Fiction inaugure la formule "Numéro spécial" dédié à un auteur - et l'on
commence par le représentant de la science-fiction pour ceux qui ne lisent
pas de science-fiction : Ray Bradbury. Des articles biographiques
accompagnent deux de ses nouvelles, et par conséquent peu d'autres récits,
mais offre en revanche une documentation précieuse pour les lecteurs de
1964, qui n'imaginaient pas qu'un jour les données de tous genres se
trouveraient au bout du clic.
Comme pour toutes nos publications, un clic droit sur la couverture
vous invitera à télécharger le livre au format epub.
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Sommaire du Numéro 123 :
SECTION SPECIALE BRADBURY :
1 - Ray BRADBURY, Phénix (Bright Phoenix, 1963), pages 3 à 10, nouvelle, trad. Christine
RENARD
2 - Ray BRADBURY, L'Abîme de Chicago (To the Chicago Abyss, 1963), pages 11 à 21, nouvelle,
trad. Christine RENARD
3 - Sam MOSKOWITZ, Qu'est-ce qui fait brûler Bradbury ?, pages 23 à 34,
article, trad. Jacques GOIMARD
4 - William Francis NOLAN, Bradbury : un poète en prose à l'âge de l'espace,
pages 35 à 47, article, trad. Jacques GOIMARD
5 - (non mentionné), Index général des œuvres de Ray Bradbury, pages 48 à 55,
bibliographie
SCIENCE-FICTION :
6 - Nathalie HENNEBERG, Le Rêve minéral, pages 56 à 92, nouvelle
7 - Michel DEMUTH, Les Jardins de Ménastrée, pages 93 à 102, nouvelle
8 - Alfred BESTER, Ces derniers temps (They Don’t Make Life Like They Used To, 1963), pages
103 à 136, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
RUBRIQUES :
9 - Alfred BESTER, Alfred Bester démoli par Alfred Bester, pages 137 à 139, chronique, trad.
Demètre IOAKIMIDIS
10 - COLLECTIF, Ici, on désintègre !, pages 140 à 150, critique(s)
11 - Jacques GOIMARD, Avènement du cinéma maudit, pages 151 à 158, article
12 - (non mentionné), Nouvelles déjà parues des auteurs de ce numéro, pages
158 à 158, bibliographie
"Fahrenheit 451" se termine sur une communauté de résistants qui se
dénomment "hommes-livres". Dans Phénix qui fut le ferment initial de son célèbre roman, Ray Bradbury
commence par là, par cette petite ville d'où l'on tente l'auto-da-fé, mais
où les lecteurs (ceux de l'histoire, auxquels on peut s'identifier) ont déjà
mesuré l'ampleur du désastre et se sont organisés en conséquence. Sans doute
un peu naïf, Bradbury imagine toutefois la puissance d'une résistance
passive et pacifique.

Après l'effacement de la culture, le fléau - qu'il soit guerre ou
catastrophe - vient emporter le reste, la surface des choses, le médiocre
toc. Mais que celui qui s'en souvient en perpétue le souvenir, qu'il le
dise, et le voilà devenu l'aède, le conteur, celui qui cimentera de
nouvelles histoires et une nouvelle culture. L’abîme de Chicago rencontre fort bien la nouvelle précédente, et sera choisie par Ray Bradbury quand il adaptera certaines de ses nouvelles pour le théâtre.

(...) il faudrait vendre beaucoup de textes « publics » aux revues qui payent
bien pour gagner l’argent nécessaire. Depuis que je paraissais
régulièrement dans les magazines populaires, j’avais peur que les
rédacteurs en chef des magazines de grande diffusion ne se formalisent
si j’utilisais mon vrai nom. Je ficelai donc trois nouvelles histoires
sous le nom de William Elliott – et, en l’espace de trois jours, je
reçus trois chèques de Collier’s, de Mademoiselle et de Charm ! (...) J’écrivis immédiatement aux
trois rédacteurs en chef, leur révélant mon véritable nom, et il s’avéra
qu’aucun d’entre eux n’avait jamais entendu parler de Ray Bradbury, et
qu’ils se feraient un plaisir de restituer mon véritable patronyme.
