06 septembre, 2023

Fiction n°046 – Septembre 1957

Festival d’inédits demeurés introuvables depuis, pour ce numéro de rentrée 1957 de Fiction.

 

Attention, clic droit droit devant !

Sommaire du Numéro 46 :


NOUVELLES

 

1 - Yves DERMÈZE, "Rien que nous deux", dit le robot, pages 3 à 21, nouvelle

2 - Robert COHEN, Désertion, pages 22 à 28, nouvelle *

3 - Gene HUNTER, Le Voyage (Journey, 1951), pages 28 à 37, nouvelle, trad. Bruno MARTIN *

4 - Reginald BRETNOR, Le Passé avec ses morts (The Past and Its Dead People, 1956), pages 38 à 59, nouvelle, trad. Roger DURAND *

5 - Albert BILDER, Cache-cache, pages 60 à 62, nouvelle *

6 - Zenna HENDERSON, La Boîte à voir tout (The Anything Box, 1956), pages 63 à 75, nouvelle, trad. Roger DURAND *

7 - Stuart PALMER, Ce que femme veut... (Bottle babe, 1956), pages 76 à 86, nouvelle, trad. Roger DURAND *

8 - J. T. McINTOSH, Les Moutons et les loups (The Man Who Cried "Sheep!", 1955), pages 87  à 118, nouvelle, trad. François PAGERY *

 

CHRONIQUES


9 - Marcel BRION, En marge du Festival de Bordeaux : L'Art Fantastique (suite et fin), pages 119 à 124, article

10 - Dr. Robert VOLMAT, Abord Psychopathologique de l'Art Fantastique, pages 124 à 128, article

11 - Jacques PINTURAULT, Notes sur un festival du cinéma fantastique à la Cinémathèque Française, pages 129 à 133, notes

12 - M. R., Éditions de Luxe, pages 135 à 135, article

13 - (non mentionné), Service bibliographique étranger, pages 136 à 137, article

14 - F. HODA, Le Premier film français de S.F., pages 139 à 140, article

 

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

 

 

A noter la mention dans le sommaire en page 2 d'un article ("La S.F. dans l'œuvre de Maurice Leblanc" par Jacques Van Herp) qui ne figure pas dans ce numéro mais dans le n° 47....

 

A propos des couvertures de Rose Gauthey (extrait du numéro 46) :

Nécrologie

Nous avons appris avec peine la mort brutale de Mme Rose Gauthey, collaboratrice de notre revue. Mme Rose Gauthey était une jeune dessinatrice au talent de laquelle nous avions fait appel pour l'illustration de nos couvertures depuis le mois de mai dernier. La couverture du présent numéro est la dernière qu'elle avait réalisée pour nous. Nous prions tous les siens de trouver ici nos condoléances émues.


« Rien que nous deux », dit le robot, par Yves Dermèze, demeure une bonne nouvelle, malgré des aspects chrétiens un peu prévisibles, et des inspirations très 1957 (peur de la Bombe et satellites artificiels habités).

Cruauté temporelle pour Désertion, par Robert Cohen, bonne petite nouvelle sans prétention.

 

« Il avait horreur du bureau et il détestait Madge. Il détestait la Pontiac décapotable qu'il conduisait pour aller au travail et en revenir, chaque jour, et il avait horreur de sa maison dans le faubourg de Sierra Bonita. Il se rappelait les discussions qui avaient accompagné l'établissement des plans. Il voulait un style espagnol, en stuc, – et Madge préférait le style colonial. Ils vivaient donc dans une maison de style colonial. »

Ce passage, qui nous a fait évoquer pour notre part la chanson des Talking Heads " Once in a lifetime ", extrait de la nouvelle  Le voyage, par Gene Hunter, en résume le propos : l'insatisfaction des parcours de vie.

Ces deux nouvelles sont présentées en doublon, mais leur rapprochement est tout de même un peu exagéré. Bien que traitant tous deux de voyage dans le temps, leurs sujets profonds n'ont rien à voir. Seul le passage inexpliqué d'un temps à un autre – sans aide scientifique ni mécanique - les relie, et en font deux nouvelles fantastiques. (« Il est peut-être arrivé quelque chose à Inglewood ce jour-là… ou plutôt ce matin. Peut-être qu'une petite secousse sismique a dérangé quelque chose dans le temps ou dans l'espace. » - Time's out of joints, comme disait Shakespeare. Ou bien peut-être un tremblement de temps à la Kurt Vonnegut.)

