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"Bon sang, dans 60 balais, on laissera faire Pesquet !" |
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Sommaire du Numéro 1 :
1 - Clifford D. SIMAK, Au carrefour des étoiles (Here Gather the Stars / Way Station, 1963), pages 4 à 59, roman, trad. Michel DEUTSCH, illustré par Wallace (Wally) WOOD
2 - Mary CARLSON, Le Temps du froid (The Time of Cold, 1963), pages 60 à 66, nouvelle, trad. Pierre BILLON *
3 - Robert SILVERBERG, Voir l'homme invisible (To See the Invisible Man, 1963), pages 67 à 77, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
4 - John BRUNNER, Le Meilleur des pièges (A Better Mousetrap, 1963), pages 78 à 95, nouvelle, trad. Pierre BILLON, illustré par Virgil FINLAY *
5 - Jack SHARKEY, Le Réveil (The Awakening, 1964), pages 96 à 101, nouvelle, trad. Pierre BILLON *
6 - Alfred Elton VAN VOGT, Les Sacrifiés (The Expendables, 1963), pages 102 à 130, nouvelle, trad. Michel DEMUTH, illustré par Virgil FINLAY
7 - Poul ANDERSON, La Croisée des chemins (Turning Point, 1963), pages 131 à 145, nouvelle, trad. Pierre BILLON, illustré par John Jr. PEDERSON *
8 - Lester DEL REY, La Fin d'une race (The Course of Logic, 1963), pages 146 à 159, nouvelle, trad. Pierre BILLON, illustré par John GIUNTA *
* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.
"Comme un gant" !
Annoncé dans Fiction (et Fiction Spécial 5) pour le mois d'avril, il faudra attendre le mois de Mai 1964 pour voir ressurgir la revue Galaxie, après cinq ans d'absence.GALAXIE : Une renaissance" À partir du mois d’avril, FICTION aura une sœur cadette (au nom déjà célèbre) : GALAXIE.La première édition française de GALAXIE débuta en 1953 et fut interrompue en 1959. S’il est vrai que tous les lustres le phénix renaissait de ses cendres, pourquoi une revue de SF n’imiterait-elle pas cet oiseau légendaire ?Le précédent GALAXIE n’avait qu’un défaut : celui d’être publié par des non-spécialistes. Cette nouvelle édition, dirigée par la même équipe rédactionnelle que FICTION, offrira à cet égard une garantie de sérieux.Pour la première fois, vous seront présentés en version intégrale les meilleurs textes inédits des grands auteurs américains de SF. Le nombre de pages (160, uniquement consacrées à des récits) permettra en outre, chaque mois, une importante sélection.Comme par le passé, GALAXIE sera la revue 100 % SF, destinée à l’amateur « inconditionnel » du genre. Mais la variété de ses sujets, la diversité des champs qu’ils embrassent, satisferont le plus grand éventail de goûts.À un moment où la disparition du « Rayon Fantastique » avait paru sonner un coup de glas pour la science-fiction, nous sommes heureux de témoigner de sa vitalité, en réintroduisant sur le marché français la plus fameuse des revues d’outre-Atlantique. "
On pourra toutefois le constater, "Galaxie 2ème série" sera en effet, du moins au début, entièrement dédiée à la science-fiction anglo-saxonne, et conservera de la 1ère série son aspect "old school", ses illustrateurs d'avant-guerre (l'incontournable Virgil Finlay, par exemple), et ses "pitch" de présentations à l'emporte-pièce - soit "Galaxie", mais en mieux. Car un soin tout particulier sera apporté aux traductions (sous les plumes de Michel Deutsch, Pierre Billion, Christine Renard ou Michel Demuth himself...), et la revue tiendra finalement un rôle d'observatoire de ce qui s'écrit outre-Atlantique.
Mais témoigner de la vitalité d'un genre comme la science-fiction ne sera pas tout. Avec l'apparition ou l'envol d'auteurs comme Robert Silverberg, Philip K. Dick ou Cordwainer Smith, comme avec des chroniques régulières, celle de Philippe Curval par exemple, Galaxie sera aussi tournée vers les métamorphoses inévitables d'un genre dédié aux questionnements des lendemains.
Pour anticiper légèrement, et terminer cette note d'introduction à cette deuxième série de Galaxie, voyons ce que la rédaction de la revue écrit dans son numéro 4, quelques mois plus tard :
"GALAXIE" ET SES LECTEURS
" La reparution de GALAXIE nous a valu un abondant et encourageant courrier.
A lire ces lettres, une constatation s'impose : GALAXIE comble un vide. Beaucoup de nos correspondants étaient lecteurs de l’ancienne édition et en avaient toujours regretté la disparition, L'amateur de S.F. et rien que de S.F. n'avait plus sa revue. Même réaction à notre formule consistant à présenter régulièrement des romans. La carence, dans ce domaine, des collections spécialisées semble laisser depuis longtemps le fervent de S.F. sur sa faim.
Satisfaction générale, donc, pour la renaissance de la revue. Et jugements dans l'ensemble favorables pour la composition des premiers numéros (seule une faible minorité s'estime déçue). Avouons pourtant une chose : nous avions un contingent de textes relativement restreint quand nous avons préparé ces premiers numéros. Actuellement, ce contingent est beaucoup plus étendu et nous pouvons faire de façon plus approfondie nos prochaines sélections. Voici notamment quelques auteurs dont nous avons une importante quantité de nouvelles ou de romans en stock : Brian W. Aldiss, Poul Anderson, Arthur C. Clarke, Philip K. Dick, Gordon R. Dickson, Damon Knight, Keïth Laumer, Fritz Leiber, Murray Leinster, J.T. Mclntosh, Cordwainer Smith, Robert F. Young, etc.
