26 juin, 2024

Fiction n°068 – Juillet 1959

Magnifique couverture de Jean-Claude Forest en pleine page pour ce numéro d'été de Fiction d'une bonne qualité d'ensemble, avec une mention spéciale à Chad Oliver. 

Un clic droit, mais pas à l'aveuglette

Sommaire du Numéro 68 :


NOUVELLES

 

1 - Charles HENNEBERG, Au pilote aveugle, pages 3 à 16, nouvelle

2 - Damon KNIGHT, Quelle Apocalypse ? (What Rough Beast?, 1959), pages 17 à 36, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH

3 - BELEN, Je vous salue, maris..., pages 37 à 39, nouvelle

4 - Reginald BRETNOR, L'Intruse (One of the Family, 1951), pages 40 à 45, nouvelle, trad. Roger DURAND *

5 - Anne McCAFFREY, La Tour d'ivoire (The Lady in the Tower, 1959), pages 46 à 63, nouvelle, trad. Roger DURAND *

6 - Thomas OWEN, La Présence désolée, pages 64 à 68, nouvelle

7 - Idris SEABRIGHT, Les Vins de la Terre (The Wines of Earth, 1957), pages 69 à 74, nouvelle, trad. Catherine GRÉGOIRE

8 - Floyd L. WALLACE, Le Virus du Nevada (The Nevada Virus, 1957), pages 75 à 95, nouvelle, trad. Roger DURAND *

9 - Chad OLIVER, Le Vent souffle où il veut (The Wind Blows Free, 1957), pages 96 à 119, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM 

CHRONIQUES


10 - Jean-Jacques BRIDENNE, Nadar ou la science-fiction vécue d'hier, pages 121 à 124, article

11 - Aimé MICHEL, Bas le masque, Professeur Hynek !, pages 125 à 127, article

12 - Alain DORÉMIEUX, La Mort de "Galaxie", pages 129 à 130, article

13 - Alain DORÉMIEUX & Gérard KLEIN, Ici, on désintègre !, pages 131 à 134, critique(s)

14 - F. HODA, Une mouche monstrueuse, pages 136 à 137, article

15 - COLLECTIF, Tribune libre, pages 138 à 143, article


* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

Nathalie Henneberg (toujours sous le nom de son mari récemment décédé) donne raison à l'axiome : "le primitif est la grande quête de la modernité" dans Au pilote aveugle. Ici, c'est en revisitant le mythe des sirènes tel que rapporté par Homère. On repensera beaucoup aussi à la "Shambleau" de C. L. Moore.

Il est peut-être un peu exagéré de relier Quelle apocalypse ?, récit à la première personne, avec l'Apocalypse - ou le second avènement tel que décrit par Yeats. Damon Knight nous livre toutefois une bonne nouvelle qui, de l'anecdotique, fait virer son intrigue vers de plus en plus d'universel. Mondes parallèles et pouvoirs psis en prime. 

On aurait pu croire à une simple inversion des positions sociales de l'homme et de la femme dans Je vous salue, maris…pamphlet du mystérieux Belen (dont on pourra apprendre qu'il s'agit en réalité de la cinéaste Nelly Kaplan).. Mais l'autrice va un peu plus loin et pousse la logique en faisant du sexe mis en position de faiblesse un bétail. Concis et de bonne facture.

L’intruse, c'est "Le Horla" façon Reginald Bretnor, décidément capable d'horreur psychologique. Une belle étude d'une décompensation psychique suite à un deuil mal digéré. Du fantastique psychologique de très bonne facture. 

La tour d’ivoire, par la nouvelle arrivée Anne McCaffrey, est une romance sidérale un peu surfaite mais aux personnages attachants. 

En ouverture à La présence désolée, Thomas Owen cite Arthur Machen en érudit, quand en 1959 n'avait été traduit que son court roman "Le grand dieu Pan" (VO 1894 - VF 1938), dont est d'ailleurs tirée l'exergue. Il faudra attendre 1963 pour découvrir Arthur Machen dans la revue Planète, et 1968 pour lire un nouveau recueil de l'auteur gallois en français. Pour la nouvelle, aux prises d'un piège semblable au puits du Jeu de l'oie, le voyageur de Owen se résigne peut-être un peu vite à son sort. On y perd en effroi. Dommage.

