L’entrée du météore Stefan WUL dans le panthéon du PReFeG, et une excellente novella de Ward MOORE, tiennent le haut du pavé de ce numéro d’été 1957 de Fiction.
La lanterne fait phare pour l’epub ! |
Sommaire du Numéro 43 :
NOUVELLES
1 - Ward MOORE, Le Poids du mal (No Man Pursueth, 1956), pages 3 à 36, nouvelle, trad. Roger DURAND *
2 - Stefan WUL, Le Bruit, pages 37 à 50, nouvelle
3 - Bryce WALTON, Trou de mémoire (The Contract, 1956), pages 51 à 65, nouvelle, trad. Roger DURAND *
4 - Arthur C. CLARKE, Le Contact (No Morning After, 1954), pages 66 à 71, nouvelle, trad. Roger DURAND
5 - G. C. EDMONDSON, La Fin d'une civilisation (Technological retreat, 1956), pages 72 à 72, nouvelle, trad. Roger DURAND *
6 - Michel LACRE, Le Pont, pages 83 à 92, nouvelle *
7 - Isaac ASIMOV, La Nuit mortelle (The Dying Night, 1956), pages 93 à 116, nouvelle, trad. Bruno MARTIN
CHRONIQUES
8 - Richard CHOMET & Gérard KLEIN, Isaac Asimov, docteur ès science-fiction, pages 117 à 123, article
9 - SAMIVEL, Terres inconnues, pages 125 à 127, article
10 - Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 129 à 133, critique(s)
11 - (non mentionné), Service Bibliographique Etranger, pages 135 à 137, article
12 - F. HODA, Un monstre japonais, pages 139 à 140, article
13 - (non mentionné), Table des récits parus dans "Fiction", pages 144 à 144, index
* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.
L’ouverture de la revue est flamboyant. Le poids du mal, de Ward Moore, est une nouvelle excellente, détachée de la cruauté habituelle de cet auteur, et pour le coup moins ambigüe. Au travers de l'allégorie des mondes parallèles se lit celle de mondes qui basculent dans le mal, quand l'exceptionnel - fut-il génocide- se banalise et que le banal devient méprisable. Sortant de la sacro-sainte culpabilité, Ward Moore y oppose la lucidité, et l'élan de responsabilité qui se doit d'accompagner la seconde chance, le nouveau départ. Très Sartrien, donc, dans son appel à la libération. On appréciera aussi les présences discrètes de Shaw et de Shakespeare en génies tutélaires.
On poursuit un haut-niveau avec Le bruit, qui marque l’entrée de Stefan Wul dans les pages de la revue. On connait peu Stefan Wul novelliste ; voici une très bonne nouvelle à l'ambiance soignée - qui plus est narrée à la première personne, usage rare pour cet auteur qui marquera la SF française en un temps record.
Un texte très précieux de cet auteur accompagne sa nouvelle : il passe par l’exercice autobiographique demandé par la rédaction de Fiction. Voici ce que cela donne :
« Né le 27 mars 1922 à Paris. Ascendance mi-poitevine mi-bretonne.
» J'habite en pleine campagne, à quatre-vingts kilomètres de Paris, dont je ne saurais me passer longtemps sans malaise.
» Premier roman écrit à dix ans : « Dans le Sahara mystérieux », où il était question de Touareg et de palais cachés dans les sables. Je percevais mes droits d'auteur directement, en réclamant à mes camarades de collège cinq billes et un sou par chapitre nouveau. Arrivé à la somme rondelette de trente francs, je me suis fait confisquer cet argent par mes parents. Punition sanctionnant des essais de pyrotechnie ayant failli mettre le feu à la cave.
» À dix-huit ans, j'ai fui le domicile paternel en serrant sur mon cœur une guitare (celle-ci n'était pas encore à la mode) et un exemplaire d'« Ainsi parla Zarathoustra ». Je comptais éblouir les foules avec des chansons « pensées ». Cette expérience a duré huit jours pendant lesquels je lavais les verres dans une brasserie du quartier latin.
» À mon retour, on m'a fermement laissé entendre que je devais apprendre un métier. J'ai choisi la dentisterie parce que j'imaginais ces études faciles. Erreur ! Et j'avais mis le doigt dans un engrenage conformiste dont j'espère m'arracher quelque jour…
» Pour adoucir mon sort, je n'exerce que l'après-midi ; j'écris le matin.
