15 octobre, 2023

Fiction a 70 ans !


Joyeux anniversaire Fiction, dont le numéro 1 paraissait il y a 70 ans jour pour jour.

Nous ne saurions faire mieux pour célébrer cet anniversaire que ce que nous nous appliquons à faire depuis décembre 2021 : vous proposer de partager dans un format numérique débarrassé des éventuelles coquilles cette revue qui paraîtra mensuellement dans les kiosques jusqu'en 1990 - un record !

Si Fiction propose dans un premier temps la traduction tout ou partie de la revue américaine "The magazine of fantasy and science fiction", elle ne cesse de s'en démarquer (et ce dès son premier numéro) en proposant une aire éditoriale à de nombreux auteurs francophones.

Fiction, c'est aussi un observatoire de tout ce qui pouvait paraître dans les genres de l'imaginaire : science-fiction, fantastique, fantasy, horreur... et même littérature plus insolite dans le sillage du surréalisme.

Des critiques détaillées, des articles de fond, agrémentent donc cette énorme anthologie qui témoigne de la "naissance" d'un genre : la science-fiction - du moins son baptême sous ce nom - et du déploiement souvent difficile des collections de l'imaginaire en France, en les soutenant, ou parfois en les secouant pour les pousser à atteindre le meilleur de leurs lignes de publications.

Fiction, c'est aussi une série de 34 numéros spéciaux consacrés à un aspect plus précis de ces littératures (SF française, italienne, de l'âge d'or, récits d'épouvante, etc...). Ces "Fiction spécial" feront aussi l'objet de publications au sein du "PReFeG", en plus des numéros mensuels délivrés une fois par semaine.

Pour finir, nous profitons de cette occasion pour remercier nos nombreux lecteurs représentés sur tous les continents, et qui témoignent, eux, d'un intérêt véritable pour l'incroyable foisonnement des littératures de l'imaginaire dans le domaine francophone.

Si notre stochastique se révèle efficiente, nous devrions accomplir notre tache de publication de l'intégrale des numéros de Fiction au format epub, corrigés et complétés, le 25 janvier 2034. Patience !

L'extrait suivant de UNIVERS 08 (Mars 1977) témoigne indirectement des circonstances de la création de Fiction ; composé par Jacques Sadoul, à l'occasion obituaire de la disparition de son fondateur, Maurice Renault, on notera au passage que, dans cette note, Sadoul semble régler ses comptes avec Alain Dorémieux …

Le créateur de Fiction disparaît

Maurice Renault est décédé à l’âge de 75 ans, en septembre 1976. Cette disparition affecte le monde de l’édition en général et, plus particulièrement, celui du roman policier et de la science-fiction.

Tout débuta avant-guerre lorsqu’il fonda une maison de publicité qu’il baptisa Opta, c’est-à-dire Office de Publicité Technique et Artistique (les références à « Émile Opta » sont d’invention récente.) Après-guerre, il décida d’adjoindre un département édition à l’agence Opta. Maurice Renault était un grand amateur de romans policiers et le 1er janvier 1948, il lança Mystère Magazine, une édition française de la revue américaine : Ellery Queen’s Mystery Magazine. Aux États-Unis, les éditeurs de cette revue publiaient également The magazine of Fantasy and Science-Fiction et souhaitèrent en voir paraître une édition française. Quoique Maurice Renault ne fût guère amateur de SF, il accepta et, en octobre 1953, parut le premier numéro de Fiction. Dès ce numéro, il tint à faire figurer au sommaire des textes d’auteurs français car il ne voulait pas se contenter d’être le simple traducteur de la revue anglo-saxonne. C’est ainsi que parurent une nouvelle d’André Maurois et une de Guy de Maupassant ; les rééditions firent bientôt place à des textes inédits. Pour l’aider à les sélectionner, Maurice Renault s’était adjoint deux collaborateurs : Jacques Bergier et Igor B. Maslowski. Ainsi, grâce à lui, un noyau d’écrivains de SF se forma dans notre pays au cours des premières années de la revue Fiction.

En 1958, M. Renault créa le Club du Livre Policier et relança en France les romans de Maurice Leblanc consacrés à Arsène Lupin qui était alors bien oublié.

Ses nouvelles activités, et l’édition française de Hitchcock Magazine, l’accaparèrent de plus en plus. Il avait engagé comme secrétaire de rédaction un garçon de son entourage, Alain Dorémieux, et lui abandonna de plus en plus la direction de Fiction. Le nombre des nouveaux auteurs français qui n’avaient cessé de se révéler dans ses pages commença alors de diminuer pour devenir presque inexistant dans les années 60.

En 1964, Maurice Renault reprit les droits du magazine américain Galaxy et relança cette revue qui avait connu une première édition française interrompue au bout de 65 numéros. C’est à ce moment qu’il me fit entrer à la rédaction pour prendre en main les deux revues policières. Je lui proposai aussitôt de publier des romans de science-fiction dans une formule club analogue à celle du Club du Livre Policier. Il accepta et ce fut, fin 1965, la création du Club du Livre d’Anticipation qui débuta par la mise en souscription de la trilogie d’Isaac Asimov : Fondation. Le succès du C.L.A. fut immédiat et ne s’est pas démenti depuis.

Maurice Renault fut obligé de prendre sa retraite en 1966, le nouvel actionnaire majoritaire lui ayant fait observer qu’il avait atteint l’âge limite de 65 ans ! Il commença aussitôt une carrière d’agent littéraire et devint le représentant, entre autres, de deux des plus importantes agences américaines dans le domaine de la SF, celle de Scott Meredith et celle de Forrest J. Ackerman. Il travaillait encore lorsqu’une crise cardiaque vint le terrasser.

Par son action pour l’introduction de la science-fiction en France et par l’impulsion qu’il a donnée au mouvement de SF spécifiquement français, Maurice Renault restera un des hommes ayant le plus fait pour ce genre littéraire dans notre pays. Boileau et Narcejac lui ont rendu plus particulièrement hommage en ce qui concerne son action pour le roman policier : émissions radio, Grand Prix de Littérature Policière, réédition du C.L.P., dans un article paru dans Mystère Magazine. Mais pour nous, qui avons vécu de l’intérieur le mouvement de l’éveil de la SF en France, Maurice Renault, ce fut avant tout Fiction. Qu’il en soit ici remercié.

Jacques Sadoul

2 commentaires:

  1. Article très intéressant. Que d'informations et de découvertes sur votre site!

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    Réponses
    1. Merci beaucoup.
      Il est vrai que le but terminal serait de pouvoir constituer une encyclopédie en ligne dédié à ces deux revues.

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Merci pour votre commentaire, il sera publié une fois notre responsable revenu du Centaure (il arrive...)

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