Galaxie ouvre un grand bal d'honneur à Cyril M. Kornbluth pour les quatre mois à venir, avec la publication - en deux parties chaque fois - de deux novellae ; "L'enfant de Mars" en collaboration avec Judith MERRIL, puis "La tribu des loups" en collaboration avec Frederik POHL (dans les numéros 49 et 50).
Allez, encore un clic droit, euh...madame... |
Sommaire du Numéro 47 :
1 - Cyril JUDD, L'Enfant de Mars (1ère partie) (Mars child, 1951), pages 3 à 29, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par WILLER
2 - Clifford Donald SIMAK, Le Robot sentimental (Lulu, 1957), pages 30 à 60, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Don MARTIN
3 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 61 à 62, courrier
4 - Damon KNIGHT, Pris à son piège (Man in the Jar, 1957), pages 63 à 72, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par ASHMAN
5 - Robert SHECKLEY, Le Langage de l'amour (The Language of Love, 1957), pages 73 à 85, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Jack GAUGHAN
6 - Martine THOMÉ, L'Héritage de Vénus, pages 87 à 96, nouvelle *
7 - Raymond E. BANKS,L'Adaptovir (Double Dome, 1957), pages 97 à 107, nouvelle, trad. (non mentionné) *
8 - Fritz LEIBER, Le Temps en bulle (Time in the Round, 1957), pages 108 à 120, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par DILLON *
9 - Anthony BOUCHER, Le Point de rupture (Transfer Point, 1950), pages 121 à 135, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Paul PIERRE
10 - Jimmy GUIEU, Les Soucoupes volantes, pages 137 à 138, chronique
11 - Edwin Charles TUBB, Paradoxes (You Go, 1956), pages 139 à 144, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Jack GAUGHAN
* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.
L'enfant de Mars au Masque SF |
Après la conquête de l'Ouest ou de monde
nouveau, la quête de l'Eldorado en Amérique latine. Pris à son piège, par Damon Knight, déploie un petit huis-clos empreint d’une
convoitise avivée par des légendes étrangères (ici extraterrestres). Astucieux
mais tout de même un peu gratuit.
Traiter l'espèce humaine comme un bétail
sacré à sauvegarder, et justifier par là l'exploitation d'une espèce
extraterrestre... Dans L’héritage de Vénus, par Martine Thomé, on aborde les mêmes
horreurs qu'avec la traite des Noirs, qui n'a pas été qu'un problème américain,
Les « noirs » sont ici devenus « bleus », mais la transposition
demeure transparente, l’apanage de la fiction - celui de pouvoir refaire l’histoire - en plus,
et l'espoir d'une rébellion possible comme - toujours - l'issue par le
métissage et l'amour.
A propos de Martine Thomé, soit Madame
Pierre Versins, elle a été la rédactrice en chef de la revue « D’ailleurs »,
liée au Musée « La Maison d’ailleurs » qui regroupe la collection de
son mari à Yverdon, en Suisse. Quant à la nouvelle, la publication d’un autre
écrit de Martine Thomé sera l’occasion pour Fiction (n°62) de tirer à boulets
rouges sur sa consœur Galaxie :
(…) nous sommes spécialement heureux de publier Martine Thomé : elle méritait bien cette seconde chance après avoir passé l'an dernier une nouvelle intitulée « Maternité », dans une revue de science-fiction où l'irrespect des textes est une insulte aux lecteurs – nouvelle qui fut à ce point estropiée par la rédaction qu'elle eut du mal à la reconnaître !
En l’absence d’une occurrence
bibliographique qui aurait pu mieux correspondre, nous supposons que « Maternité » était le titre original
– fort approprié – de « L’héritage
de Vénus » présenté ici.
Après ces « re visitations »
des pans de la grande Histoire, deux des piliers du grand temple de la SF nous
proposent des histoires d’Amour.
Tout d’abord, avec Le robot sentimental, Clifford
D. Simak pèche un peu avec quelques longueurs dans une histoire de robot
qui s'humanise ; on perd un peu le fil d'une démonstration qui aurait pu être
plus poussée - mais son talent de conteur fait ici passer agréablement tout le
reste, sur un ton badin qui manquerait parfois à un Asimov quant aux
problématiques robotiques.
Illustration de MOEBIUS |
On pourrait croire à une romance
possible dans L’adaptovir, de Raymond E. Banks. Mais la manipulation
des sentiments y avance masquée. On pourra en juger par l’équivoque de l’extrait
suivant :
« (…) l’homme ne doit-il pas songer à se perfectionner un peu lui-même ? Depuis qu’il a quitté les grottes, il a tout modifié autour de lui : villes, vêtements, nourriture. Maintenant, les instruments qu’il construit sont plus rapides que lui. Cela nécessite des organes supplémentaires, tels que notre troisième œil, notre seconde paire de bras et notre sous-cerveau, pour tirer le meilleur parti des nouveaux engins. L’humanité n’accepte que nous comme surhommes, parce que nous sommes de même chair, de même sang, et que n’importe quel couple peut nous concevoir. Depuis plus de cinquante ans que nous sommes issus du laboratoire, notre aspect ne peut plus surprendre. Un Arabe admire bien une femme obèse ; un Noir d’Afrique chérit sa fiancée aux lèvres à plateaux. Alors ?… »
On l’aura compris, il est question ici
de pantropie, encore une fois le sujet très en vogue en cette année 1957. Olaf Stapledon,
dans Les
derniers et les premiers, posait
déjà le problème de la pantropie comme néfaste à l’espèce lorsqu’elle n'est
motivée que par l’appât du gain et la poussée jusqu’à l’absurde de la productivité
- par conséquent s’annonce l'ère des surhommes autoproclamés. Sur ce thème, L’adaptovir est une nouvelle efficace.
