Sommaire du Numéro 6 :
1 - Max DANCEY & G. Gordon DEWEY, L'Étrange visiteur (Two-way stretch, 1953) , pages 3 à 35, nouvelle, trad. (non mentionné)
2 - Lion MILLER, Le Réacteur Worp (The available data on the Worp reaction, 1953) , pages 36 à 39, nouvelle, trad. (non mentionné)
3 - Maurice RENARD, Le Brouillard du 26 octobre, pages 40 à 65, nouvelle
4 - Alain DORÉMIEUX, Le Chemin sur la route, pages 66 à 70, nouvelle
5 - William Lindsay GRESHAM, L'Usine à poussière de rêves (The Dream Dust Factory, 1947) , pages 71 à 85, nouvelle, trad. (non mentionné)
6 - Robert Moore WILLIAMS, La Puissance suprême (Aurochs Came Walking, 1953) , pages 86 à 102, nouvelle, trad. (non mentionné)
7 - Arthur PORGES, Le Libérateur (The Liberator, 1953) , pages 103 à 111, nouvelle, trad. (non mentionné)
CHRONIQUES
8 - Jean-Jacques BRIDENNE, Jules Verne, père de la science-fiction ? / I. L'imagination scientifique chez Jules Verne, pages 112 à 115, article
9 - Jacques BERGIER & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 116 à 119, critique(s)
10 - F. HODA, Science-fiction et court métrage, pages 121 à 121, article
11 - COLLECTIF, Courrier des lecteurs, pages 123 à 123, courrier
Rapport du PReFeG :
- Relecture, vérification orthographique et grammaticale
- Mise au propre et noms des fichiers html
- Vérification et mise à jour des liens internes
- Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
- Mise en gras les titres in Revue des Livres
- Mise à jour de la Table des matières
- Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)
Nous le constatons : quelques auteurs obscurs côtoient de grandes pointures dans ce numéro 6 de la revue Fiction.
Côté cadors, Maurice Renard mériterait une plus grande notoriété, au moins autant que Rosny-Aîné ou Wells, tant son œuvre est novatrice, d’une littérarité sans faille, érudite et visionnaire. L’éloge que lui font les chroniqueurs de Fiction en est témoin :
« (…) nous voulons faire une place, parmi les écrivains de l’époque contemporaine, à l’un de ceux que nous considérons comme l’un des maîtres incontestables de ce genre, et qui est malheureusement déjà trop oublié de nos jours. Et pour cause ! Tous les livres de Maurice Renard sont actuellement épuisés et introuvables. (…) il est vraiment regrettable de penser que, à l’heure actuelle, à un moment où ce genre de littérature semble vouloir se répandre davantage sous l’influence de la poussée américaine, aucun éditeur français n’ait encore songé à republier les œuvres magistrales de Maurice Renard. (…) sa vocation (…) lui avait été révélée dès l’enfance, par la lecture des contes d’Edgar Poe. (…) Avec Rosny Aîné, il reste jusqu’à maintenant le maître incontesté du roman scientifique français de ce siècle, roman dont il a donné lui-même la définition suivante : « Une fiction qui a pour base un sophisme ; pour objet, d’amener le lecteur à une contemplation de l’univers plus proche de la vérité ; pour moyen, l’application des méthodes scientifiques à l’étude compréhensive de l’inconnu et de l’incertain. » (in Fiction n°2 – décembre 1953)
Renard fait bien partie des grands maîtres - mais sans le travail de certains éditeurs, il aurait malheureusement pu tomber aux oubliettes.
