21 février, 2024

Fiction n°060 – Novembre 1958

Jacques Sternberg et Nathalie Henneberg tiennent bien haut le niveau de ce numéro 60 de Fiction, avec quelques nouvelles bien concises et une déroutante novella de Jane Roberts.

 

Un clic droit post-apo?

Sommaire du Numéro 60 :


NOUVELLES

 

1 - Jane ROBERTS, Le Collier de marrons (The chestnut beads, 1957), pages 3 à 27, nouvelle, trad. Bruno MARTIN

2 - Jacques STERNBERG, Marée basse, pages 28 à 36, nouvelle

3 - Les COLE, Mystère en trois temps (Tripod, 1957), pages 37 à 44, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE *

4 - Theodore R. COGSWELL, Raccords (Thimgs, 1958), pages 45 à 56, nouvelle, trad. Roger DURAND *

5 - ARCADIUS, Les Naufrageurs, pages 57 à 70, nouvelle

6 - Robert ARTHUR, Un caractère négatif (Obstinate uncle Otis, 1958), pages 71 à 78, nouvelle, trad. Roger DURAND *

7 - Charles BEAUMONT, Le Quadriopticon (The Quadriopticon, 1954), pages 79 à 100, nouvelle, trad. CATHERINE

8 - John SHEPLEY, Le Physique de l'emploi (Gorilla suit, 1958), pages 101 à 108, nouvelle, trad. Roger DURAND *

9 - Charles HENNEBERG, La Fusée fantôme, pages 109 à 122, nouvelle

 

CHRONIQUES


10 - Jean-Jacques BRIDENNE, Théo Varlet, prophète cosmique, pages 123 à 127, article

11 - Alain DORÉMIEUX & Gérard KLEIN & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 129 à 135, critique(s)

12 - Alain DORÉMIEUX, La Critique des revues, pages 136 à 137, critique(s)

13 - Alain DORÉMIEUX & F. HODA, Décadence des classiques / Un mythe rénové, pages 139 à 141, article

14 - Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX, Aux frontières du possible, pages 143 à 144, chronique 

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

La sorcellerie à l'œuvre dans Le collier de marrons, une déroutante novella loin des sentiers battus de la moralité et des happy ending. Après un temps de mise en place des éléments de son récit, Jane Roberts mêle fantastique (l'emprise des sorcières) et science-fiction (l'apocalypse atomique).

On ne saurait dévoiler l'issue de cette Marée basse de Jacques Sternberg, récit plus conventionnel qu'à son habitude, mais très bien mené et mêlant habilement émoi amoureux et frisson psychologique.

Mystère en trois temps : une petite histoire de voyage dans l'espace et le temps par Les Cole, que Fiction nous présente comme un paradoxe sans qu'il n'en soit rien.

Comme dans "Un souhait de trop", (in Fiction n°38) Theodore R. Cogswell s'amuse dans Raccords à faire prendre au pied de la lettre les souhaits présentés à un génie. La nature ici du génie est originale, tout comme le contexte de polar noir est parodique. Plaisant.

Les naufrageurs, ou l'étude cernée de péripétie d'une espèce vénusienne, par Arcadius (qui avait signé une première nouvelle sous le pseudonyme d’Allan George dans le Galaxie n°54). Une aventure honorable au style très classique, qui rappellera les théories de Charles Fort sur les formes de vie transparentes et atmosphériques.

« Les prophètes avaient peut-être, jadis, une foi capable de déplacer des montagnes. Mais mon oncle Otis possédait quelque chose de bien plus remarquable, semblait-il… un manque de foi qui pouvait les faire rentrer sous terre. »

 

Un caractère négatif, par Robert Arthur, est une très habile nouvelle au fond terrifiant mais d'un postulat irréductiblement simple, qui fera repenser à « Escamotage » de Richard Matheson (in Fiction n°29).

Dans Le Quadriopticon, l'idée de base d'un cinéma immersif tourne malheureusement un peu court, et Charles Beaumont se perd à parodier de la mauvaise SF. On passera.

A peine fantastique, Le physique de l’emploi, petite pochade au ton naïf bien travaillé de John Shepley, fera un sympathique petit intermède, qui rappellera l'histoire de Chaplin perdant un concours de sosies de Charlot.

Un bon morceau que La fusée fantôme, ou la légende du Hollandais Volant revisitée par Nathalie Henneberg (sous le nom de son mari Charles), avec son lot de piraterie et d'êtres impossibles tels que les Androïdes Supérieurs, machines biologiques dépourvues d'émotions, du moins à échelle humaine.

 

On aurait pu penser Alain Dorémieux et Gérard Klein bons camarades, car partageant les mêmes centres d’intérêts et les mêmes postes au sein de la rédaction de Fiction. On sera d’autant plus surpris avec cet extrait de la Critique des revues, rédigé par Alain Dorémieux.

" La revue « Arguments » a consacré son numéro de septembre à un ensemble d’articles sur la science-fiction. La revue « Arguments » est une revue intellectuelle. On sait ce que cela veut dire. C’est une revue faite par des intellectuels pour des intellectuels. C’est dans cette conjoncture que la tentation du délire verbal se fait le plus sentir. 
Ici, les résultats dépassent l’attente. La recette est simple : employer un jargon fumeux et ampoulé, susciter à chaque phrase de vastes problèmes où il n’est question que de l’homme et de l’humain, de l’absolu et du transcendental, affecter de les résoudre du haut d’une tour d’ivoire philosophique, et manifester en toute chose une prétention dogmatique et un pédantisme insupportables. 
En l’occurrence, la science-fiction a donc servi de tête de Turc, prétexte pour chacun des concurrents en lice à faire son petit numéro personnel de dissertation. Pour cet exercice, (…) le prix d’honneur (revient) à Gérard Klein, dont l’exposé a pour titre « Rêver l’avenir et le construire » (mais ne faut-il pas soupçonner Klein d’avoir fait exprès de se parodier lui-même ?)

(…) Dans le numéro d’octobre de « Ailleurs », Pierre Versins s’est amusé à dresser un petit florilège de citations extraites des discours de ces messieurs. Mais il y a tant à citer que je puis à mon tour choisir des citations sans qu’elles recoupent celles de Versins. Voici donc quelques échantillons de cette prose immortelle :

 
(…)

« Il ne suffit pas de considérer un certain avenir comme le résultat logique d’une histoire encore à écrire. Il est nécessaire de le considérer dans son devenir, tel qu’il est, immense et inépuisable, et de le scruter à la fois avec une grande humilité quant aux possibilités de le décrire et avec un grand orgueil quant à ses potentialités qui sont les nôtres. »

Gérard KLEIN. 

 

« Cela expliquerait sa longue survie en d’autres termes que ceux exprimant une sorte d’hystérésis sociale, dans ce monde moderne qui est tissé de transformations et au sein duquel les données humaines elles-mêmes apparaissent comme fluides. Mais à certains signes, il semble précisément que cette idée ne soit plus indiscutée, que l’immanence de certains traits du monde humain, par exemple, se trouve en ce moment mise en question. »

Gérard KLEIN.

(…)
La conclusion à tirer de tout cela, s’il en faut une, sera la suivante : le Ciel préserve la science-fiction des intellectuels !

Rapport du PreFeG (Février 2024)

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Vérification du sommaire
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Notes (3b), (3c) et (4b) ajoutées.
  • Vérification et mise à jour des liens internes
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  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

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A suivre : Galaxie n°056.

Fiction n°61.

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