De l’éclectisme de nouveau pour ce numéro qui marque le premier anniversaire de la revue. Parmi les auteurs, Cyril M. Kornbluth se cache avec son comparse Donald Wollheim sous deux pseudonymes, pour une délectable « Planète fantôme ». On appréciera, de même que Fritz Leiber, qui signe une nouvelle assez noire (« Le jeu du silence »), qui restera uniquement publiée dans les pages de Fiction et du Fiction Spécial « Futurs d’antan » en 1974. Un collector, donc ! Une autre nouvelle restée inédite depuis est ce « Beau dimanche de printemps » de Jacques Sternberg, pas de son meilleur cru, cependant. Une mention spéciale de terreur à posteriori à la nouvelle « Mrs Hinck » de Miriam Allen DeFord, l’écrivaine « tout-terrain » comme la qualifiait Jean-Baptiste Baronian dans l’unique anthologie qui lui est consacrée en France aux Editions NéO (« La maison fantastique » - 1988).
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Sommaire
du Numéro 11 :
NOUVELLES
1 - Marion Zimmer BRADLEY, La Rhu'ad (Centaurus Changeling, 1954) , pages 3 à 48, nouvelle, trad. (non mentionné)
2 - Claude FARRÈRE, Le Train 1815, pages 49 à 53, nouvelle
3 - Fritz LEIBER, Le Jeu du silence (The Silence Game, 1954) , pages 54 à 64, nouvelle, trad. (non mentionné)
4 - Bruce ELLIOTT, Hors de la tanière (Wolves don't cry, 1954) , pages 65 à 75, nouvelle, trad. (non mentionné)
5 - André-Paul DUCHÂTEAU, Enquête dans le passé, pages 76 à 86, nouvelle
6 - Cecil CORWIN & Martin PEARSON, La Planète-fantôme (The mask of Demeter, 1953) , pages 87 à 94, nouvelle, trad. (non mentionné)
7 - Miriam Allen DEFORD, Mrs. Hinck (Mrs. Hinck, 1954) , pages 95 à 102, nouvelle, trad. (non mentionné)
8 - Jacques STERNBERG, Un beau dimanche de printemps, pages 103 à 106, nouvelle
9 - Robert ABERNATHY, L'Ennemi du feu (The Firefighter, 1954) , pages 107 à 109, nouvelle, trad. (non mentionné)
CHRONIQUES
10 - Jean-Jacques BRIDENNE, Visage inconnu de Cyrano de Bergerac, pages 110 à 112, article
11 - Jacques BERGIER & Igor B. MASLOWSKI, Ici, on désintègre !, pages 113 à 116, critique(s)
12 - F. HODA, De Zombie en Robot, pages 117 à 118, article
13 - (non mentionné), Réponse à un jugement téméraire. A propos d'un article paru dans "Le Monde", pages 119 à 121, courrier
14 - Courrier des lecteurs, pages 123 à 123, courrier
Le dessin de couverture illustre la nouvelle « Le Jeu du Silence ».
Rapport du PreFeG
- Relecture, vérification orthographique et grammaticale
- Mise au propre et noms des fichiers html
- Vérification et mise à jour des liens internes
- Ajout des notes 12 et 13.
- Vérification des casses et remise en forme des pages de titre
- Mise en gras les titres in Revue des Livres
- Mise à jour de la Table des matières
- Mise à jour des métadonnées (auteurs, résumé, date d'édition, série, collection, étiquettes)
Deux extraits pour vous allécher, concernant ce numéro 11 de Fiction. Tout d’abord, dans la série : « La science-fiction est-elle un genre nouveau qui pervertira notre belle jeunesse ? », un de ces petits « Glanes interstellaires » dont la revue était porteuse, et qui nous renseignent toujours sur la « naissance » de la S.F. en France en ces années 50.
À travers la Presse.
Le « Progrès de Lyon » a publié le 14 mai un important article sur « La littérature d'anticipation ». L'auteur, George Rambert, qui cite à plusieurs reprises « Fiction », nous fait part pour terminer des réflexions que lui inspire ce genre littéraire :
Ces œuvres d'anticipation visent souvent à une critique de notre civilisation. Elles traduisent aussi l'inquiétude de l'homme d'Occident devant les menaces d'une guerre totale et de ses conséquences. Quel sera le destin de l'individu, du couple, du christianisme, si une organisation totalitaire couvre le monde entier, une organisation dotée de pouvoirs effrayants, capable d'abolir même toute trace du passé ?
Car si elle est parfois optimiste, une telle littérature manifeste surtout l'inquiétude humaine devant le terrifiant pouvoir que la science a acquis non seulement pour maîtriser ou détruire la matière, mais encore pour agir sur l'homme même, sur sa mémoire, sur son intelligence, sur son âme.
Le rôle de la littérature, c'est d'éclairer l'homme sur lui-même et sur son destin. Elle n'a pas à lui vendre de l'illusion ni à l'enchanter de rêves dorés ou à l'affoler par des cauchemars. Hélas ! la littérature d'anticipation a tout pour satisfaire ces tentations mortelles ! Elle peut flatter ses utopies ou même servir ses propagandes. Saura-t-elle renoncer à ses facilités, se soumettre à des exigences littéraires strictes et aider l'homme à prendre conscience – dans la lucidité – de la grandeur et des menaces d'un avenir peut-être fantastique ?
