mondes.

Second pilier avec Sheckley, Clifford D. SIMAK nous propose presque deux nouvelles en une pour cette histoire à chute, qui rappellera la problématique des répliquants de Blade Runner de Philip K. Dick. C'est "Bonne Nuit, M. Jamot !", dont on pourra apprécier l'adaptation dans la série TV américaine "Au-delà du réel", épisode 13 de la saison 2  : "Le double", en ligne chez l'UFSF

La notion d'indésirable implique trop souvent l'absurdité du racisme. En voici une illustration avec une nouvelle bien amenée sur le racisme des colons : "Racisme interplanétaire", un one-shot de Bascom Jr. JONES, connu du milieu des magiciens pour ses ouvrages sur le mentalisme.

"La géniale hallucination" par Lester DEL REY, ouvre la marche pour cet auteur avec une boucle temporelle, à la narration audacieuse (qui rappellera sur le même mode à la 2eme personne une autre nouvelle : "L'enfant en proie au temps", de Charles L. Harness, que nous pourrons lire dans le Fiction n°26 de janvier 1956).

Avec "L'Exécuteur de la race humaine", classique et un peu bavard, on pourra penser avoir connu Damon KNIGHT plus inspiré.

Enfin, "Le châtiment rédempteur" par Dan CARROLS (en réalité un pseudonyme de F. L. WALLACE qui monopolise un peu l'espace de la publication de ce mois) demeure une intéressante histoire d'anamnèse, plus polar que S.F. toutefois.

Un article sur Jules VERNE signé René PACAUT nous rappellera ceux de Jean-Jacques Bridenne parus dans la revue Fiction. Le ton ici est malheureusement plus vulgarisateur, et souligne sans doute des divergences de ligne éditoriale des deux revues concurrentes en matière de pédagogie sur la culture S.F. naissante en France.



Un mot, à présent, sur Lester DEL REY, qui fait son entrée dans notre panthéon en ce mois de mai 1955. C'est un auteur sur lequel nous reviendrons très certainement dans nos bonus à l'avenir, et qui sera publié alternativement dans Galaxie, puis dans Fiction. Proche ami du narquois Frederic Pohl, ses récits sont toutefois empreints d'une plus grande gravité, sinon d'une digne austérité bien ibérique (Del Rey est d'origine espagnole).
"S’il n’était pas un des « grands » de son domaine, Lester del Rey était du moins un des auteurs qui s’y montraient capables d’écrire à peu près tout ce qu’on leur demandait. Il en donna la preuve en 1955. Horace Gold, qui dirigeait à l’époque le magazine Galaxy, avait organisé un concours destiné à récompenser un roman inédit ; mais il ne recevait guère de manuscrits. Il invita donc Frederik Pohl à rééditer, dans la mesure du possible, le grand succès que celui-ci avait remporté trois ans auparavant avec Gravy planet (devenu The space merchants en livre et Planète à gogos dans la traduction française), écrit en collaboration avec Cyril M. Kornbluth. Pohl s’adressa cette fois à son ami del Rey. Gravy planet avait dépeint une société où les firmes publicitaires détenaient la plus grande partie du pouvoir : le nouveau roman, Preferred risk, se déroulait dans un monde dominé par les compagnies d’assurances. Dans un cas comme dans l’autre, la narration était faite à la première personne par un naïf qui découvrait en cours de récit les ficelles honteuses faisant marcher la société où il vivait. L’impression de « déjà lu » fut quelque peu atténuée par le fait que Lester del Rey se chargea lui-même de rédiger la plus grande partie du roman. Lorsque celui-ci fut publié, cependant, personne ne salua son signataire (« Edson McCann ») comme un brillant astre nouveau au firmament de la science-fiction moderne. Mais Lester del Rey avait prouvé qu’il possédait pleinement le métier d’écrivain – et cela de manière d’autant plus satisfaisante, d’un point de vue pragmatique, qu’un prix de 6 500 dollars avait été annoncé pour la compétition."

Extrait de "La quête de Lester DEL REY", par Démètre IOAKIMIDIS, préface à "Le 11ème commandement / PSI" de Lester DEL REY, (Club du Livre d'Anticipation n°54 - Editions OPTA 1975)

Ce roman d'«Edson McCann» sera publié dans les numéros 25, 26 et 27 de Galaxie (1ère série), entre décembre 1955 et février 1956, sous le titre "Assurance sur l'éternité". Ce bon roman, en effet dans la continuité de genre de "Planète à gogos" de Pohl et Kornbluth, restera malgré tout inédit en volume par la suite... (Voir ce lien : Galaxie n°25).