C’était la percée ; le mur était par terre.
(Sur la nécessité des pseudonymes, Propos de Ray Bradbury, rapportés
par William F. Nolan in "Bradbury : un poète en prose à l’âge de l’espace" / voir l'intégralité
de l'article dans
notre page dédiée.)
(...) les Cristaux sont opaques et pesants ; à leur état originel, ils
sont sans voix, sans ouïe, presque privés d’organes. Je crois
qu’ils voient, qu’ils perçoivent à travers leur texture. Leur
seule faculté extérieure est de rêver – ils communiquent leurs
rêves aux Humains qui, alors, sont perdus et se laissent dévorer
sans résistance.
On pensera à Cthulhu, qui rêve et qui attend, devant cette
évocation d'un fléau d'un genre nouveau développé par Nathalie Henneberg, dans Le rêve minéral. Elle se repose sur d'anciens
mythes, tels "les nains de pierre des Incas, le Commandeur, la Vénus d’Ille…
", auxquels on peut encore ajouter le Golem et le Monstre de Frankenstein… On repensera aussi beaucoup
au personnage du sculpteur - créateur de "La naissance des Dieux"
dont on retrouve un avatar. Bref, voici un florilège de tous les grands thèmes de Nathalie Henneberg,
toutes ses figures récurrentes et leurs personnalités, dans ce péril
minéral qui offre à l'autrice l'occasion de détailler un champ
lexical foisonnant. Mais … l'intrigue ne suit pas, comme si elle
s'était lassée de son histoire en cherchant à la conclure.
Michel Demuth a certainement lu Ballard et ses
jardins du temps pour composer Les jardins de Ménastrée. On en retrouve principalement le motifs du couple
aristocratique et contemplatif. Toutefois, Demuth en fait autre
chose, poursuivant par l'imagerie fantastique les allégories qui
dominent le temps, ici les vampires.
Un autre couple : deux survivants, un homme et une femme, hantent un New York
en ruines. Chacun tente de poursuivre la vie qu'il a
toujours connue, sans plus d'imagination que celle dictée
par le plaisir. Ils se rencontrent... Qu'est-ce qu'ils se
racontent ? Alfred Bester nous emporte avec une bluette douce amère entre deux
êtres qui s'efforcent de ne pas penser à l'avenir autrement
que dans la poursuite du passé ; mais la marche du monde
n'en est pas figée pour autant dans Ces derniers temps.
Pourquoi le genre "bis" doit-il être considéré comme "maudit" ? Il y a
peut-être à la base une simple affaire de circonstances, comme nous l'évoque
Jacques Goimard dans ce passage :
Fiction, renonçant pour une fois à arriver à la fin de l’engagement et à
compter les morts, vous offre en primeur cet exploit mémorable : un compte
rendu de film qui précède la sortie en exclusivité !
Profitons de l’occasion pour remarquer que cette démarche, fort naturelle
partout ailleurs, est presque toujours impossible dans notre domaine, du
simple fait que les films sortent à la sauvette et que les distributeurs
n’organisent pas de previews. Dans ces conditions, les comptes rendus les
plus vite faits, par le simple jeu des délais d’impression d’une revue
mensuelle, sortent toujours après la fin de l’exclusivité, et nos lecteurs
parisiens ont les plus grandes difficultés à voir les films que nous leur
conseillons (ne parlons pas des lecteurs de province, qui n’ont
pratiquement jamais rien à se mettre sous la dent). Sur ce point comme sur
les autres, nous avons tout à gagner à un retour à des habitudes plus
normales. Et une conversion des distributeurs n’est possible que si le
cinéma fantastique cesse d’être un genre maudit en France.
Toujours appréciées car bien circonstanciées et pertinentes, les critiques de Demètre Ioakimidis n'en finissent pas de nous donner l'envie de lire. Nous vous proposons, en Bonus à ce numéro, de lire "Le monde aveugle", et la critique de ce roman de Daniel Galouye, fort peu traduit en France. Comme à l'accoutumée, "enregistrez la cible du lien sous", comme dit le proverbe spécieux.
