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Sommaire du Numéro 107 :
1 - (non mentionné), Pourquoi une nouvelle formule ?, pages 3 à 3, éditorial
2 - (non mentionné), Nouvelles des auteurs de ce numéro, pages 6 à 6, bibliographie
3 - Francis George RAYER, Un vaisseau d'un autre monde (Alien, 1959), pages 7 à 21, nouvelle, trad. (non mentionné) *
4 - Jérôme SERIEL, L'Œil du Sgal, pages 22 à 30, nouvelle *
5 - Murray LEINSTER, Les Robots assassins (The Case of the Homicidal Robots, 1961), pages 31 à 52, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM *
6 - Jorge Luis BORGES, Les Ruines circulaires (Las ruinas circulares, 1940), pages 53 à 57, nouvelle, trad. Paul VERDEVOYE
7 - Georges GHEORGHIU, Le Festin de l'araignée, pages 58 à 67, nouvelle *
8 - Wade MILLER, Chienne de vie ! (How Lucky We Met, 1960), pages 68 à 73, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM *
9 - Stuart PALMER, Déclaration d'amour à trois dimensions (Three-Dimensional Valentine, 1959), pages 74 à 84, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE *
10 - Kit REED, Le Règne de Tarquin le Superbe (The Reign of Tarquin the Tall, 1958), pages 85 à 97, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM *
11 - Laurence ALBARET, Le Grand ventre, pages 98 à 104, nouvelle *
12 - Jacques BOUCHER DE CREVECOEUR dit BOUCHER DE PERTHES, Mademoiselle de la Choupillière, pages 105 à 115, nouvelle
13 - Monique DORIAN, Vous êtes si chaud, petit monstre..., pages 116 à 120, nouvelle *
14 - Jean-Pierre KLEIN, Quatre minutes de retard, pages 120 à 121, nouvelle *
15 - Bernard HALLER, Marguerite et Hermann, pages 122 à 123, nouvelle *
16 - Christine RENARD, Lettre de Claerista à l'hermite très saint, pages 123 à 125, nouvelle
CHRONIQUES
17 - Gil SARTÈNE Boris Vian : cet Etranger qui jugea la Terre, pages 126 à 129, article
18 - Demètre IOAKIMIDIS, Notes de lectures, pages 131 à 133, critique(s)
19 - (non mentionné), En Bref, pages 134 à 135, article
20 - Pierre VERSINS, Fanactivités, pages 137 à 140, chronique
21 - Jacques GOIMARD, Mythrobolant, mythrologique, ni trop glycériné, pages 141 à 144, article
* Nouvelle restée sans publication ultérieure à ce numéro.
Il est question du problème passionnant d'un premier contact dans Un vaisseau d'un autre monde, de Francis George Rayer. Un aspect un peu hard science pourrait dérouter un lecteur peu sensible aux aspects scientifiques, dans un va et vient de perceptions entre deux systèmes confrontés l'un à l'autre. Rayer met surtout en avant combien la hiérarchisation des dimensions (hauteur, longueur, largeur et temps) rend notre perception de l'espace-temps subjective, et peut rendre toute compréhension mutuelle impossible. Dans son célèbre roman "Solaris", l'auteur polonais Stanislas Lem développera ce même postulat sur une échelle autrement plus cosmique.
On aurait pu croire à une parodie du style Henneberg si Jérôme Sériel ne s'était pas tant pris au sérieux dans L'œil du Sgal. Malheureusement, n'est pas Flaubert qui veut, et il ne suffit pas d'aligner des néologismes abscons et des aubes inutilement colorées de jade et d'émeraude pour embarquer le lecteur. On passera volontiers devant cet hymne guerrier qui n'apporte rien de plus qu'une progression inepte vers un but dont on n'a cure.
