11 octobre, 2023

Galaxie (1ère série) n°046 – Septembre 1957

De grands auteurs (Sheckley, Anderson, Simak, Pohl, Smith…) côtoient des raretés de qualité dans ce numéro d’automne 1957.

 

Un clic droit et toute une galaxie s’ouvre !

 Sommaire du Numéro 46 :


1 - Finn O'DONNEVAN, La Planète infernale (A wind is rising, 1957), pages 3 à 19, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Laurent TURPIN *

2 - Edgar PANGBORN, Le Dernier homme de Manhattan (The music master of Babylon, 1954), pages 20 à 35, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Bernard KRIGSTEIN

3 - John D. MacDONALD, Le Défaut de la cuirasse (Susceptibility, 1951), pages 37 à 48, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par James VINCENT

4 - Robert SHECKLEY, Défense de "sinuriser" (Protection, 1956), pages 49 à 58, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par RAY

5 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 59 à 60, courrier

6 - Evelyn E. SMITH, Sorcier, moi aussi ! (Call Me Wizard, 1954), pages 61 à 92, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par ASHMAN *

7 - Jimmy GUIEU, Les Soucoupes volantes, pages 93 à 94, chronique

8 - Albert FERLIN, Télépathie, pages 95 à 102, nouvelle *

9 - Poul ANDERSON, Le Renégat (A World Called Maanerek, 1957), pages 104 à 130, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Laurent TURPIN *

10 - Clifford Donald SIMAK, Le Père de tous (Founding Father, 1957), pages 131 à 138, nouvelle, trad. (non mentionné)

11 - Frederik POHL, « J’ai tué mon ami... » (Pythias, 1955), pages 139 à 144, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Mel HUNTER *


* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

 

La présomption du colon guidé par des intérêts commerciaux est le réel piège de La planète infernale, plus que la planète elle-même. Robert Sheckley (sous le pseudonyme déjà rencontré de Finn O’Donnevan) signe ici une nouvelle un peu moins profonde qu' à son habitude, qui rappellera «La horde du contrevent » aux lecteurs d’Alain Damasio.

 

On retrouve bien le ton à la fois tendre et désabusé d’Edgar Pangborn, l’auteur d’Un miroir pour les observateurs, dans ces échanges intergénérationnels et – tout de même - un peu paternalistes avec Le dernier homme de Manhattan. La vision du New York immergé inspirera peut-être Pierre Christin et Jean-Claude Mézières pour la composition du premier volume des aventures de Valérian et Laureline, en 1970 (« La cité des eaux mouvantes » – Dargaud).

 

Le défaut de la cuirasse, par John D. McDonald, demeure une histoire un peu attendue de retournement ; faire d'un bureaucrate zélé envoyé par un comité central des colonies un adepte convaincu par une vie simple et adaptée au terrain conquis. La bascule d'une opinion à une autre aurait pu y être plus développée. On notera que la nouvelle de Poul Anderson qui figure aussi dans ce numéro de Galaxie (« Le renégat ») prend le thème de cette nouvelle-ci à contrepied.

 

Jean-Claude Carrière rapportait une histoire (qu'il disait tenir de Karen Blixen) : Alexandre Le Grand était allé extorquer à une pythie son secret pour pouvoir lire dans l'avenir. Celle-ci accepta de le lui livrer, mais prévint le monarque que pour ne pas se tromper, il ne fallait en aucun cas penser à l'oeil gauche d'un crocodile. Défense de « sinuriser », deuxième texte de Robert Sheckley pour ce volume, propose une variation plus cocasse de cette histoire de crocodile. De plus, l'humour de Sheckley se combine ici avec la redéfinition d'éléments classiques du fantastique dans un contexte de science-fiction – une belle prouesse.

 

Sorcellerie et mondes parallèles dans Sorcier, moi aussi ! par Evelyn E. Smith. L'humour de Smith se perd toutefois un peu dans cette nouvelle trop bavarde. Dommage.

 

Dans l’habituelle rubrique Les soucoupes volantes par Jimmy Guieu (Chef du Service d’Enquête de la C.I.E. Ouranos !), ce sacré Jimmy traque maintenant, en plus des soucoupes volantes, les... automobilistes !

 

Télépathie, par le français Albert Ferlin, est une très intéressante nouvelle qui pose le débat ontologique de la conscience indivisible du sentiment de souffrance. On ne pourrait en dévoiler davantage sans divulgacher la lecture.

Albert Ferlin, s'il fait ses débuts dans Galaxie, sera ensuite publié dans Fiction. Le n°64 de cette revue écrira à son sujet :

"Albert Ferlin, dont voici la première nouvelle dans « Fiction », fit le barreau et le journalisme – et est aujourd'hui fonctionnaire. À ses moments perdus, il est peintre, photographe et écrivain. Attiré particulièrement par l'étrange et l'anticipation, il a déjà publié plusieurs nouvelles dans le genre (notamment chez notre confrère « Galaxie »). Il aime les œuvres ayant une portée sociale ou révélant une psychologie particulière. Ses auteurs favoris sont Borges, Lovecraft et Bradbury. "

 

Réapprendre à vivre après un étroit conditionnement. Poul Anderson, toujours friand de décrire sa vision quasi-viking d'une vie saine, nous propose avec Le renégat un récit plein d'action mais un tantinet phallocrate. Cette nouvelle restera sans publication ultérieure, et fera tout de même la joie des amateurs d’Anderson.