A propos des travailleurs de la S.F., l’entrée au sommaire du jeune Alain Dorémieux (21 ans en 1954) n’a rien de fortuite. Relecteur, traducteur de Dick, Matheson, Leiber…, dès les premiers numéros de Fiction, il rejoindra très vite l’équipe de chroniqueurs de la Revue des livres, et n’hésitera d’ailleurs pas à contredire parfois Bergier et Maslowski, les désintégrateurs en place. En décembre 1958, il obtient la direction de la revue, et ce jusqu’en 1974. Il sera également le responsable éditorial de la reprise de Galaxie par les éditions OPTA en mai 1964 (la fameuse « 2ème série »). Infatigable cheville ouvrière et directeur des prestigieuses collections S.F. chez OPTA (Galaxie-Bis et C.L.A. dans les années 60, Nebula dans les années 70), il sera l’une des grandes figures de l’essor de la S.F. française, avec Gérard Klein et Michel Demuth, pour ne citer qu’eux. Un prix littéraire décerné aux premières œuvres S.F. porte son nom depuis 2000.
Du côté « obscur », ce numéro fait aussi la part belle à des auteurs restés dans l’ombre.
Max Dancey, pseudonyme de Peter Grainger, dont même l’érudit Jacques Sadoul avoue ignorer tout, en précisant que « cet auteur collabora assez régulièrement à Amazing et Fantastic Stories dans les années 40. ». L’anthologiste Demetre Ioakimidis ("La grande anthologie de la Science-Fiction", au Livre de Poche) apporte quelques bribes de renseignements supplémentaires (in « Histoires de paradoxes ») :
« Né en 1916. A écrit dans divers domaines, notamment pour la télévision américaine, et sous divers pseudonymes. Dans les magazines de science-fiction, sa signature n’est apparue qu’en 1953 et 1954, en particulier auprès de celle de G. Gordon Dewey. »Sur G. Gordon Dewey qui co-signe la nouvelle qui ouvre ce n°6 de Fiction, Ioakimidis est encore plus laconique : « Né en 1916. À part quelques années où il fut pianiste professionnel, s’est consacré à une activité d’écrivain, dans divers domaines. A publié quelques récits de science-fiction entre 1952 et 1954, notamment en collaboration avec Max Dancey. ».
On poursuit l’appel des lieutenants de « l’armée des ombres de la S.F. » en évoquant Lion Miller, dont l’unique nouvelle, reprise dans « Histoires de machines » (toujours au Livre de poche), nous permet d’y débusquer cette non-information : « Miller (Lion). – Cette signature n’apparut qu’une seule fois dans un périodique de science-fiction en 1953 : pseudonyme, ou essai unique ? ». Nous pourrions presque nous féliciter de pouvoir lire son œuvre complète traduite en français avec ce numéro !
Robert Moore Williams (6 nouvelles publiées en France) « né en 1907, il effectua des études de journalisme et écrivit à partir de 1937 des récits se rattachant généralement au domaine du space opera. » (in Histoires de Pouvoirs – Livre de Poche).
William Lindsay Gresham a eu le privilège d’être tout récemment réédité en France, et ce grâce aux efforts louables de la maison d’éditions Le passager clandestin et de leur collection de (re)découverte de textes de SF d’antan : « Dyschroniques ». On peut lire dans cette réédition du « Peuple du grand chariot » (février 2021 – nouvelle initialement publiée dans le numéro 4 de Fiction en mars 1954) :
« William Lindsay Gresham est né en 1909 à Baltimore, dans le Massachusetts. L’existence de Gresham est complexe et tourmentée. Tour à tour attiré par le communisme, la psychanalyse, le christianisme ou le bouddhisme zen, il a plusieurs cordes à son arc, entre ses débuts en tant que guitariste et chanteur de folk itinérant, son activité d’écrivain, de journaliste et de rédacteur en chef pour divers magazines, son goût pour la magie, qu’il pratique en amateur et dont il se fait l’historien à ses heures, sa science des jeux de cartes et son attrait pour la voyance à travers le Tarot et la découverte du Yi jing…
