26 juillet, 2023

Fiction n°045 – Août 1957

Petit traité de pantropie appliquée à l’ouverture de ce numéro de l’été 1957 de Fiction, avec James Blish comme ingénieur du concept, le tout assaisonné de nombreux textes restés sans publication depuis, et d’auteurs filant comme des comètes.

Sommaire du Numéro 45 :


NOUVELLES

 

1 - James BLISH, Survivance (Seeding Program / A Time to Survive, 1956), pages 3 à 51, nouvelle, trad. Régine VIVIER

2 - Cecil Scott FORESTER, Destin anticipé (Payment anticipated, 1956), pages 52 à 61, nouvelle, trad. Roger DURAND *

3 - Gérard KLEIN, Le Bord du chemin, pages 62 à 66, nouvelle

4 - Robert BLOCH, Cher fantôme ! (The Proper Spirit, 1957), pages 67 à 73, nouvelle, trad. Evelyne GEORGES

5 - Guy DeANGELIS, Porte à porte (Door to door, 1953), pages 74 à 85, nouvelle, trad. Bruno MARTIN *

6 - Gali NOSEK, Fée, pages 86 à 88, nouvelle *

7 - Tom GODWIN, Opération Opéra (Operation Opera, 1956), pages 89 à 99, nouvelle, trad. Evelyne GEORGES *

8 - Rodger LOWE, Qui est à la porte ? (Who's counting, 1955), pages 100 à 101, nouvelle, trad. Alex DIEUMORAIN *

9 - MichelCARROUGES, Une vache indomptable, pages 102 à 116, nouvelle *

 

CHRONIQUES


10 - Marcel BRION, En marge du récent festival de Bordeaux : L'Art Fantastique, pages 117 à 125, article *

11 - F. HODA, L'Homme rétréci, Maurice Renard et Richard Matheson, pages 127 à 129, article

12 - COLLECTIF, A propos de l'affaire Renard-Matheson. Enquête en forme de débat, pages 131 à 134, notes *

13 - Jacques BERGIER & Gérard KLEIN & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 135 à 138, critique(s)

14 - (non mentionné), Service Bibliographique Etranger, pages 139 à 141, article

 

* Texte  resté sans publication ultérieure à ce numéro.

Première nouvelle (et seule prépublication) du recueil "Semailles humaines" (qui paraîtra retraduite par Michel Deutsch dans la collection Galaxie Bis en 1968), Survivance, par James Blish, est une novella très "hard science" qui mérite qu'on s'y accroche. James Blish y pose le concept de pantropie, en l'opposant à celui de terraformation, et ébauche les problématiques que cela soulève. L'introduction à la nouvelle fait état de ce concept de "pantropie".

« Il paraît certain maintenant que les planètes du système solaire ne seront pas habitables par l'homme tel que nous le connaissons. Mais l'homme peut être modifié. Les plus grands biologistes, Jean Rostand en particulier, sont d'accord sur ce point. Ce sont les conséquences extraordinaires de la création d'une nouvelle espèce humaine qui nous sont décrites dans ce court roman. James Blish a exploré dans d'autres histoires le concept imaginé par lui de la « pantropie », c'est-à-dire de la science tendant à adapter génétiquement l'homme aux planètes. C'est l'origine même et le premier succès de la méthode pantropique qu'il a entrepris de relater ici. Il le fait en mêlant de façon passionnante les idées scientifiques, l'étude des caractères et l'aventure. »

En rendant à César ce qui revient à César, Blish s'offre même le luxe de citer l'auteur et philosophe Olaf Stapledon, le premier théoricien de la pantropie (1930 "Last and firts men" – VF en 1972 dans la collection Présence du futur n°155 : « Les derniers et les premiers », que nous vous proposons en bonus ici). Voici ce qu’en dit Blish :

" L'idée de modifier génétiquement le matériel humain de manière qu'il pût vivre sur les planètes telles quelles, plutôt que de procéder à une transformation des planètes pour les accommoder aux gens, remontait à Olaf Stapledon. Nombreux avaient été les écrivains à reprendre ce thème après lui. En fait, l'origine en était aussi vieille que Protée, et aussi profondément enfouie dans la mémoire humaine que le loup-garou, le vampire, les substitutions magiques d'enfants, la transmigration des âmes."

Nous verrons dans la suite des articles de ce numéro 45 posé le problème de la paternité des idées des auteurs de Science-Fiction, avec la polémique autour de Richard Matheson ayant pu plagier Maurice Renard.