Nous ne quitterons pas le chapitre Del Rey sans mentionner son travail d'anthologiste et les Del Rey books. Voici ce que nous en dit Jacques Sadoul, dans son anthologie "Une histoire de la science-fiction - volume 1 : 1901-1937 - Librio)
"Au début des années 1950 del Rey devint rédacteur en chef de Fantasy Magazine puis de Rocket Stories et Space Science-Fiction. Il fut également anthologiste et critique littéraire. Sa quatrième femme, Judy-Lynn, était une naine remarquablement intelligente et douée d’un très bon flair d’éditrice. Les éditions Ballantine lui donnèrent la direction d’une collection de S-F sous la marque DEL REY BOOKS, ceci en l’honneur de Judy-Lynn, non de Lester. Il y collabora cependant activement et en reprit la direction à la mort prématurée de son épouse en 1986. Lester del Rey conserva cette activité jusqu’à son départ à la retraite fin 1991."


Un petit extrait pour vous mettre en appétit, à propos des indésirables par excellence en SF : les mutants. Nous abordons le sujet par le biais documentaire, dans la chronique du mystérieux Autolycus, déjà rencontré dans le numéro précédent de Galaxie.

La médecine et l'espace par AUTOLYCUS

IL est évident que les hommes appelés à franchir l’atmosphère pour émerger dans ce qu’on nomme « vide interplanétaire » se trouveront plongés dans un milieu, dans des conditions que la science ignore pratiquement.

Néanmoins, par le calcul et par l’hypothèse, les savants sont parvenus à réaliser, dans des chambres spécialement conçues, des conditions probablement analogues à celles où évolueront les futurs astronautes.

Indépendamment des qualités physiques, intellectuelles et caractérielles que l’on exige de tout homme appelé à conduire un engin compliqué et rapide, muni d’instruments délicats et « intelligents », il faudra aux astronautes une capacité de résistance bien supérieure a la normale.

Les savants américains qui étudient le problème sous un angle pratique et en vue de réalisations relativement prochaines, estiment que sur mille candidats satisfaisant aux dures conditions requises d’emblée, cinq seront seuls en mesure de passer les derniers tests avant d’affronter le « vide ».

 

QUELLES sont donc les rigueurs du « vide », qui obligent à une sélection infiniment plus poussée que celle des pilotes de réacteurs les plus rapides utilisés dans l’atmosphère ?

Tout d’abord, à des altitudes supérieures à 7.000 mètres, il n’y a pratiquement plus d’air respirable. Vers 15.000 mètres commence la zone de très basse pression. À partir de cette altitude, les fluides du corps de tout individunon protégé se mettraient à bouillir en commençant par la salive pour aboutir au sang.

Puis se pose le problème de la température. L’astronaute en s’élevant traverse des zones dont les températures varient du « tempéré », au niveau du sol, à -55° centigrades à une altitude de 13 km. Il parvient ensuite à un espace où notre conception de température n’est plus valable.

En effet, l’homme qui recevrait de plein fouet les radiations ultra-violettes du soleil serait littéralement « grillé » en une fraction de seconde, alors que des objets protégés contre les rayons solaires, verraient, au bout d’un certain temps leur température s’abaisser au voisinage du zéro absolu (-273°).

D’où la nécessité de protéger l’astronaute en « climatisant », soit la fusée dans laquelle il voyagera, soit un « scaphandre » spécial qui ressemblerait assez à celui en usage dans l’aviation pour les vols à très hautes altitudes.

 

ALORS une question se pose : tous les individus sont-ils capables de demeurer avec un confort suffisant dans un lieu (fusée ou scaphandre) où la pression atmosphérique est artificiellement la même que celle de la Terre ?

Les essais en chambre de pression prouvent que, même parmi les individus les plus résistants, quelques-uns ne supportent pas de vivre en atmosphère artificielle. D’autres, au contraire, y sont parfaitement à l’aise et résistent jusqu’à un certain point à des diminutions de pression, qualité fort utile en cas d’accident à la fusée ou au scaphandre.

Il faut donc que les systèmes nerveux et vasculaires de l’astronaute réagissent promptement, et dans la mesure voulue, à toute modification de l’atmosphère : pression et température.

