29 mars, 2023

Galaxie (1ère série) n°033 – Août 1956

Outre que la moitié de la collection de Galaxie, dans sa 1ère série, soit ce jour atteinte pour le PReFeG, ce numéro 33 fait sa couverture avec la dernière nouvelle de Philip K. Dick publiée en France dans les années 50 ; il faudra attendre 1964 avant de retrouver, mûri, cet incontournable auteur.

 

L’Autofac ne fait pas tout,

il vous reste à cliquer !

Sommaire du Numéro 33 :

1 - Philip K. DICK, Le Règne des robots (Autofac, 1955), pages 2 à 17, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

2 - Jerome BIXBY, L'Enfer est toujours proche (Halfway to Hell, 1954), pages 19 à 38, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par KNOTH

3 - Eric Frank RUSSELL, Le Forgeur d'âmes (A Little Oil…, 1952), pages 39 à 58, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Frank Kelly FREAS

4 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 59 à 61, courrier

5 - William MORRISON, L'Arme secrète (The Weather on Mercury, 1953), pages 62 à 82, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par VIDMER

6 - Alan COGAN, Le Dessous des cartes (In the Cards, 1956), pages 83 à 101, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

7 - Jimmy GUIEU, Les Soucoupes volantes, pages 103 à 105, chronique

8 - Evelyn E. SMITH, Le Piège de Vénus (The Venus Trap, 1956), pages 107 à 126, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Dick FRANCIS

9 - Jean LEC, Retour à zéro, pages 127 à 132, nouvelle

10 - Arthur SELLINGS, Au travers de la grille (One Across, 1956), pages 133 à 144, nouvelle, trad. (non mentionné)

 

Si Le règne des robots, par Philip K. Dick demeure une nouvelle de jeunesse, elle sort déjà du lot par la pertinence de ses spéculations (ici les machines organisées en réseau). Dick pêche néanmoins sous d'autres aspect de cette spéculation (comme de ne voir que l'aspect mécanique du robot plutôt que sa capacité à reconstituer des talents humains.)

On retrouve le thème cher à Jerome Bixby, à savoir prendre au pied de la lettre les croyances et injonctions religieuses et en faire l'absurde decorum de contes fantastiques, dans L’Enfer est toujours proche, une sympathique nouvelle.

Avec Le Forgeur d’âmes, le nouvel arrivé Eric Frank Russel propose une vision des voyages spatiaux un peu simpliste, mais son observation de la dimension humaine en fait un texte pertinent. Quel dommage cependant que le texte de présentation en dévoile tout le sel...

La particularité de Mercure, qui présente toujours la même face au Soleil, (après La rôtissoire de Mercure, par Alan E. Nourse dans le Galaxie n°30), ici vue de sa zone de crépuscule... Twillight zone qu'explore William Morrison sur un style presque polar, et des enjeux scientifiques richement documentés... Ou pas. C’est L'Arme secrète.

Amitié inter espèces pour une petite romance : Le piège de Vénus, signé Evelyn. E. Smith, moins humoristique qu'à l'accoutumée.

Dans Retour à zéro,  par un Jean Lec qui poursuit sa salve de publications, on peut lire : « la planète Kcrapanul lors de mes expéditions dans la constellation Noiprocs… » Un lecteur attentif lira Lunaparck et Scorpion ; voilà bien l’humour à la française sur l’exotisme souvent exagéré du champ sémantique des space-opéras américains. Bref : une bonne et sympathique petite nouvelle où la condescendance des êtres supérieurs se prend les pieds dans le tapis.

Stefan WUL

De façon tout à fait informelle, nous voudrions faire remarquer un point, sans doute dû au hasard mais toutefois assez troublant. Nous sommes en Août 1956. A trois mois de là dans l’avenir paraîtra le premier roman d’un remarquable météore de la science-fiction française : Stefan Wul, et son « Retour à « 0 » ». Ce titre de Jean Lec, Retour à zéro, combiné avec celui de sa nouvelle précédemment parue Un jour sur Deû, avec cet accent circonflexe préfigurant un exotisme de façade, ne pourrait-il pas avoir inspiré Wul, ou tout du moins les éditions Fleuve Noir responsable de la parution de ce premier roman d’une série de onze ? Wul a certainement lu les revues qu’étaient Galaxie et Fiction. On aura déjà remarqué une évocation de la ville de New-York sous le nom de Nyurk dans une nouvelle de Jimmy Guieu (« La fin des hommes » in Galaxie n° 30 ), et Wul écrira ce qui est souvent considéré comme son chef-d’œuvre, « Niourk », en 1957.