On voit avec les nouvelles suivantes que
la science-fiction n’est pas le genre d’un discours unique, d’un esprit
progressiste univoque ou d’un humanisme unanime.
Dans Le
temps en bulle, signé Fritz Leiber,
on aurait même l’impression d’un règlement de comptes. Tout en finesse et en
cruauté, la nouvelle semble s'en prendre aux représentation du temps devenu
marchandise ou objet de spéculation, ainsi qu’aux icônes vikings de Poul
Anderson, dans un récit subtil plus engagé qu'il n'y parait.
Les joies de la traduction font du
dictateur enfant de la nouvelle de Leiber, Butcher dit « Butch » en
sa version originale, un homonyme d'Anthony Boucher, qui signe ici Le point de rupture. Une histoire de
boucle temporelle de plus, pourrait-on penser, si elle n'avait le mérite non
seulement d'avoir été publiée dans France Dimanche en février 1952 (en deux
parties, sous le titre de Brèche dans le
cercle, dans une traduction d’Aurélie Audiberti) - et a ainsi possiblement
séduit et préparé un lectorat français potentiel pour la SF (près de deux ans avant les
premières parutions fin 1953 de Fiction et de Galaxie) - mais encore le mérite d’évoquer
le monde de l'édition de la SF de la fin des années 40 que connait bien Boucher
(rédacteur en chef de The Magazine of
Fantasy and science fiction, le « Fiction original », de 1949 à
1958). Quelques allusions bibliographiques en prime (Knight et Heinlein
notamment) en font une nouvelle très appréciable malgré une traduction assez
erratique (voir les notes du PReFeG ajoutées à l’epub proposé ici).
La boucle temporelle bien connue
déployée par René Barjavel dans son Voyageur
imprudent est commentée dans Paradoxes,
par E. C. Tubb. Il s’agit en fait d’un
petit jeu de paradoxes mathématiques à résoudre, sous la forme d’un récit d’une
quotidienneté qui finit par en devenir étrange. Une bonne nouvelle concise et
efficace.
Nous allions conclure, mais nous allions
oublier ce sacré Jimmy, qui dans sa rubrique Les soucoupes volantes lâche enfin, à côté de l’appellation surannée
de S. V. pour soucoupes volantes, «
Objet Volant… non identifié » (les guillemets et les points de suspension sont d’origine).
La rubrique du courrier des lecteurs nous réserve encore son lot de remise en perspective. Par exemple :
… Que faut-il penser de la vaccination par le B.C.G. ? Ne comporte-t-elle pas le risque d’inoculer la tuberculose à l’organisme ?
On le constate, la défiance envers des procédés nouveaux de vaccination
n'a semble-t-il rien de ... nouveau (et serait même profondément humain.)
Parfois aussi, la juxtaposition d’articles concernant l’actualité
scientifique et de certaines nouvelles d’anticipation rend leurs correspondances frappantes, à tel point qu’on serait en droit de se demander s’il y a là
une volonté éditoriale ou une simple négligence malheureuse dû à l’effet du « sans
transition ».
SAVIEZ-VOUS QUE…
… un taureau pouvait procréer plusieurs années après sa mort ?
DÉJÀ l’insémination artificielle permettait de féconder, à distance, de 2.000 à 8.000 vaches avec le concours d’un seul taureau. Et l’opération est tellement répandue que plus de 1.200.000 femelles furent ainsi traitées en un an.
Mais, comme les propriétés de la semence disparaissent en quelques heures à la température de 37 degrés, on a recours à la glace pour lui assurer une conservation de plusieurs jours. En France, comme aux États-Unis, des essais de congélation très satisfaisants ont permis de stocker la précieuse liqueur séminale pendant plusieurs mois.
Encouragés par le succès obtenu, des spécialistes français ont risqué la fécondation d’une vache avec un bloc de semence congelé depuis trois ans et demi. L’expérience réussit.
L’extension d’une telle technique vouerait à la boucherie la plupart des veaux à venir, puisqu’elle réduirait au minimum le nombre de taureaux nécessaires pour le renouvellement du cheptel.
Quid de l'être humain ? La nouvelle de Martine Thomé résonne furieusement avec cette notule.
Rapport du PreFeG (Octobre 2023)
- Relecture
- Corrections orthographiques et grammaticales
- Vérification du sommaire
- Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
- Note (1) à note (10) ajoutées.
- Vérification et mise à jour des liens internes
- Mise au propre et noms des fichiers html
- Mise à jour de la Table des matières
- Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)
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