 

LATMOSPHÈRE terrestre constitue une couche protectrice de 200 km d’épaisseur environ. Avant même d’en être sortie, la fusée devra faire face à deux nouveaux dangers : les radiations ultraviolettes et les radiations dites « cosmiques ».

Pour les premières, le péril est minime : l’enveloppe de la fusée suffira à protéger les navigateurs.

Quant aux rayons cosmiques, ce sont des particules infimes, à haute vélocité, radio-actives, qui bombardent sans cesse les couches supérieures de l’atmosphère, et qu’on rencontre partout dans l’espace.

Dans l’ensemble, on ne connaît guère leur nature, et, à juste titre, on craint leurs effets.

Néanmoins, les travaux récents ont permis aux savants de s’assurer que les rayons cosmiques ne constituent pas un danger aussi sérieux qu’on aurait pu le croire. Ceci est réconfortant pour ceux qui s’occupent de médecine spatiale, car il n’existe aucun moyen de protection contre ces radiations, capables de traverser tous les écrans connus.

Nous ne citons que comme simple inconvénient cette impression de « chute libre » qu’éprouveraient les astronautes une fois sortis du champ d’attraction terrestre. On peut y remédier par divers moyens que nous exposerons dans un article ultérieur sur le comportement des fusées. Qu’il suffise de dire qu’il est actuellement possible de créer une gravité artificielle.

 

REVENONS à l’inconnue n°1 : l’action possible des rayons cosmiques. Du point de vue théorique, on admet qu’ils peuvent, à longue échéance, causer aux êtres humains des troubles analogues aux effets du radium et de la bombe atomique.

En outre, l’individu qui les absorbe en trop grande quantité risque de subir des modifications profondes – qu’on appelle mutations – et qui se traduisent chez des descendants par des changements morphologiques ou, au sens scientifique du terme, des monstruosités.

Toutefois, il faut insister sur le fait qu’il n’y a pas d’effet désastreux si l’individu n’absorbe pas une quantité considérable de radiations. (Ceci, aux dires des savants, qui se fondent sur des expériences déjà anciennes.)

Il y a environ un quart de siècle, on a fait l’expérience de soumettre à un bombardement intense de rayons X une mouche commune, capable de se reproduire en l’espace de quelques semaines.

Très vite sont apparus, dans la descendance de la mouche-sujet, des monstres étranges chez lesquels on a constaté les modifications ou mutations suivantes : les unes n’avaient plus d’yeux ; d’autres avaient des couleurs inaccoutumées ; chez certaines, les pattes et les ailes étaient difformes, atrophiées, on mal placées.

Ces mutations se sont transmises aux générations suivantes, ce qui prouve qu’elles ont un caractère de permanence.

Résultats effrayants, certes, mais non concluants. En effet, sur plusieurs centaines de mouches soumises aux rayons X à doses massives, seules quelques-unes ont donné naissance à des « mutants » ; et les véritables « monstres » ne sont apparus qu’au bout de plusieurs générations.

 

RESTE à savoir si les effets des rayons cosmiques sont analogues chez l’homme et jusqu’à quel point il pourrait absorber impunément ces radiations.

Comme ce sont surtout les « facteurs d’hérédité » qu’influencent les radiations – atomiques ou cosmiques – il est évident qu’on ne saurait voir de modifications sensibles chez les individus directement atteints.

Mais leurs enfants et leurs petits-enfants, et les générations suivantes ?

L’homme est un être beaucoup plus complexe et délicat que la mouche, physiologiquement. En outre, il est doté d’un esprit, qui, lui aussi, réagit aux excitations du dehors, tout comme à l’hérédité.

S’il est facile de concevoir un individu à deux têtes, ou à quatre bras – voire à six orteils, et même à double estomac – il est moins aisé de penser au « monstre » mental que risque de créer l’exposition plus ou moins prolongée à des radiations, dont, disons-le, on ignore encore presque tout.

Notre ignorance ne va pas jusqu’à… ignorer l’histoire de l’apprenti-sorcier…

En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro

retrouvez les bibliographies complètes de leurs parutions dans Fiction et Galaxie !

Floyd L. WALLACE
Robert SHECKLEY


Clifford D. SIMAK


Bascom Jr. JONES
Lester DEL REY

 

Damon KNIGHT


Dan CARROLS





A suivre : Galaxie n°019.

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