02 novembre, 2022

Galaxie (1ère série) n°022 – Septembre 1955

L'Histoire peut-elle révéler à l'avance tous ses secrets ? Peut-on considérer les dimensions du temps lui-même comme un espace - et à fortiori comme un espace à coloniser ? Voici quelques-uns des questionnements de ce numéro 22 de Galaxie.

Bon sang de mise en abyme !

Qui va me cliquer dessus ??

 
Sommaire du Numéro 22 :

 

1 - Charles L. SOUVELIER, La Fin du monde en 2003, pages 2 à 20, nouvelle, illustré par (non mentionné)

2 - Betsy CURTIS, L'Amour piège éternel (The Trap, 1953), pages 21 à 27, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

3 - Murray LEINSTER, Si vous étiez un Moklin (If You Was a Moklin, 1951), pages 28 à 48, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Harry ROSENBAUM

4 - COLLECTIF, Votre courrier, pages 49 à 51, courrier

5 - Damon KNIGHT, Un drôle de mousse (Cabin Boy, 1951), pages 52 à 77, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par THORNE

6 - Frederik POHL, Terreur sur Mars (The Middle of Nowhere, 1955), pages 78 à 93, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Fred KIRBERGER

7 - William TENN, Dames seules, destination Vénus (Venus Is a Man's World, 1951), pages 95 à 104, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Gene FAWCETTE

8 - (non mentionné), Saviez-vous que..., pages 105 à 107, notes

9 - Milton LESSER, L'Appel du merveilleux (The Sense of Wonder, 1951), pages 109 à 125, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Harry ROSENBAUM

10 - Clifford D. SIMAK, Opération mastodonte (Project Mastodon, 1955), pages 126 à 144, nouvelle, trad. (non mentionné), illustré par Ed EMSH

Cassandre avait reçu d'un Dieu sa prescience de l'avenir ; ici, le témoin du futur tire ses visions d'une machine... Mais comme la devineresse antique, il n'y pourra rien. Un scénario un peu simpliste parfois, mais de belles séquences de décadence dans La fin du monde en 2003, par Ch.-L. Souvelier (instituteur à Bruxelles).

Dans un monde clos par la machine, où l'Histoire s'est momentanément arrêtée, le salut survient de celui qui a échappé au conditionnement, et fait resurgir du provisoire et du mouvement dans le sentiment sédimenté d'avoir oublié la dimension même de l'Histoire. On arrête la machine pour relancer le vivant dans ce joli conte d'exode : L'appel du merveilleux, par Miton Lesser, plus connu sous le pseudonyme Stephen Marlowe, auteur de récits policiers, et du roman "Octobre solitaire" sur les derniers jours d'Edgar Poe.

Les voyages dans le temps revêtent parfois des allures de mondes parallèles. Ne pourrait-on pas coloniser le passé ? C'est Opération Masdodonte, par Clifford D. Simak. La nouvelle s'arrête là où pourrait commencer tout un bon roman... (et on pensera à "L'invasion des chats quantiques" de Frederik Pohl.)

Vénus, Mars, l'espace intersidéral et au-delà… Les autres nouvelles déploient des mondes pas si étrangers. Dans Terreur sur Mars, Frederik Pohl nous propose un récit de guerre transposé sur notre voisine Mars. On retrouve encore chez Pohl la place dominante du commerce sur l'armée ou sur le corps scientifique d'exploration.

Le commerce, au cœur des outils de colonisation, n'est-il pas dévoyé quand il s'agit de copie ? A la façon d'un "made in Taïwan", c'est Si vous étiez un Moklin, par Murray Leinster.    

Et si les femmes copiaient à l'avenir la domination masculine ? Dames seules destination Vénus, par William Tenn, est une romance qui aurait pu dénoncer la phallocratie par les excès transposés d'une "gynocratie"... Malgré le talent de l'auteur, la cible est un peu manquée toutefois.

L'initiative individuelle est elle possible dans un corps collectif - comme un équipage ou un corps d'armée ? A-t-elle même un sens ? C'est Un drôle de mousse, par Damon Knight, une nouvelle au ton léger, qui n'est pas sans rappeler la tonalité de Sheckley.


Nous avons relevé les nombreuses notes sur les satellites artificiels des précédents numéros. Les années 50 ont ceci d'exceptionnel que de très gros moyens financiers étaient alloués à moderniser profondément la société humaine. Les changements étaient radicaux et rapides, aussi fallait-il toujours faire preuve en amont d'un peu de didactisme.

Voici un exemple, qui pourra nous faire sourire à notre époque technologique, de ce qu'on vulgarisait de la science cybernétique et robotique en 1955.