D'autre part, nous nous occupons activement de rechercher les anciens textes non parus en France du Galaxy américain. Et à ce propos, une précision s'impose. Beaucoup d'auteurs autrefois très productifs n'écrivent plus guère dans le Galaxy américain. C'est le cas notamment de Simak et Sheckley. Nous ne pouvons donc, au mieux, que présenter les nouvelles d'eux restées inédites mais non les inscrire régulièrement et constamment à nos sommaires.
Nous étant consacrés à l'étude des traductions de l’ancien Galaxie français, nous envisageons autre chose : présenter la version intégrale de textes qui, à l'époque, avaient été parfois considérablement abrégés ou altérés à la traduction, Un seul exemple suffira à exposer la situation : la nouvelle de Robert Sheckley Un billet pour Tranai, d'une longueur de 38 pages dans son texte original, fut ramenée à 20 pages dans le Galaxie français. Dans de pareils cas, une reprise nous semble s'imposer (mais pas plus d'une au maximum par mois). Qu'en pensent nos lecteurs ?
Si nos correspondants sont presque unanimes sur les textes présentés, il y a plus de divergences concernant l’utilisation des dessins américains. Disons simplement qu'ils nous paraissent certes de qualité inégale, et que nous nous efforcerons à l'avenir de ne conserver que les meilleurs. Mais ils correspondent à notre avis à l'esprit de GALAXIE, et les supprimer serait trahir cet esprit. "
Cette démarche de reprendre de fond en comble les traductions des nouvelles parues dans la première série de Galaxie, Michel Demuth la développera un peu plus tard, avec sa série d'anthologies "Marginal", compilant selon des grands thèmes les nouvelles retraduites, avec des illustrations originales de dessinateurs français. Mais il faudra encore attendre presque dix ans et l'année 1973 pour cela…
Pour transiter en douceur vers la suite, citons Simak dans son roman "Au carrefour des étoiles" :
" - Il y a un journal de Géorgie dont le slogan proclame qu'il couvre le Sud comme la rosée. Il faudrait inventer quelque chose du même genre au niveau de la galaxie.
- Un gant ! s'exclama Mary. Le quotidien qui enveloppe la galaxie comme un gant ! "

" Voici la Terre, se disait-il. Une planète faite pour l'Homme. Mais pas pour lui seul, cependant : c'était aussi une planète pour le renard, le hibou et la belette, pour le serpent, la sauterelle et le poisson, pour toutes les formes vivantes qui pullulaient dans l'air, sur le sol et au fond des eaux. Et qui n'était pas non plus le monopole des espèces indigènes : elle était également faite pour d'autres créatures, nées sur d'autres terres, sur d'autres planètes situées à des années-lumière mais qui, dans leur essence, étaient toutes autant de Terres. Car Ulysse, et les Lumineux, et tous les autres pouvaient vivre sur la planète Terre si besoin en était ou s'ils en avaient simplement envie. (…) Le fait fondamental : l'intelligence existait dans l'univers. L'Homme n'était pas seul. Pour peu qu'il s'engageât sur la bonne route, il ne serait, plus jamais seul. "
Partant de cette hypothèse que l'intelligence, ou que la conscience d'être existe partout à travers l'univers, Simak nous propose de s'interroger sur son sens. Car manifestement, il nous faut suivre la bonne route. Le débat est donc moral, et la question demeure : quelle est "la bonne route" selon Simak ?
— (…) Que de choses avons-nous encore à apprendre ! Ils sont tellement plus savants que nous… Leurs notions en matière de religion, par exemple…— Je ne sais pas s'il s'agit vraiment d'une religion. Cela n'a pas l'appareil généralement associé à la religion. Et ce n'est pas fondé sur la foi. La foi n'est pas une nécessité. La base de leurs croyances, c'est la connaissance. Ce sont des gens qui savent, voyez-vous.— C'est à la force spirituelle que vous pensez ?Enoch répondit :— Elle existe au même titre que toutes les autres forces qui constituent l'univers. Oui, il y a une force spirituelle exactement comme il y a des choses que l'on appelle le temps, l'espace ou la gravitation pour ne parler que de ces seuls éléments immatériels. Elle existe et ils peuvent entrer en contact avec elle…
Si votre forme physique vous interdit de coloniser une planète, vous n'avez qu'à changer de forme ! À vous métamorphoser en un être capable de vivre sur la planète en question ; il ne vous reste plus alors qu'à en prendre possession. S'il vous faut, pour cela, être un ver blanc, eh bien, vous devenez un ver blanc. Ou un coléoptère. Ou un crustacé. Ou n'importe quoi d'autre. Et ce n'est pas seulement votre enveloppe corporelle qui se transforme : votre esprit subit le même avatar, il devient le type d'esprit qu'il faut que vous puissiez vivre dans ce milieu étranger.
Le temps du froid, de Mary Carlson, parait bien fade après le roman de Simak. On ne peut que se demander pourquoi Dorémieux a choisi ce texte pour le premier numéro de Galaxie.
Dostoïevski a écrit quelque part : « Sans Dieu, tout est possible. » Je peux le paraphraser et dire : À l'homme invisible, tout est possible – et sans intérêt.



