06 mars, 2024

Galaxie (1ère série) n°057 – Août 1958

Une nouvelle de Frederik Pohl, restée non publiée depuis, ainsi qu’une nouvelle de très bonne qualité de William Tenn. Les français ne sont pas en reste avec le météore Bernard Devaux. 

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Sommaire du Numéro 57 :

 

1 - Frederik POHL, Jeux sur Vénus (The Gentlest Unpeople, 1958), pages 2 à 18, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Wallace (Wally) WOOD *

2 - Fritz LEIBER, La Dernière lettre (The Last Letter, 1958), pages 19 à 28, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par DILLON

3 - L.-J. Jr STECHER, Revoir la Terre ! (Garth and the visitor, 1958), pages 29 à 36, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Dick FRANCIS *

4 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 37 à 38, courrier

5 - William TENN, Droit d'asile (Sanctuary, 1957), pages 39 à 49, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par MARTINEZ

6 - Francis GOUDEAU, Le Soleil photographié à haute altitude, pages 51 à 53, article

7 - Lloyd Jr BIGGLE, Essai partiel (Bridle Shower, 1958), pages 54 à 68, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par DILLON *

8 - Bernard DEVAUX, Hypnose musicale, pages 69 à 73, nouvelle *

9 - Alfred BESTER, Jusqu'aux étoiles (2ème partie) (The Stars My Destination, 1957), pages 74 à 105, roman, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

10 - Richard E. SMITH, Pêcheur de crimes (Pick a crime, 1958), pages 106 à 117, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Dick FRANCIS *

11 - (non mentionné), Saviez-vous que..., pages 118 à 118, notes

12 - Vargo STATTEN, Le Pilote d'outre-tombe (The Mental Gangster, 1942), pages 119 à 142, nouvelle, trad. (non mentionné)

13 - Claude VAUZIÈRE, Livres d'aujourd'hui et de demain, pages 143 à 144, notes 


* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

Jeux sur Vénus,  par Frederik Pohl, est une petite pochade sans prétention sur l'arrogance des explorateurs quand, de colons, ils passent à pillards.

Un peu de légèreté chez Fritz Leiber, malgré un contexte de civilisation humaine sous forme de ruche gérée par les machines. Comment y serait traitée une lettre d'amour ? C’est La dernière lettre.

Revoir la terre ! par L.-J. Stecher (auteur dont nous n’avons pas pu glaner d’éléments biographiques), avec une bonne situation de base, des propos qu'on pourrait prêter aux politiques de décolonisation des années à venir... voit sa chute est peu abrupte.

Dans Droit d’asile, une très bonne nouvelle de William Tenn, l’auteur invente les Ambassades temporelles, soient des représentants de l'avenir dans un siècle précédent - et tout ce que cela implique pourrait être décliné encore et encore.

L'Essai partiel de Lloyds Biggle Jr. est une cocasse tentative d'invasion extraterrestre par le démantèlement des échanges du Capital, principalement en éradiquant l'usure et l'obsolescence. Pas aussi simple à faire quand veillent les impôts...

A l'heure actuelle où composer des petites musiques pré formatées est rendu possible et automatique, Hypnose musicale met l'accent sur ce qu'on voyait peu venir encore à l'époque : le rapport direct au "client" individualisé en masse (le "dividu" de Deleuze). Une bien bonne nouvelle par Bernard Devaux, un auteur qui ne signera que deux autres nouvelles en parution dans la revue Satellite.

On déplorera le digest de Jusqu’aux étoiles, de Alfred Bester, inspiré de loin par le Comte de Monte-Cristo. Pour les thèmes que Bester utilise, la téléportation individuelle sans l'aide d'une machine, mais conçu comme une faculté -le "jaunting" - est l’argument principal de ce roman, sans être réellement central. La métamorphose de la société est bien timide (il continue d'exister des villes, par exemple, là où le jaunting rend obsolète toute concentration territoriale...), et le digest de Galaxie édulcore toutes les péripéties d'ambiance, où pourtant Bester est sans doute le meilleur.

Pêcheur de crimes, par Richard E. Smith, nous propose de suivre de près une grande révolution cognitive :

Imagination ou non, l’A.P.C. se trouvait presque partout. Vingt-quatre heures par jour, des millions de microphones se dissimulaient dans les tavernes, ruelles, restaurants, métros et tous les endroits imaginables. Tout ce qu’ils enregistraient était transmis au cerveau A.P.C., un monstrueux calculateur électronique. Si les mots : « Allons au cinéma ! » étaient captés par le Cerveau, ils étaient éliminés. Mais s’il recevait la phrase : « Roulons ce gars ! », le message s’inscrivait, et un hélicoptère de la police gagnait l’endroit en deux minutes. La ville n’était pas seulement parsemée de micros cachés, mais de caméras de télévision clandestines, qui apportaient des messages visuels au Cerveau, et de machines invisibles capables de découvrir à quarante mètres un couteau ou un revolver dans une poche.