 

Nous ne sommes pas loin de Philip K. Dick avec Le père de tous, une histoire de plans de réalités qui s'alternent. Clifford D. Simak signe ici une nouvelle simple et touchante, comme souvent dans sa production.

 

Frederik Pohl expose le principe de "toute-puissance" pour en faire un condensé net et efficace dans J’ai tué mon ami. Mais ne se dira-t-on pas en lisant cette nouvelle : "J'ai déjà lu ça quelque part..." ? Bien que sans publication ultérieure, cette nouvelle était en effet déjà parue dans les pages de Galaxie, plus précisément dans le numéro 19 de Juin 1955, sous le titre "J'ai tué le roi de l'univers". La traduction, toutefois, en est différente, sans toutefois avoir à justifier ce doublon.

 

 

La rubrique Votre courrier ne manque jamais du charme de nous faire entrevoir les années 50 par le biais de la vie quotidienne d’alors, et des ajustements que les « progrès » techniques fulgurants ne manquaient pas de questionner. En voici deux exemples :

 

… Peintures aux silicones, poêles au silicones, tissus siliconés : qu’est-ce donc que ces silicones que l’on retrouve partout ?

M. Aturdi, Florence.

 

Les silicones sont des substances organo-siliciques obtenues par des réactions chimiques fort complexes. En variant les proportions et la nature des constituants organiques, les chimistes ont pu fournir toute une gamme de ces produits, allant du liquide le plus fluide au solide le plus dense.

Les qualités des silicones sont aussi nombreuses que précieuses, puisqu’elles joignent à la flexibilité une résistance exceptionnelle à l’humidité, à la chaleur (230°C), au froid (- 80°), à l’oxydation, à la corrosion. Leur inertie chimique absolue les préserve de toute altération par l’ozone, la lumière solaire, les intempéries, les produits chimiques. Elles possèdent, enfin, des propriétés électriques de premier ordre.

Rien d’étonnant, par conséquent, à ce qu’on les utilise indifféremment pour la fabrication de peintures et d’enduits imperméables, d’isolants électriques, de revêtements pour des chaudières ou des congélateurs, de vernis pour les moules industriels ou les ustensiles ménagers, de bains pour rendre les tissus imperméables et infroissables, de caoutchoucs appelés élastomères, etc.

Combien de baigneurs songent-ils que le sable qui fuit sous leurs doigts est à l’origine de cette merveilleuse matière dont les possibilités n’ont pas fini de nous étonner.

 

Les ingénieurs qui leur succèderont auront peut-être l'impression d'avoir perdu la clé laxienne...

 

… J’ai lu un écho relatif à un réchaud où l’on peut faire cuire de la nourriture dans des récipients de papier. Est-ce exact ?

Mme D. Régasse, Saintes.

 

Pas du tout ! Il s’agit d’un four électronique dans lequel la source de chaleur est constituée par un générateur produisant des oscillations électriques de haute fréquence, créant elles-mêmes un champ électromagnétique à haute fréquence.

L’aliment placé dans ce champ alternatif étant plus ou moins isolant, il constitue ce qu’on appelle un diélectrique. Ses molécules tendent à s’orienter suivant les lignes de force du champ. À chaque inversion de la polarité elles frottent les unes contre les autres. Cette inversion se reproduisant plusieurs millions de fois par seconde dans l’oscillation à haute fréquence, il en résulte une intense production de chaleur subie par la matière dans toute sa masse.

Mais à chaque corps correspond une longueur d’ondes déterminée, pour laquelle l’échauffement est maximum. C’est pourquoi l’émission de courant étant convenablement réglée, le four lui-même peut rester froid et le papier intact, tandis que la nourriture cuit en un temps record : quelques dizaines de secondes pour un bifteck, des côtelettes, des biscuits ; quelques minutes pour un poulet.

Un grave inconvénient : le prix de l’appareil : plus de 400 000 frs, sans compter les frais d’entretien. Au surplus, les mets ainsi cuisinés n’offrent jamais l’aspect appétissant, ni la saveur délicate, de nos « bons petits plats ».

 

Malgré l’aveu marqué qu’on ne remplacera pas les « bons petits plats », l'industrie changera son fusil d'épaule en commercialisant en masse ce procédé du "micro-ondes".

Rapport du PreFeG (Septembre 2023)

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En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro

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Jimmy GUIEU

Clifford D. SIMAK


Un anniversaire à venir, puis

A suivre : Galaxie n°047. 

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