Encore une histoire de nouveau départ de zéro, avec Au travers de la grille par Arthur Sellings, une histoire de monde parallèle... et de ses pionniers. Nous avons beaucoup pensé à la variété des rituels de passages décrits dans la BD Philémon.

Nous avons gardé le meilleur pour la fin : les fascinations de la préscience, savoir à l'avance, érigée en possibilité domestique ! Voilà une nouvelle très intéressante que nous propose Alan Cogan, dans Le dessous des cartes. Même si Cogan laisse quelques développements de cette spéculation technique parfois dans le flou, l'ensemble est saisissant et la nouvelle mérite une place dans les anthologies. On peut y lire, par exemple :

« La police, de son côté, ne se fatiguait pas à leur donner la chasse, sachant par avance que, quoi qu’elle tentât, elle ne parviendrait guère à les arrêter avant la date prévue. »

Dick (encore lui) poussera plus avant cette utilisation de la préscience au bénéfice de la police dans son "Rapport minoritaire".

« C’était un peu comme si, ayant lu un livre, on était obligé de le relire sans fin, en en connaissant toutes les péripéties et même des bouts de dialogues. »

On retrouvera ce sentiment très semblablement développé dans "Tremblement de temps" de Kurt Vonnegut – son dernier roman (1997).

« Nous avions encore quelques amis du XXIe siècle ; eux aussi s’étaient pliés à cette nouvelle vie. »

La nouvelle est traversée régulièrement par un curieux sentiment que la vie était préférable en 1956 plutôt qu'en 2017 (où elle se situe) ...


La course à l’espace représentait un défi international de taille durant cette période. L’enjeu commence par le lancement d’un premier satellite artificiel. Ce sera Spoutnik 1, qui sera lancé avec succès en Octobre 1957. Mais cela aurait pu être… Minitrack !

…On nous parle périodiquement de satellites artificiels qui seraient lancés dans l’espace, soit par les États-Unis, soit par l’U.R.S.S., mais on ne nous donne guère de détails techniques sur ces engins.

J. TAILLEUR, Madagascar.

 VOICI déjà une précision pour le temps : le premier satellite artificiel sera lancé par les États-Unis fin septembre 1957, annonce-t-on de New-York. On commence à parler sérieusement de ses caractéristiques : une fusée à trois étages de 22 mètres de haut le véhiculerait dans l’espace jusqu’au point où il se mettrait à tourner autour de la terre suivant une orbite propre. Mais que l’on ne s’imagine pas que ses dimensions seraient comparables a celles de la Lune. Il sera gros comme un ballon de football et pèsera moins de 10 kilos. Son diamètre ne dépassera pas 25 centimètres.

Le premier étage de la fusée de propulsion brûlera jusqu’à une altitude de 53 kilomètres, puis se détachera et tombera. À ce moment, le deuxième étage, qui portera le système complet de guidage, entrera en action pour mener le satellite à une distance de 300 km, en lui faisant atteindre une vitesse horaire de 144.000 kilomètres. C’est alors que la troisième partie de la fusée interviendra – Sans toutefois que la deuxième se détache encore – pour porter l’ensemble jusqu’à la hauteur où le satellite doit commencer sa course indépendante dans l’espace. Libérée des deux derniers tronçons de son « véhicule de lancement », la boule de 25 cm, livrée à elle-même, adoptera une vitesse de 28.000 km à l’heure. Elle contiendra un émetteur de radio, baptisé Minitrack et pesant moins de 1.500 grs, qui lancera divers signaux aux postes récepteurs terrestres.

 

Un autre passage de cette rubrique « Votre courrier » choquera sans doute nos lecteurs contemporains. N’étant pas adeptes de la « cancel culture », nous l’avons laissé bien entendu tel quel dans notre epub. Voici tout de même l’extrait incriminé, qui témoigne sans doute du petit racisme ordinaire qui sévissait encore à cette époque.

…La vieille plaisanterie : « Aussi confus qu’un combat de nègres dans un tunnel » serait-elle périmée ? Il paraît qu’une nouvelle caméra prend maintenant des photos dans l’obscurité, comment est-ce possible ?

E. CLASSE, Remiremont.

Galaxie aurait en effet pu se passer de cette « vieille plaisanterie » et ne publier que la question.

Rapport du PreFeG (Mars 2023)

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Philip K. DICK
Jerome BIXBY
Eric Frank RUSSELL
William MORRISON
Alan COGAN
Jimmy GUIEU
Evelyn E. SMITH
Jean LEC
Arthur SELLINGS


A suivre : Galaxie n°034.


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