08 mars, 2023

Fiction n°035 – Octobre 1956

Deux nouveaux auteurs d'importance font leur entrée avec ce n°35 de Fiction : Julia Verlanger côté français, et Avram Davidson pour l'Outre-Atlantique. Au comptoir des habitués, Abernathy, Sternberg, Porges et Asimov, agrémentent de leurs proses une parution de qualité, et boivent à la santé d'Agatha Christie et de Hans Christian Andersen.

 

Un clic, un nœud, un lien !

Sommaire du Numéro 35 :

1 - Robert ABERNATHY, Les Pêcheurs (The Fishers, 1954), pages 3 à 40, nouvelle, trad. Roger DURAND

2 - Arthur PORGES, On demande cobayes... (The logic of Rufus Weir, 1955), pages 41 à 47, nouvelle, trad. Roger DURAND

3 - Agatha CHRISTIE, La Vivante et la morte (The Fourth Man, 1933), pages 48 à 62, nouvelle, trad. Roger DURAND

4 - Jacques STERNBERG, Les Conquérants, pages 63 à 69, nouvelle

5 - Cleve CARTMILL, La Jeunesse à qui la veut (Youth, Anybody?, 1955), pages 70 à 75, nouvelle, trad. Roger DURAND

6 - Albert BILDER, Soleil de vie, pages 76 à 80, nouvelle

7 - Avram DAVIDSON, Le Golem (The Golem, 1955), pages 81 à 87, nouvelle, trad. Jean de KERDÉLAND

8 - Isaac ASIMOV, Ce qu'on s'amusait ! (The Fun They Had, 1954), pages 88 à 91, nouvelle, trad. Roger DURAND

9 - Julia VERLANGER, Les Bulles, pages 92 à 105, nouvelle

10 - Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX & Gérard KLEIN & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 106 à 110, critique(s)

11 - (non mentionné), Service Bibliographique étranger, pages 111 à 112, article

12 - F. HODA, Le Monde de la peur, pages 113 à 114, article

13 - Jean-Jacques BRIDENNE, Un auteur oublié de S.F. : Sir Arthur Conan Doyle, pages 115 à 119, article

14 - Hans Christian ANDERSEN, Dans des milliers d'années... (Om årtusinder, 1853), pages 121 à 123, nouvelle, trad. (non mentionné)

15 - COLLECTIF, Courrier des lecteurs, pages 125 à 125, article

Les pêcheurs, de Robert Abernathy, propose une intéressante suite d'introspections sur fond de colonisation mentale (qui rappelle les nouvelles de Richard Wilson). On suppute une suite possible...

Dans On demande cobayes, on retrouve l'humour cruel d'Arthur Porges, mais aussi sa facilité à élargir la pensée, ici dans un jeu de miroir inattendu.

Une nouvelle fantastique tout dans le style dialogué d'Agatha Christie : La vivante et la morte, une histoire de métempsychose.

Un très bon récit d'Histoire future, et une planète piège très originale : Les conquérants ; du très bon Jacques Sternberg, qui inspirera sans doute Michel Demuth et ses Galaxiales, dix ans plus tard...

Nous reviendrons bientôt sur l'actualité de Sternberg en ce mois d'octobre 1956, avec la recension de son roman : « La sortie est au fond de l'espace ».

La jeunesse à qui la veut est une charmante petite histoire d'écrivain... et de Diable, signée Cleve Cartmill. Deuxième nouvelle de Cartmill publiée dans Fiction, nous ne le retrouverons malheureusement plus dans ces pages, ni ailleurs traduit en France. Cet auteur talentueux est surtout connu pour sa nouvelle "Deadline" (1944), qui alerta le FBI tant les détails de conception d'une bombe atomique, que Cartmill avait déduits de ses connaissances scientifiques, se rapprochaient de la réalité. Cartmill fut soupçonné d'espionnage... à tort bien sûr. Cette nouvelle ne sera malheureusement jamais traduite en français.

Soleil de vie dévoile une planète piège de plus, par Albert Bilder, un jeune auteur français débutant qui ne renouvellera l'expérience d'être édité qu'une seule autre fois.

Le golem ouvre la conséquente bibliographie d'Avram Davidson dans les pages de Fiction (et un peu dans celles de Galaxie). Il nous propose ici, sur un ton léger et un humour tout yiddish, une belle réflexion sur l'androïde semblable au Golem de la tradition praguoise. Fiction rappelle dans sa présentation de la nouvelle que l'inventeur du mot "robot", le tchèque Karel Capek, a aussi écrit sa version du mythe dans Le golem de Prague. Mais nous n'en avons pas retrouvé trace...

On poursuit dans la légèreté avec une petite nouvelle un peu naïve, tant par le public visé (les enfants) que par l'anticipation des machines de demain (écran de télévision et cartes perforées) : Ce qu'on s'amusait, par Isaac Asimov.

