19 juin, 2024

Fiction n°067 – Juin 1959

Une nouvelle restée inédite depuis signée Poul Anderson, l'entrée de Jacqueline H. Osterrath dans le panthéon du PReFeG, et un hommage à Marcel Béalu, accompagnent quelques grandes pointures comme Alfred Bester, Fritz Leiber ou Marion Zimmer Bradley.

Le tigre se cache sous le clic droit.


Sommaire du Numéro 67 :

NOUVELLES

 

1 - Alfred BESTER, M. Belzébuth est en conférence (Will You Wait?, 1959), pages 3 à 10, nouvelle, trad. René LATHIÈRE

2 - Fritz LEIBER, Nocturne (Little Old Miss Macbeth, 1958), pages 11 à 15, nouvelle, trad. René LATHIÈRE

3 - Albert FERLIN, L'Enfer, pages 16 à 17, nouvelle *

4 - Marion Zimmer BRADLEY, Oiseau de proie (Bird of Prey, 1957), pages 18 à 44, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE

5 - Alex APOSTOLIDES, Sandy et son tigre (Sandy Had a Tiger, 1958), pages 45 à 56, nouvelle, trad. Roger DURAND

6 - Michel EHRWEIN, Les Cerceaux, pages 57 à 60, nouvelle *

7 - Robert ARTHUR, Mr. Milton se met aux vers (Mr. Milton's gift, 1958), pages 61 à 74, nouvelle, trad. René LATHIÈRE *

8 - Poul ANDERSON, Les Prospecteurs (Wildcat, 1958), pages 75 à 104, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH *

9 - Jacqueline H. OSTERRATH, L'Amulette, pages 105 à 110, nouvelle

10 - Marcel BÉALU, Le Bal, pages 110 à 111, nouvelle

11 - Marcel BÉALU, La Morte, pages 111 à 112, nouvelle

12 - Marcel BÉALU, L'Enjeu, pages 112 à 112, nouvelle

13 - Marcel BÉALU, La Lettre, pages 112 à 113, nouvelle

14 - Marcel BÉALU, Un mort à refaire, pages 113 à 113, nouvelle *

15 - Marcel BÉALU, La Chambre aérostat, pages 113 à 114, nouvelle

16 - Marcel BÉALU, La Mouche, pages 114 à 115, nouvelle

17 - Marcel BÉALU, Les Vagabonds horribles, pages 115 à 115, nouvelle

18 - Marcel BÉALU, L'Inconnue du métro, pages 115 à 116, nouvelle

19 - Marcel BÉALU, Le Bocal, pages 116 à 116, nouvelle


 

CHRONIQUES


20 - Marc ALYN, Marcel Béalu ou la réalité du fantastique, pages 117 à 122, article

21 - Jacques GRAVEN, De l'abeille à la fourmi, le monde étonnant des insectes, pages 123 à 126, article

22 - COLLECTIF, Ici, on désintègre !, pages 127 à 132, critique(s)

23 - COLLECTIF, Le Coin des spécialistes, pages 134 à 135, critique(s)

24 - F. HODA, Fantastique nippon, pages 137 à 139, article

25 - Jacques BERGIER & Alain DORÉMIEUX, Aux frontières du possible, pages 140 à 141, chronique

26 - (non mentionné), Notre référendum, pages 142 à 142, chronique

27 - (non mentionné), Table des récits parus dans « Fiction » - 1er semestre 1959, pages 143 à 144, index


* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.

Un pacte faustien à la mode des bureaucrates, prenant un malin plaisir à faire patienter le narrateur imaginé par Alfred Bester dans M. Belzébuth est en conférence. Absurde et léger, un ton étonnant chez Bester.

Nocturne pour extrême solitude post-apocalyptique... Fritz Leiber phrase son intrigue en une prose envoûtante.

Albert Ferlin reprend dans L'enfer son idée précédente (voir Fiction 64) comme s'il voulait en produire un repentir. Bien mené mais un peu éventé. 

" Et nous nous sommes en vérité cru transportés, en lisant son histoire, à l'époque des Catherine Moore et des Leigh Brackett de la grande cuvée."

En présentant ainsi Oiseau de proie, par Marion Zimmer Bradley, ne dirait-on pas que la SF commence à prendre conscience de son histoire, et invariablement place son Age d'or dans le passé, bien qu'il soit quasi immédiat ? Quoi qu'il en soit, voilà une histoire trépidante, un peu vieillotte dans la forme - mais comme une sorte d'hommage aux space-opera ou aux récits martiens d'Edgar Rice Burroughs, qui toutefois, en prenant le contrepied d'histoires comme "Les imaginox" de Raymond F. Jones et ses jouets pour la paix, invente ici des jouets de guerre, qui nous rappellent nos drones actuels capables de tuer une cible individuelle. Pas du meilleur Bradley, mais honorable tout de même.