Les vins de la Terre, et le principe du vin en général, est vu comme une culture interplanétaire partagée. Idris Seabright pour une fois sans sarcasme ni cruauté, boit à la santé de tous les peuples. 

Le virus du Nevada, par Floyd L. Wallace, décrit Zone de quarantaine et état de guerre. On se retrouve finalement en terrain connu avec cette nouvelle traitant d'une épidémie mortelle.

Le vent souffle où il veut est une très belle nouvelle de Chad Oliver, fin observateur des mouvements de la sensibilité humaine, sur le thème du vaisseau arche, allégorie des lendemains qui chantent et du meilleur qui se perpétue dans un avenir toujours remis au lendemain.

Dernier article de Jean-Jacques Bridenne sur Nadar, assez passionnant sur les débuts de l'aviation - mais on pardonnera difficilement à Bridenne d'utiliser le "n word" sans mise en contexte…


Qui a écrit :

Bradbury avait-il réellement quelque chose à dire au temps des « Chroniques » ? J'ai défendu jadis cette idée, en bonne compagnie, du reste. Je n'en suis plus aussi sûr aujourd'hui. 

Non, ce n'est pas Alain Dorémieux, bien qu'on eut pu le lire très critique envers l'auteur américain. Il s'agit de son plus fidèle admirateur, Gérard Klein, qu'on a pu appeler le Bradbury français tant il était empreint de son style ; la citation est ici à propos du dernier recueil paru : "Le vin de l'été".


Nous l'avons noté dès notre début d'article, la couverture de Forest est tout aussi remarquable que celle du Fiction spécial n°1. Voyons ce qu'en dit la rédaction à travers les lettres des lecteurs :

NOS LECTEURS ONT LA PAROLE

À PROPOS DE NOS COUVERTURES

M. Louis FRITSCH, Strasbourg.

Je ne suis pas d'accord au sujet des couvertures avec votre lecteur M. Comby (« Fiction » n° 66). Je trouve au contraire que le procédé du photo-montage est la technique la plus propice à la création d'effets d'étrange. J'ai la nostalgie des images inventées par Jacques Sternberg et Philippe Curval. « Symbolisme de pacotille » ? « Manque total d'inspiration » ? Pourtant, comment pouvait-on mieux que Philippe Curval et grâce au montage illustrer « La rue perdue », de Marcel Brion ?

Cela dit, si je puis me permettre de vous donner mon avis en tant que professeur d'une école d'Arts Décoratifs, je n'ai pas aimé le côté froid, statique, de Rose Gauthey. Lucien Lepiez avait de l'étoffe, mais après des dessins aussi efficaces – aussi beaux que ceux des numéros 50 (« La machine à deux mains ») et 60 (« Le collier de marrons »), je ne lui pardonne pas celui du n° 66. C'est mauvais. Il est vrai que c'est surtout le violet dont j'ai horreur… J'en ai souffert pendant huit jours. Les Curval 59 et 62 restent rattachés à mes amours d'antan. P. J. Izabelle : il est trop tôt pour le juger. Enfin, Jean-Claude Forest : il m'a séduit dès le n° 57 (« La mort de chaque jour »). C'est un grand dessinateur, techniquement au point, ayant le sens de la poésie et du fantastique. Quelle réussite que sa « Déesse de granit » du n° 64 !

M. Jean COPANS, Paris (8e).

Je sais bien qu'il faut vendre, mais faut-il vraiment chercher le style « tape-à-l'œil » comme dans les couvertures du n° 64 ou du n° 66 ? Ce sont peut-être des essais d'art moderne, mais vous n'êtes tout de même pas une revue pornographique (les nouvelles incriminées par l'illustration n'étaient pas de ce goût, d'ailleurs).

M. Jacques GASCHAT, A.F.N.

Si je vais me permettre ici quelques critiques, c'est en tant que fidèle et ancien lecteur de votre revue, en tant qu'amateur passionné et, je crois, éclairé, de SF, et aussi en tant qu'artiste peintre et décorateur. J'ai l'intention de m'attaquer à la présentation de « Fiction ». Croyez bien que si je le fais, c'est à cause de l'intérêt que je lui porte.