On peut évoquer la candeur de l'enfance sans mettre de côté la cruauté - on pensera à un certain nombre de nouvelles de Fritz Leiber. En témoigne aussi Les bulles, de la française Julia Verlanger. Considérée de nos jours comme une pionnière du genre "post-apocalyptique" (voir "Julia Verlanger, l'exploratrice des terres sauvages" - par Serge Perraud, in Intégrale Julia Verlanger volume 1. - La terre sauvage - éditions Bragelonne), elle fait partie des rares femmes à avoir réussi à publier dans la collection Anticipation des éditions Fleuve Noir... sous le pseudonyme masculin de Gilles Thomas, cependant. Les bulles est le tout premier texte publié dans une bibliographie hélas interrompue par un décès précoce à 56 ans, en 1985.

En dehors des pages consacrées aux nouvelles, et reléguée au milieu des chroniques, Dans des milliers d'années… est une nouvelle d'Hans Christian Andersen, qui - s'il n'invente rien - a tout de même bien pressenti la consommation de masse à venir, ici à travers le tourisme. Une curiosité...

Le numéro suivant de Fiction fera paraître une nouvelle de Howard Phillips Lovecraft traduite par Alain Dorémieux : Celui d'autre part (The outsider, plus connu en France sous le titre de Je suis d'ailleurs, dans sa traduction de Yves Rivière chez Denoël - Présence du futur). La mise en ligne dans les pages du PReFeG est prévue pour le mercredi 19 avril prochain !


On se rappellera la règle éditoriale au sujet des illustrations évoquée dans le Fiction n°32 à l'occasion de son allègre transgression. Ce numéro 35 va encore plus loin dans l'audace en proposant quasiment hors-contexte et sans signature deux dessins, l'un après la nouvelle La jeunesse à qui la veut, le second après Ce qu'on s'amusait. Nous vous les proposons ici, dans l'attente d'une confirmation qu'elles pourraient être de Philippe Curval ou de Jacques Sternberg...

Plus sérieusement, on pourra lire un très étrange plaidoyer à l'ouverture de la Revue des livres de ce numéro.

Trois ouvrages de vulgarisation parus ce mois-ci sont particulièrement intéressants pour l'amateur de science-fiction. « Perspectives nouvelles en micro-physique », par Louis de Broglie (Albin Michel), est un ouvrage qui fera date, comme marquant le début d'une nouvelle orientation de la physique, retournant au déterminisme absolu. Mais ce qui est surtout intéressant à notre point de vue dans les essais groupés dans ce volume, c'est que l'illustre physicien y reconnaît l'importance en Physique de la mode, de la pression de l'opinion générale des physiciens. Il reconnaît à plusieurs reprises qu'il s'est engagé sur de fausses pistes, parce que la majorité de ses confrères exerçait plus ou moins consciemment sur lui, leur influence. Dans d'autres essais, le père de la mécanique ondulatoire nous signale de nombreux cas où la majorité des savants étaient d'accord sur une idée fausse, rendant ainsi très difficile le travail des pionniers. La situation, bien entendu, n'a guère changé.

Et c'est pourquoi il me semble que la science-fiction pourrait jouer un rôle utile en donnant asile à des idées non orthodoxes qui, ainsi, auraient une large audience et pourraient atteindre des chercheurs.

N'est-il pas très étrange de considérer la science-fiction comme purgatoire pour trop d'audace, ou d'imagination, scientifique ? A la lecture de cet extrait, on a la drôle de sensation qu'il ne faudrait pas mélanger les torchons et les serviettes, les spéculations de l'imagination avec les intuitions scientifiques. Ne serait-ce pas là condamner le genre tout entier à n'être que récréatif, écartant définitivement l'un des arguments bien connu (légitimant la science-fiction comme davantage qu'un divertissement) qui pose Jules Verne en visionnaire - ou, plus modestement, en inspirateur ? Quand Gaston Bachelard rappelait l'importance de l'imagination dans le champ de la recherche scientifique, ce n'était pourtant pas pour en faire un exercice en passant. On pourrait également douter atteindre les chercheurs par le biais d'une littérature qui s'auto-proclamerait hôtesse d'idées "non orthodoxes", pour ne pas dire farfelues.

Nous voici peut-être au seuil du schisme entre littérature et divertissement populaire qui menacera la science-fiction française tout au long de son histoire de genre. Les articles futurs d'un Gérard Klein poseront comme nécessaire à l'auteur de science-fiction une bonne culture scientifique, qu'importent ses ambitions littéraires.

Rapport du PreFeG (Février 2023)

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Vérification du sommaire
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Ajout des pages de Service bibliographique étranger (non-présentes dans l'epub d'origine)
  • Ajout de l'encadré "Déclaration de titres" (non-présent dans l'epub d'origine)
  • Ajour d'une publicité "Présence du futur" (non-présent dans l'epub d'origine)
  • Notes (1b) et (10b) ajoutées.
  • Vérification et mise à jour des liens internes
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro

retrouvez les bibliographies complètes de leurs parutions dans Fiction et Galaxie !

Robert ABERNATHY
Arthur PORGES
Agatha CHRISTIE
Jacques STERNBERG
Cleve CARTMILL
Albert BILDER
Avram DAVIDSON
Isaac ASIMOV
Julia VERLANGER
Jean-Jacques BRIDENNE
Hans Christian ANDERSEN

 

A suivre : Galaxie n°031.

Fiction n°36.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour votre commentaire, il sera publié une fois notre responsable revenu du Centaure (il arrive...)

Le PReFeG vous propose également