» Mon pseudo ? Wul est le nom asiate d'un ponte atomique de l'Oural. Sans y mettre aucune intention politique, j'ai trouvé amusant de m'en affubler. »
L’excellence apporte malheureusement un contrepoids de médiocrité avec la nouvelle de Bryce Walton. Nous avions déclaré notre retenue avec "La kermesse" (Fiction n°27), on oubliera carrément ce Trou de mémoire, une nouvelle inutilement embrouillée, où l’on ne s'attache même pas au protagoniste (qui manque cruellement de dignité, encore une fois avec Walton).
Malgré ce trou, le niveau est ensuite bien rattrapé. Courte, grinçante et efficace, la nouvelle Le contact de Arthur C. Clarke n'en parle pas moins du désarroi des humanistes confrontés aux risques d'un conflit atomique dans les années 50.
Un autre nouveau venu appuie le trait des échanges intergalactiques, avec La fin d'une civilisation, par G. C. Edmondson, ou : quand on ignore avoir mis tous ses œufs dans le même panier. Sarcastique à souhait.
Le pont, par Michel Lacre, pourrait être celui entre Galaxie et Fiction ; on se rappellera que Michel Lacre était le lauréat du concours de nouvelles lancé par Galaxie (voir Galaxie n°27). Lacre aura peut-être été déçu par les éditions Nuit & Jour, et va même jusqu’à infirmer sa notice biographique d’alors. Cette nouvelle est de ton plus fantastique, l'ambiance campagnarde et mortifère rappellera "Les saisons" de Maurice Pons. Mais elle est un peu trop stylisé pour un fond un peu superficiel, toutefois.
Dans La nuit mortelle, Isaac Asimov se montre toujours aussi bavard... Cette petite enquête de son détective Wendell Urth est tout de même bien ficelée, mais ce n’est pas un texte majeur.
Un article de fond sur Isaac ASIMOV renforce toutefois la présence de cet incontournable auteur. Signé Richard Chomet et Gérard Klein, nous en reproduisons l’intégralité sur notre page dédiée à Asimov.
Dans le roman « Oms en série » de Stefan WUL, il est question de méthode d’apprentissage qui étaient en réalité déjà testée en cette fin des années 50. En témoigne ce « Glane interstellaire » :
« Devoirs supprimés, leçons automatiques, grâce aux images invisibles et à l'enseignement pendant le sommeil. »
Tel est le titre d'un intéressant article de Pierre Devaux, dans « Le Figaro » du 15 janvier 1957, à propos d'une récente méthode scientifique. Une fois de plus, science et science-fiction ici s'interpénètrent. Nous avons en effet publié dans notre numéro 26 une nouvelle, « Il n'y a pas de sot métier », où se trouve exactement décrite la méthode de l'enseignement pendant le sommeil.
Des recherches extrêmement curieuses sont en cours actuellement, des deux côtés de l'Atlantique, concernant la suggestion par images invisibles et l'enseignement pendant le sommeil. Dans un cas comme dans l'autre, on a affaire à des images – ou à des arguments – qui pénètrent « directement » dans l'inconscient du patient, sans que celui-ci puisse se défendre.
Deux systèmes sont possibles. Tantôt, on emploie la « vision brève » – super-flash – comme vient de le faire la Télévision française. Tantôt, on s'adresse au sens de l'ouïe, par « voix chuchotante », au moyen d'un appareil à disques ou d'un magnétophone placé au voisinage du sujet endormi. C'est la méthode « hypnopédique » qui a été… acclimatée en France avec les nuances nécessaires et qui semble donner des résultats étonnants.
Rapport du PreFeG (Juillet 2023)
- Relecture
- Corrections
orthographiques et grammaticales
- Vérification
du sommaire
- Vérification
des casses et remise en forme des pages de titre
- Ajout
des pages Service Bibliographique étranger (fichiers images)
- Ajout de la Table des récits telle qu'évoquée dans le sommaire sur NooSFere mais n'apparaissant pas dans le epub d'origine.
- Note (6b) ajoutée.
- Vérification
et mise à jour des liens internes
- Mise au
propre et noms des fichiers html
- Mise à
jour de la Table des matières
- Mise à jour des métadonnées (auteurs,
résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)
En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro
retrouvez les bibliographies complètes de leurs parutions dans Fiction et Galaxie !
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Bonus du vendredi 14 juillet 2023 : La route étoilée, de Poul Anderson
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre commentaire, il sera publié une fois notre responsable revenu du Centaure (il arrive...)