Murray Leinster s'amuse à faire une enquête à la Asimov en posant une situation qui irait à l'encontre de la première loi de la robotique : un robot ne peut nuire à un homme. Les robots assassins est une habile histoire de chasse aux pirates spatiaux, qui se déploie de façon un peu vieillotte, certes, mais tout à fait charmante.
Jorge Luis Borges maître des cercles concentriques ne pouvait que nous émerveiller dans Les ruines circulaires. D'un style forgé à l''aune du conte, il tisse son propos dans l'étoffe des songes. Ici, le fantastique devient l'universelle pulsion de la créativité. En bref, un récit inspirant d'un auteur visité par les muses de la fiction, rien de moins !
Mais les muses sont parfois fantasques. On sent bien que Georges Gheorghiu avait une idée en tête en commençant Le festin de l'araignée, mais qu'il en a trouvé une autre meilleure en chemin. Ce ne sont que des suppositions, mais elles témoignent avant tout de l'étrange polarité de genre et de traitement qui aurait peut-être méritée d'être plus lissée.
Deux êtres, qui se pensaient différents des autres, se rencontrent. Il n'en faut pas plus pour commencer à faire communauté. L'histoire de Chienne de vie ! est peut-être un peu gratuite, si elle n'avait une valeur allégorique. Au final, ce récit sert à véhiculer du réconfort, ce qui n'est déjà pas si mal. Son auteur, Wade Miller, est en réalité le double pseudonyme de Robert Wade et Bill Miller., qui signent aussi des nouvelles policières sous le nom de Whit Masterton.
Troisième et dernière publication de Stuart Palmer dans les pages de Fiction (et ses seules traductions françaises à ce jour), Déclaration d'amour à trois dimensions reprend, à partir d'expériences réelles, les observations sur les effets de différentes drogues sur le tissage des toiles par les araignées. C'est avant tout le prétexte à une bluette agréable, mais qui n'en rend pas moins un son creux. On peut se demander ce que l'auteur y a voulu expliciter.
Avec Le règne de Tarquin le Superbe, il faut se figurer tout ce qu'il peut y avoir entre les lignes pour compléter le tableau de ses enfants et jeunes adultes vivant en communauté. Tarquin le Superbe fut le dernier Roi de Rome au Vème siècle av J.C. ; on pressent, par un certain nombre d'indices, que personne n'a vraiment toute sa tête et que les jeux d'enfants sont ici les symptômes névrotiques - à moins que Kit Reed ne transpose ici Tite-Live (voir Fiction n°93).
Le grand ventre, de Laurence Albaret, propose un voyage corporel au pays de la famine, qui prend des allures à la Sternberg sur sa fin… Mais devant un dénouement attendu, on reste… sur sa faim.
On pourrait aussi se douter de la chute de Mademoiselle de la Choupillière, menée à la mode sarcastique du XVIIIème Siècle. On y découvrira toutefois l'un des plus anciens textes de science-fiction propre à défriser l'inventivité d'un Karel . Boucher de Perthes, qui fut peut-être le fondateur de l'étude de la Préhistoire en postulant l'existence d'un "Homme antédiluvien", fait preuve de beaucoup d'humour, dans un tableau sardonique de la vie bourgeoise de province, et un défilé d'hypocrisies qui ne lâche jamais prise.
Quelques courts récits complètent le florilège d'inédits de ce numéro 107 : Vous êtes si chaud, petit monstre… propose une variation autour du thème du vampire ; cette nouvelle comme la précédente de Monique Dorian (madame Alain Dorémieux) est troublante au regard de son triste destin (voir Fiction n° 78).
Ensuite, et sans fournir les explications qui en feraient une histoire de science-fiction, Jean-Pierre Klein s'amuse à imaginer deux êtres qui vivraient dans deux temps décalés, l'un avec Quatre minutes de retard par rapport à l'autre. Car après tout, tout est relatif.
Très courte, construite en poupées gigognes, Marguerite et Hermann, novelette du comédien et auteur Bernard Haller, a le mérite de poser son idée sans développement superflu. Sur le même thème, on repensera à la nouvelle de John Collier "L'âge tendre" (in Fiction n°101).
