06 décembre, 2023

Fiction n°054 – Mai 1958

Beaucoup de textes de qualité qui ne seront pas réédités par la suite, dont – étonnamment – une longue nouvelle d’Henry Kuttner et Catherine Moore, ainsi qu’une nouvelle de Shirley Jackson que ne renierait pas David Lynch… 

On avait dit « Clic droit » !

Sommaire du Numéro 54 :

NOUVELLES

 

1 - Richard WILSON, Brouillage (QRM, 1957), pages 3 à 13, nouvelle, trad. Roger DURAND *

2 - Richard MATHESON, Jours disparus (Old Haunts, 1957), pages 14 à 22, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX

3 - G.C. EDMONDSON, L'Inferlabo (The Inferlab project, 1957), pages 23 à 34, nouvelle, trad. Bruno MARTIN *

4 - Pierre VERSINS, La Force, pages 35 à 40, nouvelle *

5 - Arthur PORGES, Journal d'un parasite (By a fluke, 1955), pages 41 à 46, nouvelle, trad. Evelyne GEORGES *

6 - Shirley JACKSON, Celle qui partit (The missing girl, 1957), pages 47 à 56, nouvelle, trad. Bruno MARTIN *

7 - Stefan WUL, Expertise, pages 57 à 60, nouvelle

8 - John MASEFIELD, L'Enfant-phoque (The Sealman, 1925), pages 61 à 63, nouvelle, trad. Evelyne GEORGES *

9 - Fernand FRANCOIS, Travailler est un vrai plaisir, pages 64 à 73, nouvelle *

10 - August DERLETH, La Lampe d'Alhazred (The Lamp of Alhazred, 1957), pages 74 à 83, nouvelle, trad. Yves RIVIÈRE

11 - Henry KUTTNER & Catherine L. MOORE, Sous le regard de l'aigle (Rite of Passage, 1956), pages 84 à 119, nouvelle, trad. Roger DURAND *

 

CHRONIQUES


12 - Robert S. RICHARDSON, La Vie sur Mars, pages 123 à 131, article, trad. Roger DURAND *

13 - Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 133 à 136, critique(s)

14 - Jean-Jacques BRIDENNE & Gérard KLEIN, Épilogue à l'affaire Alberes, pages 137 à 137, article

15 - F. HODA, La Pointe de l'actualité, pages 138 à 139, article

16 - COLLECTIF, Courrier des lecteurs, pages 141 à 144, article

 

Présentations de nouvelles de Jacques Bergier et Alain Dorémieux

Dessin de couverture de Jean-Claude Forest (Explosion d'un rocket au départ.)

* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

 

Brouillage, de Richard Wilson, met en scène les agences de presse et leurs spécificités. Cette nouvelle est surtout un bon exemple du travail sémantique que doit faire tout lecteur de science-fiction, lorsqu’il décode peu à peu les néologisme que lui propose un univers différent du sien.

On ne se refait pas ; voilà la courte démonstration que nous livre Richard Matheson, dans l'exploration de la nostalgie, avec Jours disparus.

La question de la surpopulation pointe le bout de son nez dans cette période de croissance économique. Concomitante à cette question, on pourrait y apposer la conquête spatiale. Mais dans L'Inferlabo, G. C. Edmondson joue plutôt avec les codes du polar, et c'est finalement plutôt d'eugénisme social dont il est question. Grinçant.

On pensera inévitablement que Pierre Versins est l'inventeur de La Force pratiquée par les jedis de Star Wars. Quoi qu'il en soit, voilà une nouvelle rondement menée par un Versins d'une logique poussée jusqu'à la cruauté.

Journal d'un parasite nous propose de considérer de l’intérieur la vie d'un micro organisme d'une espèce douée pour les mathématiques. Pas du meilleur Arthur Porges, mais d'un niveau toutefois honorable, comme toujours avec cet auteur méconnu.