Reginald Bretnor, qui nous avait habitué à son humour très british, étonne dans Le passé avec ses morts, au ton particulièrement cruel, dans une nouvelle à la lisière du fantastique, à l'ambiance et au déroulé particulièrement bien travaillés - comme dans les histoires de Jean-Louis Bouquet. Un morceau d’anthologie hélas demeuré inédit depuis.

Cache-cache, par Albert Bilder, est une bonne et courte nouvelle sur la relativité des perceptions et des points de vue. On pensera au "Péril bleu" de Maurice Renard.

On retrouve le ton plaisant d'institutrice bienveillante propre à Zenna Henderson dans La boîte à voir tout, nouvelle traitant métaphoriquement des pouvoirs de l'imagination.

Nous évoquions les chemins de vie insatisfaisants avec Le voyage, mais à l’inverse se contenter d'une vie tiède peut-il prémunir contre le désir ? Un curieux point de vue que Ce que femme veut…, par Stuart Palmer, nous donne envie de bousculer.

Pour finir avec les histoires de ce numéro 46, une novella de J. T. MacIntosh, Les moutons et les loups, qui reprend à bon compte tous les poncifs des récits d'espionnage à la Ian Flemming, avec une petite touche science-fictionnelle qui rappellera, à travers le narrateur "psychostatisticien", les psychohistoriens d'Asimov de son cycle Fondation. On appréciera cette fois chez MacIntosh un ton badin assez rafraîchissant.


Côté articles, outre un "La S.F. dans l'œuvre de Maurice Leblanc" par Jacques Van Herp mentionné dans le sommaire mais curieusement absent du numéro (il paraîtra dans le numéro 47), L'art fantastique clôt la première partie parue dans le numéro précédent, et nous abreuve d’une formidable analyse du brillant Marcel Brion sur le fantastique en peinture (principalement), en en décryptant les grands thèmes.

On aurait aimé en dire autant de Abord psychopathologique de l'art fantastique, par le Dr Robert Volmat, mais son aperçu des signes psychopathologiques que peuvent révéler les peintures fantastiques demeure très survolé quand Brion, lui, se permet d'aller beaucoup plus loin.

Une dernière note, concernant le film de Pierre Kast « Un amour de poche » dont F. Hoda trace d’emblée le dithyrambe, le sacrant « Premier film français de SF » dans sa rubrique habituelle, ce qui est sans doute exagéré, mais doit être mis sur le compte de la « nouveauté » toute relative du genre nommé « science-fiction » (nonobstant qu’en France le genre préexistait bien avant cette dénomination). Le film peut être vu chez nos amis archivistes de l’UFSF ici même !

 ADDENDUM de novembre 2023 : La critique de F. Hoda de ce film dans le Fiction n°51 (février 1958) :

« Un amour de poche », le film de Pierre Kast, constitue à mon sens le premier essai de science-fiction fait en France depuis la guerre. En effet, pendant l'occupation une autre tentative avait été faite : André Zwoboda, partant des hypothèses de la relativité » revues et corrigées par les producteurs de l'époque, réalisa « Croisières sidérales » (1943). Il n'y a aucune commune mesure entre ces deux productions. Certes nous ne nous attendions pas en regardant « Un amour de poche » à un échec : nous connaissions déjà le talent de Pierre Kast et de France Roche. C'est justement pourquoi, je l'avoue, j'ai été quelque peu déçu. Le film m'a paru timide (du point de vue de la SF évidemment), les auteurs et les producteurs n'ayant pas voulu effrayer le grand public pour qui la SF, nous dit-on, est devenu synonyme de mauvais film d'épouvante. L'élément scientifique se trouve ainsi réduit au strict minimum et tout au long de la projection on sent que France Roche se refuse à tirer toutes les conséquences des prémisses de son scénario, qu'elle se censure elle-même pour rendre l'entreprise acceptable à ses producteurs. À cet égard puis-je me permettre de souligner que lesdits producteurs ont tort lorsqu'ils croient que la comédie de SF n'a pas de public : qu'ils aillent voir « Chérie je me sens rajeunir », de Hawks, et qu'ils laissent libre cours à la fantaisie des cinéastes épris de SF Car, comme les lecteurs de Fiction le savent, France Roche et Pierre Kast sont des fictionnistes de longue date. Avant même que les revues de SF eussent parues, avant même que le Rayon Fantastique vint allonger nos bibliothèques, ils fondaient avec Raymond Queneau, Stephen Spriel, Boris Vian et quelques autres le fameux « Club des Savanturiers » qui ouvrit la voie au genre en France.