Daniel F. Galouye : Le monde aveugle
Il faut bien parler d’abord de la « prière d’insérer », puisqu’il
s’agit d’un texte destiné à présenter l’ouvrage à celui qui est sur le point
d’en commencer la lecture. Et il faut bien relever la maladresse qui s’y
trouve commise : avant d’aborder ce Monde aveugle, on trouve, dans cette
« prière d’insérer », la vérité dont l’auteur a minutieusement
préparé la révélation dans son roman. On y apprend que la « force
psychique incompréhensible », à laquelle le protagoniste se heurte à
plusieurs reprises au cours de l’action, est tout simplement la lumière. On y
apprend également que les « monstres » qui viennent hanter le monde
aveugle où il vit ne sont que des sauveteurs, des humains qui n’ont pas oublié
l’usage de la lumière.
Voilà donc un texte de présentation privant gauchement le lecteur d’une
chute ; chute qui n’est pas le dénouement lui-même, mais que l’auteur
avait préparée avec beaucoup d’adresse, livrant progressivement des indices
permettant au lecteur – sans jeu de mots – d’éclairer sa lanterne.
Cependant, l’intérêt du roman ne réside pas exclusivement en cette révélation,
il s’en faut de beaucoup. Le récit est bâti avec grand soin, et aussi avec
suffisamment d’art pour ne jamais sentir l’effort.
Le thème est proche de celui du Pays des aveugles de Wells, à cela près que
Daniel Galouye est allé beaucoup plus loin que l’auteur de la Guerre des
mondes dans la minutie et la vraisemblance des détails, et que son dénouement
est à l’opposé de celui choisi par Wells. Ce Monde aveugle est celui d’un
système très étendu de souterrains, où des communautés d’humains ont vécu
durant plusieurs générations, ignorant ce qu’est la lumière, et donnant à ce
mot lui-même une signification purement mystique. Cette lumière, ils ont
appris à s’en passer, puisqu’ils ne la rencontrent que très
exceptionnellement. Et, dans de tels cas. Ils ne la reconnaissent pas pour ce
qu’elle est ; ils parlent de « silence rugissant », perdus
qu’ils sont devant les sensations inhabituelles que leurs nerfs optiques
transmettent à leurs cerveaux :
« C’était comme si toute la Radiation se déchaînait dans ma tête. Ce
n’était ni un son, ni une odeur, ni une sensation tactile » (p. 23)
Une question, à ce propos, peut être posée à l’auteur : est-ce que, après
plusieurs générations passées dans une obscurité totale, l’homme conserverait
encore le sens de la vue ? Celui-ci ne s’atrophierait-il pas assez
rapidement, faute d’emploi ? On peut cependant accorder à Daniel Galouye
le droit de recourir à ce qui est, après tout, une invraisemblance, tant est
intéressante la façon dont il présente la redécouverts de ce sens oublié chez
son protagoniste.
Car, comme tous les habitants du monde aveugle, Jared a été habitué à se
servir de son odorat, de son toucher et surtout de son ouïe pour accomplir les
actes qui, chez nous, mettent en jeu les yeux. Il utilise, pour se guider dans
des couloirs inconnus, des pierres qu’il fait se choquer, l’écho de ce bruit
le renseignant sur la structure du sol, les coudes des galeries ou l’allure
des êtres qui sont en face de lui. Tous ses actes sont guidés par les messages
qui lui parviennent ainsi. Daniel Galouye a su imaginer un système de société
et des coutumes de « bon usage » en fonction de la limitation
imposée à ses personnages. Tel est, par exemple, le rite des « dix
Souches de familiarisation », par lequel deux nouvelles connaissances se
manifestent leur confiance réciproque, et apprennent à s’identifier pour leurs
rencontres ultérieures.
Daniel Galouye a également pris le soin de repenser le langage qu’utiliserait
une telle société. Nous sommes heureusement très loin des effets de
ponctuation arbitraire et des néologismes aussi laborieux que gratuits par
lesquels certains voulaient suggérer le passage du temps. Puisque ce monde,
étant « aveugle », ignore la lumière, ses habitants ont remplacé,
dans les tournures courantes de leur langage, le verbe voir par le verbe
entendre. La façon de compter le temps s’en trouve modifiée : on ne
l’évalue pas en années, puisque l’apparence du ciel et les variations
saisonnières du temps sont également inconnues, mais on parle de gestations.
