23 novembre, 2022

Fiction n°026 – Janvier 1956

Des polémiques à profusion, de nouvelles têtes qui vont compter... florilège de progressisme pour ce numéro 26 de la revue Fiction (qui, enfin, devient officiellement un magazine de : "Science-fiction", au vu de la mention sur sa couverture).

Prestidigitation des temps modernes :

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Sommaire du Numéro 26 :

NOUVELLES

 

1 - John Dickson CARR, Colin-maillard de mort (Blind man's hood, 1940), pages 3 à 20, nouvelle, trad. Roger DURAND

2 - Mack REYNOLDS, Il n'y a pas de sot métier (The Expert, 1955), pages 21 à 30, nouvelle, trad. Roger DURAND

3 - Charles L. HARNESS, L'Enfant en proie au temps (Single Combat, 1955), pages 31 à 45, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX

4 - E.C. HORNSBY, Suivez le fantôme... (Overlooked, 1955), pages 46 à 57, nouvelle, trad. Roger DURAND

5 - Robert MARGERIT, Le Bal des voleurs, pages 58 à 73, nouvelle

6 - Ray BRADBURY, Tout l'été en un jour (Born of Man and Woman, 1950), pages 74 à 79, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX

7 - Idris SEABRIGHT, Des mondes à profusion (Mary Celestial, 1955), pages 80 à 94, nouvelle, trad. Jean de KERDÉLAND

8 - Gérard KLEIN, Civilisation 2190, pages 95 à 99, nouvelle

 

CHRONIQUES


9 - Alain DORÉMIEUX, La Critique des revues, pages 100 à 100, critique(s)

10 - Jacques VAN HERP, Robert-Houdin, pages 101 à 102, critique(s)

11 - COLLECTIF, Ici, on désintègre !, pages 103 à 107, critique(s)

12 - Alain DORÉMIEUX & Thomas NARCEJAC, Controverse à propos d'une démolition, pages 108 à 111, critique(s)

13 - Alain DORÉMIEUX & F. HODA, En quatrième vitesse vers le néant ! / Cinq survivants... et deux belligérants, pages 113 à 118, article

14 - COLLECTIF, Courrier des lecteurs, pages 119 à 122, article

Colin-maillard de mort, par John Dickson Carr, est présenté comme un mélange policier et fantastique. C'est en effet un mystère de chambre close et une belle histoire de fantôme, au demeurant. On notera la première référence à un traducteur (l'infatigable Roger Durand) dans les pages de Fiction - peut-être (?) sous l'impulsion de Dorémieux lui-même traducteur.

Toujours cet humour chez Mack Reynolds, avec Il n’y a pas de sot métier. On y notera une référence à la fin à Clarke, et à Willy Ley, de l'écurie Galaxie.

Une très belle nouvelle, du niveau d'un bon Sturgeon :  L’enfant en proie au temps, par  Charles L. Harness. Il s'agit d'un paradoxe temporel avec sa petite part d'inexpliqué, mais surtout une mise en situation narrative bien menée. Harness est de ces auteurs fins et habiles pétris d'humanité.

Suivez le fantôme, par E. C. Hornsby, est un gracieux petit conte fantastique.

Le bal des voleurs, par Robert Margerit, Prix Renaudot 1951 pour son livre "Le dieu nu", détonne un peu par son scénario, et l’Étrange porté par Fiction semble avoir ici le dos un peu large. Margerit tente de s'en expliquer lui-même :

« (…) je reste très attaché à tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, est « surréel ». Avec les Œuvres de Bouquet, de Jean Ray, de Lovecraft, de Bester, je me sens dans mon domaine, comme d’autre part avec celles d’André Breton, de Gracq, de Pieyre de Mandiargues, de Lise Deharme, de Tardieu. La « science-fiction » me captive lorsqu’elle est un moyen de révéler les tendances et le subconscient de l’homme actuel, plutôt qu’une vaine tentative de préfigurer le monde de demain – lequel sera tout différent de ce que nous pouvons imaginer, comme le nôtre n’a aucun rapport avec celui qu’imaginait Jules Verne (il n’a même pas songé au moteur à explosion et encore moins à réaction). (…)

» Par goût, je préférerais écrire des récits fantastiques plutôt que des romans réalistes ; mais le fantastique exige des dispositions intimes que l’on ne peut provoquer, et une inspiration profondément authentique. Les réussites dans ce genre sont très rares. C’est pourquoi je tire bien bas mon chapeau devant des livres comme « L’homme démoli », « Le visage de feu », et le prodigieux « Malpertuis ».

En substance, pour un auteur comme Margerit et comme pour beaucoup de ses contemporains, la science-fiction de Bester serait du même acabit que le fantastique de Malpertuis de Jean Ray, ou de l'anticipation de Verne et Wells... On notera aussi que les œuvres citées sont toutes récemment éditées en France dans la toute jeune collection "Présence du futur" chez Denoël, comme si elle avait été la seule collection de littérature "de genre" acceptable de cette époque.