Ce que je reproche principalement au film de Kast et de France Roche, c'est de rester trop mesuré en ce qui concerne le comique découlant de l'élément scientifique, c'est de donner trop d'importance au côté comédie d'amour, avec les ficelles habituelles du genre, c'est en un mot, d'essayer de satisfaire les désirs des producteurs… Malgré cela « Un amour de poche » ne ressemble pas aux autres comédies et constitue une entreprise non seulement sympathique mais aussi fort intéressante.

De quoi s'agit-il ?

Le liquide N. 734 du professeur Nordmann réduit les corps 25 fois en les pétrifiant. Cette découverte peut changer la face du monde : voyages de 1 000 personnes dans un seul panier, fin de la crise du logement en faisant coucher 10 000 personnes dans une seule pièce… etc. Malheureusement tout cela reste dans le dialogue. Quoiqu'il en soit, pour des raisons particulières le professeur est obligé de garder le secret sur son invention. Et celle-ci à défaut du monde bouleversera sa vie privée, en lui permettant de réaliser le rêve de tout homme : avoir dans sa poche la femme qu'il aime. Le professeur comprendra qu'il n'aime pas sa fiancée. Mais cette dernière veut se venger de l'assistante qui essaie d'enlever son futur mari. Dès lors le film devient assez banal, sans perdre pour autant son intérêt. De temps en temps l'intervention du N. 734 rallume les rires. De même que les trop brèves apparitions de Jean-Claude Brialy. Voilà un acteur qui promet. Jean Marais emportera l'adhésion de ses admirateurs. Quant aux actrices : Geneviève Page, Agnès Laurent et… France Roche, elles sont fort jolies et se tirent très bien d'affaire.

Pour mieux expliquer les origines du film je donne la parole à Pierre Kast en reproduisant ici une partie de ses déclarations à notre ami Pierre Billard, parues dans « Cinéma 57 » (n° 22) : « Ce n'est pas un sujet qu'on a choisi pour moi. C'est un sujet que nous avons choisi ensemble, France Roche et moi, il y a environ 4 ou 5 ans et qui était une de nos préoccupations du moment ; une certaine fantaisie plus ou moins en rapport avec la SF, mais non pas la SF comprise comme la grande fantaisie interplanétaire ou comme le dépaysement magique, mais comprise comme une petite distraction logique. Ce film ne s'inscrit pas dans le cadre du cinéma fantastique. C'est un film commercial destiné au grand public. C'est une comédie de mœurs, une comédie de situation et nous avons pensé qu'il y avait dans le sujet tel que nous l'avions lu dans une nouvelle américaine parue en 1920 une certaine possibilité de fantaisie. La nouvelle elle-même était d'ailleurs traitée d'une manière scientifique et ne concernait pas du tout les problèmes sentimentaux. Nous avons transféré l'intrigue dans le domaine des sentiments, pour aboutir à un sujet de comédie que nous estimions plaisant et distrayant ».

Ces buts, France Roche et Pierre Kast les ont parfaitement atteints. À cet égard leur entreprise constitue un succès complet. Bien plus, ils nous apportent, chacun d'eux, la preuve, s'il en était besoin, de leur talent et de leurs possibilités. Mais en tant que science-fictionniste acharné ils me permettront de ne pas porter de jugement sur leur film. Je les attend. Car je suis sûr qu'ils feront un jour ou l'autre le film de science-fiction pure qui habite en chacun de nous.

Un amour de poche.

Réalisation : Pierre Kast. Scénario, adaptation et dialogues : France Roche, d'après la nouvelle de Waldemar Kaempfert. Isnages : Ghislain Cloquet. Interprétation : Geneviève Page, Jean Marais, Agnès Laurent, Regine Lovi, Araédée, Pasquali » Jean-Claude Brialy. Distribution : Gaumont, 1957.

Rapport du PreFeG (Août 2023)

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Vérification du sommaire
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Notes (0), (1b), (1c), (1d) et (1e) ajoutée.
  • Ajout des pages de Service bibliographique étranger (reprises du scan originel)
  • Vérification et mise à jour des liens internes avec ajout de retour de notes.
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

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Yves DERMÈZE

Robert COHEN

Reginald BRETNOR
Albert BILDER
Stuart PALMER

Marcel BRION


A suivre : Fiction n°047.

1 commentaire:

  1. Petite mise à jour à 12h11 : correction dans l'epub de deux petites coquilles débusquées par Pierre Païen (merci à lui !)

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Merci pour votre commentaire, il sera publié une fois notre responsable revenu du Centaure (il arrive...)

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