MISE A JOUR du 08 Juillet 2024 : 

Dans un article de fond sur James Blish qui paraîtra dans le numéro 70 de Fiction, Gérard Klein écrira, à propos de la "pantropie" :

"Blish a inventé un terme pour qualifier une tentative prodigieuse : la pantropie. Deux thèses s’affrontent en ce qui concerne la colonisation des autres mondes. Les tenants de la première défendent le « terraforming », c’est-à-dire l’adaptation des mondes colonisés à l’homme, ou encore la vie sous d’immenses globes protecteurs. Mais d’autres, plus hardis, préconisent l’adaptation de l’homme aux mondes neufs. Ils estiment que le temps est venu pour l’espèce humaine de devenir aussi multiple que l’univers, et d’assumer ici et là des formes différentes recouvrant toutes la même qualité humaine. Les oppositions sont nombreuses, violentes, mais la pantropie, parce qu’elle est réaliste, en triomphera.

On voit le lien avec la mythologie de Stapledon. L’humanité pour Stapledon englobait toutes ces espèces étalées sur des millions d’années. L’humanité pour Blish, c’est ce grouillement de races différentes répandues sur des millions de mondes. Dans une perspective comme dans l’autre, la notion de forme humaine, de nature humaine, de canons prescrits de toute éternité, cède, éclate et se perd dans l’abîme réservé aux concepts dépassés. Et dans une œuvre comme dans l’autre, on retrouve au fond la même confiance dans la plasticité presque infinie de la vie, et de notre espèce. Et c’est cette confiance même qui donne aux deux écrivains le plus de chance de survivre dans la mémoire des hommes, de ceux au moins qui n’attachent pas une valeur finale à la courbe d’un front ou à la couleur d’une peau."

JAMES BLISH, L’INTELLECTUEL DE LA S. F. - Gérard Klein, in Fiction n°70 (septembre 1959) 


Destin anticipé, par Cecil Scott Forester, est une bonne petite nouvelle très bien construite, fantastique de ton mais SF par son thème. Un bon cocktail sur un ton faussement détaché plutôt plaisant.

On retrouve le goût de Gérard Klein pour le décalage des perceptions, et entrevoir une autre façon d'appréhender le monde, dans Le bord du chemin. Et que celui qui n’aime pas lui jette la première pierre !

Petite nouvelle moins surprenante que les précédentes de Robert Bloch, Cher fantôme ! reste sympathique, au demeurant.

Fée, de Gali Nosek, est par contre une plainte un peu mièvre. Dommage.

Dans Qui est à la porte ? de Rodger Lowe, nous voilà avec un nouveau traducteur (Alex Dieumorain) mais une nouvelle bien trop courte pour qu'on adhère à l'enjeu. Dommage là aussi.

Confrontations d'esthètes avec Opération Opéra, de Tom Godwin ; ou : quand la morale terrienne se mêle d'art extraterrestre. Un débat sans fond et insoluble

Porte à porte, de Guy DeAngelis, propose une variation dans le style de « L'invasion des profanateurs » (Jack Finney), mais ici l'ambigüité sur la folie paranoïaque de la protagoniste principale est pleinement conservée, pour un résultat assez terrifiant.

Cocorico ! Dans Une vache indomptable, Michel Carrouges émet une distinction très intéressante entre voyager dans le temps et le côtoyer. Une règle qui rappelle "L'invention de Morel" de Bioy Casarès.

Suit un très bon article de l’érudit Marcel Brion, L'art fantastique, dont la suite paraîtra dans le n°46 du mois suivant. Ce sera décidemment la mode des articles en épisodes, avec une polémique rapportée par F. Hoda dans sa rubrique L'écran à quatre dimensions, ou comme nous l’indiquions en début de cet article, Richard Matheson est accusé par le fils de Maurice Renard d’avoir plagié « Un homme chez les microbes » dans son « Homme qui rétrécit ». En effet, cette polémique rebondira dans deux numéros suivants de Fiction (47 et 48).

Dans Ici, on désintègre !, la revue des livres qui clôt généralement la revue, Gérard Klein écrit, au détour d’une recension d’un ouvrage de Jacques Bergier :

« Jacques Bergier signale la possibilité présente de détruire sélectivement certaines plantes en en épargnant d'autres, et de transformer par exemple les jungles de l'Amazonie en grenier à riz ou à maïs de la terre entière, éliminant ainsi la faim qui ravage une moitié du monde et dont le spectre hante l'autre. »

Cela nous éclaire sur la mentalité et les urgences des années 1950, avec cette tragique méprise qui pose comme inutile pour la planète la forêt amazonienne en l'état. Le spectre de la faim occulte toute lucidité. Mais plus loin, Klein écrit :

« L'écologie enseigne que l'on ne détruit pas impunément les équilibres existants. »

Ah ! Tout de même !



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Rapport du PreFeG (Juillet 2023)

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Gali NOSEK
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