La nouvelle de Margerit, malheureusement, n'est même pas à ranger dans le fantastique ou l'étrange, mais jouit tout juste d'une ambiance décadente et de beaucoup de verbiage.

On se rattrape avec délice dans Tout l’été en un jour, par Ray Bradbury, une valeur toujours sûre, qui nous emmène avec concision dans des territoires alliant poésie et cruauté.

Réalité augmentée et nostalgie de l'enfance s'articulent ensemble dans Des mondes à profusion, par Idris Seabright.

Enfin, Civilisation 2190 de Gérard Klein qui promeut avec une belle ironie l'édition populaire et éphémère - en imaginant que c'est tout ce qui pourrait survivre de la littérature... Revenons sur l'auteur et son contexte éditorial, en citant le texte de présentation que lui offre Fiction pour son entrée dans la revue :

« Il est dommage pour Gérard Klein qu’il ne soit pas né en Amérique, car il y serait déjà « professionnel ». On ne peut, devant lui, manquer en effet d’évoquer ces auteurs de S.-F. à la carrière précoce qui sont nombreux aux États-Unis. (…) Ray Bradbury vendit sa première histoire de S.-F. à dix-huit ans ! Dix-huit ans est aussi l’âge de Gérard Klein… qui se considère d’ailleurs comme le plus fanatique admirateur de Bradbury en France (au point d’entrer en transes quand il entend prononcer la moindre réserve à l’égard de son œuvre.). Nous savons que nous lui faisons un double plaisir en signalant cette similitude d’âge « au départ »… et en insérant son premier conte dans un numéro où précisément figure son idole !

Dommage, disions-nous, car la France n’est pas l’Amérique, et pour une trentaine de magazines du genre là-bas, il n’y en a ici que deux. Ce qui laisse peu de tremplins à un débutant manifestement fait pour écrire de la « science-fiction » – et n’écrire que cela… Nous n’en souhaitons pas moins à Gérard Klein la réussite qu’il mérite, et d’abord la réalisation de son plus grand désir actuel : paraître un jour dans la collection « Présence du Futur ». Ce désir est la seconde des deux utopies qu’il caresse depuis deux ans qu’il s’est mis à faire de la S.-F., la première étant… l’espoir d’être publié dans « Fiction ». Puisque ledit souhait est maintenant réalisé de façon durable (car nous avons retenu d’autres histoires de Gérard Klein pour les mois à venir), il n’y a pas de raison pour que la transmutation des utopies en réalités ne continue pas ! »

Deux revues seulement, peu de collections... La méconnaissance du genre par des auteurs comme Margerit est bien excusable en 1956. Mais la science-fiction en France a encore ses belles lettres à venir ; Gérard Klein, tout comme Alain Dorémieux, fera beaucoup pour l'édition de la SF en France.

Un autre grand nom de l'édition francophone fait son entrée dans ce numéro ; il s'agit de Jacques Van Herp. A seulement 23 ans en 1956, il est pourtant déjà l'érudit et le curieux, le modeste et le travailleur, qui sera directeur de collection chez Marabout et sera, entre autre, à l'initiative de la redécouverte et de la réédition de Harry Dickson et de son auteur, Jean Ray.

Alain Dorémieux, lui, signe non pas un, mais deux articles de controverse dans ce numéro. Quand l'auteur Narcejac (du tandem Boileau-Narcejac) fait état de quelques griefs contre le genre science-fiction, Dorémieux vole à la rescousse pour le défendre. ("Controverse à propos d’une démolition"). C'est le tout récemment paru en France "L'homme démoli" d'Alfred Bester qui en fait les frais, mais n'est au fond qu'un bouc émissaire. On sent que ce qui déplait à Narcejac chez Bester, c'est que "L'homme démoli" ait été présenté comme un "polar de S.F.", comme si ce style-là englobait celui-ci, et par là minimisait sa portée. Nous avons toutefois là un très intéressant débat dans une époque où la S.F. commence à être définie.

La seconde controverse de Dorémieux de la revue est plus anecdotique, mais on sent bien qu'il prend l'exercice à cœur.


Deux revues de SF seulement en France n'induit pas leur similitude. Fiction cherche sans doute à se démarquer d'avantage de Galaxie, sans froisser son lectorat. C'est ce qui apparait à la lecture de ce "Questionnaire aux lecteurs de Fiction" paru dans ce numéro 26, que nous vous proposons de découvrir ici :

QUESTIONNAIRE AUX LECTEURS DE “FICTION”

Amis lecteurs,

Vous trouverez ci-dessous un questionnaire que nous vous serions très obligés de remplir et de nous retourner. Nous nous sommes efforcés de le présenter de façon à vous simplifier au maximum la petite tâche que nous vous demandons. Il vous suffit, en effet, pour y répondre, de donner un simple trait de plume dans les cases réservées à cet effet, ou d’y inscrire un chiffre. Vos réponses nous seront précieuses. Grâce à elles, nous nous efforcerons, dans les mois à venir, de vous présenter des numéros de « Fiction » qui répondent davantage encore à vos aspirations.