Les débuts de l’édition de Lovecraft en France :
Nous reproduisons ici cet extrait qui nous parait capital dans l’histoire de l’édition francophone : la critique de « La couleur tombée du ciel » de H.P. Lovecraft, parue dans ce numéro 11 de Fiction, plus pour son intérêt éditorial, donc, que pour sa pertinence, certes. Document capital, car il s’agit de la toute première occurrence des critiques de Lovecraft dans la presse, si l’on se réfère à la liste telle que rapportée dans les Cahiers de l’Herne sur l’auteur. Nombreux sont nos jeunes chercheurs en littérature de genre qui s’intéressent à la genèse de cette image du « reclus de Providence » dont Bergier est tenu pour grand responsable. On aurait pu s’attendre à trouver sa signature ici-même ; c’est avec un peu de surprise qu’on notera que cette première critique a été écrite par son confrère Igor B. Maslowski. Bergier, en fait, écrira le mois suivant (novembre 1954) sa propre critique dans le n°90 de la revue … « Critique » ! (notre photo)
« Dans le domaine de la SF romancée, l'événement du mois est la parution chez Denoël du fort intéressant volume de H. P. Lovecraft qui, dans sa version française, porte le titre de la première des quatre longues nouvelles qui le composent « La couleur tombée du ciel.» Disons tout d'abord qu'il ne s'agit pas d'A. S. à proprement parler, mais de récits fantastiques basés sur la démonologie. Grand spécialiste des questions surnaturelles issues de la magie noire, Lovecraft (mort il y a peu de temps) était aussi un maître de l'Épouvante, avec un E majuscule. Et c'était, en même temps, un écrivain magnifique. Les quatre nouvelles contenues dans ce premier recueil (un second doit suivre sous peu) s'intitulent : « La couleur tombée du ciel », « L'abomination de Dunwich », « Le cauchemar d'Innsmouth » et « Celui qui chuchotait dans les ténèbres ». Mes préférences personnelles vont, dans l'ordre, à la deuxième, à la première, à la quatrième et à la troisième.
« L'abomination de Dunwich » ne vole pas son titre. C'est un « cauchemar » dans tout le sens du terme, d'une qualité littéraire telle que les horreurs qu'il évoque deviennent d'affreuses réalités. Une histoire de démon, bien sûr, qui par l'intermédiaire de son « petit frère », mélange d'homme et de diable, tente d'établir son emprise sur le monde. Récit monstrueux, gluant, visqueux, il fait, à la fin surtout, songer au genre de rêve où l'on se sent écrasé par quelque objet aux proportions infinies sans qu'on puisse bouger pour y échapper. Un pur chef-d'œuvre.
« La couleur tombée du ciel » nous raconte comment un objet mystérieux, venu des cieux, s'enfonce dans la cour d'une ferme américaine et, peu à peu, contamine et pourrit tout ce qui se trouve dans les environs : terre, plantes, animaux, hommes. Histoire angoissante dont le mystère et même, dirais-je, le suspense grandit de page en page, c'est un spécimen typique de l'œuvre de Lovecraft.
« Celui qui chuchotait dans l'ombre » (sic – Note du PReFeG) est la nouvelle qui, en un sens, est la plus proche de l'Anticipation Scientifique proprement dite. Il y est question d'êtres mystérieux, établis en Nouvelle-Angleterre, mais provenant d'une autre planète et qui cherchent à s'emparer d'un homme qui a deviné leur secret. Là également, l'épouvante est magnifiquement maintenue, et Lovecraft a su admirablement équilibrer les éléments de S.F. et le fantastique de son histoire, « Le cauchemar d'Innsmouth », enfin, qui se déroule dans une petite ville quasi abandonnée du nord-est des États-Unis, a pour thème l'existence dans cette région d'une race qui, d'après l'auteur, serait un mélange d'hommes et de batraciens. Les individus issus de ce croisement seraient capables de vivre sous l'eau où ils possèdent un royaume à eux.
Fort bien traduit par Jacques Papy, le volume souffre néanmoins d'un défaut que j'avais déjà dénoncé à propos de la nouvelle « Mitkey », parue dans un autre livre de Fredric Brown dans cette même collection, à savoir le « parler paysan » que l'adaptateur a utilisé pour rendre le patois local de la Nouvelle-Angleterre. C'est particulièrement gênant dans les première et troisième nouvelles où nous devons lire des pages entières comme : « Pour c'qui est des dieux, y donneraient en échange des tas d'poissons qu'y ramèneraient d'tous les coins d'la mer, et quéque bijoux… Et comme ça, m'sieu, les natifs y rencontraient les criatures su' la p'tite île…» Gageons que Papy s'est donné beaucoup de mal mais, à mon avis, ce n'était vraiment pas la peine. Au contraire, ce style alourdit considérablement son excellente traduction et, dans « Le Cauchemar d'Innsmouth », ça devient parfois insupportable. »
Ce ne sera pas la seule fois où le travail de Jacques Papy sera décrié. Toute la « nouvelle vague » de traduction des dernières années s’en fait, souvent justement, l’écho.
En cliquant sur les noms des auteurs de ce numéro
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