Sandy et son tigre est une histoire d'enfance et d'amis imaginaires, et d'un enfant hors-norme qui a la capacité de les casser et de les faire fuir... Elle est signée par Alex Apostolidès, comparse d'écriture de Mark Clifton.

La mode des pouvoirs psy croise celle du hoola-hop dans Les cerceaux. Amusant, mais d'une démonstration un peu hâtive de la part de Michel Ehrwein

Mr Milton se met aux vers pose un défi de traducteur - un homme s'exprime en alexandrins - et une histoire bien enlevée de Robert Arthur au déroulé assez inattendu. 

Le passé comme territoire à coloniser. Poul Anderson brosse dans Les prospecteurs une vision du temps malgré tout immuable et fataliste… 

A quelle température mange-t-on le plat de la vengeance par anticipation ? L’amulette est un petit conte tout juste fantastique qui nous dépeint une petite chronique de la haine ordinaire. A propos de son autrice, Jacqueline H. Osterrath, Jean-Pierre Fontana écrit, dans son éditorial du numéro 14 de la revue Gandahar (septembre 2018) :

Au mois de septembre 1963 paraissait Lunatique, un fanzine édité depuis l’Allemagne par Jacqueline H. Osterrath, auteure déjà bien connue dans le petit monde de la science-fiction française pour ses nouvelles publiées dans les revues de l’époque : Fiction et Satellite.

En ces temps-là, la durée de vie d’un fanzine ne dépassait guère les quatre ou cinq numéros, hormis le Ailleurs de Pierre Versins, et tous étaient ou avaient été édités par des hommes. Lunatique faisait donc exception à la règle puisque réalisé par une femme. Sans doute ne crut-on guère en sa longévité lorsque parut le premier numéro, composé exclusivement à partir de textes d’auteurs féminins. Mais l’opiniâtreté de son éditrice allait vite avoir raison des sceptiques. Soixante-sept livraisons plus tard – un record !  le pari qu’elle s’était fait à sa création de tenir dix ans était gagné. L’ultime livraison parut en effet en décembre 1973, numéro qu’elle voulut, comme le premier, uniquement composé de nouvelles écrites par des femmes.

Jacqueline Osterrath (1922-2007) vivait en Allemagne depuis son mariage. Déjà auteure, puis fanéditrice, il s’en fallait d’un rien pour qu’elle devienne traductrice. C’est ainsi qu’elle publia dans les pages de son fanzine quelques auteurs d’outre-Rhin. Par la suite, à partir de 1966, elle traduisit pour le Fleuve Noir pas moins de quatre-vingt-six épisodes de la série Perry Rhodan.

Pour plus d'éléments biographiques sur Jacqueline H. Osterrath, vous pouvez vous reporter à l'hommage que lui rend le site Yozone ICI.

Métamorphoses, non-vie, amour dépassé par le temps, opposés qui se regardent en miroir... Les courts récits de Marcel Béalu qui composent ces Mémoires de l'ombre, semblables aux plus étoffés, ont la saveur d'un onirisme kafkaien ou borgésien.

Clic droit "Enregistrer sous" pour accéder à l'ouvrage !

Nous ne résistons pas à la publication d'une de ces très courtes nouvelles, pour vous en donner un avant-goût.

L'ENJEU

À peine avais-je mis le nez dehors, ce jour-là, qu'un fait anormal me plongea dans le plus vif étonnement ; la rue était déserte. Nul bruit ne venait des boutiques, dont les volets étaient cependant levés ainsi qu'à l'ordinaire. On eût dit que tous les habitants s'étaient enfuis, à l'annonce de quelque épouvantable cataclysme, abandonnant leurs maisons et leurs travaux. Plusieurs rues complètement vides répercutèrent le bruit de mes pas. Je précipitai ma marche, me mis à courir même, dans je ne sais quel espoir. J'allais implorer le ciel qu'un visage humain me délivrât de cette solitude, quand soudain, au tournant de la place, une foule silencieuse m'apparut. Qu'attendait cette multitude pétrifiée sur laquelle planait la stupéfaction ? Regardant en l'air, je vis un homme qui avançait en gesticulant et se contorsionnant sur la rambarde, au sommet du beffroi. Ses traits étaient déformés par la peur, et l'on se demandait quelle volonté autre que la sienne le poussait, quel pari stupide l'incitait à accomplir un pareil exploit ? Et comme je baissais les yeux, je fus saisi d'un frisson en voyant l'expression peinte sur tous les visages : mélange de plaisir et de haine cruelle où se lisait clairement le désir que ce fou s'écrasât au plus tôt, en même temps que celui de voir durer encore l'effrayant spectacle. Je ne pouvais me retenir d'une grande pitié pour l'insensé, lorsqu'une voix venue du dedans de moi-même murmura : Qu'est-ce que je fais là-haut ? Et tout à coup, regardant plus attentivement la figure de l'homme, je vis qu'elle était identique à la mienne. Alors il me sembla que toute l'assistance, figée dans sa hideuse contemplation, se retournait pour me dévisager.