En 1937, Gresham est infirmier volontaire dans le camp républicain lors de la guerre d’Espagne. Il y fait la connaissance de Joseph Daniel « Doc » Halliday, un marin, infirmier et ancien employé de spectacles itinérants, qui lui enseigne la culture et le langage des forains (les « carnies » ou employés des travelling carnival, les fêtes foraines étatsuniennes), matière qui nourrira bientôt ses écrits. (…) En 1946, Gresham publie son œuvre la plus célèbre, Nightmare Alley, roman noir situé dans l’univers des fêtes foraines de seconde catégorie, où se côtoient petits escrocs, monstres de foire et redoutables femmes fatales. Le livre est un succès et est reconnu aujourd’hui comme un chef-d’œuvre du genre. Il est adapté au cinéma en 1947, avec Tyrone Power dans le rôle principal (une nouvelle adaptation serait en cours de préparation, sous la direction de Guillermo del Toro) ; il est publié en français en 1948 sous le titre Le charlatan (Julliard) et réédité dans la « Série noire » de Gallimard en 1997. (…) Outre ses nombreux articles en tant que journaliste, il publie aussi quantité de nouvelles relevant aussi bien du noir ou du policier que de la science-fiction, dans un nombre incalculable de magazines de l’époque. (…) Fasciné par le spiritisme (dont il a traqué et montré les supercheries), rallié à la foi chrétienne, membre des Alcooliques anonymes, Gresham souffre sa vie durant de tuberculose, de troubles mentaux et de dépression. À moitié aveugle et atteint d’un cancer de la langue, il met fin à ses jours, oublié du public, dans une chambre d’hôtel de Manhattan, le 14 septembre 1962. »
La sortie toute récente de « Nightmare alley », réalisé par Guillermo del Toro, relancera peut-être l’intérêt éditorial pour cet auteur effectivement particulier.
En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro
retrouvez les bibliographies complètes de leurs parutions dans Fiction et Galaxie !
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Un numéro 6 de très bonne facture, merci encore pour vos corrections et améliorations.
RépondreSupprimerPar le plus grand des hasard, deux jours après la lecture de très bon "Le brouillard du 16 octobre" de Maurice Renard, mes oreilles tombent sur Fleur Hopkins-Loféron parlant du Merveilleux Scientifique (dans le podcast C'est plus que de la SF) et citant justement cette nouvelle. Comme quoi, même 70 ans après, certains textes de ces revues sont loin de sombrer dans l'oubli et se font même une place dans l'actualité, le Merveilleux Scientifique annonciateur de la SF revenant sous les projecteurs ces derniers temps.
La revue se termine sur une belle touche d'humour avec le texte de Porges assez court mais efficace.
Shocker
Merci Shocker.
SupprimerEn effet, le travail de Fleur Hopkins Loféron n'est pas pour rien dans le regain d'intérêt pour Maurice Renard et tout le "merveilleux scientifique" (une expo à la BNF, tout de même !). Juste avant, Serge Lehman avait déjà fait un beau travail de "rééditeur" (avec l'anthologie "Chasseurs de chimères"), et quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit qu'il y a toujours eu quelques érudits pour entretenir la flamme que les éditeurs ne poursuivent pas toujours.
Dans la veine du "brouillard du 16 octobre", le n°53 de Fiction contenait une nouvelle d'Ivan Efremov d'une facture assez similaire. Je vous la recommande.
Merci aussi pour le podcast (que je ne connaissais pas, un vraie mine !). Je laisse le lien pour ceux que ça intéresserait :
https://www.cestplusquedelasf.com/podcasts/merveilleux-scientifique
Merci pour le conseil, je vais lire ce texte du n°53 cette semaine.
SupprimerA propose de podcast, content de vous avoir fait découvrir celui de Lloyd Chéry.
Je peux également vous conseiller Mauvais Genre animé par François Angelier, sur France Culture qui consacre certains numéros à la SF et sur lequel Fleur Hopkins-Loferon est également passée:
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/mauvais-genres/le-laboratoire-aux-chimeres-rencontre-avec-fleur-hopkins-loferon-8302627
Jean-Luc Rivera intervient régulièrement sur ce podcast faisant preuve d'une érudition qui ne peux que laisser admiratif.
Merci Shocker pour le lien vers cette formidable émission de France Culture. C'est vrai que Rivera force l'admiration, comme d'autres érudits transversaux (je pense à Pacôme Thiellement, ou Jean-Baptiste Thoret...).
SupprimerAmitiés !