Il n’est pas question d’hier, mais de la période précédente, avant le sommeil.
Sur ce point, le lapsus calami qui fait précisément apparaître ce mot de hier
dans la bouche du Penseur, au début du chapitre VII, est dû au traducteur
et non à l’auteur.
Celui-ci a pensé à la subsistance de ses « aveugles » : il les
a fait disposer de plantes qui, au lieu de se nourrir de la chaleur du soleil,
utilisent celle de sources chaudes, et servent de pâture à un bétail qui a
suivi les hommes sous terre. La possibilité de réactions différentes des
organismes humains en face de ces conditions anormales a également été
envisagée. L’habileté à détecter par le son est évidemment variable selon les
individus, mais il est aussi question de mutations. Certains de ces
« aveugles » sentent les rayons infra-rouges, et peuvent donc se
guider par la chaleur ; ils sont naturellement considérés comme anormaux
par ceux qui n’ont pas ce pouvoir. On rencontre également des télépathes, des chauves-souris géantes, pour
lesquelles le traducteur a conservé le terme anglais de soubats, et ces
« monstres », dont Daniel Galouye révèle la nature moins promptement
que ne le fait l’anonyme auteur de la « prière d’insérer ». Il y a
tout un monde, dont les habitants sont évoqués avec minutie et vraisemblance,
dans leurs actes quotidiens aussi bien que dans leurs croyances. La nature de
celles-ci suggère assez clairement quelle a pu être la cause de cette retraite
sous la surface de notre globe.
Précisément, le protagoniste, Jared, se demande quelle est l’essence de ces
divinités que sont « les Démons Jumeaux Cobalt et Strontium, les Deux
« U », Deux-Cent Trente Cinq et Deux-Cent Trente Huit, Plutonium du
Niveau Deux-Cent Trente Neuf, et cet habitant immense et malfaisant de l’Abîme
Thermonucléaire, Hydrogène…» Jared est un aventurier, et non un génie. Il
possède des atouts appréciables sur le plan physique – sa maîtrise dans
l’usage des pierres à échos n’est pas le moindre de ceux-ci – mais il n’a
pas de ces intuitions, géniales et peu vraisemblables qui caractérisent bien
des héros de romans. Au contraire, sa simplicité est assez proche de la
naïveté, et elle ne devient attachante que grâce à la décision qui
l’anime : Jared veut apprendre ce qu’il y a derrière les légendes,
derrière le mot lumière, et c’est le récit de ses découvertes qui constitue la
substance du roman. C’est à travers la quête de Jared que le lecteur découvre
les particularités de ce monde aveugle, que l’auteur a voulu beaucoup plus
étrange qu’effrayant. La crainte de l’obscurité, en tant qu’instinct, a
naturellement disparu chez des hommes qui s’y trouvent continuellement
plongés.
Le récit est mené sur un rythme varié, l’action alternant avec les moments de
réflexion de Jared et de sa compagne Délia – dont il ne comprend pas le
mystérieux pouvoir – lesquels s’efforcent d’ordonner progressivement en
un ensemble cohérent ce qu’ils apprennent. Mais Daniel Galouye est trop habile
pour découvrir tout son jeu d’un seul coup : à une énigme résolue succède
un nouveau problème, et les pièces du puzzle ne se groupent pas toutes à la
fois. C’est pourquoi la maladresse de la « prière d’insérer » est
moins grave qu’on pourrait le penser de prime abord.
Au point de vue purement narratif, on peut reprocher à l’auteur d’avoir
notablement ralenti son action vers la fin de son roman. Après la découverte
de la lumière, Jared piétine, recule même, et son accoutumance au monde
nouveau sur lequel sa quête a débouché se déroule de façon hésitante, les
points étant mis assez laborieusement sur les i. Cela est probablement dû à un
scrupule de vraisemblance, louable en soi d’ailleurs : l’auteur tient à
présenter l’« explication » selon la même perspective qui avait été
utilisée pour l’« énigme ». Le rapprochement avec un roman policier
n’est pas fortuit, ce passage de l’obscurité à la lumière pouvant évidemment
être symboliquement interprété comme la recherche de la vérité derrière les
« apparences » – c’est-à-dire derrière les messages des sens.