(Barrer les mentions inutiles.)

 

1. Aimez-vous, de façon générale, les couvertures de « Fiction » ?

 

2. Préférez-vous les couvertures ornées :

— d’un dessin original (ex. : N°24) ; ………..

— d’un montage à base de photos (ex. : N°23) ; …………

— d’un montage à base de gravures (ex. N°20) ? ………..

(Indiquez par un chiffre de 1 à 3 dans l’ordre de préférence.)

 

3. Préféreriez-vous que l’illustration de la couverture soit de dimensions plus grandes (comme dans le présent numéro) ?

 

4. Classez par ordre de préférence les trois numéros de l’année écoulée, dont les couvertures vous ont le mieux plu.

 

5. Seriez-vous partisan d’illustrations à l’intérieur de la revue ?

 

6. Souhaiteriez-vous voir plus de chroniques en fin de numéro, ou moins ? Ou la proportion actuelle vous satisfait-elle ?

 

7. Seriez-vous partisan de la création d’une rubrique retraçant l’actualité du livre de S.-F. à l’étranger (comptes rendus des ouvrages les plus marquants paraissant aux U.S.A. et en Angleterre, etc.) ?

 

8. Appréciez-vous les introductions qui précèdent chacun de nos récits ?

 

9. Seriez-vous partisan de la publication de longs récits (plus de 50 pages) « à suivre » sur deux ou trois numéros ?

 

10. Aimeriez-vous plus d’histoires françaises, par rapport aux histoires traduites, ou moins ? Ou êtes-vous satisfait de la proportion actuelle ?

 

11. Aimeriez-vous plus d’histoires fantastiques, par rapport aux histoires de fiction ?

 

12. Plus d’histoires humoristiques, par rapport aux histoires sérieuses ?

 

13. Parmi la liste suivante des auteurs dont trois histoires au moins ont paru dans « Fiction », quels sont les cinq que vous aimez le mieux ? (Attribuez-leur un chiffre de 1 à 5, dans l’ordre de préférence) :

Robert ABERNATHY. Poul ANDERSON. Alfred BESTER. Jean-Louis BOUQUET Esther CARLSON. Alfred COPPEL. Alain DOREMIEUX. C.-M. KORNBLUTH. J.-T. MACINTOSH. William MORRISON. H. NEARING. Alan NELSON. André PILJEAN. Arthur PORGES. Maurice RENARD. Mack REYNOLDS. Idris SEABRIGHT. Jacques STERNBERG.

 

14. Indiquez par OUI ou NON si vous avez aimé ou n’avez pas aimé chacune des histoires suivantes, parues dans « Fiction » au cours de l’année 1955 :

Le conseiller technique (N°15)

Le Robinson de l’espace (N°16)

Exemplaire de presse (N°17)

Les parias (N°17)

Tu seras sorcier ! (N°18)

Le Psautier de Mayence (N°18)

Vertes pensées (N°19)

La chaîne et le collier (N°19)

Le labyrinthe de Lysenko (N°19)

Le fantôme à la fenêtre (N°20)

L’homme de la Lune (N°20)

La ceinture du robot (N°21)

Spectacle d’ombres (N°22)

Matériel humain (N°22)

Kalato (N°22).

Les Cloches Chantantes (N°23)

Pour mieux te manger, mon enfant ! (N°23)

Transports de colère (N°23)

L’androïde assassin (N°24)

Les robots meurent aussi (N°24)

15-12-38 (N°24)

 

15. Achetez-vous toujours « Fiction » au même dépositaire ?

 

16. Avez-vous des remarques particulières ou des suggestions à nous faire ?

 

Rapport du PreFeG (Novembre 2022)
  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Ajout d'un sommaire (inexistant dans l'epub d'origine)
  • Ajout des pages de publicité (reprises du scan originel)
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Mise en gras des titres in "Revue des livres"
  • Notes (6b), (6c), (8b), (9b), (9c) et 17 ajoutées.
  • Vérification et mise à jour des liens internes
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

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John Dickson CARR
Mack REYNOLDS


Charles L. HARNESS


E.C. HORNSBY
Robert MARGERIT

 

Ray BRADBURY


Idris SEABRIGHT
Gérard KLEIN


Jacques VAN HERP


Prochaine publicationprévue pour le mercredi 30 novembre 2022 : Fiction n°027.

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