Un article de fond accompagne ces récits, qui seront les derniers que Fiction publiera de Marcel Béalu. Dommage, au vu de la qualité toute particulière de ses écrits, que la revue aura contribué à faire (re)découvrir. Aujourd'hui oublié, Marcel Béalu aurait pu prétendre à plus de notoriété. Nous vous proposons en petit bonus de retrouver ces "Mémoires de l'ombre" dans leur édition intégrale qu'en feront les éditions Phébus en 1991.

Côté rubriques, dans ICI, ON DÉSINTÈGRE !, on pourra lire à propos de Wily Ley :

" Le premier de ces livres s'appelle « Satellites artificiels ». Est-il utile d'insister sur le fait que Willy Ley est un vulgarisateur remarquablement doué et qu'il connaît admirablement la question ? Sans doute vaut-il mieux noter qu'étant encore enfant, il se distrayait avec son ami von Braun à lancer des fusées miniature, en l'époque bénie où l'on ne songeait pas encore à transformer ce joyeux galopin en fabricant de bombes."

On pourra noter comment le passé de Von Braun dans le 3eme Reich est occulté. 

Et plus loin :

"...pourquoi, à propos des travaux américains, l'auteur a-t-il accordé une si large part à Werhner von Braun ? C'est un grand ingénieur, soit. Ses fusées marchent, c'est indiscutable. Mais il existe, dans le domaine américain, d'autres chercheurs non moins indiscutables, mais dont on prononce bien moins souvent les noms. Peut-être parce qu'ils ne sont pas également experts en publicité."

Von Braun expert en publicité. C'était donc ça ! 

Dans L'ÉCRAN À QUATRE DIMENSIONS, F. Hoda évoque le film de Mizogushi "Contes de la lune vague après la pluie". On pourra le voir en version sous-titrée en français ici-même : 

https://www.youtube.com/watch?v=KJrQ_iQB2MQ 



Pour finir, la rubrique AUX FRONTIÈRES DU POSSIBLE évoque une bien terrible invention :

UNE HISTOIRE VÉCUE

"La revue russe « Priroda » (La Nature) a raconté dans son numéro de septembre 1958 une histoire vécue parfaitement authentique et qui a été retrouvée récemment dans les archives de l'Okrana, la police secrète des Tzars de Russie.

En 1903, habitait à Saint-Pétersbourg un savant appelé Filipov. Ce physicien était sous la surveillance de la police, car il correspondait avec un utopiste appelé Oulianov, qui prétendait que la révolution se ferait par l'électricité ; Oulianov était connu de ses camarades de conspiration sous le pseudonyme de Lénine. Le professeur Filipov travaillait à une invention extraordinaire que même la physique de 1958 ne serait pas en mesure de réaliser : la transmission des explosions par radio, c'est-à-dire qu'il comptait transmettre sur un faisceau d'ondes ultra-courtes de radio tout l'effet de l'explosion d'une tonne de dynamite. La dynamite explosant à un endroit A, l'effet de l'explosion pourrait être transmis en un point B, à plusieurs dizaines de kilomètres de là. 

Filipov travaillait avec les hyperfréquences, ces ondes dont la longueur est comprise entre 1/10 de mm et 1 cm, et que nous connaissons encore très peu aujourd'hui. Il les produisait à l'aide d'un oscillateur à étincelles. Un matin, les policiers chargés de surveiller la maison de Filipov ne virent pas sortir le professeur. Ils forcèrent alors l'entrée de la maison. Le professeur était étendu, mort, dans son laboratoire. Le médecin légiste ne put jamais découvrir la cause de la mort. Tous les papiers du professeur Filipov furent saisis par la police et transmis à l'empereur Nicolas II. Celui-ci, après les avoirs examinés personnellement, les brûla et déclara que cette invention était trop terrible pour survivre. La revue « Priroda », organe fort sérieux, n'émet aucune hypothèse et se borne à faire observer que Filipov, pionnier de l'esprit matérialiste en physique, mériterait d'être davantage connu. 

Quant à nous, nous pouvons nous permettre quelques réflexions. L'invention de Filipov est-elle réalisable, est-elle applicable aux bombes atomiques et thermonucléaires ?

Le professeur Filipov fut-il supprimé par une personne ou une organisation voulant protéger l'humanité de la destruction ? A-t-il été tué par un effet inconnu des hyperfréquences ? Les auteurs de science-fiction devraient bien continuer cette histoire…"

Rapport du PreFeG (Juin 2024)

  • Relecture
  • Corrections orthographiques et grammaticales
  • Vérification du sommaire
  • Ajout des pages de publicité pour Fiction Spécial
  • Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
  • Ajout de la Table des récits telle qu'évoquée dans le sommaire sur NooSFere mais n'apparaissant pas dans le epub d'origine.
  • Vérification et mise à jour des liens internes
  • Mise au propre et noms des fichiers html
  • Mise à jour de la Table des matières
  • Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)

En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro

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