Chaque établissement, de la plus grande banque à la plus petite épicerie, était absolument inviolable. Personne n’avait jamais essayé d’y commettre un vol depuis des années.

Les détecteurs de chaleur, qui décelaient, par radar, toute élévation de température au-dessus de celle provoquée par une cigarette allumée, rendaient l’incendie volontaire presque impossible. Les recherches chimiques prévenaient tout empoisonnement. Aucune drogue ne contenait plus de poison et, tandis qu’un insecticide tuait les fourmis, sa dose la plus concentrée restait inoffensive pour un humain.

Le F.B.I. restait une puissante organisation, mais, sous la supervision de l’A.P.C., il devenait un colosse scientifique, et la seule idée d’enlever quelqu’un ou de trafiquer des stupéfiants devenait inepte. Une carrière de faussaire ne durait pas : chaque lieu de travail et des millions d’individus possédaient de petits détecteurs qui repéraient les faux et les signalaient directement au cerveau.

Le pourcentage de crimes avait baissé davantage encore avec l’apparition des officiers de police robots. Jadis, de nombreux criminels se targuaient d’abattre les agents lancés à leur poursuite. Mais les robots n’étaient pas de chair et de sang. Les balles rebondissaient sur eux, et leur tir était infaillible.

La domestication de l’énorme énergie atomique fournissait à tout le pays une puissance électrique illimitée, à des prix ridiculement bas. Le fonctionnement des appareils d’A.P.C. coûtait à chaque contribuable une moyenne de quatre dollars par an, bien que leur création, développement et fabrication revinssent à moins.

L’A.P.C. avait attaqué le crime au cœur même de la société. Dans chaque ville, des enseignes subliminales au néon transmettaient dans leurs clignotements l’inscription :

« Le crime est une souillure ». Partout, en ville et à la campagne, s’étalaient d’innombrables affiches subliminales répétant la même formule, et chaque revue ou journal contenait, en filigrane, la sentence : « Le crime est une souillure ».

Après un moment, on voyait et entendait les mots sans y penser. Ils s’imprimaient ainsi dans le subconscient, année après année…

On pensera sans doute à « L'orange mécanique » de Anthony Burgess à la lecture de cette nouvelle, traitant de la prévention du crime par traitement chimique. Une singulière dystopie où tout le monde est heureux...

Malheureux titre que Le pilote d’outre-tombe, qui divulgache un peu l’intrigue de Vargo Statten. Une bonne ambiance de huis-clos pour des bagnards évadés d'au-delà de Pluton, pris au piège d'un point d'arrêt spatial - convergences de gravités croisées qui stoppe tout mouvement. Hélas, la plupart des éléments de l'intrigue finissent... dans le sas d'évacuation.

Nous en citerons cet extrait, qui résonne étrangement avec le roman de Bester dans le même numéro :

Le signal clignotait, maintenant de plus belle. Cela signifiait qu’il avait capté un appel de détresse.

— Évitez-le ! insista Blackie. Nous n’avons pas à nous préoccuper des autres. Compris ?

— Franchement, non, je ne comprends pas ! répondit Coward, en jetant autour de lui un regard égaré. C’est une règle absolue : le code de l’Espace doit être observé en toute circonstance ; et rien ne s’y oppose dans notre cas.

On a connu en France au cours de ces 30 dernières années un retour au tramway. On aurait pu avoir autre chose !

SAVIEZ-VOUS QUE…

…la voiture de l’avenir glisserait sur un matelas d’air comprimé ?

Ce véhicule révolutionnaire reposerait sur des pieds de métal extrêmement plats et dotés d’ouvertures par lesquelles jaillirait de l’air comprimé. C’est sur la couche gazeuse ainsi formée que la voiture prendrait appui. En cas de baisse de pression, même à grande vitesse, elle redescendrait sans dommage sur ses patins métalliques.

L’appareil expérimental, appelé Glide Air, et mis au point par les ingénieurs des usines Ford, à Détroit, ressemble plutôt à un scooter, mais le vice-président des recherches de la firme, André Kucher, a déjà construit un modèle réduit d’auto doté d’un moteur à turbo-réaction capable de lui faire atteindre 800 kilomètres-heure sur un rail.

Les inventeurs estiment que la circulation sans roue, peut-être sur un réseau de monorails, deviendra une réalité avant l’an 2 000.

Bien la peine de s’être débarrassé des rails de trams !…

Rapport du PreFeG (Mars 2024)

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A suivre : Galaxie n°058.

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