Vous n'êtes pas sans déplorer, tout comme moi, que, pour une grande majorité, la SF soit considérée comme un genre mineur, et même comme une médiocre pâture pour des esprits infantiles. La responsabilité de cet état de choses incombe, à mon avis, moins aux textes qu'aux illustrations utilisées dans les couvertures.

On relève dans vos derniers numéros, le tout dernier spécialement, une amélioration du dessin de couverture, bien supérieur aux vaseux photomontages que vous sembliez affectionner. Néanmoins, le titre, par exemple, présenté dans une vague tache noire et triangulaire, la disposition du texte, ainsi que l'impression d'ensemble, n'incitent pas les détracteurs du genre à prendre le contenu au sérieux. La présence d'une illustration ne me paraît même pas indispensable ; du moins, si elle consistait en un jeu de taches abstraites ou en un graphisme non figuratif, présenterait-elle moins de danger quant au goût.

J'espère que vous ne m'en voudrez pas de ces quelques remarques sur votre revue qui est aussi la mienne et que par ailleurs j'estime beaucoup.

 

NOTRE RÉPONSE :

Le problème des couvertures nous préoccupe largement en ce moment et nos lecteurs auront pu remarquer que nous faisons, depuis le début de l'année, des tentatives variées dans ce domaine (diversité des styles et des dessinateurs, utilisation de couleurs nouvelles, impression des lettres en blanc sur couleur foncée, etc.). Tout cela sans parler de la couverture de notre numéro spécial, qui représentait une formule jamais employée par nous. Nous ne prétendons pas atteindre la perfection ; il n'en reste pas moins que nous nous estimons fiers d'avoir montré, par exemple dans le numéro 64, que l'illustration de SF pouvait se hausser à un indéniable niveau artistique (la couverture de ce numéro ne nous paraît absolument pas mériter les reproches généraux de M. Gaschat, non plus d'ailleurs que l'accusation de pornographie de M. Copans). Nous continuerons dans les mois à venir de rechercher la diversité, en comptant sur nos lecteurs pour nous tenir au courant de leurs réactions. D'ores et déjà, nous sommes heureux d'avoir misé, entre autres, sur un jeune illustrateur de talent comme Jean-Claude Forest (que pensent nos lecteurs de son dessin pour le présent numéro ?)

Rapport du PReFeG (Juin 2024)

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Prochaine publication prévue pour le mercredi 03 juillet 2024 : Fiction n°069.

2 commentaires:

  1. Quitte a décortiquer aussi loin chaque numéro ( je vois "l'avis des lecteurs" sur la couv ) , dommage de ne pas avoir repris la tribune libre ( en ocr ou juste en la résumant) , qui concerne (sur plusieurs numéros ), avec à chaque fois de grand nom du milieu sf de l'époque , une polémique sur le plagiat/inspiration ( en l'occurrence film/roman) . C'est vrai que c'est du boulot mais la partie "articles" est parfois intéressante d'un point de vue "histoire de la SF française"
    on en veut toujours plus 😃

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    Réponses
    1. Bonjour et bienvenue Jean-Yves.
      Concernant la Tribune Libre de ce numéro, elle concerne un commentaire sur le paradoxe de Langevin ; nous n'avons pas jugé utile de le reproduire dans notre article.
      Ce numéro propose par contre une note très intéressante de Dorémieux sur la "mort de Galaxie". Nous l'avons reproduite dans notre billet "Galaxie n°65" publié le 05 juin dernier.
      Il est vrai que de façon générale, quant un article ou une critique touche d'un peu près l'histoire de ce genre qu'est la SF, nous en faisons mention, voire nous le reproduisons (voir par exemple nos pages dédiées aux auteurs, qui reprennent des articles de Gérard Klein, Richard Chomet, Demètre Ioakimidis, etc...)
      Pour le reste, nos articles ont plutôt vocation à proposer un avant-goût de ce que l'on pourra trouver dans le numéro en question. Pour aller plus loin, libre à vous de télécharger votre copie (un clic droit sur la couverture, et "enregistrer la cible sous...").
      Merci pour votre commentaire, et bonnes visites !

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