Lettre de Claerista à l'hermite très saint termine ce petit feu d'artifice de textes courts. Traitant du désarroi de l'être dépouillé de tout, même de son être, l'intérêt de ce court et beau texte de Christine Renard réside surtout dans les mots non formulés de l'hermite, qui lui s'est dépouillé du superflu et du terrestre.
Une rubrique "En bref" (qui rappelle les anciennes "notules cosmiques") nous propose un extrait d'article de Damon Knight qui pourrait figurer en en-tête de la revue :
"Fiction" vu des U.S.A.
Commentaire de Damon Knight à propos de « Fiction », dans un numéro récent de notre « revue-mère » américaine : « la longue vie de ce délicieux magazine est due au talent et à la ferveur de ses responsables, qui savent joindre aux histoires américaines les meilleures œuvres d'une nouvelle génération d'auteurs français de science-fiction et de fantastique. (…) Les auteurs français de science-fiction constituent maintenant un groupe, qui ne méconnaît pas sa dette envers la science-fiction anglo-saxonne, mais qui a su créer un ton personnel. » Citons encore un jugement sur Jean-Claude Forest, « dont les dessins, » dit Damon Knight, « devraient depuis longtemps figurer sur les couvertures américaines ». (On sait que grâce aux traductions de Knight, nos auteurs français – notamment Charles Henneberg – commencent à être connus en Amérique.)
Nous l'évoquions en début d'article : Fiction annonce une nouvelle formule pour le numéro 108 (Novembre 1962). En voici l'annonce :
Pourquoi une nouvelle formule ?
Depuis des années, deux remarques revenaient constamment dans le courrier de nos lecteurs :
« Donnez-nous plus à lire. »
« Votre contenant n’est pas digne de votre contenu. »
Après réflexion, le succès de la revue nous incite aujourd’hui à prendre cette décision :
A partir du mois prochain, « FICTION » passe à 176 pages (au lieu de 144) et paraît sur papier plus luxueux.
Notre nouveau prix de vente sera de 2,50 NF. Compte tenu de la présentation améliorée et d’un accroissement de lecture de l’ordre de 25%, ce prix reste modique. Faut-il souligner qu’il y a autant à lire dans un numéro actuel de « FICTION » que dans n’importe quel roman de science-fiction, vendu de 4 à 6 NF en librairie ?
Amis lecteurs, vous nous avez toujours fait confiance. Nous ^comptons sur votre fidélité pour aider à la réussite de cette tentative.
Nous vous faisons d’ailleurs une offre : si vous le désirez, vous pouvez continuer à lire « FICTION » pendant un an à son ancien prix. En effet, tout abonnement souscrit par vous avant le 1er novembre bénéficiera des tarifs actuels, ce qui sur douze mois vous fera économiser 13 NF ! (De même, tous les abonnements en cours seront servis jusqu’à leur terme, malgré l’augmentation de prix.)
A l’occasion de ce changement de formule, notre prochain numéro aura un sommaire hors série. Vous y trouverez : Poul Anderson, Jorge Luis Borges, Arthur Clarke, Robert Heinlein, Nathalie Charles-Henneberg, Fereydoun Hoveyda, Gérard Klein, Fritz Leiber, Richard Matheson, Jean Ray, Idris Seabright et, dans le Rayon des Classiques, Montague James.
Et dans le futur, bien entendu, vous lirez comme toujours dans « FICTION » les meilleurs récits des meilleurs auteurs !
Sans tout en dévoiler, et à propos de ce sommaire en effet très alléchant, nous pouvons toutefois annoncer qu'il n'y aura pas de texte de Nathalie "Charles-Henneberg" dans le numéro 108, bien qu'elle continue d'y être citée comme faisant partie du corpus de ce numéro. Iphigénie sacrifiée avant l'assaut pour faire se lever les… ventes !