Comme un auteur policier qui tient à soigner la vraisemblance de son récit,
Daniel Galouye refuse d’escamoter, ou même d’abréger, les dernières phases de
celui-ci. Lorsque le roman s’achève, Jared a déjà fait le pas décisif, il
accepte d’entrer dans cette communauté nouvelle, qui vit en pleine lumière. À
la recherche matérielle, l’auteur a tenu à ajouter l’avance psychologique.
La traduction de Frank Straschitz est bonne, consciencieuse, et elle respecte
le texte aussi bien que le rythme : ce que devrait en principe faire
toute traduction. Comme cette généralité est très loin de correspondre à la
réalité, il est juste de rendre hommage à un traducteur qui prend la peine de
lire et de comprendre ce qu’il est chargé de rendre en français.
Ce roman est le premier qu’ait signé Daniel Galouye. À la convention mondiale
de science-fiction de 1962, il remporta la seconde place parmi les meilleurs
romans de l’année, suivant immédiatement Stranger in a strange land de Robert
A. Heinlein. Il y a gros à parier qu’il supportera le passage des années mieux
que le roman de Heinlein, surchargé de fastidieux sermons. Ce Monde aveugle
possède une homogénéité, une cohérence de structure et une netteté de
narration qui lui confèrent cette qualité de vie qui marque la meilleure
science-fiction. Daniel Galouye sait être minutieux sans devenir fastidieux.
Demètre IOAKIMIDIS

Terminons ce tour d'horizon d'un numéro plus varié qu'il n'y paraîtrait (du fait de sa "spécialité"), et voyons du côté de Jean Ray ce que la sortie du premier volume de ses "oeuvres complètes" (sic), chez Robert Laffont, a pu susciter chez son admirateur de toujours, Jacques Van Herp :
Portrait d’une page dans Match, interview à Lectures pour Tous et dans Les Lettres Françaises, un film en projet sur Harry Dickson, un autre sur La Cité de l’indicible peur, présentation à la Maison des Écrivains Belges, ce bastion académique, N. Henneberg. citant Jean Ray comme voyant, et
prophète dans Le sang des astres, Béjart montant La bague, ballet tiré des Contes du Whisky, c’est la gloire et méritée. Une chose me gêne dans ce concert, on n’y
souffle mot de Mystère-Magazine ou de Fiction, revues sans lesquelles rien de ceci ne serait arrivé, car le public de
Jean Ray fut créé, imposé par elles, ce dont tous ses amis les
remercient.
On comprend bien que Van Herp puisse se sentir spolié. Cela ne l'empêche pas de lâcher l'air de rien ce qui n'est plus un secret pour personne, mais qu'il aura su dévoiler peu à peu : "Nous aurons droit à un échantillon de Harry Dickson, mais de John
Flanders". Etrangeté éditoriale, vu que Ray n'a jamais signé ses Harry Dickson (pourquoi donc les rééditer sous le pseudonyme de Flanders ?). Plus loin encore : "Pas trace non plus de ces contes publiés en 1931 dans Weird Tales, et
directement écrits en anglais". Là, il y a de quoi bondir de sa chaise, et nous faisons solennellement appel aux spécialistes pour éclairer notre lanterne sourde. Et enfin :
Cette veine réaliste est bien dans la ligne de l’auteur, qui l’épancha
librement dans les récits signés John Flanders, imprimés par des moines, et
dont des fragments sont passés dans La cité, comme un conte du n°168 de Harry Dickson, L’ombre de minuit quarante-cinq. Car Jean Ray, sous ses multiples masques, marque tout de sa griffe.
Le conte en question ("L'ombre de minuit quarante-cinq") sera repris dans le volume 19 de l'intégrale chez NéO.
Le prochain numéro de Fiction consacré à un auteur ne tardera pas : il s'agira du numéro 126, de mai 1964, consacré à … Jean RAY !