Dans Expertise, il est surtout question des méfaits de l'acculturation. Stefan Wul y égale Brown dans l’humour et la concision.

L'enfant-phoque est une classique histoire, sur un ton populaire bien travaillé, par John Masefield, sur les amours incongrues inter espèces - ici avec ce qui vient de la mer.

On croirait à une nouvelle américaine avec Travailler est un vrai plaisir, tant Fernand François s'amuse à jouer avec les poncifs de la société d'outre-atlantique. Ajoutons à cela une invention à faire frémir tout partisan du moindre effort, pour une bien bonne nouvelle d'un auteur français oublié.

Un texte qui fait beaucoup dans l'élaboration de la fiction Lovecraft : La lampe d'Alhazred, tant August Derleth dessine ce personnage fictif de vieux reclus comme l'auteur de toute une œuvre pourtant existante. La lampe y serait l'allégorie de la rêverie inspiratrice – bref : une synthése lovecraftienne orientée.

Un jeu d'apparences qui vole en éclats, des hypocrisies qui peinent à sauver la face, l'insatisfaction d'un certain mode de vie, bien pensant, asexué, normé... Et la mort qui vient conclure cette monstrueuse parade qui aurait pu se passer à Twin Peaks ; c’est Celle qui partit, par la talentueuse Shirley Jackson.

Une très bonne nouvelle du duo Henry KuttnerCatherine Moore – et il est terrible de la publier juste après sa mort de la part de Fiction ; Sous le regard de l'Aigle décrit une société où la superstition et la croyance en la magie écrase la raison ; mais la réalité n'est rien d'autre que la chose la plus communément admise. Or, dans un royaume d'aveugles, voir la lumière n'est d'aucune utilité. Une nouvelle curieusement restée sans publication ultérieure.

A l’issue de la publication de la nouvelle La lampe d'Alhazred, Fiction ajoute une note sans doute issue de la grande érudition parfois mystificatrice de Jacques Bergier. Voici cette précision :

La mythologie de H. P. Lovecraft est visiblement synthétique. Et pourtant… Il existe plusieurs personnages de l'Islam qui auraient pu servir à Lovecraft, dont la culture était immense, pour son portrait d'Alhazred. Parmi ces personnages, El Hallaj, qui fut exécuté en l'an 921 de notre époque, est un des plus connus. Des extraits commentés de ses œuvres ont paru aux « Cahiers du Sud ». Le professeur Louis Massignon lui a consacré un savant ouvrage intitulé « La passion de El Hallaj » (Guttner, éditeur, Paris).

El Hallaj fut un mystique extrêmement profond et une des raisons de son exécution fut « le trouble qu'il pouvait apporter en révélant de terribles faits que l'humanité n'est pas prête à recevoir ». On l'accusa également de « conspiration avec les démons du chaos » et de « contacts avec le Dehors ». Certes, il ne faut pas imaginer qu'Alhazred a été inventé d'après El Hallaj seul. L'ouvrage imaginaire d'Alhazred, le « Nécronomicon », était une espèce d'encyclopédie du mal, et rien que cela, alors que l'œuvre de El Hallaj touche à des problèmes spirituels extrêmement élevés. Néanmoins, El Hallaj lui-même était d'accord sur le fait qu'il possédait des secrets trop terribles pour être révélés.

Il est peut-êre un peu exagéré de rapprocher Mansur El Hallaj, un mystique soufi, à Abdul Alhazred. Les poursuites pour hérésie concernant le soufi (des affaires d’identification à Dieu, par exemple), n’ont rien de commun avec ce qui serait plutôt qualifié de hautement blasphématoire dans le Necrocomicon. On y notera toutefois qu’une volonté à relier la mythologie lovecraftienne à des éléments existants est au travail.

Rapport du PreFeG (Décembre 2023)

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Shirley JACKSON
Stefan WUL
Fernand FRANCOIS
Robert S. RICHARDSON
Jean-Jacques BRIDENNE

A suivre : Fiction n°055. 

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