SAVIEZ-VOUS QUE… vous utilisez tous les jours des robots ?

 

La cybernétique est la science caractéristique de notre âge atomique. Lorsque l’on évoque les possibilités offertes par l’utilisation de l’énergie nucléaire, on est tout naturellement porté à se demander ce que l’on fera de ces forces énormes, déchaînées, puis canalisées et domestiquées.

Sur les traces de ces précurseurs que sont les auteurs d’ouvrages d’anticipation, l’homme moderne rêve, pour demain, à des équipes de robots, auxquelles seront confiées les tâches rebutantes. Après les travaux dangereux, pénibles ou simplement malsains, les robots finiraient par faire tout le reste…

Le robot est donc à la mode. On a pu prendre intérêt à la réalisation de la tortue électronique de Walter, des renards d’acier de Ducroq, de l’anthropomorphe « Anatole » de Jean Dusailly et, enfin, de l’homme de fer « Bijou » de Chpov… Ce sont les plus récents. Ce ne sont pas les derniers.

Pour curieux – et même un peu déconcertants – qu’ils paraissent, ces automates ne sont pas tellement différents au fond de ceux qui amusaient nos pères : animaux de Vaucanson, horloges où défilaient – quand midi sonnait – d’étranges personnages, joueuses de clavecin, seigneurs en carrosses, etc. Nous ne parlons pas du joueur d’échecs de Kempelen, qui n’était qu’une mystification, ce qui est bien dommage !

La seule distinction à faire entre les ancêtres « d’Anatole » et celui-ci réside dans les moyens mécaniques.

Jadis, c’étaient des rouages et des ressorts, remontés à l’aide d’une clé, aujourd’hui ce sont des cellules photo-électriques, des accus, des moteurs. Même lorsque la tortue ou le renard change de direction pour contourner un obstacle, cela est dû à ce que le circuit a été coupé par la présence de cet obstacle et qu’un courant auxiliaire s’est produit faisant zigzaguer l’animal d’acier.

En un mot, ce que n’ont point, ce que n’auront jamais les robots, c’est l’initiative. Ils resteront téléguidés, soit par leur propre mécanisme, alors que tout aura été prévu. Ils ne seront jamais autre chose que de merveilleux jouets scientifiques…

Quant aux robots « utilitaires », dont on souhaite l’avènement pour le futur, eh bien, lorsque nous faisons ce vœu, nous sommes simplement en retard sur la réalité : il en existe déjà un grand nombre, dont nous nous servons tous les jours. Seulement, nous y sommes accoutumés.

La radio, le téléphone automatique, les thermostats de nos chauffe-bains, les aspirateurs, les autocuiseurs, tous les appareils ménagers sont autant de robots. Robots encore les machines-outils. Robots les linotypes qui remettent dans leurs cases les matrices de cuivre, après avoir fondu la ligne dans le plomb. Robots, les rotatives, qui impriment, comptent et plient les exemplaires de nos journaux. Robots, nos compteurs à gaz, à eau, à courant électrique… Robots toutes ces inventions du dernier demi-siècle. Leur seul tort, c’est sans doute de n’être pas assez pittoresques d’aspect…

Mais il en est d’autres, que l’on a baptisés autrement, et dont les services sont plus éminents encore : les cerveaux électriques… Ils dérivent tous plus ou moins de la machine à calculer. Les caisses enregistreuses des magasins sont des cerveaux électriques au même titre que l’était, avant la lettre, la règle à calcul de Pascal. Là encore, pas de miracle dans la conception, pas de miracle dans la réalisation : nous sommes devant une extension et un perfectionnement de la mécanographie et de ses cartons perforés qui devaient permettre de révéler instantanément, par exemple, « combien il y a de coiffeurs divorcés, blonds, sportifs ou bossus dans le XVIIIe arrondissement de Paris »…

On leur demande maintenant des traductions, réalisées grâce au « langage binaire », et surtout des calculs de haute mathématique, d’une complication telle qu’il faudrait des mois ou des années à des cerveaux humains pour y parvenir, alors que le cerveau électrique en vient à bout en quelques heures.

Rapport du PreFeG (Octobre 2022)

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Vérification du sommaire
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre 
  • Note (1) ajoutée.
  • Vérification et mise à jour des liens internes
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

 

En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro

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Charles L. SOUVELIER
Betsy CURTIS


Murray LEINSTER


Damon KNIGHT
Frederik POHL

 

William TENN


Milton LESSER
Clifford D. SIMAK

 A suivre : Galaxie n°023.

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